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J Chrestos / Christos
J Suétone (en
construction)
J Bucaille, le Coran, et la science
J Géographie évangélique
J Capharnahum, au 36ème sous-sol
J Boxif chez les marchands du Temple
J Guérisons
J Un original de Marc écrit en latin ? (en construction)
J Chimie
J Quand un Martien recrute
J Quand un Martien enseigne
J Vieux habits et vieilles outres
J Fin de carrière
J Sectes, mensonges, et idéaux
J Retour sur Flavius Josèphe
J Les frères de Jésus
J Le lieu de la Cène
J Procès
J Exécution
J Le Golgotha (nouveau chapitre, 01.05.03)
J Le disciple que Jésus aimait
J Marie de Magdala, mère du Fils
J Un Martien aux Enfers
J Conclusion
Christos / Chrestos
Encore un mot sur le Dieu Bon de Marcion. En grec, "bon" se dit
chrestos : le dieu des premiers chrétiens s'appelait-il Christos ou
Chrestos ? Et les chrétiens eux-mêmes, comment nommaient-ils leur groupe ?
On lit dans les Actes (11.26) : C'est à Antioche que, pour la
première fois, les disciples reçurent le nom de chrétiens. C'est
certainement faux.
Primo, parce que christianos vient du latin christianus, le
suffixe -anos n'existant pas en grec ; pour désigner l'appartenance à un
groupe, le grec utilise -ikos, comme dans stwikos, stoïcien, ou ellhnikos,
grec. Si les chrétiens avaient reçu ce nom à Antioche, ville de langue grecque,
le texte des Actes porterait Cristikous et non
Cristianous.
Secundo, parce que Paul n'utilise jamais ce mot ; il appelle les fidèles
les saints :
Quarto, parce que si "chrétien" venait de "christos" et voulait dire
"partisan du Messie", alors on n'aurait pas pu distinguer les fidèles de Jésus
des autres Juifs, qu'ils aient reconnu comme messie Hérode, Theudas, ou Bar
Kocheba, ni des gnostiques simoniens, cités plus haut. Il faudrait attendre la
fin des espérances juives terrestres, avec l'écrasement de Bar Kocheba, pour
qu'il ne reste plus que les partisans de Jésus à attendre le retour du Christ
(gnostiques compris).
Ce qui fait une preuve de plus que les "témoignages profanes" de Josèphe, de
Pline, de Suétone, et de Tacite, où apparaît le mot christianos ou
christianus, sont des faux.
Tertullien écrit (en latin) :
Ceux qui croient en Christ sont et se nomment bons. Et il [Jésus] leur demandait : mais vous, qui dites-vous que je
suis ?
Marc (8.29) : Pierre répondant lui dit : Tu es le Christ. Les additions de Luc et Matthieu ne fonctionnent qu'avec "Christ" (l'"oint"
et "fils" de Dieu, c'est à dire le roi de Judée, 2 S 7.14) Dans Marc, la réponse
marche aussi bien avec Chrestos. Par conséquent, ces additions, destinées à
encadrer la version "christos", prouvent que le mot "Chrestos" se trouvait dans
un nombre considérable de copies de Marc, et certainement dans l'original
marcionite.
De plus, Jésus pose la question à tous les apôtres, et seul Pierre répond,
puis Jésus "leur" enjoint de se taire. Donc, primitivement, tous répondaient :
Tu es Chrestos. Mais Rome ayant eu besoin d'affirmer la primauté de
Pierre... Cent à cent cinquante ans plus tard, au début du IVème, l'apologiste Lactance
écrit :
Autre exemple, quand le français est déformé par un arabophone (ou par un
yiddishophone dans Les aventures de Rabbi Jacob) : Oh! Li yoli piti
bibi!
D'ailleurs, en arabe, le iotacisme a donné dinar à partir du latin
denarius, et dirham d'après le grec drachme. Suétone
Bucaille, le Coran, et la science
Petite parenthèse sur le Coran (car l'archange Gabriel, de qui Mahomet tenait
sa science, était aussi un extra-terrestre, selon la révélation raëlienne ;
peut-être venait-il de Sirius : C'est lui qui est seigneur de Sirius,
sourate 53 v. 49) : le sieur Maurice Bucaille a pondu un ouvrage intitulé La
Bible, le Coran, et la science où, après avoir éreinté la Genèse et les
Evangiles, il trouve une pensée scientifique au détour de chaque verset
coranique, ou peu s'en faut, car, apprend-on à l'avant-dernière page (quel
courage!), à la différence des deux Testaments, le Coran a pour auteur
l'archange Gabriel lui-même.
Le Coran a gardé trace de cette inspiration vagabonde de Mahomet : Si Nous
abrogeons un verset ou si Nous le faisons oublier, Nous en apportons un
meilleur (2.106) Ainsi les versets
Il déploie les cieux comme une tenture [...] Autre trouvaille : Dieu a créé sept cieux et autant de terres.
(65.12) Bucaille : Ainsi est établi le concept de la pluralité des mondes
! Sauf que ces sept cieux sont communs à toutes les cosmologies du coin, chacun
étant un étage où gravite un astre mobile (soleil, lune, et les 5 planètes
connues de l'antiquité). Quand aux sept terres, ce sont sept cercles
infernaux Il étend le nord sur le vide, il suspend la terre sur rien. (Job 26.7)
Je ne vois pas comment Matthieu et Mahomet auraient pu tirer de cela autre
chose qu'une terre plate, circulaire, et immobile. D'ailleurs Bucaille note que
le Coran dit : Dieu a créé les cieux sans piliers que vous puissiez voir.
(31.10) Il en déduit que cela réfute l'existence de piliers! Alors pourquoi les
mentionner ? Cela établit plutôt des piliers invisibles...
Interrogeons à ce sujet le cheik Abd el Azis el Baz, suprême autorité
religieuse de l'Arabie saoudite
Quant à la pluralité des mondes... Pour le Coran, les étoiles sont posées sur
un rideau séparant la demeure divine du monde terrestre :
Bucaille écrit qu'il est "scientifiquement inacceptable" que Dieu sépare les
eaux du ciel de celles de la terre. Or le Coran en fait autant dans un verset
que Bucaille évite de citer : Ceux qui ont mécru n'ont-ils pas vu que les
cieux et la terre formaient une masse compacte ? Ensuite, nous les avons séparés
et fait de l'eau toute chose vivante. Ne croiront-ils donc pas ? (21.30) Il
se contente de versets (25.53; 35.12; 55,19 sq) où il y a une mer d'eau douce et
une autre d'eau salé qui ne se mélangent pas, phénomène que Bucaille va chercher
en Basse Mésopotamie et à l'embouchure du Mississippi! Vous avez pu lire plus
haut ce qu'étaient l'apsou et le tiamat... L'eau est une métaphore du sperme dit l'exégèse coranique : Dieu a créé
tous les êtres vivants à partir de l'eau. (24.45) Les Egyptiens en pensaient
autant qui faisaient du Nil le sperme d'Osiris. Quand on habite le désert, il
est fatal de davantage philosopher sur le rôle de l'eau que lorsqu'on est natif
d'Amazonie... J'avais d'abord écrit que Bucaille avait "éreinté la Bible et les Evangiles".
Mais je constate qu'il n'a pas écrit une ligne sur les exploits de Moïse : la
traversée de la mer Rouge à pieds secs serait-elle scientifiquement possible ?
Ou serait-elle vraie parce que Mahomet y a cru ? La science de Bucaille lui
aurait-elle confirmé que la mission de Moïse consistait à expulser les Égyptiens
d'Égypte comme l'affirme la septième sourate ? Les notables du peuple de Pharaon dirent : Voilà certes un magicien
chevronné. Il veut vous expulser de votre pays. (v. 109-110, le "vous" ne
s'adresse pas au Pharaon qui est tutoyé dans le reste du texte) Même surprise pour le récit biblique du Déluge : quand je relis Bucaille, je
constate qu'il ergote sur la date des événements mais non sur leur réalité
historique ! Ce qui nous vaut un chapitre intitulé "le récit coranique du
Déluge" où l'on apprend que "la Bible fait état d'un déluge universel [tandis
que] le Coran mentionne plusieurs punitions infligées à des collectivités bien
définies" , et Bucaille de citer 25.35-39 en évitant le verset 40 qui nous
apprend qu'il s'agit de Sodome, et par conséquent que ces différentes punitions
sont étalées dans le temps. Il paraît aussi que "le Coran présente le cataclysme du Déluge comme une
punition réservée spécifiquement au peuple de Noé" mais Bucaille est bien
incapable de trouver un seul verset coranique énonçant que "le peuple de Noé"
désigne autre chose que l'ensemble de ses contemporains d'avant le Déluge...
Autre "oubli" : comment expliquer scientifiquement que l'Arche ait vogué "au
milieu de vagues hautes comme des montagnes" (11.42) ?
Pas de commentaire non plus sur la version coranique des aventures de Jonas :
À propos des sources de Mahomet, Bucaille ose écrire (BCS, p.188) :
Où est donc cette preuve de la reproduction dans le Coran de ce que les
rabbins lui auraient appris ou dicté ?
D'abord, le Coran lui-même témoigne de cette rumeur :
Nous savons parfaitement ce qu'ils disent : Ensuite, je vous renvoie au Talmud :
Talmud Coran Original des textes sacrés gardé au Ciel Pirké Aboth, 5.6 Sourate 85.22 Sept paradis Chegiga 9.2 17.44 ; 23.86 ; 41.12 ; 65.12 Sept enfers Zohar 2.150 15.44 Cloison séparant le Paradis de l'Enfer Midrash Qohelet Rabba 7.46 Appétit de l'Enfer Othioth Rabbi Akiba 8.1 50.30 Allaitement pendant deux ans Ketuboth 60.1 2.233 ; 31.14 Pureté lors de la prière Berachoth 31.12, 111.4 4.43 Ton médian de la prière Berachoth 31.2, 17.110 Ablutions rituelles Berachoth 46 5.6 Et caetera... Moralité : si tu rencontres Bucaille, giffle-le ! Si tu ne sais pas pourquoi,
lui, il le sait.
Et puisque nous parlerons plus bas des conceptions évangéliques en matière de
tolérance, intéressons-nous aussi à cet islam "laïque et intégré" dont un
discours politiquement correct nous rebat les oreilles :
Ne sont pas égaux ceux des croyants qui restent chez eux - sauf ceux qui
ont quelque infirmité - et ceux qui luttent corps et biens dans le sentier
d'Allah. Allah donne à ceux qui luttent corps et biens un grade d'excellence sur
ceux qui restent chez eux. Et à chacun Allah a promis la meilleure récompense;
et Allah a mis les combattants au-dessus des non combattants en leur accordant
une rétribution immense. (4.95)
- que doit être l'attitude du bon musulman face aux principes démocratiques ?
Si tu obéis à la majorité de ceux qui sont sur la terre, ils t'égareront
du sentier d'Allah : - que doit être l'attitude du bon musulman envers le non-musulman ?
Ils aimeraient vous voir mécréants comme ils ont mécru. Alors vous seriez
tous égaux ! Ne prenez donc pas d'alliés parmi eux jusqu'à ce qu'ils émigrent
dans le sentier d'Allah. Mais s'ils tournent le dos, saississez-les alors, et
tuez-les où que vous les trouviez, et ne prenez parmi eux ni allié ni
secoureur. (4.89)
- que doit être l'attitude du bon musulman envers le musulman qui prétend
s'intégrer ?
Ne prenez pas pour alliés les Juifs et les Chrétiens. Ils sont alliés les
uns des autres. Et celui d'entre vous qui les prend pour alliés devient un des
leurs. Allah ne guide certes pas les gens injustes. (5.51)
- quelle est l'opinion de Dieu sur les droits des femmes ?
Les hommes ont autorité sur les femmes en raison des faveurs qu'Allah
accorde à ceux-là sur celles-cis, et aussi à cause des dépenses qu'ils font de
leurs biens. Les femmes vertueuses sont obéissantes à leurs maris (...)
Quand à celles dont vous craignez la désobéissance, exhortez-les,
éloignez-vous d'elles dans leurs lits et frappez-les. Si elles arrivent à vous
obéir, alors ne cherchez plus de voies contre elles. (4.34)
- et sur les "tournantes" ?
Vos épouses sont pour vous un champ de labour. Allez à votre champ comme
et quand vous le voulez. (2.223) Pour plus d'informations sur l'Islam, lisez Pourquoi je ne suis pas
musulman, d'Ibn Warraq, éd. L'Age d'Homme. Vous pouvez aussi vous
instruire sur ce site.
