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Quelques questions sur la littérature néo-testamentaire

Thierry Guignabaudet



Ayant un jour reçu dans ma boîte aux lettres un tract d'une église évangélique proposant des cours par correspondance sur l'Evangile, je me suis inscrit. J'ai reçu un joli QCM avec possibilité d'ajouter quelques commentaires aux réponses. Ceci m'a donné l'occasion de réviser ces pieux ouvrages. Voici les commentaires et la réponse de l'apôtre.


Lyon, le 12 Juillet 1999

Messieurs,

J'ai bien reçu un évangile de Luc mais le questionnaire porte sur les Actes des Apôtres. Ceci n'est pas bien grave : je possède toute la documentation nécessaire.

Les questionnaire m'a donné l'occasion de relire cette littérature avec attention et j'y ai trouvé un certain nombre de bizarreries qui ne cadrent pas avec les résumés hollywoodiens qu'on en tire habituellement.

Je me permets de vous faire ici quelques commentaires qui ne pourraient tenir sur la dernière page du fascicule. Ma pensée ne vous paraîtra pas très catholique, mais, comme vous êtes d'une église évangélique, cela ne risque guère de vous offusquer...

[Nb : les questions manquantes n'appelaient pas de commentaires]

Question 1 : Qui est l'auteur des Actes ?

Si l'auteur des Actes est le même que celui de l'Evangile de Luc, comment peut-il dire dans les Actes que Jésus est apparu pendant quarante jours après sa résurrection et dire dans son évangile qu'il est monté au ciel le jour même de sa résurrection (Lc 24,51) ?

Question 4 : Le Messie sera-t-il de la maison de David ?

En ce qui concerne le psaume 110 et son interprétation par les Evangiles :

Et Jésus leur dit :

Les Evangiles prétendent que nul ne savait réfuter cet argument, et ceci est étonnant : la Genèse dit que la royauté appartient à la tribu de Juda (Gn 49.10) et le Deutéronome que le sacerdoce appartient à celle de Lévi (Dt 18,7). Par conséquent, le roi David, issu de Juda, ne peut chanter ses psaumes lui-même, ce qui est confirmé par le Premier Livre des Chroniques (16,7) :
Ce jour-là, David, louant le premier Yahvé, confia cette louange à Asaph et à ses frères.
Mais Asaph n'étant pas Yahvé, il ne peut dire : Siège à ma droite. Ce serait un sacrilège. Aussi doit-il faire précéder cette louange de la formule : Oracle de Yahvé à mon Seigneur.
Il n'y a ici nulle place pour un intermédiaire divin entre Yahvé et David.

Question 8 : la mésaventure d'Ananie et de sa femme

On peut interpréter la mise en commun des biens comme l'abolition de la propriété privée. Cette abolition implique-t-elle obligatoirement celle du sixième commandement (Ac V,1-11) ?

Questions 10 à 13 : le pourquoi des persécutions

Je dois avouer que j'ignore qui a pu déclencher une persécution contre l'Eglise de Jérusalem puisqu'il est d'abord dit que le Sanhédrin se range à l'avis de Gamaliel qui prône la mansuétude au nom de la volonté de Dieu (Ac V, 34-39) puis qu'il se ravise de peur que Jésus, qu'il refuse de croire ressuscité, ne détruise le Temple...

Quant au discours d'Etienne, on se demande bien pourquoi il ne parle pas des tribulations de Jésus :

Question 17 : le sens de la vision de Pierre (X, 9-16)

Je suggère une quatrième réponse possible : les Apôtres dormaient lorsque Jésus en était à dire : Ce n'est pas ce qui entre dans la bouche qui est impur mais ce qui en sort. (Mt XV,11) Ce qui permet non seulement de manger du serpent, mais aussi des chairs étouffées. Quant aux sauterelles dont se nourrit le Baptiste, j'aimerais bien savoir dans quelle catégorie animale les range le Lévitique...

Question 21 : Hérode a-t-il payé un blasphème de sa vie (XII, 20-23)?

Ce n'est pas Hérode qui a blasphémé, mais la foule. Or il est dit : Celui qui a péché contre moi, c'est lui que j'effacerai de mon livre. (Ex 32.33)
Par conséquent, la justice divine exigerait que l'Ange du Seigneur massacre la foule et surtout, s'il doit s'en prendre aussi à Hérode pour blasphème, qu'il lui laisse le temps de répondre à cette foule pour dire s'il agrée ou non ces acclamations sacrilèges.

Si cet Hérode-là est celui devant qui a comparu Jésus, Jéhovah ne peut lui en vouloir :

Quant aux mauvais traitements, trois évangiles sur quatre les attribuent aux soldats de Pilate et non à ceux d'Hérode. On pourrait arguer qu'Hérode a fait décapiter Jean le Baptiste, mais alors pourquoi Jésus n'a-t-il pas ressuscité ce dernier si ce meurtre avait contrarié le plan de Dieu ?

Et puis Hérode n'était pas vraiment d'accord pour supprimer l'agent JB 001 (Mc 6,.26, Mt 14, 9).

Et puis, cet épisode est mal inséré dans le récit :

Et, en enquêtant pour savoir quel copiste a eu l'idée de supprimer le Baptiste, on enquêtera pour savoir lequel a eu l'idée de l'introduire dans l'Evangile : Saint Justin (+ 165) a écrit une Apologie où il parle du baptême de Jésus sans mentionner le cousin Jibé....

Mais est-ce l'Hérode du procès de Jésus qui parle dans les Actes ? Interrogeons Flavius Josèphe (La Guerre des Juifs) qui nous donne :

Donc, si Hérode meurt rongé par les vers (Ac 12,23), les Actes se déroulent autour de -4.
La situation se complique avec Irénée (+ 208) qui, dans sa Démonstration Evangélique (§ 74), place la mort de Jésus sous Claude (41-54) (cf Selon Jean 2, 21 et 8, 57), Alexandre, évêque de Jérusalem vers 210, qui la place en 58, sous Néron, et Origène (écrivant vers 240) qui situe l'arrivée des rois mages sous Hérode le Tétrarque (Contre Celse, I, 58, disponible en anglais sur l'Internet). Il est donc impossible que les versets de Matthieu (14, 1) et de Luc (9, 7) soient antérieurs à Origène.
Enfin, Eusèbe de Césarée (265-340) envoie promener les Actes, Jean, et les Pères en plaçant la mort de Jésus sous Hérode Antipas (Histoire Ecclésiastique, II, 4, 1).

Pour corser ces errements chronologiques, Matthieu y va de sa dose : Jésus aurait accusé les Juifs d'avoir assassiné Zacharie, fils de Barachie, "entre le sanctuaire et l'autel" (Mt 23,35), meurtre que Flavius Josèphe situe en 70, pendant le siège de Jérusalem (IV, 5,4), les Zélotes tuant Zacharie "au milieu du Temple" (il ne s'agit donc pas du Zacharie de 2 Ch 24, 22, assassiné "sur le parvis du Temple", et fils de Yehoyada, par dessus le marché).

Pour Luc, ce Zacharie est le père de Jean le Baptiste (le meurtre n'est pas dans Luc, mais il est dans le Protoévangile de Jacques, ouvrage puisant à la même source que Luc, version actuelle).

