En surfant sur le Web, je suis tombé sur plusieurs pages consacrées au continent de Mu,
pages visiblement pompées les unes sur les autres.
Il semblerait que le mythe de Mu provienne du même genre de plagiat : le naturaliste allemand Ernst Haeckel (1834-1919) a déduit de la présence de lémuriens à Madagascar et en Malaisie l'existence d'une Lémurie dans l'océan Indien (ouvrage publié en 1870); Ignatius Donnelly a remis l'Atlantide à la mode (L'Atlantide : le monde antédiluvien, 1882); Helena Blavatsky a fusionné ces deux-là (La doctrine secrète, 1888); W. Scott-Elliot a copié Blavatsky (La Lémurie perdue, 1930); James Churchward (Mu, le continent perdu, 1931) a copié ces trois-là en y filtrant les extravagances (des lémuriens hermaphrodites...) et en y ajoutant des emprunts à David Niven (Souvenirs, 1924); Robert Charroux a copié les précédents, et un tas d'autres y sont allés de leur dose...
Platon avait trouvé un truc génial pour brouiller les pistes : il tenait ce qu'il savait de l'Atlantide du législateur Solon, lequel Solon avait vécu deux siècles avant lui (au cas où un curieux aurait voulu vérifier la source...). Solon lui-même n'avait rien inventé puisqu'il tenait ses informations d'un prêtre égyptien. Ainsi Platon indiquait honnêtement comment vérifier ses sources : vous embarquez au Pirée, vous franchissez un petit millier de kilomètres, et, arrivé en Egypte, vous faites la tournée d'un millier de temples. Avec un peu de chance, vous tomberez sur le bon papyrus... Cette chance, Hérodote ne l'a pas eu, lui qui courrut le monde un siècle avant Platon pour en décrire la géographie et rencontra les prêtres de Saïs qui ne lui pipèrent mot de cette Atlantide!
Mais il y un indice que le bon prêtre égyptien n'avait pu inventer cette histoire : comment aurait-il imaginé une civilisation qui ressemblait si peu à celle de l'Egypte ? Un empire divisé en dix royaumes ressemble si peu à l'Egypte... mais tellement à Athènes! Cette Athènes qui vainquit les Perses à Marathon un siècle avant Platon, comme elle avait vaincu les Atlantes quelques siècles auparavant... Quant à certains détails archéologiques du récit de Platon, des mauvaises langues les disent tirés des ouvrages d'Hérodote. Ainsi les murailles de l'Atlantide ressemblent aux remparts d'Ecbatane et son port à celui de Carthage...
Ci-contre un port lémurien ramassé sur je ne sais plus quel site. C'est très joli. Vous avez des maisons à terrasse dans le plus pur style méditerranéen (les pluies devaient être rares, sur Mu...) et les canaux circulaires que Platon a pompé dans la description de Carthage. Au centre, malheureusement tronqué, un temple de style maya : la civilisation lémurienne n'était-elle pas à vocation universelle ? Notons que les dix royaumes atlantes de Platon doivent se retrouver chez Churchward puisque je les retrouve chez Kooki.
Les ouvrages signés James Churchward n'ont pas été publié par celui-ci mais par son petit-fils. Ainsi, on aurait pu répondre au lecteur anglais :
Je tiens cette histoire de mon grand-père, lequel a trouvé des tablettes à dix mille kilomètres de Londres, dans un temple hindou situé dans un lieu indéterminé,
et ceci grâce à ses excellentes relations avec le grand prêtre.
C'est exactement le récit de Platon actualisé dans l'Empire Britannique.
Platon avait découvert la trace d'une cité idéale platonicienne. Notre colonel de l'Armée des Indes, lui, a retrouvé des tablettes décrivant une civilisation supérieure : une race blanche aurait porté les lumières de la civilisation à des races noires et jaunes!
Toute ressemblance avec des faits existants ou ayant existé...
Naturellement, ces Lémuriens étaient monothéistes : comment auraient-ils pu ne pas l'être ? C'eut autrement été des barbares! Et Churchward de citer Max Müller, thuriféraire nombriliste de la civilisation britannique :
Dans un sens, toute religion a été valable à ses débuts (...). Nous devons donc interpréter de la manière la plus charitable les apparentes absurdités, les folies et les erreurs des anciennes religions.
(In Mu, le continent perdu, p. 278)
Pour enquêter sur les cultes primitifs, le colonel aurait mieux fait de se plonger dans James Frazer et Salomon Reinach.
Donc ces Lémuriens adoraient le soleil, image du Très-Haut. C'est là une forme supérieure du monothéisme, digne du Siècle des Lumières, ne s'encombrant pas de la médiation d'un prophète ou de rites désuets qui auraient pu conduire leur civilisation à l'état de décrépitude où se trouvait l'empire ottoman au temps de Churchward...
Le choeur : Une coïncidence n'est pas une preuve!
Je veux bien l'admettre : personne n'ira dire que les parallèles qu'on peut faire entre l'Empire Britannique et l'Empire Romain prouvent que l'un est une fiction tirée de la réalité de l'autre.