Passons maintenant à la géographie évangélico-martienne (séchée par Decanis)
: selon Matthieu, la Terre est plate. Le diable l'emmène sur une montagne extrêmement haute et lui montre tous les
royaumes de l'univers (kosmos) avec leur gloire.
(Mt 4.8) Pour mémoire, Eratosthène avait évalué sa circonférence à 41.710 km vers l'an
500 u.c., quatre siècles avant la rédaction des Evangiles. Luc semble avoir un doute quant à l'existence d'une telle montagne
(quoiqu'elle soit présente dans certains manuscrits) puisqu'il fait monter Satan
et Jésus on ne sait où pour contempler d'un seul regard (en
stigmh cronou, en un point de temps) tous les royaumes de la terre
habitée (oikoumenhs), mais ses doutes ne semble pas
porter sur la platitude de la terre (il est vrai qu'elle est affirmée par
l'Ancien Testament, comme nous venons de le voir).
Mais voici que le Saint-Esprit vient de me révéler l'emplacement de cette
montagne. Matthieu dit "une montagne extrêmement haute" (oros
uyhlon lian) et non "la montagne la plus haute" (oros
uyhlotatos). Cependant mon NT grec-latin m'indique une variante "in
montem altissimum" en Luc 4.5. Donc "oros upselotatos" a pu exister dans un
manuscrit grec perdu. Comment cela a-t-il pu s'écrire dans un manuscrit
antérieur rédigé en hébreu ? En hébreu, le superlatif se rend avec un génitif :
"le roi des rois" = le plus grand des rois ; "le dieu des dieux" = le plus grand
des dieux ; le Cantique des cantiques = le plus beau des cantiques ; etc.
Et, en hébreu, "montagne" se dit har, et "la montagne des montagnes" se
dit donc har ha harot. L'Ararat! Ça vous dit quelquechose ? Pour un
évangéliste, quelle montagne pouvait être plus haute que la première à émerger
des eaux du Déluge ?
Pourquoi traduire "pinacle" (du Temple) le mot "pterugion" ("petite aile") ?
Chouraqui dit "faîte", les TJ "parapet". Mon Bailly dit que pteron, "aile", s'applique à l'architecture : "aile de
bâtiment, particulièrement construction en saillie aux deux côtés de la porte
principale d'un temple égyptien." Je n'ai pas retrouvé ce "pterugion" dans le texte grec de l'Ancien Testament.
Le Premier Livre des Rois (6.8) dit qu'on accède au sommet du Temple par
un portail sis dans son flanc (pleuras). Autres bugs : Cette version, couplée à une mise à mort en automne, permettrait à Jésus
d'avoir vécu un nombre entier d'années, symbole de perfection soutenu par
certains Pères de l'Eglise. Comme quoi Luc 12.54 ne prouve pas forcément que Selon Luc a été écrit en
Italie (thèse très répandue, cf le toit de tuiles, keramon,
5.19). Il n'est pas impossible que ce golfe de Tibériade soit sur la côte nord du
Liban :
En réalité, pour aller de Tyr à Sidon, marchez 50 kms vers le nord, en
suivant la côte, puis, de Sidon à la Décapole, comptez 140 kms à vol d'oiseau
direction SSE. Marc situe cette Décapole au pays des Girgashites (5.20), alias Geschurites,
cananéens selon Matthieu (15.22), ayant survécu aux campagnes de Josué (Jos
13.13), et habitant autour de Sidon (Gn 10.15). Les Prophètes n'aimaient pas les métropoles maritimes :
Une chose encore plus étrange est que ni Matthieu ni Luc ne mentionnent de
passage de Jésus à Chorazaïn avant que celui-ci ne pique sa crise! Matthieu
ignore de plus cette Bethsaïde. Luc y loge un miracle de multiplication des
pains (9.10), non localisé par Marc (6.32) et Matthieu (14.13), sans nous dire
si le peuple fut converti ou non. Si nous gardons Bethsaïde pour ce même miracle
dans Matthieu (14.13), nous obtenons des imprécations matthéennes antérieures au
miracle! Marc fait guérir un aveugle à Bethsaïde (8.22) avec Jésus lui
enjoignant de taire ce miracle... Et les Bethsaïdiens devraient être ensuite
coupables de ne point s'être convertis ? Et face à ces difficultés, l'apologiste Xavier Léon-Dufour se défile... Notez que cette excursion en bord de mer était inscrite dans les prophéties
(Ez 28.20 sq) :
Opinion de Loisy, monument des études évangéliques :
Loisy n'a-t-il jamais lu les prophètes ? Les évangélistes si :
(*) Pais signifie "enfant", plus que "serviteur", et
rien ne prouve que les évangélistes aient compris "serviteur". Dans l'épisode du
centurion de Capharnahum (Jn 4.46, Mt 8.5, Lc 7.1), Jean parle d'un fils (uios)
malade, Matthieu d'un enfant (pais), et Luc d'un esclave (doulos).
Suite des bugs :
Je soupçonne le père Origène d'avoir pioché ses leçons de géographie
évangélique à la même source que Jean, à savoir Ezéchiel (ch. 47) où l'on
apprend que le Jourdain prend sa source à Jérusalem (Urusalem, "ville de Salem")
alias Salem (Gn 14.18), alias Saleim (Eusèbe, Hist. Ecc.), alias Salim,
alias Byt Bryt ("maison de l'Alliance", c'est à dire le Temple de Jérusalem;
sans doute étymologie de ce gué de Beth Bara, ou bien "maison de la nourriture",
beth barah, qui convient tout autant pour désigner le Temple), passant
ensuite par l'"Arabah" La Septante porte Arabian, transcrit ici "Arabah"
mais "Arabie" chez Paul (Gal 1.17 & 4.25). Chouraqui écrit "la steppe" et le
rabbinat "la plaine". pour aller se jeter dans la mer, comme n'importe quel fleuve, la Grande Mer
(v. 15) vers le nord (v. 17). Car il n'est nulle part écrit dans la Bible que le
Jourdain coule du nord au sud (au contraire, Jos 3.16 : ...les eaux d'aval en
direction de la mer salée., Ez 47 ne distinguant pas clairement la "mer salée"
de la "grande mer"...) On objectera que Jean le Baptiste prêche dans le désert (selon Matthieu) et
que Salem-Jérusalem n'est pas dans le désert. Est-ce bien certain ? Le désert
n'est-il pas sur le mont Sion ? s'exclame Justin de Samarie (Dialogue
avec Tryphon, § 114) d'après Isaïe (16.1) : Apostelw ws erpeta epi thn ghn mh petra erhmos esti to oros qugatros
Siwn. Ce texte incroyable (car Isaïe dit d'envoyer des moutons et non des
serpents...) est celui de la Septante que lisaient les hellénophones, dont
Justin et les évangélistes. Il est vrai qu'on trouve à la limite du désert un autre bled nommé Cadès (Gn
14.7, Dt 1.2, 1.46, Jos 10.41) appelé aussi Source du Jugement (Gn 14.7). Et le
fleuve (hebreu : yeor) du jugement (dan), c'est le Jourdain... Il n'est même pas
certain qu'Aenon soit autre chose que "le gué de l'Arnon", "au delà (peran) du Jourdain" (Dt 3.8 > cf Jn 1.28), d'où
Josué/Jésus partit à la conquête de Canaan (Jos 12.1). Bref. Tout ceci témoigne d'une carence massive de la science raëlo-élohimique
en matière de photographie aérienne.
Capharnahum, au 36ème sous-sol
Un autre bled intéressant est Capharnahum (Kafarnaoum). Mais avant d'aller encore gratter dans les
couches rédactionnelles des Evangiles, interrogeons Salomon Reinach :
Nous avons vu que Triple Zéro n'était pas dans la première version des
Evangiles, pas plus que Nazareth. Donc le Proto-Marc devait commencer vers le
15ème verset, qui fait une bonne introduction : Les temps sont accomplis et
le Royaume de Dieu est proche. Repentez-vous et croyez à l'Evangile.
Ensuite Jésus recrute quatre proto-disciples : Simon, André, Jacques et Jean.
Or, dans Selon Jean, les quatre premiers sont André, Simon, Philippe et
Nathanaël. Et je constate que dans la liste donnée en Mc 3.16 (// Mt 10.2, Lc
6.14) les noms de Jacques et Jean s'intercalent entre Pierre et André, que suit
le Philippe de Selon Jean (et Barthélemy/Nathanaël, cf infra). Donc,
primitivement, Jésus ne recrutait ici que Simon et André. (Dans la suite du
texte, seul Simon est actif)
Puis Jésus entre dans Capharnahum avec ces deux-là. Matthieu (4.18 - 8.5) lui
offre un tas d'aventures entre ces deux épisodes. Marcion/Luc, trouvant sans
doute que Matthieu exagère (ou écrivant avant Matthieu), et ne croyant pas trop
à la vocation de Simon, commence par un miracle à la synagogue de Capharnahum
(4.31), puis en ajoute un chez Simon (4.38) et un sur le lac (5.7) pour pouvoir
ensuite recruter Simon (5.10).
Toujours est-il que la VO dit que Jésus commença sa carrière en pénétrant un
jour dans une synagogue où il trouva un démon! Vous avouerez qu'une synagogue
est un drôle d'endroit pour loger ce genre de bestiole... Et toutes les
synagogues de la Galilée sont peuplées de démons (Mc 1.39)! - Marcion, es-tu
là ? - Oui, mon fils...
Mais si, comme on devrait le croire, Jésus est Dieu, alors la synagogue est
sa maison (Mc 2.1, où il n'est pas dit que c'est la maison de Simon). Un peu
plus loin "la" maison est devenue "sa" maison (2.15). Comme il n'est dit nulle
part dans cet évangile que Jésus ait habité à Nazareth (hors le prologue),
pourquoi est-il venu commencer sa carrière à Capharnahum ? Parce que ce nom
signifie "village de la consolation". Or il est écrit :
Si Capharnahum était Jérusalem, on comprend mieux que cette malheureuse ville
ait été l'objet des imprécations de Jésus :
Un courant chrétien quelconque a dû faire un rapprochement entre le destin de
Jérusalem et celui de Sodome, idée tirée d'une erreur de copiste dans
l'Apocalypse (11.9), puis réapparaissant discrètement chez Marc : je trouve que
ces deux disciples entrant à Capharnahum en compagnie de Jésus font écho aux
deux anges entrant à Sodome en compagnie de Jéhovah (Gn 18-19; présence de
Jéhovah dans la ville : 18.21).
On objectera que Jésus n'est pas entré à Capharnahum pour tout détruire. Mais
c'est parce qu'il est le dieu bon du Nouveau Testament et non le dieu méchant de
l'Ancien. L'évangéliste réécrit donc l'épisode de Sodome avec plus de
mansuétude. Quand au démon qui trône dans la synagogue, c'est un docteur de la
Loi!
Et ces pêcheurs que Jésus recruta au bord d'une mer près de Capharnahum l'ont
peut-être été primitivement le long du Jourdain près de Jérusalem, car il était
écrit :
Ne
savez-vous pas que les saints jugeront le monde ?
Et si le monde doit être
jugé par vous... (1 Cor 6.2) etc...
(Apologétique, 3.5-6)
Le texte nous est connu par deux familles de manuscrits
dont les divergences sont irréductibles.[...] Le texte fut redécouvert en
1483.[...] François de Maulde découvrit le Codex de Fulda, disparu
depuis. [...] S'agissant de Tertullien, les éditeurs ont rarement été à
une malveillance près.
Nous sommes accusés d'être chrétiens : est-il juste
de haïr ce qui est excellent ?
(Justin, Grande Apologie, § 4)
(Clément
d'Alexandrie, Stromates, II, 4)
Matthieu
(16.16) : Répondant, Simon-Pierre dit : Tu es le Christ, le fils du Dieu
vivant.
Luc (9.20) : Pierre répondant lui dit : Le Christ de Dieu.
(Institutions divines, IV.7)
Nous avons disposé sur la terre des
montagnes immobiles afin qu'elle ne s'ébranle pas en les entraînant.
(21.31)
Il pose la terre sur
ses assises,
Elle ne chancellera pas, à jamais. (Ps 104.2-5)
Il trace un cercle sur la face des eaux
jusqu'à la jointure de la
lumière et des ténèbres. (Job 26.10)
S'il n'avait pas été
parmi ceux qui glorifient Allah,
Il serait demeuré dans son ventre jusqu'au
jour de la résurrection. (37, 142-144)
On
les lui dicte matin et soir!" (25.5)
"Ce n'est qu'un être humain
qui lui enseigne." (16.103)
sur Ecclésiaste 7.14
ils ne suivent que la conjecture et ne font que
fabriquer des mensonges. (6.116)
>
Autre manière de vivre un nombre entier d'années,
ou plus exactement une année entière (cf Lc 4.19 : L'Esprit m'a envoyé
proclamer une année de grâce.), voire une année cyclique : d'après
l'apocryphe pré-chrétien Odes de Salomon, le Sauveur, englouti par sa
Passion dans les eaux infernales, en ressort par la source (Aenon) du Jourdain
lors de son baptême...