Autre chronologie possible : celle de Paul, qui dans l'Epître aux Romains, dit que la mort a régné d'Adam à Moïse (V, 14). Or le successeur de Moïse était Josué, fils de Noun, et Josué est exactement le même nom que Jésus (et Noun signifie "poisson", à raprocher du symbole chrétien que Tertullien a tenté d'expliquer par un improbable Iesos CHristos THeos Uios Soter qui n'est attesté par aucune inscription).

Cette fantaisie théologique de Paul (à l'aune des options actuelles, naturellement) s'orne d'une crucifixion de Jésus par les Princes de l 'Empire de l'Air (archontos tou ainos, 1 Cor 2, 8), que ne peut contredire une épître que les exégètes actuels disent du second siècle (l Tim 6, 13).
Mais il se peut très bien que seule la forme actuelle de cette épître, après plusieurs retouches, soit du second siècle. Je suppose des retouches, car comment les femmes seraient-elles sauvées en devenant mères (1 Tim 2, 15) alors qu'il est préférable pour les hommes de s'abstenir des femmes (1 Cor 7, 1 ; 7, 29) ?

Et comment Jésus aurait-il pu rendre témoignage devant Pilate alors que Paul est le premier mortel à l'avoir rencontré lors de son périple en ce bas-monde (1 Tim 1, 16) ? Car la longanimité, dit mon dictionnaire, est la patience devant l'outrage : exit le pardon de diverses offenses faites au Père et au Fils lors de la mission de Jésus en Palestine...

S'il faut faire un choix parmi toutes ces options chronologiques, celle de l'auteur des Actes me semble la plus logique. Il est dit en effet dans la Genèse (49, 10) :

Je crois savoir que les derniers rois de Juda ont régné avant la déportation à Babylone. Ensuite, il y a eu plus ou moins des grands prêtres et des ethnarques, vassaux des Achéménides et des Séleucides. Puis Hérode le grand prit le titre de roi en -37. Or Hérode est un Iduméen : il est donc le premier roi des Juifs qui ne soit pas issu de Juda et accomplit ainsi cette prophétie.

Donc, si les prophéties ont raison, le Messie doit naître à l'avènement d'Hérode (shilo signifie placenta, si je ne m'abuse). Ensuite, comme tout envoyé de Dieu qui se respecte, Jésus attend l'âge de trente ans pour commencer sa mission (cf Moïse, David, et d'autres), ce qui nous amène en -7. Il prêche ensuite pendant trois ans et se fait crucifier au printemps de l'an - 4. Hérode meurt peu après.

Vous allez m'opposer l'Evangile de Luc qui donne des dates plus tardives. Mais, précisément, cet évangile, réputé le plus tardif des Synoptiques, est le seul des quatre à dater les événements (avec l'erreur manifeste de vouloir placer le recensement de Quirinius avant la mort d'Hérode).

La logique voudrait que l'on n'accepte le récit des Evangiles qu'à partir de la prédication du Baptiste, sur laquelle les quatre évangélistes sont d'accord, suivant en cela la réalisation des prophéties de Malachie et d'Isaïe, d'autant plus que, si la Sainte Famille est partie précipitamment pour l'Egypte, on ne voit pas comment Jésus aurait été présenté au Temple le 8è jour, à moins qu'il ne le fut au temple juif de Léontopolis, dans le Delta égyptien...

Ceci explique aussi pourquoi les relations sur la mort du Baptiste ressemblent tant à des interpolations : il ne peut pas reprocher à Hérode le Grand d'avoir eu Hérodiade pour épouse. Cette trouvaille est un calque manifeste de l'histoire de Samuel reprochant à David d'avoir fait disparaître Urie pour lui piquer sa femme.

Question 22 : la prédication de Paul

Dans le chapitre XIII, la prédication de Paul est un peu plus fournie que celle d'Etienne, vu qu'il semble avoir entendu parler du Baptiste (tout au moins selon les Actes, car ses épîtres l'ignorent et relient le baptême à Moïse traversant la mer, 1 Co 10, 2), mais sans doute très sommairement puisqu'il interprète le psaume 2 comme relatif à la Résurrection alors que les Evangiles l'appliquent au baptême du Christ...

Question 24 : son accueil par les Juifs et les Grecs

Au verset 13,38, les Apôtres osent dire aux Juifs, non qu'ils ne respectent pas la loi de Moïse (leurs prophètes le leur ayant souvent dit, cela peut ne plus les émouvoir...), mais que celle-ci est perfectible : c'est assurément un blasphème d'un point de vue judaïque.

Admettons que la prédication de Paul, malgré un sermon somme toute assez cachectique, remporte autant de succès que le dit le texte (mais j'aimerais avoir plus de détails sur l'argumentaire juif, dédaigneusement qualifié de "blasphèmes" sans autre précision), pourquoi les Juifs reprocheraient-ils aux apôtres leur intention d'aller se faire voir chez les Grecs (13.46) vu qu'ils jugent cette doctrine non conforme aux principes du judaïsme ?

Leur réaction normale aurait dû être de se lamenter sur le sort de ceux qui abandonnent la foi de leurs pères.

Au verset 14,5, il doit y avoir une erreur : pourquoi des païens voudraient-ils lapider (donc selon un rite juif) un prêcheur de dieu ressuscité alors que l'Anatolie est la terre d'élection du culte d'Attis, dieu mort et ressuscité ?

Ensuite, on tombe sur une foule païenne versatile qui se laisse d'abord convaincre par une guérison que les Apôtres sont habités par le divin (réaction plausible dans leurs schémas mentaux) puis par des Juifs d'Antioche dont le dieu a moins de mansuétude pour les païens que ne le dit Paul : comment ces Juifs "gagneraient-ils les foules" païennes en leur racontant tout le mal que dit la Bible de leurs nations ?

Question 26 : la rupture avec le judaïsme

Pourquoi Pierre et Jacques se mettent-ils à raisonner sur les interdits mosaïques sans arguer de la vision de Pierre? Pourquoi Paul circoncit-il Timothée après avoir écouté le discours de Jacques ? "Par peur des Juifs" ? Timothée se promènerait-il tout nu ? Et Pierre n'aurait-il pas dit à Paul qu' "il vaut mieux obéir à Dieu qu'aux hommes" ? Et si la mère de Timothée était juive, ne serait-il pas déjà circoncis depuis l'âge de huit jours ? Car je présume qu'elle est "devenue croyante" en passant au christianisme et non au judaïsme... Combien même son mari grec lui aurait enjoint de ne pas circoncire leur fils, on retombe dans le même problème.

Question 27 : la conversion du gardien (XVI, 25-34)

Combien même le gardien reconnaîtrait un pouvoir surnaturel à Paul, pourquoi lui demande-t-il comment on peut "être sauvé" alors que Paul ne lui a encore rien prêché ? Si les "louanges de Dieu" sont un prêche, il est précisé que le gardien était en train de dormir pendant ce sermon...