Mais prennez ce problème de race lémurienne blanche. Si ce continent avait existé en des temps immémoriaux, il aurait été peuplé d'Australoïdes et non de Blancs. Cette race noire aurait été l'ancêtre de celles qui peuplaient l'Indonésie, les Philippines, et l'Indochine avant l'expansion vers le sud des Mongoloïdes (le malais, le formosan, le tagalog, les langues indonésiennes, et les langues papoues sont apparentées).
Et si ces Austaloïdes lémuriens n'étaient pas les descendants de Lucy mais ses ancêtres, on aurait dû trouver des ossements encore plus anciens sur la route, quelquepart entre la Malaisie et le Kenya...
Cela ne me gênerait pas de lire chez Churchward et consorts que la terre de Mu existait au temps des grandes glaciations, lorsque le niveau des mers était à 200 m au dessous du niveau actuel. Alors, le centre de l'Indonésie formait la plaine de Mu, à moins qu'elle ne fut sise dans le golfe de Carpentarie, ou bien dans la cordillère des Salomon...
Mais non! Ce fameux continent enjambe des fosses océaniques pour annexer Hawaï et l'île de Pâques! Churchward n'a-t-il jamais entendu parler d'Alfred Wegener ? Ou, au contraire, a-t-il entendu parler du continent de Gondwana pour y bâtir son oeuvre, sabrant au passage de trois ou quatre zéros l'échelle des temps géologiques ?
Que Churchward décrète que les Lémuriens étaient déjà hautement civilisés il y a 70.000 ans, pourquoi pas : les Néanderthaliens vivaient il y a 100.000 ans, et étaient pourvu d'un volume de cerveau comparable au nôtre; et 5.000 ans ont suffit pour passer de la cueillette aux empires hydrauliques d'Egypte, de Mésopotamie, et de Chine. Mais, pour lui, 70.000 ans semblent représenter la nuit des temps en comparaison des 6.000 ans de l'Histoire biblique. Tout heureux de sa trouvaille, il mesure à cette échelle l'âge des montagnes! Echantillons :
Si nous pouvons en juger par ce qui se passa dans d'autres parties du monde lorsque les montagnes se dressèrent, il est raisonnable de supposer que, lorsque les Andes s'élevèrent, toute la population du Pérou fut anéantie, ne laissant ici et là que de rares survivants.
(L'univers secret de Mu, p. 77)
Les Hindous aryens étaient les descendants d'un groupe de Uighurs qui s'était trouvé pris dans les montagnes de l'Afghanistan à l'époque où les montagnes s'érigèrent.
(idem, p. 224)
Ces anomalies ont échappé aux lémuromanes du Net qui nous servent comme preuve d'une ancienne tradition la Terra australis incognita!
Voici une carte du XVIIIème siècle. Regardez les contours de cette Terra Australis : ils sont exacts au sud de la Terre de Feu (une péninsule de l'Antarctique) et à l'est de l'Indonésie (la côte austalienne). Pour le reste, c'est un raccord au petit bonheur...
Et le livre d'Esdras affirmant que les mers ne couvrent
que la septième partie de la surface du globe ?
(in Kooki Home Page)
Quel livre d'Esdras ? Il y en a quatre, dont trois apocryphes.
Mais voici que je retrouve cette référence parmi les élucubrations d'un certain Jean Groffier
(Le monde extra-terrestre et la Bible, ed. Peladan) : Au
Léviathan, tu as donné la septi鋗e part, les eaux. (IV Esd 6.60)
Mais que prouve cette citation ? Que pour la Bible,
la mer est le domaine de Satan (cf aussi Job 7.12; 38.8-11), et que,
par conséquent, moins il y a de mer, plus Dieu est grand!
Et puis de quelle surface s'agit-il ? De celle du monde connu des
Hébreux ? Lisez la Bible : cela ne va pas loin! Petite parenthèse sur cette représentation biblique de la surface terrestre : ce qui sépare l'Asie de l'Afrique n'est pas la mer Rouge mais le Nil (Gn 15.18), fleuve qui prend sa source en Mésopotamie (Gihon, Gn 2.13 et Za 10.11) et dont le Jourdain constitue le cours supérieur (in Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, III, 10.8)... Quant à l'autre fleuve représenté au nord, c'est le Gange (Pischon, Gn 2.11)...
Et les Chinois qui croyaient que la surface du globe
était partagée également en terres et en mers ?
Primo, je trouve bizarre d'aligner deux traditions contradictoires (15% d'océans d'un côté et 50% de l'autre) pour prouver l'existence de Mu. Secundo, pourquoi une spéculation chinoise serait-elle plus valable qu'une spéculation juive? Cette conception géographique chinoise ne repose-t-elle pas simplement sur la théorie du Yin et du Yang, le monde fait de deux éléments, le jour s'opposant à la nuit, comme le sec à l'humide et l'homme à la femme ? Mais le Yin comprend toujours un peu de Yang, et inversement (comme le montre le symbole du Tao). Ainsi, il y a forcément des mers enclavées dans les continents et des îles sur les océans. Ceci est de la géographie sacrée et non de la géographie descriptive résultant d'explorations transocéaniques.