Inversement, Selon Matthieu, qu'on dit écrit en Judée par un Juif,
connaît le tout-à-l'égout romain (Mt 15.17)
Notez que cette mer ne s'appelle
"Tibériade" que dans des corrections de Selon Jean (6.1, 6.23). Dans
les Synoptiques, c'est simplement la "mer de Galilée". Les Evangiles ignorent
la ville de Tarichée (40.000 hab, selon Josèphe), mais supposent une ville de
Gennèsaret (et non -reth, Mc 6.53/Mt 14.34, variante : Gennèsar)
d'après 1 Mac 11.67, où les troupes de Jonathan campent aux eaux de Gennèsar
(epi to udwr Gennhsar).
Il s'agit sans doute d'une
glose tardive puisque Jésus ne pénètre pas dans cette ville, et que l'on
devrait être en terre païenne car la foule qui se dirige vers Jésus est
païenne (ce n'est pas expressément dit mais les Juifs ne sont pas mentionnés,
et cette foule cherche à toucher le bord - kraspedon - du manteau de
Jésus, car il était écrit : En ces jours, dix hommes des nations saisiront
un Juif par le bord du manteau en disant : Nous voulons aller avec toi car
nous avons appris que Dieu était avec vous., Za 8.23)
vers la
mer de Galilée, en plein territoire de la Décapole. (Mc 7.31)
Plus moult
autres discours du même tonneau dans Ezéchiel (ch. 25-28) et Isaïe (ch 23).
On saura que je
suis l'Eternel quand je lui infligerai des châtiments (cf "Malheur à toi"
etc)
et que j'y manifestrai ma sainteté (guérison de la
Cananéenne).Il est assez remarquable que la tradition ne fait jamais prêcher Jésus
dans les grandes villes, si ce n'est pour la fin à Jérusalem [...] Il
faut croire que ces villes n'étaient pas le milieu qui lui convenait.
(La naissance du christianisme, 1933, p.87)
Voici mon enfant* que j'ai choisi,
Le meilleur moyen de ne pas être entendu sur les boulevards
n'est-il pas de ne jamais mettre les pieds dans les villes ?
Mon aimé en qui s'est complue
mon âme.
Sur lui, je répandrai mon souffle
Et il annoncera le jugement
aux nations.
Il ne se querellera ni ne criera,
Et nul n'entendra sa
voix dans la grand rue (plateiais). (Isaïe 42 /
Mt 12.18 sq)
Envoyez les reptiles sur la terre par le désert de pierre
jusqu'au mont de la fille de Sion.Le fond de Marc est antérieur à notre Matthieu, mais le fond de
Matthieu peut être antérieur à notre Marc. (in Orpheus, p.
325)
Me voici prévenu : si je trouve quelque chose au bout de mon intuition,
j'aurai de la chance...
Parlez au coeur de
Jérusalem
Et criez-lui que son temps d'épreuve est fini,
Que son péché est
expié,
Qu'elle a reçu de la main du Seigneur double peine pour toutes ses
fautes.
Une voix crie : "Dans le désert, déblayez la route pour
l'Eternel..." (Is 40.1-3)
Tu seras
descendue aux enfers.
Car si c'était à Sodome qu'avaient eu lieu les miracles
opérés chez toi,
elle aurait existé jusqu'à ce jour. (Mt
11.23)
Le poisson sera très abondant, car là où cette eau pénètre elle
assainit
et la vie se développe partout où va le torrent.
Sur le rivage,
il y aura des pêcheurs. (Ez 47.9-10)
|
Jésus |
Esprit muet et sourd, sors de cet enfant ! |
|
L'esprit |
Comment ? |
|
Jésus |
Je dis : sors de cet enfant ! |
|
L'esprit |
Comment ? Excuse-moi, mais je suis sourd ! |
Lassés d'entendre s'esclaffer les païens, Matthieu et Luc supprimèrent ces détails "historiques" et remplacèrent le tout par un vague "Jésus commanda à l'esprit..."
Or ce récit n'est là que pour montrer l'accomplissement d'une prophétie :
Alors s'ouvriront les yeux des aveugles,
Et les oreilles des sourds seront
débouchées. (Is 35.5)
Dans un autre passage de Selon Marc (7.32-33), ce débouchage est pris au sens littéral : comme on demandait à Jésus une imposition des mains, comme à un vulgaire prophète, ce Jéhovah incarné prend le sourd à part et lui enfonce les doigts dans les oreilles, car il était écrit (Ps 40.7) :
Idem pour le paralytique de Capharnahum (Mc 2.1 et //), transporté à Jérusalem chez Jean, et une femme voûtée chez Luc (13.11) :
Mais le psaume entend par "courbés" les humbles et non les paralytiques car le verset 8 est en résonance avec le verset 7 : juge injuste / aveugle ; affamé / courbé ; délivrance / juste. Voici une bien étrange erreur pour des auteurs hébraïsants...
Notons que Jésus affirme, chez Jean (9.3), que ce n'est pas le péché qui est la cause de cécité de l'aveugle-né, et que nul péché n'est remis au paralytique de Jean, tandis que la scène de Capharnahum expose la thèse contraire...
On trouve, dans Matthieu (12.43 sq) et Luc (11.24 sq), un curieux morceau qui conteste l'efficacité de ces guérisons :
Xavier Léon-Dufour n'ose pas commenter cette trouvaille; Lagrange non plus ; Duquesne(XXX)
Un original de Marc en latin ?
Chimie
Decanis :
Cf : Dites aux invités : Voici que j'ai préparé le repas. Tout est prêt.
Venez aux noces.
(Mt 22.4)
Quoi qu'il en soit, "ce mont" est Sion, c'est à dire Jérusalem vers où convergeront les peuples :
J'instituerai mon alliance entre moi et toi, et ta race après toi, de
génération en génération, une alliance perpétuelle, pour être ton dieu et celui
de ta race après toi.
À toi et à ta race après toi, je donnerai le pays où
tu séjournes,
tout le pays de Canaan en possession à perpétuité et je serai
votre dieu. (Gn 17. 7-8)
Ce n'est tout de même pas par hasard que ce vin est offert aux convives le 3ème jour (Jn 2.1), jour de la résurrection du Christ...
Ce bled de Cana est toujours associé aux païens : il est sis en Galilée (Jn 2.1, 4.46, 21.2), "le cercle des nations", et Jésus y guérit un centurion (à Capharnahum selon Lc 7.1 et Mt 8.5, mais c'est le même récit que Jn 4.46 sis à Cana)
Matthieu supprime le miracle pour en faire une parabole (les invités qui ne viennent pas aux noces du fils du roi, 22.1-14). Je me demande si tout l'Evangile n'aurait pas gagné en sagesse à n'être que paraboles, sans le moindre miracle :
Les Juifs réclament des miracles et les Grecs recherchent la sagesse.
Or
nous prêchons des sottises pour dérouter les hommes et faire plaisir à Dieu.
(1 Cor 1.22-25, traduction kata pneuma)
Notez que la Sagesse dit :
Venez à moi, vous qui me désirez,
Et rassassiez-vous de mes
produits.
Car mon souvenir est plus doux que le miel,
Mon héritage plus
doux qu'un rayon de miel.
Ceux qui me mangent auront encore faim,
Ceux qui
me boivent auront encore soif. (Si 24.19-21)
Ce à quoi Jésus répond :
Autre épisode célèbre :
Jésus-Christ dit : qu'on m'apporte
Quelques pains, quelques
poissons.
Je les multiplie par millions
Et les Hébreux se
réconfortent.
Jésus-Christ a donc - quelle malice! -
Inventé le
self-service!
Allélou-alléluia! Allélou-alléluia!
(Jean Yanne, in
"Alléluia garanti")
Decanis :
Nous voici à nouveau face à un signe symbolique, à moins qu'il ne s'agisse d'un nouvel exemple de domination sur la matière ? Les quatre évangiles nous parlent d'environ cinq mille hommes ; imaginons une grande exagération...
Traduction : un modèle de synthétiseur bio-protonique portatif d'une capacité de cinq mille repas n'existe que chez les Andromédiens, et Jésus est un Arcturien.
...et réduisons à cinq cent hommes à nourrir avec cinq pains et deux poissons...
[ndc : problème classique posé à l'examen du permis de soucoupe arcturien, chapitre "comment séduire les indigènes"]
Voyons plutôt ce que dit l'Ancien Testament :
Un homme apporta à l'homme de Dieu vingt pains d'orge et du gruau.
Obiwan
Ben Elohim dit :
- Donne leur à bouffer!
- Quoi ? Avec que ça pour cent
mecs ?
- Vas-y, que j'te dis : y'aura du rab!
(2 Rois 4.42-43, librement traduit par mes soins)
L'agent Jésus étant plus grand que tous les Prophètes, il ne pouvait faire
moins qu'Elisée. Dalman (Les itinéraires de Jésus) estime improbable la
présence d'herbe dans un désert. Ce fait, qui a dû intriguer plus d'un pèlerin,
s'explique par le Psaume 23 :
Il me parque sur les
prés d'herbe fraîche .
Quant aux 5 pains et 2 poissons, il s'agit des 5 livres du Pentateuque, des Prophètes, et des Psaumes.
La première multiplication des pains donne un rab de douze paniers (Mc 6.31 sq, Mt 14.13 sq, Lc 9.10 sq), pour convertir douze tribus, et la seconde (Mc 8.1; Mt 15.32) un rab de sept paniers pour convertir les seules tribus du sud (ou bien les Gentils)...
Or la seconde distribution se situe aux Portes de la Mort (Dalmanoutha) comme nous l'avons vu plus haut. Le problème, c'est que Jésus franchit les eaux (le Styx) pour y aller et pour en revenir. Et c'est dans ce pays de mort qu'il rencontre des Pharisiens (Mc 8.11)! Donc les Juifs sont déjà foutus, tandis qu'il reste un espoir pour les païens qui acceptent le repas aux portes de la mort (spirituelle). Si c'étaient les païens qui erraient définitivement dans les ténèbres, c'est eux que Jésus aurait été voir en bateau et non les Pharisiens. Matthieu préfère appeler cet endroit Magadan, nommé Magdala dans certaines versions, "lieu où l'on élève" (au sens d'élever un enfant), c'est à dire la terre d'Israël (cf quelques versets plus haut, 15.31, la foule glorifiant le Dieu d'Israël, ce que se garde de dire Marc) pour tendre une perche aux Juifs, contre les marcionites.
Est-il possible que le Marc primitif ait contenu la première distribution qui contredit l'enseignement de la seconde en nourrissant les foules à coups de Pentateuque ? Est-il possible qu'ici, il invite les Juifs en faisant asseoir les convives "par carrés de cent et de cinquante", hébraïsme pour dire "par carrés de cent cinquante" (12 x 12) ? Luc ne retient que la version au rab de douze paniers, mais il vire les Juifs à coups de carrés de cinquante (7 x 7)... On sent encore ici les querelles dont les Actes se font déjà l'écho.
Remarquons cependant que la scène se passe dans un lieu désert et que les disciples suggèrent d'envoyer la foule dans les bourgs des environs! Traduction : Ils n'ont pas la Parole. S'ils allaient se nourrir de philosophie grecque et de religions païennes ?
Jésus : Nourrissez-les vous-mêmes!
Traduction : Si je vous
envoie parmi les Nations, ce n'est pas pour des prunes!
Les disciples : Nous n'avons que cinq pains et deux
poissons!
Traduction : Nous n'avons que le Pentateuque et les Psaumes!
Quel païen voudrait avaler ça ?
Et Jésus prenant les cinq pains et les deux poissons, et levant les yeux
vers le ciel, il les bénit et les rompit.
Taduction : Donnez-moi ces
ouvrages, que je les dépèce pour n'en distribuer que le meilleur.
Et, pour couronner le tout, à la fin du repas, les trois versions balancent les Juifs par dessus bord : Et l'on emporta ce qu'il y avait de trop : douze paniers pleins.
Il existe une autre relation entre le psaume 107 et le psaume 23 : Dussé-je suivre la sombre vallée de la mort, je ne craindrais aucun mal... (23.4, version rabbinat)
Donc, cet épisode-ci ne devait pas être situé très loin de Dalmanoutha...
Quand un Martien recrute...