Question 29 : Paul à Athènes (ch XVII)

Quoi que pense Clémenceau (Le grand Pan) de la réalité de la chose, aucun auteur grec n'a jamais parlé de cet autel au dieu inconnu que Paul trouve à Athènes (si je me trompe, vous ne manquerez pas de m'en instruire). Clémenceau l'interprète comme un dieu mineur qu'on aurait oublié en dressant des autels à toutes les divinités régionales moins connues des Grecs que les Olympiens.
Ce n'est pas le genre des Grecs.
Par contre, dans la religion égyptienne, le dieu inconnu est celui dont tous les autres ne sont que des hypostases. Car la notion d'hypostase n'est pas que chrétienne : un hymne égyptien invoque le dieu Khepri comme soleil du matin, Rê comme soleil de midi, et Atoum comme soleil du soir. Et la langue égyptienne ne possède aucun mot équivalent au theos des Grecs, mais un mot pour chaque hypostase divine. Cette notion de dieu inconnu est entré dans le christianisme par les soins du gnostique Numénius d'Apamée qui en fait le père du Démiurge, créateur du monde. Le discours de Paul devant l'Aéropage (17, 22 sq) a visiblement été remanié : il ne peut tenir des propos aussi gnostiques que dans le verset 27, éliminant les révélations faites à Noé, Abraham, et Moïse, et confondre ce Dieu Invisible et le Démiurge (v. 24). Compte tenu des diverses fantaisies qu'on trouve dans les Actes, je ne serais pas étonné que cet épisode provienne d'apocryphes Actes de Marc, paraît-il évangélisateur de l'Egypte.

Question 34 : les projets de Paul

Le verset 19.21 prétend s'accorder au verset 15.28 de l'épître aux Romains. Mais l'épître aux Romains s'adresse-t-il vraiment aux Romains ? Pourquoi Paul irait-il de l'Achaïe à Rome en passant par Jérusalem ? Pourquoi, quittant Jérusalem, n'irait-il pas visiter les communautés chrétiennes d'Egypte ? N'a-t-on pas retrouvé bien plus de traces du christianisme primitif en Egypte qu'en Egée et même en Judée ? Il est tout de même curieux que la description des idoles païennes (1. 23) corresponde bien plus au style égyptien qu'à l'anthropomorphisme rigoureux des dieux gréco-romains. On note aussi une opposition entre Grecs et Juifs (3. 9) qui correspond bien plus à l'atmosphère d'Alexandrie qu'à celle de Rome (cf Philon, In Flaccum). Lorsque Paul, au verset 1, 14, dit : Je me dois aux Grecs comme aux Barbares, il traiterait implicitement les Romains de barbares, puisqu'il écrit d'Achaïe. Mais s'il écrit aux Juifs d'Alexandrie, et en particulier à Apollos (drôle de nom pour un Juif, soit dit en passant...), il peut bien annoncer qu'il veut prêcher aussi aux Grecs d'Alexandrie et aux Egyptiens, que l'élite hellénistique tient pour barbares et dont le pays est la propriété personnelle des Lagides (Alexandrie étant juridiquement hors d'Egypte).

Evidemment, on se demandera pourquoi Paul aurait projeté d'aller en Espagne sans passer par Rome. Mais, que je sache, les Actes disent qu'il est allé à Rome pour régler un procès qu'on lui avait intenté à Jérusalem alors qu'il venait d'Achaïe : où est sa volonté missionnaire là-dedans ?

En relation avec le problème sus-évoqué du dieu inconnu, je me permet d'émettre l'hypothèse que l'Eglise de Rome triomphante a volontairement gommé des traditions apostoliques toutes les relations relatives à l'évangélisation de l'Egypte pour cause de condamnation du gnosticisme égyptien, tout en en récupérant quelques épisodes.

Question 36 : la prédication de Paul

Il est époustouflant que Paul ait accompli toute sa carrière missionnaire sans connaître une seule parole de Jésus, ni le Notre Père, ni le Sermon sur la Montagne, ni citer un seul miracle : je n'ai jamais rencontré personne me prêchant le Christ ainsi...
La parole de Jésus citée en 20, 35 a le malheur d'être apocryphe.

Au lieu de dire Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement (Mt 10, 8), Paul enseigne que le Seigneur a prescrit à ceux qui annoncent l'Evangile de vivre de l'Evangile (1 Cor 9, 14).
Au lieu de dire que pas un passereau n'est oublié devant Dieu (Lc 12, 6), il demande dédaigneusement si Dieu se met en peine des boeufs pour prouver que la citation du Deutéronome doit être prise au sens figuré (1 Cor 9, 9-10).
Au lieu de citer l'une des formules les plus célèbres de l'Evangile, rendez à César ce qui est à César (qu'on trouve même dans Astérix le Gaulois, dans deux albums), Paul en fait toute une paraphrase (Rom 13, 1-7 ).
Au lieu de parler de la trahison de Judas, Paul affirme que Jésus s'est livré lui-même (Gal I, 4).
Quant à l'ouvrier de la onzième heure, il peut aller se rhabiller (1 Cor 3, 9).
Et pour prouver la résurrection des morts, Paul s'embarque dans un long discours où Lazare, le fils de la veuve, et les morts sortis de leur tombeau le Vendredi Saint brillent par leur absence (1 Cor 15, 12 sq).

Mais vous m'objecterez que si le Christ forme les prémices des ressuscités (1 Cor 15, 20), s'il est le premier-né d'entre les morts (Col 1, 18), alors sa résurrection doit être antérieure à celles de Lazare et consorts. Elle doit même être antérieure à celles opérées par Elisée. Et nous revoici avec Jésus comme successeur immédiat de Moïse...

Mais si Josué a été ressuscité des morts par Dieu le Père, comment se fait-il que Paul le sache sans que le Livre de Josué n'en dise rien ? Parce que Paul tient ses informations de Dieu le Père (1 Cor 1, 10 ; Col 1, 26 ; Rom 16, 25-26 ; Eph 3, 1-13) et de Dieu le Fils (1 Cor 11, 23 ; Gal 1, 11-17 ; 1 Tim 1, 16).

Mais le plus grave dans ce tableau, c'est qu'en dépit de toutes ses lacunes, Paul affirme que les autres apôtres n'en savent pas plus que lui! ( 2 Cor 11, 5-6 ; 12, 11 ; Gal 2, 6) Et rien, dans les Actes, ne permet de le contredire sur ce point (9, 27-29) : on ne jurerait pas, à leurs discours s'appuyant uniquement sur l'Ancien Testament, que Pierre et consorts viennent de passer trois ans en compagnie de Jésus...

Question 39 : la conversion de Paul

Je trouve bizarre que, dans les Actes, Paul rencontre Jésus en tombant de cheval sur la route de Damas alors que dans ses épîtres il est enlevé au troisième ciel pour faire connaissance (2 Cor 12, 2). De même, les Actes lui prêtent une extase lors de sa visite à Jérusalem (22, 17) alors que dans Galates (1, 18) il n'en dit rien.
Je ne sais pas si vous partagez l'opinion de ma bible catholique qui fait naître Paul vers l'an 5, mais, s'il en est ainsi, il a étudié à Jérusalem, "aux pieds de Gamaliel", à l'époque où Jésus prêchait sur les routes de Judée. Avant de s'en aller "persécuter les chrétiens", il aurait dû en savoir au moins autant qu'un athée moderne découvrant la vie de Jésus par le cinéma. Les chrétiens d'aujourd'hui, quelque soit leur chapelle, ne manquent pas de faire un crochet par Nazareth, Capharnaüm, le Jourdain, le Golgotha, et Bethléhem, quand ils viennent du bout du monde jusqu'à Jérusalem (car l'Achaïe, à l'époque, c'est le bout du monde). Or, toute cette géographie évangélique est ignorée des Actes et des Epîtres.

J'ai mis "persécuter les chrétiens" entre guillemets car Hyam Maccoby (Paul et l'invention du christianisme), qui semble s'y connaître en matière d'institutions juives, a écrit que le Grand Prêtre n'avait aucune autorité sur les synagogues, qu'elles se trouvent en Judée, à Damas, ou partout ailleurs dans l'Empire. C'est même ce caractère extrêmement décentralisé, analogue à l'organisation de pas mal d'églises réformées d'aujourd'hui, qui a permis au judaïsme de survivre à la destruction du Temple. De plus, entre pharisiens, saducéens, esséniens, et samaritains, les Juifs ne sont plus à une secte près.