Je vois d'ailleurs dans leurs pages que nos thuriféraires de Churchward n'ont pas osé reproduire son explication de l'engloutissement de Mu : ce continent aurait été sustenté par des ceintures de gaz! Un séisme un peu trop fort et pschhhh! voilà le gaz qui se met à fuir, et notre beau continent coule comme un matelas pneumatique!
Autre explication :
Si l'on admet l'existence de l'ancien continent qui occupait le centre de l'océan Pacifique, il convient d'apporter une réponse à la question que pose sa brutale disparition. L'un des spécialistes de l'Atlantide, le colonel A. Braghine, a formulé l'hypothèse selon laquelle un corps céleste vint frapper la Terre dans le Pacifique il y a environ douze mille ans, ce qui aurait entraîné des bouleversements géologiques considérables et déplacé l'axe de notre planète. On sait l'importance des chutes de météorites survenues a l'époque historique : le cratère de Coon Butte, en Arizona, a 1200 m de diamètre, la météorite qui s'est abattue en 1908 dans la taïga de la Toungouska a tout calciné dans un rayon de 20 km autour de son point d'impact et, dans la mesure où de nombreuses sources antiques, notamment égyptiennes et précolombiennes, évoquent un cataclysme de ce type, on peut imaginer qu'il a pu se produire et entraîner la disparition de Mu, la patrie originelle de l'Humanité.
Pourquoi le camarade Kooki ne cite-t-il pas un impact encore plus violent : celui de la météorite du Yucatan dont la principale conséquence a été l'extinction des dinosaures ? Certes, cela n'a pas englouti le Mexique...
Mais c'est dire le problème : comment un impact détruisant un continent aurait-il pu laisser subsister la race humaine ? Un impact il y a douze mille ans et cette race humaine ne mettant que deux mille ans à s'en relever pour créer les civilisations urbaines de Jéricho et de Catal Huyuk ? J'ai comme un doute...
Autre trouvaille de la même boutique :
La ceinture de feu qui entoure le Pacifique ne serait que la gigantesque cicatrice marquant les limites de la formidable collision remontant à douze mille ans. Le débat demeure ouvert quant à la réalité historique de Mu : si celle-ci est admise, on imagine le nombre de questions auxquelles il faudra alors répondre ! Les éléments disponibles sont moins nombreux que ceux qui militent en faveur de la réalité de l'Atlantide. Mais il reste sans doute beaucoup à découvrir dans les archipels des mers du Sud...
Des "ceintures de feu", il y en a à toutes les jointures de plaques continentales. Celle de la plaque caraïbe agite-t-elle les petites Antilles (Montserrat, Soufrière, Montagne Pelée) ? Et boum! Une Atlantide dans le coin! (Celle des Bahamas n'est pas sur la route.) L'Islande volcanise-t-elle un peu trop ? Et une Hyperborée, une! Et les îles Aléoutiennes ? Envoyez la Beringide! (cf ci-contre, avec la route suivie par les colons lémuriens, cf infra)
Je reconnais que l'explosion du Santorin a détruit la civilisation crétoise (autre Atlantide célèbre), mais l'île de Crète est toujours à la surface, que je sache! Et le Japon ? Après au moins un million de séismes depuis son occupation par l'Homo Sapiens, il attend toujours d'être englouti...
Mais vous me direz que la plaque Pacifique est en train de sombrer sous la plaque austalienne via la fosse des Kermadec. Donc :
Ce qui a été sera et inversement.
Donc, supposons qu'un Lémurien ayant tiré la chasse avec un peu trop d'énergie ait fait basculer le continent dans la fosse Kermadec et soit aussitôt allé prévenir les autorités :
Ô, honorables fils du Soleil! J'ai déclenché un cataclysme! Tous aux navires sinon nous allons être totalement engloutis... dans 20 millions d'années! [10 cm par an]
Le film catastrophe La submersion du Japon suppose une brusque accélération du glissement de l'archipel dans la fosse des Mariannes (quoique ce soit le Pacifique qui s'enfonce sous le Japon et non l'inverse) : vous imaginez une vitesse de subduction subitement multipliée par 10 millions ? Et même, dans le cas de Mu, par mille, histoire de leur laisser 20.000 ans pour rayonner sur la Terre ? C'est doublement absurde : non seulement cette accélération par mille, mais par l'idée qu'un affaissement sur 20.000 ans puisse passer pour une catastrophe! Quel peuple s'est jamais souvenu de la remontée des eaux à la fin de la dernière glaciation ? La légende de la ville d'Ys peut-être ? Mais c'était hier! Et encore : vous apprend-t-on en classe que les îles Anglo-Normandes ne sont un archipel que depuis le Vème siècle après Jésus-Christ ?