De même, quand on a à combiner la mystique du nombre 7 avec celle du nombre 12, on obtient 12 apôtres nommant 7 diacres (Actes); ou bien on met 6 diacres sous les ordres de chaque apôtre, formant ainsi 12 brigades de 7 membres, le tout faisant 72 apôtres (Lc 10.1, ou 70 selon les versions, les 72 comptant Jésus, alias Moïse, et Pierre, alias Aaron, cf les 70 Anciens d'Israël in Exode 24.1).
(A moins que ces 72 apôtres soient destinés aux 72 nations de Gentils recensées par la Genèse, et dans ce cas, ils n'auraient été recrutés qu'après la Résurrection (cf Mt 28.19 / Mt 10.5) puisqu'ils ne font rien durant la mission terrestre du Christ.)
Le nombre 7 se décomposant lui-même en 5 + 2, et le nombre 12 se décomposant en 7 + 5, vous pouvez vous amuser avec 12, 7, 5, et 2.
Ainsi, dans les Psaumes, 5 + 2 = 7 plaies d'Egypte, devenant 5 x 2 = 10 plaies d'Egypte dans l'Exode.
Quand le héros de l'Evangile finit par se choisir douze apôtres, le rédacteur se réfère aux douze fils de Jacob (Gn 29.31 sq) :
- Siméon signifiant "il a entendu", Simon-Pierre entend l'appel de Jésus; il
est dit "fils de Jonas" (Mt 16.17, Jn 1.42, 21.15) parce qu'un Simon ben Jonas
était l'architecte du temple de Jérusalem : il s'agit sans doute d'une addition
aussi tardive que le "Tu es Pierre" (Mt 16.17, absent des textes parallèles de
Marc et Luc) griffonné par un moine à la solde de l'évêque de Rome (car dans le
même évangile, Jésus confie le Royaume à tous les apôtres
-18.17)
Autre falsification en faveur de la primauté de Pierre (Mt 17.27) :
Jésus fait payer son impôt par un poisson, mais un coup de plume ajoute qu'il
paye pour Pierre aussi sans donner de second didrachme. Ont-ils été inculpés
tous les deux pour fraude fiscale ?
- Lévi signifiant "il s'attachera", Lévi
quitte son bureau de percepteur pour s'attacher à Jésus; s'il est percepteur,
c'est parce que les lévites et les prêtres sont présentés par les évangélistes
comme des crapules ne pensant qu'à percevoir leur dîmes; si ce Lévi s'appelle
aussi Matthieu, c'est que ça veut dire "pot de vin" en hébreu
(mattanah)...
- Jean représente le prophète Jonas ("colombe"),
fils d'Amittaï (2R 14.25), de Gath-Epher, pour la tribu de Zabulon (Jos 19.13).
S'il est dit "fils de Zébédée", c'est parce que zeved, "cadeau", vient de
la même racine que "Zabulon" (Gn 30.20), tribu habitant en bord de mer (Gn
49.13). Il a un frère nommé Jacob, ce qui est curieux. Mais, parfois, le second
fils de Zébédée ne s'appelle pas Jacob (Mt 20.20, 27.56) et ce Jacob baladeur
est tantôt père de Judas (Lc 6.16), tantôt fils d'Alphée, tantôt frère de Jésus
(Gal 1.19). Pour corser la chose, l'évangile de Luc fait des frères Zeved des
associés de Pierre ; Marc et Matthieu, antérieurs, des voisins. Origène
(Contre Celse, I, 62) les dit marins et non pêcheurs (le détail du
raccommodage des filets n'étant pas dans tous les manuscrits évangéliques; notez
qu'il ne dit pas à ces deux-là qu'il en fera des pêcheurs d'hommes). Or les
marins sont de la tribu de Dan (Jg 5.17). Donc le second frère Zeved a dû
s'appeler Dan ("juger") à une époque lointaine (traces en Mc 10.35, Mt
20.20)...
- Judas signifiant "je rendrai gloire", c'est lui qui sera chargé
de livrer Jésus afin que celui-ci soit glorifié par sa résurrection. Le fils de
Jacob avait suivi le même parcours en livrant Joseph pour en faire un ministre.
Si Judas est dit Iscariote, c'est que SKR, prononcé sakar, signifie "livrer"
(autre étymologie possible ShQR = traîtrise).
- la tribu de Joseph est
représentée par Jésus lui-même, Josué étant fils de Noun ("poisson", cf le
symbole des premiers chrétiens), de la tribu de Joseph, d'où "Jésus fils de
Joseph", le Joseph des Evangiles étant inconnu des premiers apologistes
chrétiens, cf Justin dans sa première Apologie (32.14) : Il naquit,
par la vertu de Dieu, d'une vierge de la race de Jacob, père de Juda, ancêtre
des Juifs. Jessé fut aussi, selon les oracles (Is 11.1), un aïeul du
Christ.
Justin ne s'est pas cassé la tête à aller fouiller dans les résultats du recensement de Quirinius... Cette définition peut aussi bien faire de Jésus un descendant de David (par Jessé) qu'un membre de la tribu d'Ephraïm, l'appartenance à la race de Jacob n'impliquant pas ici l'appartenance à la branche de Juda, et Marie pouvant descendre de Jessé par sa mère et d'Ephraïm par son père.
On trouve dans les Évangiles deux traces de cette non-appartenance de Jésus à la famille de David : une glose sur le psaume 110 (Mc 12.35 et //), et, dans Matthieu (2.18) une lamentation de Jérémie (31.15) sur les tribus issues de Rachel, Joseph et Benjamin (Gn 30.24 & 35.18)
Notez aussi que, dans l'Apocalypse (5.5), le Messie n'est pas un
"rejeton", comme on le traduit abusivement, mais un ancêtre de David, une
"racine" (riza). Cf Isaïe 11.1 :
Kai exeleusetai rabdos ek ths rizhs Iessai kai anqos ex ths rizhs
anabhsetai.
Et sortira un rameau de la racine de Jessé et une pousse
de la racine saillira.
Vous allez me dire que si Jésus fait partie des douze apôtres, il y a un bug quelquepart, mais nous avons vu qu'il n'y avait pas de disciples dans le Selon Jean primitif, qu'ils étaient cinq dans un Selon Jean intermédiaire, et 72 dans certains passages des Synoptiques. Alors qu'ils soient passés de douze à treize en rédaction finale...
Et comment les Synoptiques ont-ils recruté les apôtres manquant à Selon Jean ? En les dédoublant! Ainsi, il y a deux Simon et deux Judas. Philippe, fils (bar) de Tholmaï, devient "Philippe et Barthélémy". Et comme cela ne suffit pas, l'ancêtre Jacob est promu disciple en deux exemplaires : Jacques d'Alphée et Jacques de Zébédée... L'insertion tardive de ceux deux là se voit en Mc 3.17 où le "Simon et André" des textes parallèles est coupé par la mention de Jacques et Jean.
Notons aussi que trois versions du recrutement des disciples (aux sources du Jourdain, selon Jean; au bord de la mer de Galilée selon les Synoptiques, sur une montagne inconnue selon les mêmes Synoptiques...), pour des souvenirs d'apôtres, cela en fait deux de trop...
Ch. Guignebert, Jésus, p. 221, éd. Albin Michel 1969
S'il n'y avait que cela d'irréel...
Nous pouvons constater que, dans Marc, cette escapade montagnarde (3.13-19) est assez mal venue. Elle vient donc d'ailleurs. Dans Matthieu (10.1-5), il n'y a pas de montagne, ce qui, pour une imitation de Moïse, est fâcheux. L'original devrait donc venir de Luc. Mais comme Luc s'échine à faire descendre Jésus de la montagne pour prononcer les Béatitudes, on voit mal pourquoi il aurait glissé ce trait mosaïque quelques lignes avant..., d'autant plus que, dans la suite du récit de Luc, Jésus s'adresse à des foules et à des "disciples" distincts de ces Douze (6.17).
On ne sait même pas où cette montagne se trouve. Selon Marc, Jésus venait de guérir une main désséchée dans une synagogue où il était entré "de nouveau" (3.1). Il est donc à Capharnahum (1.21), au bord d'un lac, comme nous l'avons vu.
Après son forfait, Judas s'est-il ouvert le crâne et les tripes
accidentellement (Ac 1.18) selon la recette préconisée par le Livre de la
Sagesse (4.19) ? Ou fut-il condamné à errer sur la Terre (Gn 4.12), comme
l'enseignait Papias de Hiérapolis (cf Mgr Duchesne, Histoire ancienne de
l'Eglise) ? A moins qu'il ne se soit pendu (Mt 27.5) à l'instar du traître
Ahitofel (2 S 17.23).
Le figuier (of course...) de la pendaison qui fut
montré à l'empereur Antonin était à l'est de Jérusalem ; cent ans plus tard, il
était à l'ouest; il est aujourd'hui au sud et il est devenu micocoulier...
(Dalman, Les itinéraires de Jésus, p. 435)
On est tenté de faire un parallèle avec d'autres vénérables reliques :
On prétend qu'à Argos existe encore l'olivier auquel Argos attacha Io changée en génisse. En Phrygie, on montre le platane auquel fut pendu Marsyas vaincu par Apollon. (Pline, Histoires naturelles, 16.19)
Chose admirable, cette place, où pour la dernière fois se posèrent les pieds divins quand une nuée emporta Jésus vers le ciel, n'a jamais pu être reliée par un pavé avec les autres dallages. La terre impatiente s'est refusée à supporter du travail d'homme, et souvent les marbres furent rejetés au visage des ouvriers. Comme preuve éternelle qu'en ce lieu Dieu foula la poussière, on y voit encore ses traces. Et quoique chaque jour les empreintes soient mises au pillage par la foi des visiteurs qui affluent, le sable ne souffre pas de diminution. Il conserve la même apparence. Les vestiges restent imprimés comme un cachet. (Sulpice Sévère, Chronique, II,33)
Et Philostrate, dans sa Vie d'Apollonius de Tyane, fait passer son héros par le Caucase où on lui montre le rocher où Prométhée fut enchaîné...
Quand un Martien enseigne
Si Jésus fut un rabbin ou un révolutionnaire qui a échoué, il faut rejeter comme inauthentiques non seulement les miracles mais aussi les prédictions (ruine du royaume de Judée, conversion des Gentils), l'institution de la Cène, et les paroles relatives à l'organisation de l'Eglise :
Qui s'élève sera abaissé. (Mt 23.12, Lc 14.11) cf Il vaut mieux qu'on
te dise "Monte ici!" que d'être abaissé en présence du prince. (Pr
25.7)
Tu es Pierre etc... (Mt 16.18-19) // Ce que vous
lierez sur la Terre sera lié dans le Ciel. (Mt 18.18)
Les garçons de
noce peuvent-ils jeûner quand l'époux est avec eux ? (Mc 2.19 & //) Il
ne faut jeûner que le vendredi et le samedi.
Méfiez-vous des faux
prophètes qui viennent à vous. [vous les disciples, non les Juifs]
(Mt 7.15)
Ne donnez pas ce qui est saint aux chiens. (Mt 7.13) : il
s'agit du pain de l'eucharistie, d'après la Didachè.
Etc etc...
Que faire du Notre Père, ignoré de Paul, comme de Marc et de Jean, les deux
évangiles les plus anciens ?
Et comment le Fils Unique du Père peut-il faire
dire Notre Père ? Qu'y-a-t-il de purement chrétien là-dedans ? C'est une
prière rabbinique :
Toi, Yahvé, tu es notre père. (Is 63.16) |
Notre Père qui es aux cieux |
C'est Yahvé que vous proclamerez saint. |
Que ton nom soit sanctifié |
À Yahvé la royauté! (Ps 22.29) |
Que ton règne vienne |
Heureux l'homme à qui le Seigneur ne compte pas de faute. (Ps 32.2) |
Remets-nous nos dettes comme nous les remettons à ceux qui nous les
doivent. |
|
|
Dire Donne nous notre pain quotidien est une impiété car l'homme ne vit pas seulement de pain, mais de tout ce qui sort de la bouche de Dieu. (Dt 8.3)
La parole de Dieu est-elle ce pain surnaturel (epiousion) dont parle l'Evangile (mais non ses traductions, y compris celle de 2001 qui massacre la langue française autant que les textes originaux...) ?
L'Eternel est mon héritage et ma coupe. (Ps 16.5)
J'ouvris la bouche, et une coupe pleine d'une liqueur liquide comme
l'eau,
mais ayant la couleur du feu, me fut présentée. Je la pris et je la
bus.