Cette énième fantaisie historique me semble tout droit sortie du crâne de l'épiscopat romain désireux de prouver à ses ouailles que le centralisme et la hiérarchie sont les formes normales de l'organisation d'une église.

Autre bizarrerie de ce chapitre 22 : Paul reçoit le baptême de Jean (ce n'est pas dit expressément mais la purification des péchés semble y correspondre). Or, au chapitre 19, il dit que Jean a rendu son baptême caduque en déléguant son ministère à Jésus (comme il l'est dit aussi en 1, 5), et aussitôt il leur donne le baptême de Jésus par imposition des mains, non pour les purifier, mais pour leur donner des charismes.
Et Paul dit quelque part dans ses épîtres que Jésus (ou Dieu) ne l'a pas envoyé pour baptiser mais pour annoncer l'Evangile.
Un peu plus loin, Paul se dit citoyen romain. Or Tarse n'obtint le statut de colonie qu'un siècle plus tard.

Les Actes insistent sur le fait qu'être citoyen romain donne droit à des procès en règle, met à l'abri des peines corporelles, et permet l'appel à Rome. Mais en 2 Cor 11, 22 sq, Paul étale une kyrielle d'outrages incompatibles avec ce statut. Que des brigands se moquent du droit romain, passe encore. Mais que des Juifs puissent le flageller à cinq reprises, selon la loi mosaïque, sans qu'il invoque le droit romain, voici qui est bien curieux. Vous m'objecterez qu'il a pu l'accepter pour l'amour du Christ. Alors pourquoi ne pas avoir la même attitude dans les Actes ? Et comment le grand prêtre Ananie, du parti des saducéens, plus ou moins acoquinés avec Rome, oserait-il perturber la procédure judiciaire romaine en frappant un accusé qui se dit citoyen romain, et cela sous le nez d'un tribun qui ne bronche pas ?

Au chapitre 26, Paul prétend avoir reçu des grands prêtres le pouvoir d'arrêter les saints (cf plus haut), les grands prêtres semblant avoir aussi le droit de les mettre à mort : les Evangiles disent le contraire.

Il semble dire que les Juifs sont les agents de Satan (18/21) : l'auteur des Actes était-il marcionite ?

Autre énormité : Festus qualifie le discours de Paul de "grand savoir". Or Festus est un païen et, d'un point de vue hellénique, il n'y a pas une ligne d'érudition dans ce discours. Même en adoptant un point de vue juif, le seul trait d'érudition consiste à dire que le Messie souffrira et ressuscitera des morts : la belle affaire !

Paul demande au roi s'il croit aux prophéties, et celui-ci manque de devenir chrétien (26.28) sans que Paul entame une ligne de démonstration par les prophéties : l'eunuque de la reine Candace fut mieux instruit, alors qu'il était moins sceptique, par définition (Ps 68, 32).

Serait-ce le roi Agrippa qui a inventé le nom de "chrétien", Paul s'étant présenté à lui comme partisan de "Jésus le Nazaréen" (28.9)? Mais ce n'est pas possible car "chrétien" veut dire "partisan du Messie (christos)" : quel Juif n'est pas partisan du Messie, que le Messie soit Hérode, Theudas le Gaudionite, Judas le Galiléen, Jésus le Nazaréen, ou, plus tard, Bar Kochba ? Pour que "chrétien" désigne exclusivement les partisans de Jésus, il faut au moins attendre que se dissipe le souvenir du dernier des messies juifs, Bar Kochba, écrasé par Hadrien en 138.

Question 48 :

Le chapitre 27 semble un mélange de diverses traditions.
Sa version actuelle doit être postérieure à l'an 140 puisque la mer d'Illyrie y est appelée "Adriatique" (y compris dans le texte grec), nom qui lui fut donné par le Sénat en l'honneur de feu l'empereur Hadrien (comme Jules César et Octave Auguste avaient hérité des mois de juillet et d'août).
Si tout le texte des Actes est postérieur à 140, on comprend pourquoi Paul peut être citoyen de Tarse...

On lit que Paul a embarqué sur un énorme bâtiment (276 passagers et hommes d'équipage, v.37), chargé de blé (v. 38) et faisant le voyage d'Alexandrie à Rome (v. 6).
Il s'agit visiblement d'un navire appartenant à la flotte amenant annuellement le blé égyptien à Rome. Cette flotte est propriété de l'état romain. Elle peut donc transporter gratuitement Paul et les soldats. Mais cette flotte ne longe pas les côtes d'Anatolie. Elle cingle directement sur Rome, avec peut-être une escale à Cyrène, mais sûrement pas à Cnide. Si le navire passe par Cyrène, une tempête peut l'envoyer s'échouer sur la côte des Syrtes (Libye actuelle), tandis que la Crète est à 700 kms des Syrtes (v.17). De plus, les côtes d'Anatolie, et de Crète sont faites de rochers tombant assez abruptement dans la mer tandis que les sondages dont il est question au verset 28 conviennent davantage à une navigation le long d'une côte sableuse : dois-je vous rappeler que le mot "Syrte" veut dire "tourbillon" et vient du verbe "syro" signifiant "tirer, entraîner" ?

Dans cet invraisemblable crochet par l'Anatolie, je soupçonne encore quelques coups de calame destinés à amoindrir le rôle de l'Eglise d'Alexandrie dans le christianisme primitif.

Quant au fond du passage de la tempête, il est patent qu'il est inspiré du livre de Jonas. Paul dit avoir passé un jour et une nuit dans l'abîme (2 Co 11, 25) comme Jonas en passa trois dans son poisson. Le texte initial des Actes en parlait peut-être avant d'être édulcoré de trop de merveilleux.

On trouve le même genre de retouches dans le récit de la Résurrection : dans l'Evangile de Pierre, Jésus sort de son tombeau escorté par deux anges hauts comme des montagnes et Jésus est encore plus grand qui touche les cieux de sa tête. Dans les Synoptiques, il n'y a plus qu'un ange modèle standard (1m90, 42 de pointure), et dans le très théologiquement correct Selon Jean, il n'y a plus d'ange du tout.

Je soupçonne les versets 28,4 et 28,5 d'être le produit du même genre d'atténuation. Dans la mythologie sémitique, le grand serpent Lothan (le Léviathan des Juifs, le serpent de mer de Gn 1, 21) habite l'océan et ses mouvements provoquent les tempêtes. Lorsque Yahvé crée la Terre en la faisant émerger de l'océan primordial (Yahvé a séparé les eaux sans jamais les avoir créées...), il lèse Lothan d'une partie de son domaine. Celui-ci n'apprécie pas la chose et vient subrepticement dans l'Eden pour y tenter Adam et Eve. Pour le punir, Yahvé le condamne à ramper dans la poussière, non qu'avant cet événement les serpents aient eu des pattes, comme ironisait Voltaire, mais parce que c'est la plus terrible des punitions pour un serpent d'eau...