James Churchward appelle à la rescousse un passage du Codex Troano (dont une page est reproduite dans Mu, le continent perdu p.64) mais il s'est bien gardé de souligner les signes qu'il traduisait (trop risqué...). Citons Churchward :
Dans l'année 6 kan, le 11 muluc du mois de zac, il se produisit de terribles séismes qui se poursuivirent jusqu'au 13 chuen. Le pays des collines de terre - la terre de Mu - fut sacrifié. Deux fois soulevé, il disparut pendant la nuit après avoir été secoué par les feux des abîmes. Comme ils étaient enfermés (?), la terre se souleva et se noya en divers endroits. Enfin la surface se brisa et les dix pays (ou tribus) furent dispersés et déchirés. Le pays sombra avec ses 64.000.000 d'habitants il y a 8.060 ans avant la rédaction de ce livre.
Robert Charroux cite le même passage (Le livre des maîtres du monde, ed. Laffont, p. 260) mais en attribue la traduction à Henri Schliemann.
Churchward et Charroux ont-il étudié le calendrier maya ? Quand on lit le passage par moi souligné en ayant en tête un calendrier occidental, on pense que "muluc" est un nom de jour analogue aux nôtres et que ces séismes ont duré d'un mois à un an, selon l'ordre des mois mayas. Or les dates du "11 muluc" et "13 chuen" proviennent d'un cycle vénusien de 260 jours fait d'une combinaison de 20 noms de jours et de 13 chiffres dont voici le début :
1 Imix 1 Ix 1 Manik 2 Ik 2 Men 2 Lamat 3 Akbal 3 Cib 3 Muluc 4 Kan 4 Caban 4 Oc 5 Chicchan 5 Edznab 5 Chuen 6 Cimi 6 Cauac 6 Eb 7 Manik 7 Ahau 7 Ben 8 Lamat 8 Imix 8 Ix 9 Muluc 9 Ik 9 Men 10 Oc 10 Akbal 10 Cib 11 Chuen 11 Kan 11 Caban 12 Eb 12 Chicchan 12 Edznab 13 Ben 13 Cimi ... .....
Le "11 muluc" tombe le 89ème jour du cycle, suivi du "12 oc", puis du "13 chuen". La précision "dans le mois de zac" indique une corrélation avec une année solaire de 365 jours, la combinaison de ces deux cycles formant un "siècle" maya de 52 ans, soit 260 x 73 = 365 x 52 = 18.980 jours. Le "12 oc" tombe dans le mois de zac les 9.710, 11.530, 13.350, et 15.170èmes jours de cette période. D'où la précision "dans l'année 6 kan", c'est à dire l'année solaire commençant un 6 kan vénusien, ce qui est le cas de la 45ème année du cycle.
Ces trois jours de séisme (ou d'éruption volcanique) sont suffisants pour anéantir une civilisation mais pas pour couler un continent.
A ce passage, Charroux ajoute du maya de son cru qu'il ose attribuer aux mayaologues Brasseur de Bourbourg et Diego de Landa. Ainsi les quatre signes ci-contre signifieraient : Le maître de la terre soulevée trois fois (etc...)
Pour information, le signe de gauche signifie "livre" (hu'un) et non "maître" (ha'au), et, manque de bol supplémentaire, le signe que Charroux interprète comme "terre" veut dire "ciel"! Quant au signe de droite, il représente selon Charroux un moteur de soucoupe volante...
Mais cette citation est en partie exacte puisque je l'ai également trouvée dans un livre sur les Mayas ne traitant pas de Mu. Le Plongeon trancrit en base 10 (1030) une date maya donnée en base 20 (2.11.10). Churchward reprend le chiffre de 1030 ans, le décrète écrit en base 20 (1.0.3.0) et obtient 1 x 8.000 + 0 x 400 + 3 x 20 + 0 x 1 = 8.060 ans !
Rappel du système de numération maya :
Cette base vigésimale nous éclaire également sur un détail du texte exact du codex : le nombre faramineux des victimes de cette catastrophe. Comme vous pouvez le voir, il ne s'agit pas d'un recensement rigoureux de Mu transmis de génération en génération mais d'un chiffre rond à six zéros exprimant une quantité inconcevable.
(Comme nous avons un "centillion" à 600 zéros (voire un "centilliard" à 900 zéros) et les Anglo-saxons un "googol" à un million de zéros, auxquels on peut ajouter les "atomilliards", "spririmilliards, et autres "fantasmilliards" d'Onc'Picsou...)