Pendant que je buvais, l'intelligence agitait mon coeur,
la sagesse
le remplissait, et ma mémoire fut fortifiée. (IV Esdras 14.39-41)
Ni les Evangiles, ni l'Epître aux Corinthiens (10.16, 11.25) ne disent que la coupe de la Cène contenait du pinard. Tertullien, dans son Apologétique, ne le dit pas non plus...
L'Evangile des Hébreux demandait notre pain de demain pour une faute de copie, epiaurion au lieu d'epiousion.
Que faire du Sermon sur la Montagne qui fut, selon Luc, un Sermon dans la Plaine (Lc 6.17 : topou pedinou) ? Ou comment mettre du vieux vin dans des outres neuves par la grâce de la double négation :
Ne dites plus |
Malheur aux riches! (Is 5.8) |
Mais dites |
Heureux les pauvres! (et rajoutez discrètement "en esprit" pour plaire aux riches...) |
Ne dites plus |
Mes serviteurs mangeront et vous aurez faim. (Is 65.13) |
Mais dites |
Heureux ceux qui ont faim car ils seront rassasiés. |
Ne dites plus |
Mes serviteurs crieront de joie et vous pousserez des cris de douleur. (Is 65.14) |
Mais dites |
Heureux ceux qui pleurent car ils seront consolés. (Mt 5.5) |
Ou bien dites |
Malheur à vous qui riez maintenant car vous serez dans le deuil et les larmes. (Lc 6.25) |
Etc etc ... |
|
Il faut bien reconnaître que le texte d'Isaïe est plus cohérent que celui des Évangiles : Isaïe ne s'adresse qu'aux justes, aux "serviteurs" (de Dieu), tandis que l'Evangile ne se soucie pas de savoir si ceux qui pleurent et qui ont faim ont mérité leur lot ou non. Au contraire, il va jusqu'à encourager la paresse :
Les oiseaux du ciel ni ne sèment ni ne moissonent et le Père céleste les nourrit. (Mt 6.26)
On peut cependant poser une restriction non négligable : les Béatitudes ne s'adressent qu'au clergé chrétien et le mot "serviteur" est sous-entendu, car Marc (5.1) et Luc (6.20) précisent que Jésus abandonne les foules et prend ses disciples à part pour leur donner cet enseignement.
Michel Corringe, auteur de La route ("La route m'appelle et m'attire...") a dit en fait les même choses dans Les paumés :
Venez à moi, les paumés,
Répétait la même voix,
Venez : je vous
guiderai
Là où le malheureux est roi.
Long sera notre chemin,
Nul
n'aura droit au repos,
Avant que ne soit édifié
Le nouvel
Eldorado...
Pour les autres sentences évangéliques relatives à cet Eldorado pour curés,
voir infra.
Parenthèse sur les vieux habits et les vieilles outres
Si le Notre Père et les Béatitudes ne se trouvent pas dans Marc, c'est que les premiers chrétiens n'avaient pas encore fait ces emprunts à l'Ancien Testament. Car il est dit
Pour justifier les emprunts à l'Ancien Testament, un malin a glissé dans Matthieu (13.52) :
Fin de carrière
Notre martien, après avoir converti les foules, reçu enfin d'Arcturus l'ordre de monter à Jérusalem pour s'y faire sacrer roi d'Israël. Selon des exégètes modernes qui ne croient plus en Dieu, Jésus était donc bien un homme politique. Hyam Maccoby a trouvé que l'expression "fils de Dieu" révélait une prétention de Jésus au trône d'Israël : Rabbi, tu es le fils de Dieu, tu es le roi d'Israël (Jn 1.49). Car Jéhovah, par la bouche du prophète Nathan, avait dit du roi David : Je serai pour lui un père et il sera pour moi un fils. (2 S 7.14). Selon les élucubrations de Messieurs Mordillat et Prieur (Jésus contre Jésus), il était un zélote de la bande à Barabbas. Selon celles de J.C. Barreau (Biographie de Jésus), il fut trahi par les zélotes dont il avait refusé de prendre le commandement pour marcher sur Jérusalem (Jn 6.15)
Donc Jésus arrive à Jérusalem en passant par Jéricho, ceci afin que s'accomplisse les prophéties :
(Marc et Matthieu font verser l'huile sur la tête de Jésus, mais Jean profite de cet épisode pour humilier une Marie qui est sans doute la mère du Christ puisqu'il n'y en a pas d'autre dans son évangile...
Ici interviennent malencontreusement les disciples (et non le seul Judas,
selon Marc et Matthieu; il y a même un pluriel en Jn 12.8 qui contredit le
verset 4) :
- C'est du gaspillage! On aurait pu donner la valeur de ce parfum
aux pauvres!
- Vous croyez au Grand Soir, ou quoi ? Des pauvres, il y en aura
toujours!
- Mais patron, vous avez dit qu'il valait mieux donner des sous aux
pauvres qu'au Temple!
- J'ai dit ça, moi ? Dans quel apocryphe ?
- Dans
Marc (7.11) et dans Matthieu (15.5)
- Vous ne comprenez jamais rien : les
"pauvres", c'est les curés! Ce n'est qu'ainsi que le Royaume peut leur
appartenir. Vous arriverez chez les gens les mains vides et vous y resterez
jusqu'à qu'ils vous foutent dehors (Mc 6.8-10 et //). En guise de prêche, dites
n'importe quoi : plus ce sera abscons, mieux ça passera! (Mc 13.11 et //) Et
s'ils refusent de payer, faites-les crever! (Ac 5.1-11) C'est pour cela que je
vous dis qu'à plumer les gogos en mon nom en leur prêchant le mépris des
richesses (Mc 10.23 et //), vous gagnerez des millions! (Mc 10.30 et //) Et si
des malins essayent les mêmes combines, traitez-les de faux prophètes! (Mc 13.22
et //)
Puis Jésus entre tromphalement à Jérusalem (Is 62.11; Ps 118.26), monté à la fois sur une ânesse et sur son ânon, selon Matthieu (21.7), prétendu disciple juif qui ne saisit pas que cette formule de Zacharie (9.9)
Justin de Samarie (Première Apologie, § 32) précise que cet ânon était attaché à un cep de vigne car il était écrit :
Marc dit que l'ânon était attaché en face d'une porte, au dehors, dans
la rue
(dedemenon pros quran exw epi tou
amfodou).
Comme il n'y a pas de ressemblance entre les mots hébreux
gepen (vigne), petah (porte), et derek (route), ni entre
les mots grecs ampelos, thura, et odos, cette "rue" ne
pourrait-elle pas venir d'une faute de copie sur vitis (vigne), lu
vicus (rue), sur un original écrit en latin ?
Selon Matthieu, la foule crie "Hosanna au fils de David!". Voici une foule juive qui ne sait pas qu'Hosanna signifie "daigne sauver" et doit être suivi d'un accusatif : Hosanna le fils de David!
Ensuite, toute cette foule est renvoyée en coulisses. Jésus chasse alors les marchands du Temple à coup de fouet (qui a dit Heureux les doux car il posséderont la Terre ?), et comme cela n'émeut ni les marchands ni les flics, il s'assied, bourre sa pipe, et se met à prêcher aux foules, selon Marc et Luc, ou à papoter avec ses disciples, selon Matthieu.
Les Juifs se disent alors :
- Serait-ce un homme politique ? Interrogeons-le sur son programme.
- Du
calme : il se pourrait qu'il s'agisse de Dieu en personne !
- Ne dis pas de
bêtise : un Juif ne peut pas diviniser un autre Juif !
- Cependant, je vais
m'adresser à lui comme s'il était Dieu.
Ils s'approchent de Jésus (Mc 12.14 ; Mt 22.16 ; Lc 20.21) :
- Maître ?
- Oui ?
- Nous savons que tu enseignes les pauvres
pécheurs que nous sommes avec droiture (Ps 25.8) alors que tout homme est
menteur (Ps 115.11) et que tu ne prends pas les faces (Dt 10.17) : par
conséquent, tu es Dieu.
- Bien raisonné, mon pote ! Je peux même ajouter
qu'en tant que Dieu, je suis plus grand que Salomon (Mt 12.42) quoique Papa lui
ait dit que nul ne sera plus grand que lui (1 R 3.12). Quant à "prendre les
faces", où as-tu trouvé ce charabia ?
- Dans Selon Luc, pardi! Ou lambaneis ("tu ne prends pas") est une mauvaise copie des
Septante qui écrivent ou qaumazei proswpon ("il ne
s'étonne pas une face"), guère plus compréhensible pour un Grec, je
l'admets...
- Mon serviteur Luc aura voulu faire couleur locale...
- En
ignorant l'hébreu ? C'est plutôt raté...
- Crois-tu que le Grec de base
connaisse l'hébreu ? En vérité, je te le dis, dans la suite des âges, il se
trouvera des gens pour dire que les évangélistes étaient des reporters et des
ignorants pour affirmer que je n'étais pas un dieu...
- Penseront-ils pouvoir
défendre la cause de Dieu par des propos mensongers (cf Job 13.7) ?
- Bien
sûr, car il est écrit : Le simple croit tout ce qu'on dit. (Pr 14.15)
Mais revenons à nos disputes...
- Est-il permis de juger autrui ?
- Race
perverse et adultère! Sépulcres blanchis! Guides aveugles! (Mt 23) En vérité, je
vous le dis : ne jugez pas afin de ne pas être jugés ! (Mt 7.1) Moi, je ne juge
personne. (Jn 8.15)
- Est-il permis de divorcer ?
- Non (Mc 10.9 ; Mt
19.9) Mais vous pouvez avoir jusqu'à dix femmes (Mt 25.1) à condition de vous
couper les burnes (Mt 19.12) afin d'hériter d'un nom éternel (Is 56.4).
-
Est-il permis de payer l'impôt à César ?
- Comment ? Vous me mettez à
l'épreuve, hypocrites ? Alors qu'il est interdit de tenter Dieu (Dt 6.16) ?
Bande d'insensés (Mt 23.17 ; Lc 11.40)! Je vous le dis : qui traitera autrui
d'insensé sera passible de l'enfer (Mt 5.22)! Et maintenant, montrez-moi un
denier. De qui porte-t-il l'effigie ?
- Mais il n'y a pas d'effigie : comme
c'est interdit par la Loi et que les Romains ne veulent pas d'émeutes, on ne
trouve pas ce genre de pièces à Jérusalem...
- Bon! On dirait que c'est une
pièce à l'effigie de César, d'accord ?
- Si tu veux...
- Et bien, il faut
rendre à César ce qui est César et à Dieu ce qui est à Dieu. Voilà!
- Mais
patron, intervient Judas, n'est-il pas écrit : La terre appartient à Dieu et
tout ce qu'elle contient. (Ps 24.1)?
- Et alors ? Est-ce incompatible ?
Cette sentence sent bon la laïcité, mais en vérité je vous le dis, l'initié
comprend bien que, face à nous, César n'aura que nib et que laïcité et tolérance
vont en prendre un coup ces vingts prochains siècles...
- Puisqu'on en est à
la théologie, dit un Sadducéen, les morts ressuscitent-ils ?
- Jéhovah
n'a-t-il pas dit à Moïse qu'il était "le dieu d'Abraham, d'Isaac, et de Jacob" ?
C'est donc un dieu de vivants, non ?
- Abraham, Isaac, et Jacob étaient
encore vivants au temps de Moïse ? demanda Judas. C'est un enseignement nouveau,
maître...
- Judas, encore une réflexion comme ça et je te...
- A propos,
dit un pharisien, ton entrée de tout à l'heure, les jambes écartées entre une
ânesse et son ânon, ce serait-y pas une prétention à la royauté, des fois ? T'es
fils de David, toi ?
- Le Messie serait fils de David ? Je me gausse!
N'est-il pas écrit :
"Le Seigneur parle à mon Seigneur :
Siège à ma droite jusqu'à ce je mette
tes ennemis sous tes pieds."
Si David l'appelle "Seigneur", comment est-il son fils ?
- Je sais,
patron, dit Judas : d'après la Loi, le sceptre appartient à Juda (Gn 49.10),
mais le culte relève de Lévi (Dt 18.7).
Donc David, de Juda, ne peut réciter
ses psaumes à Jéhovah. Aussi les confie-t-il à Asaph, de Lévi (l Ch
16.6).
Mais Asaph ne peut dire "Siège à ma droite" puisqu'il n'est pas
Jéhovah.
Aussi fait-il précéder la récitation du poème de David d'un "le
Seigneur (Jéhovah) dit à mon Seigneur (David) : Siège à ma droite etc."
Ce
qui fait que ce passage ne prouve pas que le Messie n'est pas fils de David. Et
voilà! Qu'est-ce que je gagne ?
- Mon poing sur la gueule si tu ne la ferme
pas!