L'histoire du figuier desséché est également à relier à cet épisode de la Chute. Il n'est dit nulle part que l'Arbre de la Connaissance soit un pommier ("pomus" signifiant simplement "fruit"). Par contre, c'est de feuilles de figuier que se vêtent Adam et Eve sans aller vers un autre arbre. Aussi Jésus dessèche-t-il cet arbre pour cet ancien crime de complicité passive avec Satan, et non pour n'avoir pas porté de figues hors de la saison des figues (ce qui correspond à une obéissance à l'ordre divin et pose un problème dans une morale du pardon). Mais peut-être y a-t-il aussi un rapport entre l'arbre comme symbole du judaïsme (Ps I, 1-3) et le judaïsme comme symbole des oeuvres de Satan (Ac 26.18).

Le miracle de la tempête apaisée s'inscrit dans le même contexte : Lothan s'agite pour déclencher une tempête qui lui permettra d'en finir avec le fils de Dieu, mais celui-ci est bien plus fort que le premier et le lui montre. Dans les Actes, Paul échappe à la tempête qu'a déclenché ce même Lothan. Furieux, celui-ci le course jusque sur le rivage mais Paul en triomphe à la manière de l'archange Michel (Ap 12, 9). La trace de plusieurs corrections, visant sans doute à minimiser le merveilleux, se décèle dans une anomalie flagrante : les indigènes s'attendent à ce que Paul "enfle ou tombe raide mort", alors qu'il n'a pas été mordu.

Autre remarque sur le merveilleux dans ces Actes : dans la première partie, consacrée à Pierre, il abonde (mort d'Ananie et de Saphire, les cieux s'ouvrant sur Etienne, résurrection d'une femme, ouverture des portes des prisons, mort d'Hérode, ténèbres sur Elymas). Dans la seconde partie, consacrée à Paul, il s'atténue et disparaît. Il est écrit que Dorcas était morte (on l'avait même lavée) avant que Pierre ne la ressuscite après avoir prié, tandis que Paul dit qu'il est inutile de s'affoler parce qu'Eutyque a toujours son âme en lui et cet évanouissement ne semble même pas valoir une prière. Apparemment, ce livre est constitué d'au moins deux parties d'auteurs différents n'appartenant pas à la même chapelle.

C'est sans doute encore du Livre de Jonas que vient la rumeur qui veut que Paul soit de Tarse. Il ne le dit nulle part dans ses épîtres. Par contre, c'est vers Tarsis que fuyait Jonas. Et Tarsis n'était pas un bled d'Anatolie mais la puissante cité ibère de Tartessos, à l'embouchure du Bétos (Guadalquivir), qui fut ruinée par l'ascension de Carthage. Le parallèle entre Jonas chargé d'aller porter la parole de Dieu aux païens de Ninive et Paul chargé de l'évangélisation des Gentils est trop manifeste pour refuser toute relation entre les deux récits.

Question 50 : la prédication aux Juifs de Rome

Le prêche final de Paul aux Juifs de Rome pose le même problème que le discours d'Etienne. Il parle non de l'enseignement de Jésus mais de la loi de Moïse et des Prophètes.

Si l'enseignement de Jésus avait été conforme au Lévitique, ça se serait su, ou, plus exactement, ça ne se serait pas su puisque Jésus aurait été un rabbin comme les autres.
Paul a-t-il lu devant ces Juifs l'épître aux Hébreux ? Mis à part le fait qu'il n'est dit nulle part dans cette épître qu'elle s'adresse aux Hébreux, elle peut convenir.
L'inconvénient, c'est qu'on y trouve encore un Jésus confondu avec Josué. Il y a même une confusion entre les différents livres de la Bible. Ainsi, au chapitre IV, l'auteur situe la conquête de la Terre Promise juste après la Création (v. 4 -5) voire peut-être avant (v. 8)...

On comprend aussi pourquoi Paul ignore Joseph et Marie : Jésus arrive sur Terre en traversant les cieux (4, 14), n'ayant ni père ni mère ni généalogie (7, 3 ; 7, 16).
Vous m'objecterez que 7, 14 le fait naître de Juda. Mais ce Seigneur-là n'est il pas David, plutôt que Jésus ?
Il est dit au chapitre 8 que l'alliance nouvelle s'oppose à l'alliance ancienne, cette ancienne alliance ayant valu aux Hébreux de sortir d'Egypte.
Or, cette sortie se fit sous le commandement de Moïse, de la tribu de Lévi, lequel Moïse transmit son autorité à Josué, de la tribu d'Ephraïm, de laquelle furent ensuite issus les juges. Le peuple ayant demandé un roi, Samuel, tout en condamnant le principe d'une royauté terrestre, confia la royauté à Saül, de la tribu de Benjamin.
Ensuite, David fut sacré roi de Juda par les siens (2 S 2, 4) tandis qu'Ishbaal, fils de Saül fut appelé à régner sur les autres tribus. Suivit une guerre civile s'achevant par la victoire de la maison de Juda. La voici, cette nouvelle alliance : Dieu bénit le plus fort, et tant pis pour la succession établie par Moïse.

On peut légitimement supposer que la bénédiction accordée à Juda par Jacob (Gn 49, 10) est une trouvaille des thuriféraires du roi David : comment pourrait-on expliquer par la volonté de Dieu, en contradiction avec cette promesse, l'absence d'autorité de la maison de Juda durant 800 ans ?

Inversement, à en croire le Deutéronome (Dt 33), cette bénédiction n'a jamais existé, ce qui permet à Moïse d'y aller de ses couplets et de contredire Jacob. Je ne connais que vaguement les Juges et les Chroniques, mais je peux déduire d'une comparaison des deux bénédictions le déroulement de la guerre civile :
- tribus neutres : Ruben, Zabulon, Nephtali, Asher, Ephraïm, Manassé.
- partisans de Saül : Siméon, Lévi (Moïse : Béni soit-il! Jacob : Qu'il aille au diable!), Gad, Issachar (Moïse : Qu'il rende son culte où ça l'amuse! Jacob : Puisqu'il veut se rendre utile au culte, qu'il bâtisse le Temple sous la trique!), Benjamin (Moïse : Il héritera de Jérusalem ; Jacob : Donne-nous le fric!)
- partisans de David : Juda (Jacob : Vive le roi! Moïse : Sale sécessionniste!), Dan (qui hérite de la magistrature de Gad)

Pourtant, et en dépit de la volonté de Moïse, après la conquête, la tribu de Lévi brille par son absence : pour oindre ses saints, Yahvé fait appel aux Ephraïmites. C'est de cela que parle l'auteur de l'épître en 7, 11-14. Le terme "ordre de Melchisédech" est tout à fait parlant : MLK veut dire "roi" et SDK "justice". Or David est roi et Samuel est juge : ce n'est pas l'alliance du sabre et du goupillon, mais celle du sabre et de la basoche, au détriment du goupillon.

Environ mille ans plus tard, la maison de Juda est évincée du trône par Hérode le Grand, de la descendance d'Esaü : exit Juda. Jésus, alias Shilo, ne peut donc pas être issu de Juda, sinon la prophétie de Jacob ne marche pas. Par contre, Josué est d'Ephraïm, demi-tribu issue de Joseph. On peut donc comprendre le "Jésus, fils de Joseph" de l'Evangile comme "Josué, issu de la tribu de Joseph", "fils" ayant en hébreu un sens plus large que dans nos langues indo-européennes : le terme "fils d'Abraham" ne désigne-t-il pas tous les Hébreux et non seulement les sept fils d'Abraham ? Et "fils d'Adam" ne désigne-t-il pas tout le genre humain ?
Donc, selon Paul (qui se dit issu de Benjamin, titulaire légitime du mont Sion, soit dit en passant...), Josué est ressuscité des morts, non pas après deux nuits, mais après mille ans !