Le calendrier maya utilise le même genre de mesures :
1 tun |
= |
360 jours |
|
|
1 katun |
= |
7200 jours |
= |
19 ans 8 mois et 2 semaines |
1 baktun |
= |
144.000 jours |
= |
394 ans |
1 pictun |
= |
2.880.000 jours |
= |
7.885 ans |
1 calabtun |
= |
57.600.000 jours |
= |
157.700 ans |
1 kinchiltun |
= |
1.152.000.000 jours |
= |
3.154.000 ans |
1 alautun |
= |
23.040.000.000 jours |
= |
un peu plus de 63 millions d'années... |
Par comparaison, c'est avec le nombre 7 que jongle la Bible :
C'est que Caïn est vengé sept fois
Mais Lamek septante sept fois. (Gn 4.24)
Et l'Evangile de surenchérir dans l'autre sens :
Ne pardonne pas sept fois,
Mais septante fois sept fois. (Mt 18.22)
Luc compte 77 générations de Dieu à Jésus, et Matthieu 6 fois 7 générations d'Abraham à Jésus (les six jours de la Création, l'unité manquante étant l'avènement du Royaume comme repos de Dieu et fin de l'Histoire). Car 6 est le nombre de l'homme (Adam fut créé le sixième jour), 7 le nombre de Dieu, ce qui oblige les Hébreux à avoir une coudée ordinaire de 6 palmes pour mesurer les choses humaines et une coudée sacrée de 7 palmes pour mesurer les choses sacrées (temple, arche d'alliance, candélabres, caleçons sacerdotaux,...)
Avec ce genre de renseignements, on peut calculer la date du Déluge avec autant de précision que celle de l'engloutissement de Mu : sachant qu'après le Déluge, l'homme n'a plus vécu que 120 ans, que Noé fut de la dixième génération, et que Luc inclut Dieu et Jésus dans son décompte, 77 - 12 = 65 x 120 = 7.800 avant JC. On peut objecter qu'une génération n'équivaut pas à une vie humaine mais dure 40 ans (d'après l'Exode), ou bien se compte de premier né à premier né, mais je laisse le soin de cet épluchage aux Témoins de Jéhovah...
Le texte du Codex Troano peu très bien relater une catastrophe réelle sans qu'il s'agisse de l'engloutissement de Mu. La plus récente date mentionnée sur un monument maya est 909 ap Jc. Or, après s'être interrogé sur les causes de la disparition de la civilisation maya, on a retrouvé une couche volcanique dans la région témoignant d'une gigantesque éruption vers cette époque.
Exemples d'éruptions de ce type : le Tambora (Indonésie, 1815, 220 Mts de roches dans l'atmosphère) et le Krakatoa (id., 1883, 50 Mts, entendu à 4.500 km, et le grand lustre de la cathédrale de Moscou en a oscillé...).
Si l'explosion est du Xème siècle, la rédaction de ce codex est du XIVème siècle et explique ce chiffre rond signifiant "ils sont tous morts". Exit le leg des ancêtres antédiluviens.
Ci-dessous : fresque maltèque, relevée dans le temple de Tepakul par l'archéologue Amazes y Forges, relatant cette catastrophe provoquée par la collusion de dieux infernaux vainement combattus par d'autres dieux de type raëlien.
L'"alphabet égyptien" de James Churchward
Commentaire de Môssieu Kooki :
L' alphabet de Mu, comparé aux alphabets utilisés par les Mayas et par les Egyptiens. Certaines ressemblances sont troublantes. Reste à savoir si les fameuses tablettes retrouvées par le colonel Churchward sont authentiques....
Moi, ce qui me trouble, ce n'est pas que les trois colonnes se ressemblent mais que Kooki ait perdu son temps à copier les bêtises des autres pages sur Mu sans profiter de son passage sur l'Internet pour aller voir de près à quoi ressemblaient les écritures maya et égyptiennes...
Voici de l'égyptien hiéroglyphique : c'est-y pareil ?
Et voici quelques signes du syllabaire (et non de l'"alphabet") maya récupérés sur le Net. On peut lire, phonétiquement, de gauche à droite :
Kooki est (un) âne. (KU-KI E A-NE)
Vous pouvez toujours chercher sur les sites idoines les signes inventés par Churchward si ça vous amuse...
Serait-ce de l'olmèque ? Après tout, si William Niven a trouvé des tablettes lémuriennes au Mexique, il y aurait une petite chance pour que cet alphabet lémurien ait influencé les écritures locales, comme l'alphabet grec est dérivé du phénicien.
Voici de l'olmèque. Apparement, les Olmèques ont tout oublié de Mu...
Et voici un échantillon de sanscrit, la langue sacrée des prêtres de l'Inde. En comparaison des prêtres égyptiens qui ont maintenu leur système pendant 3.000 ans et des rabbins qui recopient l'hébreu carré d'Esdras depuis 2.500 ans, je trouve que ces brahmanes ont un peu altéré l'héritage des Naacals... Mais il faut mettre à leur crédit que leur écriture a plus d'allure que les gribouillages de Churchward.
En désespoir de cause, convoquons les Martiens (Churchward n'en parle pas, mais Charroux si. Et puis ça ne détonne pas dans la nébuleuse New Age où grenouillent les amateurs de continents perdus). Voici une écriture en usage sur Mars qui ressemble guère aux dessins de Churchward (mais je dois vous avouer que j'ai trouvé cette information dans le Manuel des Castors Juniors...).