- Rassurez-vous, patron! dirent Pierre, Matthieu, et Jean. Nous n'avons
rien entendu... D'autant plus qu'il est écrit : Qui s'avise de discuter avec
Dieu ne trouve pas à répondre une fois sur mille (Job 9.3) Par conséquent,
notre rapport portera : Et personne ne pouvait rien lui répondre et, de ce
jour, plus personne n'osa plus l'interroger. (Mt 22.46)
- Et regardez moi
ces pharisiens assis sur la chaire de Moïse qui se donnent du "Monseigneur" et
défilent dans leur papamobile! Qui lient des fardeaux sur vos épaules (Mt 23.4 /
Is 1.14) en inventant sans cesse de nouveaux dogmes, en condamnant la pilule et
la fivette, tout en n'étant pas fichus de travailler ni d'élever une
famille!
- Hum, dit Pierre, je n'ai rien entendu...
- Jérusalem! Que de
fois ai-je voulu réunir tes enfants comme une poule réunit ses poussins sous ses
ailes!
- Ca y est! dirent les pharisiens. Il se prend pour Dieu! (Ps
57.1)
- Oui, je vous le dis : le Ciel et la Terre passeront, mais mes paroles
ne passeront pas!
- Comme c'est original! dirent les pharisiens. L'herbe
et la fleur se flétriront mais la parole de Dieu durera toujours. (Is 40.8)
Il se croit vraiment sorti de la cuisse de Jupiter, si j'ose dire...
- Mais,
patron, dit Judas, c'est une arnaque : si les justes doivent hériter de la terre
(Ps 37.29) et que celle-ci passe, pourquoi être juste ?
- Rassure-toi, mon
gars, dit un pharisien, car il est écrit qu'"une génération s'en va, une autre
lui succède, mais la terre subsiste perpétuellement". (Qo 1.4)
- Vous avez
raison, dans le fond,... Alors, écoutez mes paroles : Le ciel et la terre
passeront mais aucun trait de la Loi ne passera! (Mt 5.18) Cependant, cette
Loi, vous pouvez vous la caler où je pense! Car s'il vous a été dit Honnore
ton père et ta mère, moi je vous dis N'appelez personne "mon père"
(Mt 23.9), et Si quelqu'un vient à moi sans haïr son père, sa mère, et sa
famille, il ne peut être mon disciple. (Lc 14.26) Et comme il vous a été dit
Tu ne tueras pas, moi je vous dis Qu'on égorge ceux qui ne veulent pas
que je règne sur eux! (Lc 19.27) Et je vous appelle à être tolérants envers
moi car Qui n'est pas contre nous est avec nous (Mc 9.38; Lc 9.50). Quant
à mon Eglise, je l'autorise à profiter de votre tolérance pour imposer son
intolérance car, en vérité je vous le dis, Qui n'est pas avec moi est contre
moi. (Mt 12.30; Lc 11.23)
Et en vérité, je vous le dis :
Ce n'est
pas quiconque me dit "Seigneur! Seigneur!" qui entrera dans le Royaume mais
celui qui fait la volonté de mon Père. (Mt 7.21)
Car c'est d'après tes
paroles que tu seras déclaré juste et d'après tes paroles que tu seras condamné.
(Mt 12.37)
Et écoutez ma sagesse :
Heureux les artisans de paix,
(Mt 5.9)
Mais je ne suis pas venu apporter la paix mais le glaive.
(Mt 10.34)
Et ceux qui prennent le glaive périssent par le glaive. (Mt
26.52/Jr 15.2)
Et que celui qui n'a pas de glaive vende son manteau et en
achète un. (Lc 22.36)
Les Pharisiens (à part) : - Dis, Judas... Tu sais qu'au gymnase des Grecs une bonne douche ne coûte que 30 deniers ?
Sectes, mensonges, et idéaux
Mais laissons la parole à l'apologiste Claude Tresmontant (Le Christ hébreu) :
Dans le cas des Evangiles, s'il y a unité dans la doctrine, dans la pensée, jusqu'au niveau moléculaire (sic!), c'est qu'il y a unité à la source de l'information. Ce ne sont pas des églises multiples qui sécrètent des Evangiles. Ce sont des églises multiples qui reçoivent le même message. (p. 206)
Cette notion de transformation littéraire suppose que les chrétiens [...] se sont permis de toucher, de retoucher, de tripoter, de malaxer, d'ajouter ou d'ôter selon les cas, bref de transformer les paroles du Seigneur. Cela paraît évident et ne semble pas présenter de difficulté pour une mentalité de canailles ou de fraudeurs comme la nôtre au XIXème et au XXème siècles. Mais il n'est pas évident du tout, ni certain que les chrétiens de la première ou de la deuxième génération aient été de ce type. (p. 65)
Alléluia ! Interrogons maintenant Saint Jérôme, chrétien d'une énième génération (+ 420) :
Il y a autant de versions que d'exemplaires [des évangiles] : chacun a ajouté ou retranché ce que bon lui semblait. (in Commentaire sur Josué)
Et, pour ne pas perdre de si bonnes habitudes, Saint Jérôme en fit autant dans sa traduction latine de la Bible grecque des Septante, version latine dite Vulgate. Son contemporain Rufin d'Aquilée, continuateur de l'Histoire Ecclésiastique d'Eusèbe de Césarée, l'accusa alors d'être un faussaire. Puis Rufin à son tour commit un Symbole qu'il attribua aux Apôtres...
Eusèbe de Césarée, pour sa part, retoucha Flavius Josèphe, rédigea une Vie de Constantin, flagornerie qui lui valu le titre de "plus grand menteur de tous les temps" (Reinach), et une Préparation Evangélique dont un chapitre s'intitule Jusqu'où il est permis de mentir pour amener à la conversion ce que cette méthode peut convaincre...(Par indulgence pour elle-même, l'Eglise n'a pas rangé le mensonge parmi les Sept Péchés Capitaux).
Et je vous offre cette autre perle qui nous montre ce que les apologistes
modernes entendent par "vérité" : Cette histoire d'un évangile hébreu de
Matthieu découvert aux Indes est trop invraisemblable pour n'être pas
véridique.
(Carmignac, La naissance des évangiles synoptiques,
p.65)
Comme disait l'autre : Il n'y a rien de nouveau sous le soleil. (Qo
1.10)
Retour sur Flavius Josèphe
Puisque nous en sommes aux mensonges, occupons-nous des "témoignages profanes" sur Jésus de Nazareth.
Le plus célèbre est sans conteste le Testimonium flavianum que la presse nous ressort à chaque Noël (hors-série du Nouvel Obs', Historia, Science et Vie, etc) quoique sa fausseté soit démontrée depuis trois cent ans. Mais comme il n'y a pas de raison que les apologistes d'aujourd'hui soient moins menteurs que ceux d'hier, on le trouve encore chez Dunkerley (Le Christ, 1957), Duquesne (Jésus, 1994) et tout récemment chez Jacques Perrier, évêque de Tarbes et de Lourdes (Jésus, 15 questions à l'Eglise, Oct 2002). Le cas de Mordillat et Prieur est légèrement différent : pour que Jésus ne soit qu'un fils de pute qui a raté son coup d'état, il faut au moins qu'il ait existé...
Autre attitude : Maurice Goguel (Jésus de Nazareth, mythe ou histoire ?, Payot, 1925) reconnaît que Josèphe ne parle nulle part de Jésus ni des chrétiens, mais c'est seulement que Josèphe n'en pouvait parler sans exposer le judaïsme à l'accusation d'une compromettante solidarité avec un mouvement dangereux, odieux aux classes dirigeantes. Ainsi Josèphe peut défendre le judaïsme contre les calomnies d'un Grec (Contre Apion), décrire la guerre de Judée du point de vue du vaincu, écrire les Antiquités juives pour prouver au vainqueur la grandeur des rebelles, mais il se serait "compromis" en parlant d'un prophète qui prêchait de rendre à César ce qui lui appartenait et aux pauvres d'amasser des trésors dans le Ciel ? Sottises!
Je ne vais pas ici énumérer tous les autres menteurs qui avalisent ce faux.
On reproche à Voltaire d'avoir eu une vision simpliste de la religion en la disant créée par des fourbes pour exploiter les imbéciles. Ces modernes apologistes lui donnent raison...
Mais revenons au texte.
Au livre XVII Antiquités juives, on lit ceci :
Ginetai de kata touton ton
cronon IhsouV sofoV aner, [ei ge andra auton legein crh hn,] gar paradoxwn ergwn poihthV. |
Vers cette époque paraît Jésus, homme sage si toutefois il faut l'appeler homme car merveilleux travaux faiseur. |
DidaskaloV anqrwpwn twn hdonh [talhqh] decomenwn, kai pollouV men IoudaiouV pollouV de kai tou Ellhnikou ephgageto. | Il enseignait les hommes qui reçoivent la vérité avec plaisir et beaucoup de Juifs et beaucoup venus de l'hellénisme il entraîna à sa suite . |
[O cristoV outoV hn,] kai auton endeixei twn prwtwn andrwn par hmin staurw epitetimhkotoV Pilaton, ouk epausanto oi to prwton agaphsanteV. |
Celui-là était le Christ. Lorsque, sur la dénonciation des principaux membres de notre nation, Pilate l'eut condamné à la croix, ne furent abandonnés de lui les premiers à l'avoir aimé. |
Ejanh gar autoiV trithn ecwn hmeran palin zwn | Il leur apparut le troisième jour de nouveau vivant, |
twn qeiwn profhtwn tauta te kai alla muria peri auton qaumasia eirhkotwn eiV | comme les divins prophètes et autres dix mille merveilles à son sujet avaient annonçé. |
eti te nun twn Cristianwn apo toude wnomasmenon ouk epelipe to fulon. | Encore maintenant les Chrétiens d'après lui nommés n'a pas disparu le groupe. |
Et enfin :
Il n'est pas besoin d'être grand clerc pour s'apercevoir que les passages précédant et suivant le morceau sur Jésus s'emboîtent parfaitement.
Autre cartouche des apologistes modernes : la "recension courte" de l'évêque Agapios datant du Xième siècle d'où sont absents quelques mots trop apologétiques que j'ai mis entre [ ] dans le texte grec. Cet expédient me fait penser à un tableau hollandais du XVème siècle représentant une scène de village qui fut jugé faux par un quidam ayant remarqué un dindon dans la basse-cour, animal introduit en Europe au XVIème siècle... Pensez-vous qu'on puisse sauver l'authenticité du tableau en ne révoquant que ce dindon ? A-t-il été simplement rajouté par un collectionneur zélé ?
Mais enfin, racourcir Josèphe en ôtant tout ce qui sort directement des Evangiles, pourquoi pas ?
Vers cette époque paraît Jésus, | Alors apparut Jésus venant de
Galilée... (Mt 3.13 / Mc 1.9) [cp Ginetai (Josèphe), paraginetai (Mt), egeneto (Mc)] |
homme sage | L'enfant grandissait et se fortifiait en se remplissant de sagesse. (Lc 2.40) |
si toutefois il faut l'appeler homme car merveilleux travaux faiseur |
Pour l'identité entre Jésus et Dieu, voir plus haut. Pour les miracles, voir partout... |
Il enseignait les hommes qui reçoivent la vérité avec plaisir | Celui qui a été semé sur la pierre, c'est
celui qui entend la parole et aussitôt la reçoit avec joie. (Mt 13.20 et //, parabole du Semeur) |
et beaucoup de Juifs et beaucoup venus de l'hellénisme il entraîna à sa suite . | Il y avait là quelques Grecs [...] et firent [à Philippe] cette demande : Seigneur, nous voulons voir Jésus. (Jn 12.20-21) |
Celui-là était le Christ. | Tu es le Christ! (Mc 8.29 et //) |
Lorsque, sur la dénonciation des principaux membres de notre nation, | Nous avons trouvé cet homme mettant le désordre dans notre nation. (Lc 23.2) |
Pilate l'eut condamné à la croix, | Alors, il le leur livra pour qu'il fut crucifié. (Jn 19.16) |
ne furent abandonnés les premiers à l'avoir aimé. | Jésus, sachant que son heure était venue de passer de ce monde vers son père, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu'à la fin. (Jn 13.1) |
Il leur apparut le troisième jour de nouveau vivant, | Voyez mes mains et mes pieds, c'est bien moi. Tâtez-moi et voyez qu'un esprit n'a pas de chair et d'os comme vous constatez que j'en ai. (Lc 24.39) |
comme les divins prophètes avaient annonçé. | Et, commençant par Moïse, et par tous les
prophètes, il leur interpréta ce qui le concernait dans toutes les
Ecritures. (Lc 24.27) |
et autres dix mille merveilles à son sujet. | Il y a beaucoup d'autres choses que Jésus a faites. Si on les écrivait une à une, je ne sais si le monde lui-même pourrait contenir les livres qui en seraient écrits. (Jn 21.25) |
les Chrétiens d'après lui nommés | C'est à Antioche que, pour la première fois, les disciples reçurent le nom de chrétiens. (Ac 11.26) |
Encore maintenant les Chrétiens d'après lui nommés n'a pas disparu le groupe. | Je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde. (Mt 28.20) |
Moralité : si tu croises Duquesne, Mgr Perrier, Mordillat, ou Prieur, giffle-les! Maintenant, tu sais pourquoi et eux le savaient déjà...