Par contre, prouver Jésus par les Prophètes est une bonne idée mais pose un problème que vous laisse deviner...

Imaginons ce dialogue entre Paul (qui en saurait plus que dans ses épîtres) et les Juifs :

Vous me direz, que dans Luc, Marie habite à Nazareth avec Joseph (1.27). Pourtant, elle ne prétend connaître aucun homme (1.34) : il y a là une contradiction qui suppose quelques coups de calame.
Même si on comprend "connaître" au sens de "coïter", Marie aurait dû employer le passé (ou l'accompli de l'hébreu qui, dans la Bible, est toujours rendu par le passé). De plus, elle quitte à pied sa demeure pour gagner les collines de Juda, qui sont à cent kilomètres de là (1.39), et entrer chez Zacharie, sacrificateur de son état (1.5), dans une ville qui n'est pas nommée. Quand on sait le nombre de bleds que nomment les Evangiles, ce mutisme est invraisemblable ! Cette ville, c'est Jérusalem, seul endroit où peut officier Zacharie.

Le Protoévangile est là-dessus plus vraisemblable qui situe les deux Annonciations à Jérusalem.
Autres détails en faveur de la version de Jacques (quoique ce récit, comme les autres évangiles, porte les traces de plusieurs couches rédactionnelles) :

Ces frères, Paul aurait pu en parler car la prophétie ne dit-elle pas : Il sera appelé le nazir d'entre ses frères (Dt 33.16, version de Moïse...) ? Citation que l'on retrouve tronquée dans Matthieu (2.23) qui n'y a rien compris, faisant de Nazareth cette ville connue des seuls Evangiles, bâtie selon Matthieu sur un rivage (14, 13) et selon Luc sur une montagne ("oros", 4.29), la Nazareth actuelle n'ayant ni rivage ni le moindre escarpement rocheux...

On peut se demander si les deux premiers chapitres de Matthieu ne sont pas un ajout ultérieur : comment un même auteur se casserait-il la tête à loger dans le même récit deux ou trois prophéties contradictoires quant au lieu de naissance du Messie ? Il lui faut être de Bethléhem (2.5), de Nazareth (2.23), et de Capharnaüm (4.13 / Is 8.23). Or, nous avons un bon terme introductif au chapitre III : En ces jours-là parut Jean le Baptiste etc...
Dès lors, seule la prophétie sur Capharnaüm est utilisée et Jésus habite au bord de la mer ("thalassa", 13.1), Capharnaüm étant sa patrie (13, 54), ce qui lui permet de s'en éloigner en prenant un navire (et non une barque; cf 14.13 : "polion").
Même chose pour Luc. Supposons un original : En ces jours-là, la parole de Dieu fut adressée à Jean le Baptiste etc, introduisant le texte au chapitre III (Je me permet de bazarder les indications de date pour les raisons évoquées plus haut). Nous voyons bien réapparaître Nazareth en IV.16, mais il y a un bug manifeste : au verset 23, les miracles qui ont lieu à Capharnaüm à partir du verset 31 sont évoqués au passé!
Donc le passage sur Nazareth est un mauvais collage plaçant Nazareth sur une hauteur (4.29) dans le but d'expliquer pourquoi Jésus descend sur Capharnaüm (4.31), et de mettre ainsi hors-jeu un courant de pensée : la gnose marcionite. Car, pour Marcion, Jésus n'a pas connu d'enfance terrestre : il est descendu du ciel sur Capharnaüm !
Après tout, pourquoi Josué, ressuscité des morts, aurait-il eu besoin d'une nouvelle enfance ?

C'est seulement après qu'il ait été doté de pérégrinations terrestres et d'un corps ostensiblement charnel (y compris après sa résurrection, lorsqu'on lui fait rouler sa pierre tombale et manger du poisson alors qu'il est cependant assez immatériel pour apparaître au milieu de ses disciples...) qu'on songea à compléter le tableau en lui donnant une enfance digne des autres dieux de la région.
Le Protoévangile aurait été un ouvrage inutile si son contenu lui avait été préexistant dans les sources (Thomas, alias Q, "Matthieu araméen"). Mais en incarnant Jésus dans le sein de Marie, Jacques en faisait un être aussi matériel et aussi humain que les fidèles de l'Eglise. Il parachevait ainsi l'Eucharistie de Paul qui offrait déjà à ses fidèles la possibilité de ressusciter avec leur dieu alors que les fidèles du culte d'Attis devaient se contenter d'assister à la résurrection du leur.

Je dit "eucharistie de Paul" car lui-même dit qu'il tient ce rite d'une révélation (1 Co 11, 23). C'est tellement flagrant que Jean Potin (ancien rédac'chef de La Croix, je vous prie...) dans son Jésus, l'histoire vraie (p. 437) se sent obligé de corriger le texte en "Je vous ai transmis, moi, ce que j'ai reçu de la tradition qui vient du Seigneur...". Vous me direz qu'il semble question, au verset X,16, d'une tradition déjà établie. Dans ce cas, pourquoi Paul donne-t-il le détail de ce rite plus loin ? Ne serait ce pas parce que cette épître est formée de plusieurs billets cousus ensemble dont le passage XI,17 sq est plus ancien que le passage X,14 sq ?
J'en veux pour autre preuve la contradiction entre le verset XI,34 où les femmes doivent se taire et le verset XI,5 où elles doivent se couvrir pour parler...

Mais revenons à Jacques. Pour asseoir solidement le récit de l'enfance, il fallait absolument que Capharnaüm passe au second plan, et, pour s'en débarrasser, rien de plus efficace que de transformer le naziréat en citoyenneté de Nazareth. Et tant pis pour les incohérences : la prédication a toujours été plus orale qu'écrite.

Notez aussi que, dans l'Evangile de Jean, on s'est débarrassé de Capharnaüm en recrutant les premiers disciples au bord du Jourdain et non au bord du lac de Tibériade, avec une discrète allusion à Nazareth (I, 45) qui exclut la naissance à Bethléhem. Mais, non seulement le prologue est profondément gnostique, mais on a oublié d'éradiquer un détail de la prédication à Nicodème (3.12 : Nul n'est monté au ciel hormis celui qui est descendu du ciel.) et de celle du Baptiste (3.31 : Celui qui vient d'en haut...).

Dans Selon Jean, le premier miracle de Jésus n'est plus à Capharnaüm mais à Cana, et à côté du plus célèbre des miracles apparaît un détail incongru (2.12) : Après quoi il descendit à Capharnaüm avec sa mère et ses frères, mais ils n'y restèrent que quelques jours. Traduction : Capharnaüm n'est qu'un bled de rien du tout, mais il fallait que cela soit dit!
Mais Cana est-elle sur les collines de Galilée, comme le prétend une carte annexée à ma Bible (avec des point d'interrogation, tout de même...) ? Flavius Josèphe en cite deux dans sa Guerre des Juifs : l'une est près de Joppé, en bord de mer, et l'autre près de Jéricho, dans la vallée du Jourdain. Point commun : la proximité de l'eau, car "Cana" veut dire "roseau". Dès lors, pas d'objection à ce qu'il y ait un autre bled de ce nom en Galilée, mais au bord du lac et non sur des collines. Mais comment voulez-vous descendre de Cana, au bord d'un lac, sur Capharnaüm, au bord du même lac ?
Ultime apparition de Capharnaüm et de sa descente chez Jean en 4,43 où le centurion des Synoptiques est un fonctionnaire royal : nous sommes sous Hérode le Grand et il n'y a pas de romains dans l'arrière-pays. Notez un coup de plume au verset 44 : bien que Jésus ait eu la précaution de dire que nul n'était prophète en son pays, il est accueilli par une foule. Mais le malheureux papa, tout Juif qu'il est cette fois-ci, croit à la puissance de Jésus sur la foi d'un miracle sorti de la geste du dieu Bacchus : une histoire de fous....