J'appelle maintenant à la barre l'écriture de l'île de Pâques, haut lieu de l'empire de Mu, sainte montagne émergeant du continent défunt. Le moins que l'on puisse dire est que cette graphie est aussi distante de la table de Churchward que l'est l'écriture chinoise. Curieusement Curchward fait l'exégèse de ces tablettes sans expliquer comment les Pascuans sont passés du simplissime alphabet lémurien à ces idéogrammes. Or l'écriture évolue d'habitude de l'idéogramme au syllabaire puis à l'alphabet.
Petit exercice : en vous aidant des signes de l' écriture pascuane et de leur traduction, reconstituez la tablette où W.J. Thomson a déchiffré le phrase suivante (Mu, le continent perdu, p. 77) :
Quand cette île a été créée et a été connue de nos ancêtres,
la terre était traversée de belles routes pavées de pierres plates.
Je vous épargne le reste de la citation sauf les mots "continent" et "adossement des constructions" qu'il vous faudra simplement trouver dans le vocabulaire pascuan, ou, à défaut, dans les langues polynésiennes du coin...
Et, tant que vous y êtes, enquêtez sur le système de mesures local pour retrouver les termes traduits par "un mètre cinquante", "un mètre trente", "quarante centimètres", et "quarante deux centimètres"!
Mais ce qu'il y a de plus curieux dans cette table d'égypto-muo-maya, c'est qu'on a l'alphabet mais pas la langue qui va avec!
Le "Naga-Maya" de James Churchward
Selon Churchward, cette langue aurait été du Naga-Maya. Le Maya se parle au Yucatan, comme nul ne l'ignore, et le Naga en Birmanie, comme ne l'ignorait sans doute pas un colonel de l'armée des Indes. Et, pour nous prouver la parenté du naga et du maya, et à fortiori l'ancienne présence d'un continent entre la Birmanie et le Mexique, Churchward nous donne les nombres de un à dix en naga et en maya (L'univers secret de Mu, p. 35)
1 |
2 |
3 |
4 |
5 |
6 |
7 |
8 |
9 |
10 |
|
Naga |
Hun |
Cas |
Ox |
San |
Ho |
Uac |
Unc |
Uaxax |
Bolan |
Lahun |
Maya |
Hun |
Ca |
Ox |
Can |
Ho |
Uac |
Uuc |
Uaxax |
Bolan |
Lahun |
Il faut avouer que le maya de Churchward est bien du maya (du cachiquel, pour être précis). Mais l'inconvénient de sa démonstration est que son "naga" est aussi du maya! Le colonel n'a-t-il jamais mis les pieds en Birmanie ? Il y aurait trouvé 23 dialectes nagas (information que j'ai trouvée sur le Net). Et comme ces populations montagnardes sont relativement isolées les unes des autres, cela aide aux divergences dialectales. Regroupons donc ces 23 dialectes en trois groupes et tirons en un "proto-naga" parlé sur Mu :
1 |
2 |
3 |
4 |
5 |
6 |
7 |
8 |
9 |
10 |
|
Nord |
Ka |
ane |
asam |
mezu |
manga |
turuk |
tene |
tiza |
tuku |
ture |
Est |
Kele |
keni |
keche |
bidi |
pongu |
tchoro |
tchani |
tuzu |
tuku |
tchiro |
Sud |
Ket |
kani |
katum |
miti |
panga |
taruk |
tchini |
tchecho |
tako |
tara |
Proto-naga |
送le |
送ne |
送sem |
送de |
送re(*) |
配-ele |
配-ene |
配-esem |
配-ede |
配-ere |
(* : "pongu" ou "panga" est certainement emprunté au "panch" de l'indo-européen du coin;
cf le grec "penta")
Le seul point commun entre ces deux langues est un système quinaire comme il en a dans toutes les langues du Mexique (pour le repérer en cachiquel, il faut avoir les autres dialectes sous la main, ce qui donne un proto-cachiquel de ce genre :
Graphie de |
Phonétique |
Décomposition |
Sens |
Churchward |
|
|
|
Hun |
Hun |
|
"doigt" |
Ca |
Ka |
|
|
Ox |
Osh |
|
|
Can |
Kan |
|
|
Ho |
Ho |
|
"main" |
Uac |
Wak |
Wa-kan |
"moins quatre" |
Uuc |
Wuk |
Wa-osh |
"moins trois" |
Uaxax |
Washak |
Wa-sha-ka |
"moins deux" |
Bolan |
Bolan |
Bo-Lahun |
"arrière dix" |
Lahun |
Lahun |
|
|
Je signale à ceux qui douteraient de cette décomposition que ce genre de soustraction existe même en latin : 18 = duodeviginti; 19 = undeviginti; 20 = viginti
(Pour plus d'informations, voyez La structure des langues, coll. Que sais-je ?)