Le choeur : Objection! Pourquoi rejeter comme anhistoriques des morceaux de littérature profane sous prétexte qu'ils ont été fabriqués par des chrétiens ? Les Evangiles aussi ont été fabriqués par des chrétiens!
Alors là, Messieurs, je suis entièrement d'accord....
Les frères de Jésus
Octobre 2002 : les médias nous font un tapage à propos d'un sarcophage portant l'inscription : Jacques, fils de Joseph, frère de Jésus. (C'est un recyclage d'une information disponible dans Science et vie n°945, Juin 1996). En fait, l'inscription portait Y'KWBBRYWSF, "Yakoub bar Yousef", et un marchand d'antiquités a rajouté 'KWW YSHW', "akou Yeshoua", pour valoriser sa trouvaille... Voir l'article dans Jewsweek.
Les rationalistes et les protestants veulent bien que Jésus ait eu des frères. Les orthodoxes les logent comme enfants d'un premier mariage de Joseph. Les catholiques les font cousins à la mode de Judée.
Ici encore, Flavius Josèphe a été convoqué contre son gré. Dans son livre vingtième de la Guerre des Juifs, il rapporte que les autorités politiques faisaient et défaisaient les grands-prêtres :
Le roi Agrippa donna ensuite la grande sacrificature à Joseph, surnommé Caby, fils de Simon, grand sacrificateur. (§ 7)
Festus étant mort, Néron donna le gouvernement de la Judée à Albinus, et
le roi Agrippa ôta la grande sacrificature à Joseph pour la donner à Ananus,
fils d'Ananus. Cet Ananus, le père, a été considéré comme l'un des plus heureux
hommes du monde car il jouit autant qu'il voulut de cette grande dignité et eut
cinq fils qui la possédèrent tous après lui, ce qui n'est arrivé à nul autre.
Ananus, l'un d'eux, dont nous parlons maintenant, était un homme audacieux et
entreprennant, et la secte des Saducéens qui, comme nous l'avons dit, sont les
plus sévères de tous les Juifs et les plus rigoureux dans leurs jugements.
Il
prit le temps de la mort de Festus et qu'Albinus n'était pas encore arrivé pour
assembler un conseil devant lequel il fit venir Jacques, frère de Jésus, nommé
Christ, et quelques autres, les accusa d'avoir contrevenu à la loi et les fit
condamner à être lapidés.
Cette action déplut extrêmement à tous ceux des
habitants de Jérusalem qui avaient de la piété et un véritable amour pour
l'observation de nos lois. Ils députèrent secrètement vers le roi Agrippa pour
le prier de mander à Ananus de n'entreprendre plus rien de semblable, ce qu'il
avait fait ne pouvant être excusé. Quelques-uns d'entre eux allèrent au devant
d'Albinus, qui était alors parti d'Alexandrie, pour l'imformer de ce qui s'était
passé et lui représenter qu'Ananus n'avait pu, ni dû assembler ce conseil sans
sa permission. Il entra dans ce sentiment et écrivit à Ananus avec colère et
avec menaces de le faire châtier. Agrippa, le voyant si irrité contre lui, lui
ôta la grande sacrificature qu'il n'avait exercée que quatre mois et la donna à
Jésus, fils de Damnéus. (§ 8)
Et voyez le style de Josèphe : il ne nomme jamais "messie" ou "christ" les divers agitateurs messianiques dont il parle (Theudas, l'Egyptien, etc) mais dit : Un prophète du nom de.... Pour présenter ses personnages, il dit "Untel fils d'Untel". Ce Jacques, dont la fonction n'est pas définie, pouvait bien être le frère d'un Jésus, mais alors ce Jésus aurait dû être appelé "fils de Joseph", s'il s'était agit de celui des Evangiles. Ce n'est pas le cas. Mais nous lisons un peu plus loin que, pour réparer cette faute, Agrippa confie la sacrificature à Jésus fils de Damnéus. Il est donc infiniment probable que ce Jacques ait aussi été fils de Damnéus, et que ce "nommé le Christ" ait été récrit sur un grattage de "fils de Damnéus".
Enfin, il faut n'avoir jamais lu la Bible pour croire qu'un Jacques officiant au Temple de Jérusalem, et à ce titre membre de la tribu de Lévi, ait pu avoir comme frère un Jésus issu de David et donc membre de la tibu de Juda... Si l'on fait des frères de Jésus des fils de Marie nés après lui, pour qu'elle engendre un Lévite, il faut que Joseph meurre et qu'elle se remarie. Ensuite, pour qu'un lévite né d'un second lit dans une obscure bourgade de Galilée coiffe sur le poteau toute l'aristocratie saducéenne, il faut une succession de miracles...
Si encore ce Jacques chrétien avait une biographie crédible.
Nous commençons par trouver deux Jacques incrustés en Mc 3.17 (cf supra). L'un d'entre eux serait-il le "frère" de Mc 6.3 : [Jésus n'est-il pas] le frère de Jacques, de Joseph, de Judas, et de Simon ? Non, car l'évangéliste ajoute que ces quatre-là ne croyaient pas en lui : Et ils se scandalisaient à sont sujet.
Pour Maccoby, ce frère Jacques est un frère naturel qui hérite des prétentions de Jésus au trône de David : Jacques est le chef et Pierre le grand vizir. Mais dans les Actes, lors de la Pentecôte, on ne trouve que deux Jacques recevant le don des langues. Hérode en fait décoller un (Ac 12.1), puis un autre succède à Pierre (12.17) : quid de ce "frère Jacques" qui aurait hérité d'une autorité sur l'Eglise sans jamais avoir cru en Jésus ni avoir reçu l'Esprit-Saint ?
Chez Paul, ce "frère du Seigneur" est hiérarque à Jérusalem (Gal 1.19) et témoin de la résurrection du Christ (1 Co 15.7), ce dernier point n'étant dans aucun évangile.
Dans les Constitutions Apostoliques, "frère du Seigneur" est un titre donné à tous les martyrs.
Dans mon Dictionnaire des Saints, je trouve un "Jacques le Majeur", fils de Zébédée, victime d'Hérode, et un "Jacques le Mineur", "cousin" de Jésus. Eusèbe, d'après Hégésippe, évêque de Jérusalem au second siècle (H. E., 2.23), prétend qu'il mourut en martyr chrétien, précipité du haut du Temple. C'est inconciliable avec Josèphe. Selon Epiphane (Haer., 78.14), c'était en 62 et il avait alors 96 ans. Né en -34, il ne pouvait donc être le frère de Jésus par Marie, ni son cousin par une soeur de celle-ci. Au mieux, Epiphane suit la version du vieux Joseph et de ses deux mariages.
Dans la Légende Dorée, Jacques de Voragine envoie l'apôtre Jacques évangéliser l'Espagne. Après n'avoir fait que neuf disciples, celui-ci décide de retourner en Judée. Là, il polémique contre Hermogène et son disciple Philétus. Philétus est converti, ce qui irrite Hermogène, lequel recrute des diables pour se venger, avant d'être lui-même converti. Cela irrite les Juifs et le pontife Abiathar (un nom trouvé en 1 R 1.7), lequel défère Jacques devant Hérode Agrippa qui le fait décoller. Ses disciples mettent son corps dans une nef sans gouvernail et un ange les conduit jusqu'en Galice, au royaume de la reine Louve, qui avait refusé de se convertir du vivant de Jacques. La Reine conseille à cet équipage de prendre un chemin qu'elle sait barré par un dragon. Etc...
Mais cette tradition de d'un apostolat hispanique de Saint Jacques n'est pas antérieure au IXème siècle, et les noms de ses prétendus disciples n'apparaissent qu'au XIème siècle...
Mais enfin, ce qui nous intéresse ici est un argument des évhéméristes : Jamais les évangélistes n'auraient imaginé de doter Jésus de frères, dont l'Eglise a eu tant de mal à se débarasser, si cela n'avait pas eu une base historique.
Une base prophétique n'aurait-elle pas suffit ?
Autre remarque à propos de cette doctrine de la vigninité perpétuelle de Marie, ante partum, in partum, post partum : d'un point de vue catholique, c'est une hérésie, malgré l'autorité des Pères et des Conciles. Car cette trouvaille vient des docètes : leur Jésus immatériel pouvait traverser un hymen sans difficulté ; pour un Jésus de chair, c'est plus compliqué...
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Liturgie |
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Traduction |
Jésus |
Dis-tu cela de toi-même ou d'autres te l'ont dit de moi ? |
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Ô représentant de la Gentilité, |
Pilate |
Tes grands prêtres t'ont livré à moi. Qu'as tu fait ? |
|
Vois! Ta nation t'apostasie, toi la source d'eau vive ! Quelles sont tes oeuvres ? |
Jésus |
Ma royauté n'est pas de ce monde. |
|
Les cieux racontent la gloire de Dieu, |
Pilate |
Alors tu es roi ? |
|
Alors, tu es Dieu ? |
Jésus |
Tu l'as dit! Quiconque procède de la vérité écoute ma voix. |
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Oui. Si vous entendez ma voix, n'endurcissez pas vos coeurs. (Ps 95.7) |
Pilate |
Qu'est-ce que la vérité ? |
|
La sagesse se laisse trouver par ceux qui la cherchent. (Sg 6.12) |
Ici, les traducteurs débloquent. Il n'est pas écrit : Et disant cela, Pilate sortit de nouveau vers les Juifs. (Jn 18.38), mais : Et disant cela de nouveau, Pilate sortit vers les Juifs. , car, chez Jean, le mot palin ("de nouveau") se place toujours après le verbe qu'il qualifie. Donc Pilate a demandé deux fois ce qu'était la vérité, mais il n'a pas eu de réponse soit qu'il ait parlé une fois de trop alors que la source d'eau vive ne doit être sollicitée qu'une fois (cf Moïse et sa baguette), soit qu'il eut dû poser la question trois fois pour faire plus évangélique (cf Pierre, son reniement et son pardon).
Ensuite, Pilate déclare à peu près : J'ai examiné l'agneau de Dieu et je l'ai trouvé sans la moindre tache.