Suite de l'argumentaire prophétique :

Et caetera... Je pourrais ainsi passer en revue tous les Evangiles.

Vous me demanderez, au vu de cette modeste érudition, pourquoi j'ai trouvé le moyen de m'inscrire à votre cours biblique. C'est très simple :
- les cathos ne discutent pas de leur doctrine et ne se donnent pas la peine d'aller évangéliser les foules.
- les Témoins de Jéhovah, qui font du porte à porte, me sont bien utiles pour trouver des références dans le texte (c'est ainsi que j'ai commencé à ausculter de près cette littérature), mais quand il s'agit d'étudier les strates du texte ou les emprunts qu'ont pu faire les deux Testaments aux religions des peuples voisins, il n'y a plus personne.

Vous ne manquerez pas de me dire où pêchent les raisonnements que je vous expose ci-dessus, car c'est de la discussion que peut naître la vérité :

Je ne veux pas qu'on me plaise, je veux qu'on m'instruise. (Molière)

Respectueuses salutations.


Réponse du prophète Arlin Hendrix :

Monsieur,

J'ai bien reçu vos commentaires et questions.

Franchement, à les lire, je suis à la fois étonné, consterné et attristé, car vos commentaires et questions ne montrent pas un grand respect pour la Parole de Dieu et son inspiration, mais plutôt un esprit critique qui frôle le blasphème.
Ce n'est pas que je ne puisse pas répondre à vos remarques et questions, mais que je ne veux pas, d'abord, parce que je ne saurais où commencer, car il y a tellement de faux raisonnements et de faux renseignements. Je ne veux pas, non plus, car avant une étude sérieuse de la Parole de Dieu, il faut d'abord avoir un esprit ouvert et je ne ressens pas beaucoup de cela chez vous. Je vous prie, donc, de vous examiner le coeur et votre désir pour faire plaisir à Dieu. Vous êtes la première personne à qui j'ai affaire qui s'exprime comme vous et je me demande pourquoi vous faites cela. Je regrette ces paroles dures, car c'est la première fois que je m'exprime comme cela, mais je ne vois pas comment m'exprimer autrement dans ce cas. Que le Dieu de miséricorde soit avec vous !

pour le Centre d'Enseignement Biblique
une oeuvre de l'Eglise du Christ de Lyon
Arlin HENDRIX


Réponse de l'élève à la réponse du prophète :

Mon cher apôtre,

>Franchement, à les lire, je suis à la fois étonné, consterné et attristé, car vos commentaires
>et questions ne montrent pas un grand respect pour la Parole de Dieu et son inspiration,
>mais plutôt un esprit critique qui frôle le blasphème.

Je ne pense pas blasphémer contre Dieu lorsque, en épluchant les dires de ceux qui prétendent parler en son nom, je trouve des anomalies qui constituent une violation flagrante d'un commandement de Dieu : Tu ne feras pas de faux témoignages.

J'ai cru comprendre que vous ne vous réclamiez pas de l'église catholique. Dans ce cas, pourquoi vous accrocher à texte sélectionné par Eusèbe de Césarée en vue du concile de Nicée ? Sachez que les manuscrits du Nouveau Testament comportent 16.000 variantes dont, par exemple, 3.500 pour le seul Evangile selon Luc.

Même à partir du texte grec, chaque église se permet de falsifier le message.

Vous voyez avec quelle unanimité ces compères bazardent "ton epiousion".

Les ébionites disaient : "notre pain de demain (epiousa)". D'où, sans doute, la traduction moyenne de Gérard et Marie Séverin (Le Christ en direct) : Donne nous aujourd'hui (Lc : chaque jour) notre pain de l'avenir éternel.

Mais "ousia" (les ébionites oublient le i) signifie "essence", "nature", comme dans le "homo-ousios" du Credo traduit par "consubstantiel" ou "de même nature (que le Père)", ou dans le mot "parousie" qui ne veut pas dire "retour" ou "arrivée" car "para" veut dire soit :
-"au delà de", et "parousie", "au delà de la nature", préternaturel, ce qui concorde avec la notion d'"apocalyspe" comme révélation finale,
-"auprès de", et "parousie", "en compagnie de l'essence divine",
-"contrairement à", et "parousie" "contrairement à la nature" de ce bas monde qui est sous l'empire de Satan, comme nul ne l'ignore (Luc IV,6). La Parousie est donc la nature du monde après l'Apocalypse et non le simple retour du Christ.

Par conséquent, "epi" signifiant "dessus", "epi-ousios" veut dire "supersubstantiel" ou "surnaturel". J'ignore où l'on peut trouver ce "pain surnaturel" mais il s'agit de bien autre chose que d'un pain quotidien destiné à nous sustenter en ce bas monde.

>Ce n'est pas que je ne puisse pas répondre à vos remarques et questions, mais que je ne veux pas,

Quel homme parmi vous, possédant cent brebis et ayant perdu l'une d'elles, ne laisse les 99 autres dans le désert et ne va pas après celle qui est perdue jusqu'à ce qu'il l'ai retrouvée ? (Luc 15,4)

>d'abord,parce que je ne saurais où commencer,

Le Seigneur est mon berger. [...] Il ranime mon âme. Il me conduit sur les sentiers de justice à cause de son nom. (Psaume 23)

Plus prosaïquement, j'ai suivi le plan de votre questionnaire : vous ne pouvez pas dire que je cherche à vous égarer. Ma documentation évangélique est la même que la vôtre et je donne toutes les références des autres ouvrages.

>car il y a tellement de faux raisonnements et de faux renseignements.

C'est justement pour les peser que vous écris :

>Je ne veux pas, non plus, car avant une étude sérieuse de la Parole de Dieu, il faut d'abord avoir un esprit ouvert

Si je n'avais pas un esprit ouvert, je ne me serais jamais coltiné le grec du texte et j'aurai jeté votre tract à la poubelle sans autre formalité.

>et je ne ressens pas beaucoup de cela chez vous.

J'ai commencé à éplucher la Bible en écoutant les Témoins de Jéhovah que je laissais entrer chez moi. Cela me fut utile : vous ne pouvez pas dire que je n'y connais rien...

>Je vous prie, donc, de vous examiner le coeur et votre désir pour faire plaisir à Dieu.

Je me permets de faire fonctionner la cervelle qu'il m'a donné, et de suivre les conseils de son fils : Qui allume une lampe pour la mettre sous un boisseau ?

>Vous êtes la première personne à qui j'ai affaire qui s'exprime comme vous

Si Dieu m'a relativement gâté, c'est en vue de vous éprouver le jour, qu'il avait fixé avant tous les siècles, où vous croiseriez ma route. Et quand il recroisera la vôtre, vous lui direz sans doute :
Quo vadis, domine ? Et il vous répondra : Je vais chez Ukko69 pour m'y faire à nouveau crucifier.

>et je me demande pourquoi vous faites cela.

Pour m'instruire, comme je vous l'ai déjà dit. Et j'ai l'impression que ce débat vous instruirait par la même occasion.