Mais un système quinaire commun ne prouve rien d'autre que l'ancienneté de ces deux langues. L'ancienneté des Nagas les a fait refouler dans les montagnes par des envahisseurs ultérieurs, et l'ancienneté de la séparation entre Amérindiens et Asiatiques a fait conserver aux premiers un système quinaire (le système décimal étant le plus récent dans l'évolution des langues, à comparer avec le système vigésimal de l'Europe pré-aryenne, cf Basque, Caucasien, et Celtique - langue aryenne certe, mais à la frange du monde aryen).
Je vous passe le "sens ésotérique" de ces dix nombres...
Le "sens secret" de l'alphabet
Pour changer du "naga-maya", Churchward interprète l'alphabet occidental à la lumière du "cara-maya" (Mu, le continent perdu p. 91). Je ne sais pas ce qu'est le cara (et vous non plus). Je m'en tiendrai donc au maya.
Grec |
|
Cara-Maya et signification |
||
(échantillons) |
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Alpha |
Al = lourd |
paa = briser |
ha = eau |
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Beta |
Be = marcher |
ta = où, lieu, |
plaine, sol |
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Epsilon |
Ep = obstruction |
zil = berges |
onom = tourbillon |
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Upsilon |
U = abîme |
pa = citerne |
zi = froid, vapeur |
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Omicron |
Om = tourbillon |
ik = vent |
le = lieu |
on = circulaire |
Omega |
O = là |
mec = tournoyer |
ka = sédiment |
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Il y a deux ou trois sens authentiques là-dedans (que Churchward a sans doute trouvé dans l'ouvrage de Le Plongeon, qu'il cite). Voyez :
Je lui accorde le "tzi" comme "nuage" ou "vapeur" (mais depuis quand la vapeur est-elle froide ?)
Pour le reste, il invente : "ta" ne veut pas dire "lieu" et "u" ne signifie pas "abîme". Quant au sens secret de "Mu"...
Un peu d'étymologie sérieuse
Il me semble que le sens d'omicron est "o petit", c'est à dire le "o fermé" de "Paul", et que celui d'oméga est "o grand", soit le "o ouvert" de "bol".
Epsilon et upsilon signifient "eta pincé" (ê -- é) et "iota pincé" (i -- ü), psao signifiant "racler", d'où psallo signifiant "pincer les cordes d'un instrument" (d'où "psaume" et "psalmodier").
Quant aux consonnes, il s'agit d'acronymes de termes d'origine phénicienne. Exemples :
Grec |
Sémite |
sens |
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(hébreu) |
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Alpha |
Aleph |
Boeuf |
Beta |
Beth |
Maison |
Gamma |
Gimmel |
Chameau |
Delta |
Daleth |
Porte |
Zeta |
Zayin |
Arme |
Lambda |
Lamed |
Aiguillon |
Rho |
Resh |
tête |
Sigma |
Sin |
dent |
Maya évangélique
Je lis dans Le monde occulte de Mu (J'ai lu, A 291, p 53) que Jésus a crié du haut de sa croix :
Hele, hele, lama zabac ta ni
soit, en maya churchwardien :
Je m'évanouis, je m'évanouis, les ténèbres descendent sur ma figure.
Je dois reconnaître qu'il a dû se plonger dans un lexique de maya pour obtenir cette traduction. Voyons le maya :
Hel : repos ; lama : répandre ; za-ab-ac : encre ; ni : nez
Mais la transcription des sons mayas est tellement fluctuante que je peux aussi en tirer ceci :
Hal i! Hal i! La-am tz'ap ba t'an i!
La vérité! La vérité! Il est facile de se noyer dans mes discours!
On peut aussi décréter que Jésus se mit à parler anglais :
Allies! Allies! Let me sad and tiny!
La main dans le sac:
D'après les cartes fournies par Churchward (L'univers..., p. 94, 179, & 232), des Mongols seraient venus par le Kamchatka pour peupler la Finlande, après avoir crapahuté sur 10.000 km de glaciers! (Car c'était à l'ère tertiaire, paraît-il...). Plus chanceux, les Uighurs aurait suivi la route classique des invasions mongoles (la lisière sud de la taïga) pour venir fonder les nations celtes et basques!
Le coup des Mongols en Bretagne, il a dû le trouver dans Arthur de Gobineau (Essai sur l'inégalité des races humaines), et j'ignore où Gobineau a trouvé ça...