>Je regrette ces paroles dures, car c'est la première fois que je m'exprime comme cela, mais je ne vois pas comment m'exprimer autrement dans ce cas.

Etes-vous sûr qu'elles soient dures ? Ne cherchez-vous pas une excuse à la Jonas pour rallier Tarsis quand on vous appelle à Ninive ?

>Que le Dieu de miséricorde soit avec vous !

Le Seigneur est mon berger. Il me conduit par les larges sentiers de la connaissance, et vous avez pu constater qu'il m'en rassasie. Quant à vous, qui jouez les Jonas, quand vous crierez "de profundis" du fond de votre poisson, craignez que le Tout-Puissant vous réponde qu'il vous a inscrit dans la poussière à mes côtés (Jérémie 17.13).

A vous lire.

Thierry."

Naturellement, le prophète n'a pas répondu. Relances :

Mon cher Apôtre,

Je suis en train d'étudier l'Anatolie des Ier et IIème siècle. J'ai découvert qu'à l'époque le lycaonien était une langue morte...
En effet, Strabon (Géographie, 13.4.17) cite le carien, le lydien, le lycien, et le mysien. On trouve aussi des inscriptions en phrygien et en pisidien. Le galate se maintiendra au moins jusqu'à St Jérôme (Commentaire sur l'épître aux Galates, 2.3). Le "Corpus des inscriptions latines" (III, 10505 & 14507) mentionne l'existence de soldats interprètes en Mésie.
Pour la Lycaonie, nous n'avons que des inscriptions en grec et en latin. Les Séleucides y ont installé des colonies dès le -IIIè siècle, suivis par les Romains en -25. Les inscriptions nous donnent 40% de noms lycaoniens, 37% de noms latins, et 23% de noms grecs.

Croyez-vous vraiment qu'une foule composée de 60 % de colons parlerait le lycaonien (Ac 14.11)? Vous imaginez des néo-zélandais de souche britannique s'exprimant en maori ? On dirait que le rédacteur des Actes n'a jamais mis les pieds à Lystres...


Mon cher apôtre,

Je pense avoir fait une erreur dans l'interprétation du nombre de passagers du navire de Paul dans les Actes. Il se peut bien que la mention du blé et des 276 passagers n'ait aucun rapport avec un navire de la flotte de l'annone. En effet, le blé jeté à la mer vient du livre de Jonas (1.5). Quant aux 276 passagers, cela signifie que le Saint Esprit est à bord. Car, en hébreu,
R (resh) = 200
W (wav) = 6
A (aïn) = 70
D'où "roua", le souffle ou l'esprit de Dieu (Gn 1.2), = 276.

D'où l'avertissement de Paul au centurion (Ac 27.31) :

Comme quoi les Actes ne sont pas tout à fait un reportage, mais au moins un bon traité de théologie...

Que Dieu bénisse votre apostolat dans notre beau pays durant 276 semaines.


Mon cher apôtre,

Le bavard ne recevra-t-il pas la réplique ?
Suffit-il d'être loquace pour avoir raison ?
(Job 11.2)

Je dois avouer qu'il a d'autres points de l'Evangile que je ne comprends pas.

Ainsi, je ne saisis pas pourquoi Jésus désigne "le dieu d'Abraham, d'Isaac, et de Jacob" comme "dieu de vivants" alors que, sous Jésus, ces trois-là étaient morts depuis longtemps, comme ils l'étaient déjà, du reste, du temps de Moïse lorsque Jéhovah se présenta à lui sous cette définition. Dans ce passage de l'Exode, Jéhovah lui-même ne dit pas qu'il est un "dieu de vivants".

Il semblerait donc que les Evangélistes aient pris l'expression "dieu vivant" pour "dieu de vivants" pour en tirer une théologie de la résurrection qui n'apparaît nulle part dans le Pentateuque.

Poursuivant mon exploration du texte des Evangiles, je suis tombé sur d'autres curiosités.

Dans l'épisode de la tempête apaisée, on lit souvent que Jésus et ses apôtres sont à bord d'une barque. Mais le texte grec parle d'un navire de haute mer (ploion). Et les évangélistes semblent savoir de quoi ils parlent puisque les Actes (27.30) disent que pour fuir d'un navire (ploion), les marins mettent une barque (scaphon) à la mer. Est-ce que, par hasard, les évangélistes prendraient la mer de Galilée pour une dépendance de la mer Méditerranée, au même titre que la mer Egée ?
Seul Luc (8.22) parle d'un lac (limnes) et je n'en suis même pas certain car, en 8.33 le texte porte "limene", "port"...
Idem en Lc 5.1 et 5.2 : "limene" (et "ploia").
Marc et Matthieu disent "thalassa". Idem en Mc 4.1.
Même topo quand Jésus invite Pierre à marcher sur les eaux (Mc 6.45sq; Mt 14.22sq; Jn 6.16sq) : "ploion" et "thalassa"

Pourquoi ce bug ? Supposons que ces Evangélistes n'aient jamais mis les pieds en Palestine (ce qui est censé être le cas de Luc, disciple de Paul, et de Marc, disciple de Pierre, mais pas des deux autres), il auraient pu faire de l'hagiographie en chambre en se plongeant dans l'Ancien Testament : en 1 Mac 11.67, il est dit que Jonathan campait "au dessus des eaux (hudor) de Gennésar", en Galilée. Donc, attendu que la Galilée est "au delà du Jourdain sur la route de la mer" (Is 8.23) et qu'on y trouve les eaux de Gennésar, ils ont dû en déduire que la mer de Gennésareth baignait la côte de Galilée.

Et, avec l'aide du Saint-Esprit, ils ont pu faire d'autres trouvailles.

Par exemple, pourquoi, selon Matthieu, Saint Joseph peut-il rentrer d'Egypte sans passer par la Judée pour se rendre en Galilée ? Parce qu'en sortant d'Egypte, on trouve un bled nommé Baal-Tsaphon (Ex 14.9) et qu'un nom comme ça ne se trouve qu'en Phénicie (par ex. Jg 3.3) et que la Galilée en est voisine...

Il est dit en Luc 3.5, "toute montagne (oros) et toute colline (bounos) seront abaissées." Or, pour les quatre évangélistes, le Mont des Olivier est une "montagne" (oros). Je suppose que l'actuel Mont des Oliviers n'est une colline que parceque la montagne qui s'y trouvait a été rabotée par les pas de millions de pèlerins...

Sauriez-vous où je pourrais trouver un Evangile digne du titre de l'ouvrage de Marie-Christine Ceruti-Cendrier, Les Evangiles sont des reportages (n'en déplaise à certains) ?

Et si nous écrivions nous-mêmes cet Evangile, tous les deux, histoire de se moquer du monde ? On y ajouterait d'autres épisodes prophétiques. Par exemple, les frères de Jésus se seraient enfuis en Assyrie pendant que Joseph et Marie allaient en Egypte, ceci afin que s'accomplisse Zacharie 10.10 :

On y glisserait aussi des paroles de Jésus fabriquées à partir de l'Ancien Testament.

Par exemple :

donnerait : Ou encore : donnerait : Et les imprécations du même Isaïe (Is 5.8 sq) deviendraient les Béatitudes par le charme de la double négation : Ainsi, nous mettrions du vieux vin dans de nouvelles outres et nous conquerrions le marché du Nouvel Age!

Thierry.

Si un apôtre me lit, il est le bienvenu dans ma bal : Ukko 69

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