Des "Cariens" auraient traversé l'Amérique, l'Atlantique, et la Méditerranée (sans daigner explorer les côtes) pour s'installer en Carie (sud ouest de l'Anatolie). Churchward a dû trouver ce nom là dans un ouvrage sur les Indo-Européens... Il a comme excuse que Catal-Huyuk n'avait pas été découverte à son époque (peuplement euskarien antérieur aux Indo-Européens)
Mais le plus joli bug vient des Nagas. Qu'il y ait des Nagas en Birmanie, il a pu l'apprendre comme officier de l'armée des Indes. Que ces Nagas ait peuplé l'Inde autrefois, avant les invasions aryennes, pourquoi pas. Mais pourquoi l'ordre des lettres de l'alphabet naga de Churchward n'est-il pas celui des alphabets indiens ? A savoir :
K KH G GH N TCH DJ GN T TH D DH etc... (30 consonnes)
Toute la région utilise cet ordre là : Inde, Népal, Tibet, Birmanie, Thailande, et Cambodge, et même la lointaine Corée! Je veux bien admettre que les Indiens l'utilisent depuis la nuit des temps puisqu'ils n'ont pu l'importer de Phénicie (entre eux et la Phénicie régnaient les syllabaires cunéiformes). Mais alors, si l'empire Naga, première grande civilisation de la région selon les tablettes de Churchward, tenait son alphabet de Mu, comment se fait-il qu'il n'en ai pas respecté l'ordre ? C'est quand même une donnée immuable! Regardez la descendance du phénicien : grec et hébreu, même ordre. Arabe : quelques nuances avec l'ordre hébreu (absence de certains sons). Descendance du grec : toute l'aire chrétienne orthodoxe, même ordre avec quelques glissements dus à la prononciation (d <->t <->th; g <->k; etc). Aire latine : même ordre.
Non seulement c'est un gros bug dans l'expansion de la civilisation selon Churchward, mais c'est une ignorance étrange de la part d'un officier britannique ayant étudié les civilisations locales. D'où un doute fondamental :
Churchward a-t-il jamais mis les pieds aux Indes ?
Dernière cartouche des lémuromanes : les îles de Polynésie sont semées de monuments mégalithiques. "A-t-on jamais vu des mégalithes sur des îles ?" semblent se demander ces archéologues.
La réponse est "oui". Je vous accorde que la Corse et la Sardaigne sont de grandes îles et que les menhirs qu'on y trouve proviennent de carrières locales (ci-contre un menhir du site de Filitosa). Mais les Moai de l'île de Pâques proviennent également de carrières locales (certains y sont encore à l'état d'ébauche).
Ci-dessus, un temple mégalithique de Malte. J'ignore si les pierres des vastes ensembles de l'île de Malte ont été extraites de cette île, mais sinon la Sicile est à deux pas. A ma connaissance, personne n'a jamais été dire que les monuments tarxiens prouvent que Malte était rattachée à la Sicile à une date historique...
A droite, les restes d'un palais des îles Mariannes. Ces colonnes n'ont rien de titanesque.
D'autres îles étant d'anciens volcans, comme Ponapé, on peut y trouver du basalte en surface. Le site de Nan-Matal (ci-dessus) est entièrement bâti avec des orgues de basalte (cf la géométrie de ces cailloux).
Si vous trouvez de gros cailloux sur une île d'où ils ne peuvent avoir été extraits, c'est qu'ils sont arrivés là par bateau dans le cadre d'un système traditionnel d'échanges entre ces îles. L'île de Yap est célèbre pour ses pièces de monnaie en pierre pouvant dépasser le mètre de diamètre.
Les explorateurs européens, ayant en tête le souvenir de l'Empire Romain, on toujours eu tendance à attribuer à de grandes civilisations du même modèle les grands monuments. Ainsi les Romains héritèrent de Stonehenge au XVIIIème siècle et des pyramides mayas au XIXème siècle, les explorateurs ne pouvant imaginer que ces pierres furent taillées à coup de silex par un peuple n'ayant pas dépassé le stade de la culture sur brûlis. De même, les mégalithes polynésiens ne sauraient être l'oeuvre de gens vivant dans des paillotes. Avec ce genre de raisonnement, et connaissant le niveau de vie des masses soviétiques dans les années cinquante, à qui attribuer le premier vol dans l'espace ?
Le Jardin d'Eden n'était pas en Asie mais sur un continent
aujoud'hui englouti dans l'océan Pacifique.
C'est par ces mots en forme d'aveu que débute l'ouvrage Mu, le continent perdu. En fait d'enquête archéologique, la quête churchwardienne est une énième variation sur un thème platonico-biblique après Rousseau et Marx.
Dans cette nébuleuse philosophique, tout commence par des Révélations faites à Blavatsky et à Churchward, comme à leurs prédécesseurs. Alors que Darwin a courru les océans et fait des observations qu'il a rassemblées en un système, Marx n'est jamais sorti de son cabinet. Cela ne l'a pas retenu d'attaquer Darwin sur son système d'évolution lente et d'adaptation progressive alors que le marxisme exige que toute impasse se résolve par un bouleversement. Idem chez Rousseau qui avoue dans son Origine de l'inégalité que son "état de nature" n'a "peut-être jamais existé" mais qu'il est nécessaire à sa démonstration...
Dans la Bible, l'Eden est plus une époque révolue qu'un lieu. Dans la mythologie grecque, le jardin des Hespérides est simplement situé au couchant (espera). L'Atlantide et Mu procèdent de la fusion de ces deux mythes augmentée d'une autre notion d'origine grecque : la civilisation étant supérieure à la barbarie et à l'état de nature, le Paradis Perdu n'a pu être que civilisé.
Comme a dit je ne sais plus qui :
Le fou invente les faits d'après les raisonnements.