La foule |
C'est parfait! L'agneau pascal est bon pour le sacrifice! |
Pilate |
Je vais donc le libérer... |
La foule |
Saboteur! Si tu ne respectes pas les coutumes juives, tu es un ennemi de César! |
Pilate |
Alors considérons l'agneau comme un bouc. Amenez moi un autre bouc identique au premier. |
L'huissier |
Voici Jésus Bar Abbas ("fils du père"), un brigand chargé de tous les péchés d'Israël. |
Pilate |
Dois-je libérer Jésus Bar Abbas le brigand ou Jésus fils du Père Eternel ? |
La foule |
Nous avons une Loi et elle dit qu'il faut envoyer au désert le bouc chargé des péchés d'Israël (Lv 16.21) et sacrifier devant la tente l'autre bouc en rémission de nos péchés (Lv 16.15). |
Caïphe |
Il est bon qu'un homme meure pour racheter les péchés du peuple. (Jn 18.44) |
L'huissier |
Pardon! Il est écrit : Celui qui a péché contre moi, c'est lui que j'effacerai de mon livre. (Ex 32.33) |
Caïphe |
Oui, mais il s'agit ici de l'agneau de Dieu et non d'un pékin quelconque. |
Pilate |
Parfait. Et maintenant, en tant que prêtre juif... |
L'huissier |
N'en faites pas trop!... |
Pilate |
... je proclame que nos mains n'ont pas versé ce sang. (Dt 21.6) |
La foule |
Que le sang de la Nouvelle Alliance soit sur nous et sur nos enfants. (Ex 24.8) |
L'huissier |
Alléluia! |
Pilate |
Et maintenant j'écris : Celui-ci est le roi des Juifs. |
Caïphe |
Ça ne va pas, non ? |
Pilate |
Espèce d'impie! Seul Dieu est le roi d'Israël! (Is 44.6; So 3.15) Donc, en tant que païen, je symbolise l'accueil des Gentils fait au christianisme, et il me faut reconnaître ainsi Jésus pour Dieu ! |
Caïphe |
Et tu crois qu'Hérode appréciera que tu le crucifies en effigie ? |
Pilate |
Hérode ? Rien à cirer! Ici, je ne fais pas de politique mais de la liturgie! |
Caïphe |
Ah ouais ? Ajoute "Mektoub!" tant que tu y es! |
Pilate |
Ça, c'est une bonne idée! Oyez, foules : Ce que j'ai écrit, je l'ai écrit! |
Le prévenu |
Père, pardonne leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font! |
Pilate et Caïphe |
Mais pas du tout! Nous savons très bien ce que nous
faisons! |
Exécution
Selon le Talmud, Jésus aurait été lapidé puis pendu pour suivre le droit juif. Selon les exégètes cités plus haut, la crucifixion étant un supplice romain, il s'agit d'une exécution politique. Selon les Evangiles, il s'agit de l'accomplissement des prophéties. Il n'y plus qu'à plonger dans un Evangile rédigé plusieurs générations avant JC :
Les crachats |
J'ai exposé mon dos à ceux qui me frappaient. Je n'ai point soustrait mon visage aux crachats. (Is 50.6) |
Les larrons |
Il a été compté parmi les malfaiteurs. (Is 53.12) |
Le partage des vêtements |
Ils partagent entre eux mes habits et tirent au sort mon vêtement.
|
Les insultes |
Tous ceux qui me voient me bafouent. Leur bouche ricane. Ils hochent la tête. "Il s'est remis à Yahvé : qu'il le délivre puisqu'il est son ami!" (Ps 22.8-9) |
Les ténèbres |
Il adviendra ce jour-là que je ferai coucher le soleil en plein midi. (Amos 8.9) |
Le vinaigre (1) |
Ils m'ont donné à manger du fiel. Dans ma soif, il m'ont abreuvé de vinaigre. (Ps 69.22) |
Le voile du Temple |
Frappe le linteau et que les seuils s'ébranlent. (Amos 9.1 ; erreur de copiste : hébreu KPTR = linteau, PRKT = voile) |
Les morts sortant des tombeaux |
Vous saurez que je suis Yahvé lorsque j'ouvrirai vos tombeaux et que je vous en ferai remonter. (Ez 37.13 / Mt 27.52) |
La contrition des Juifs |
Et le pays se lamentera clan par clan. (Za 12.12 / Lc 23.48) |
Le coup de lance |
Ils regarderont celui qu'ils ont transpercé. (Za 12.10) |
Les jambes non brisées |
On ne lui brisera pas un os. (Ex 12.46) |
Le tombeau du riche |
On lui a donné un sépulcre avec les impies et sa tombe est avec le riche. (Is 53.9) |
(1) Il y a deux épisodes où l'on sert à boire à Jésus, dont l'un se situe avant l'exécution (Mc 15.23 / Mt 27.34, où Matthieu lui sert le fiel du Ps 69) car il était écrit :
À propos du voile du Temple, on trouve dans les trois Evangiles "le rideau du Temple se fendit", escisqh, verbe qui correspond au linteau, naturellement, "se déchirer" se disant "regnumai"; mais, avec une curieuse unanimité toutes les traductions donnent "se déchirer"...
(01.05.03) À propos des ténèbres du Golgotha, des "rationalistes", ignorant le penchant des évangélistes pour les prophéties, vous brandissent une éclipse parfaitement naturelle en négligeant le fait que la Pâque a lieu à la pleine lune et qu'une éclipse ne peut avoir lieu qu'à la nouvelle lune.
Parenthèse sur les clous : ils sur tous les crucifix mais non dans le texte
de la Passion (Ils apparaissent après la résurrection lorsque Jésus dis à Thomas
: Mets tes doigts dans mes trous.).
La prophétie avait bien dit :
Ils ont percé mes mains et mes pieds. (Ps 22.17)
Ce verset est célèbre
pour avoir été tordu dans tous les sens afin de le retirer des prophéties
annonçant le triste sort du Messie. Les Juifs actuels traduisent Comme un
lion mes mains et mes pieds, suivis par les Témoins de Jéhovah.
Plus curieusement, les TOB récentes leur emboîtent le pas : Comme pour déchiqueter mes mains et mes pieds. (Bible de Jérusalem, 1979).
Encore pire : Attention à mes mains et à mes pieds (La Bible, nouvelle traduction, 2001)
Le problème vient de ce les voyelles de l'alphabet hébreu sont faites de
points (sauf le A et les semi-voyelles Y et W), ce qui facilite les erreurs de
copie, d'où :
ka ari = comme (un) lion ; karu = ils ont percé ;
"attention" = (take) care, sans doute...
Arguments de Bossuet contre ce genre de traduction :
1- "Comme un lion mes mains et mes pieds", cela ne veut rien dire !
2-
Justin, dans son Dialogue avec Tryphon, reproche aux Juifs d'avoir corrompu le
texte en plusieurs endroits. [ex : Dialogue, § 84, sur Isaïe
7.14]
Or, il ne dit rien à propos de ce passage. Ce qui prouve qu'à son
époque, les Juifs le lisaient comme nous.
3- Plusieurs siècles avant JC, les
Septante ont ainsi traduit le texte original : était-ce pour favoriser le
christianisme ?
Il faut reconnaître que c'est bien raisonné.
Le Golgotha
On nous raconte que Jésus fut exécuté hors des murs de Jérusalem. D'après les textes, ce n'est absolument pas évident.
L'Epître aux Hébreux, plus ancien que les Évangiles, nous dit (13.12) :
Les Evangiles ne disent pas non plus que Jésus condamné ait franchi les portes de Jérusalem.
Les évangélistes ne savent pas où réside Pilate : la forteresse Antonia n'apparaît pas dans le texte. Ils ignorent qu'Hérode avait innové en divisant l'esplanade en parvis des Juifs, parvis des femmes, et parvis des Gentils : Jésus ne rencontre ni femme ni Gentil dans le Temple. Inversement, il y trouve des aveugles et des boiteux qui n'y ont pas accès (cf 2 S 5.8).
Dans mon Nouvel Obs' (hors série n° 35, déc 98) sur Jésus et dans Historia thématique n° 64 (mars 2000), je trouve un plan de "Jérusalem au temps de Jésus" où seuls le Temple, l'Antonia, et le palais d'Hérode sont situés de manière identique. Le palais de Caïphe se promène d'un quartier à l'autre. On découvre un temple romain au centre de la ville, près de la résidence du grand prêtre Anne (!... Nouvel Obs'), et un cirque dans Historia. Il y a même un hippodrome qui voltige du nord au sud de la ville... Le Nouvel Obs' nous colle un itinéraire de Jésus et des gardes zigzagant à travers la ville, en pleine nuit de Pâque, où chacun était chez soi à manger l'agneau en famille.
Mais ces "érudits" oublient que les évangélistes ne disent pas si Caïphe réside ailleurs que dans le Temple. Pourquoi diraient-ils cela, d'ailleurs ? Dans quel coin de la Bible trouvez-vous des prêtres résidant hors du Temple ? Le livre d'Ezéchiel, qui décrit le Temple (ch 40 & sq), ne donne guère l'impression que le personnel du Temple puisse résider à l'extérieur de ses murs...
La Bible dit que Gethsemani est près de la tour d'Hananel (Za 14.10), laquelle est près de la porte de l'Angle, laquelle n'est pas loin du Temple, puisqu'en faisant un trou dedans on tombe sur les trésors du Temple (2 R 14.13-14).
Les évangélistes en déduisent donc que Jésus, capturé à Gethsémani, se retrouve dès le tableau suivant aux mains des autorités juives. Pour Marc, Matthieu, et Jean, Jésus se retrouve "devant" (pros, et non "chez") le Grand Prêtre. Seul Luc précise que Jésus est introduit dans "la maison (oikian) du Grand Prêtre", sans que cela prouve que nous ne sommes pas dans le Temple.
Evidemment, on objectera que le païen Pilate n'a rien à faire dans le Temple. Mais justement : quel est ce "prétoire" qui n'apparaît que dans la scène du couronnement d'épines chez Marc et Matthieu, qui est ignoré de Luc, et qui n'est résidence (?) de Pilate que dans Jean ?
Ce Pilate qui fait des allées et venues entre l'intérieur du Prétoire et la cour où l'attend la foule, ce Pilate qui accomplit un rite juif de purification, libère un homme chargé de péchés tout en condamnant un innocent, ressemble furieusement à un prêtre du Lévitique (ch. 16).
Lorsque les Juifs refusent d'entrer dans le Prétoire, est-ce vraiment pour ne pas se souiller (Jn 18.28) ou bien parce que c'est interdit par le Lévitique ?
La scène du couronnement d'épines est après le jugement de Pilate selon Marc et Matthieu, avant selon Jean. Mais c'est secondaire.
Ce qui me frappe davantage, c'est que Jésus se retrouve sur le Golgotha juste après le jugement de Pilate. Matthieu réquisitionne Simon de Cyrène sur le trajet mais ne va pas loin non plus (27.32). C'est Luc qui convoque le plus de monde (23.26-31), mais il ne songe pas à indiquer un trajet plus long.
Mais Jean donne un curieux détail : Pilate rend son jugement en un lieu appelé Gabbatha (Jn 19.13), que l'évangile traduit par lithostrotos, "dallage". Mais mon lexique d'araméen traduit gabbatha par "partie chauve au sommet de la tête" (Dalman, Aram.-neuhebr. handwörterbuch). En quoi ce Gabbatha est-il tellement différent du Golgotha ? Il y a bien un lithostrotos sur le parvis du Temple, près de l'autel des holocaustes (2 Ch 7.3), mais ce n'est pas l'éminence que sous-entend le mot gabbatha.
Or Ezéchiel (43.15) désigne l'autel situé sur le parvis comme harel, "la montagne de Dieu".
Si nous revenons en arrière, nous constatons que, lors de l'entrée de Jésus à Jérusalem, le psaume 118 n'est pas intégralement cité :
La traduction erronée de Louis Segond (Que son sang retombe sur nous et nos enfants!) transforme une formule de bénédiction en formule de malédiction.
Le disciple que Jésus aimait
La Sagesse réapparaît lors de la Passion :
Car il est écrit :
Or, qui est "le disciple que Jésus aimait" ? L'apôtre Jean! répond la Firme.
Dans ma constance, j'y chercherais plutôt un personnage symbolique comme les autres.
Nous avons quelques clés :
Si je veux qu'il demeure jusqu'à ce que je vienne, que t'importe ? (Jn 21.22)
Il peut s'agir de l'Eglise, au sens originel d'ensemble des fidèles.
Ce disciple était connu du grand Prêtre. (Jn 18.15)
C'est ce
disciple qui rend témoignage de ces choses et qui les a écrites,
et nous
savons que son témoignage est vrai. (Jn 21.24)
Il n'y qu'une personne qui puisse se prendre elle-même à témoin : Dieu
Je te jure par moi-même... (Gn 22.16)
Ce qui permet à ce disciple d'être par ailleurs connu du Grand Prêtre, présent dès le début du récit sans jamais avoir été recruté, et disponible jusqu'à la fin des temps.
NB : la Parousie n'est pas la fin des temps mais la "présence" de Jésus (para-ousia) : Je suis avec vous jusqu'à la fin des temps. (Mt 28.20)
Marie de Magdala, mère de Jésus
Mais observons de plus près ces quelques mots :
La Sagesse élève ses enfants.
En hébreu, "élever" au sens d'"éduquer" se dit "gadal". Le M de Ma-gadal est un participe : "qui éduque", d'où "Marie de Magdala". Mais des Juifs qui voulaient dénigrer les chrétiens en ont fait "Marie la coiffeuse" (plus exactement "la friseuse", MGLL, d'après la racine GLL,"rouler"), engrossée par un certain Panthère, nom tiré de Pan Thora, Jésus s'affirmant comme étant à lui seul "toute la Loi" (XXX).
En réponse, de même qu'ils ont récupéré le Simon de Cyrène inventé par les docètes, les chrétiens (ceux qui ne comprenaient pas l'hébreu) en feront une autre compagne de Jésus, une Marie-la-pécheresse, pour pouvoir rétorquer : Ah! Mais vous confondez Marie et Marie Madeleine!
Preuves de cette hypothèse :
- si Selon Jean est bien l'évangile le plus ancien, il est normal
qu'il ne connaisse qu'une seule Marie, Marie qui s'appelle parfois "de Magdala"
- évidemment - mais qui n'est jamais en compagnie d'une autre Marie...
On
m'objectera Jn 19.25 où Lagrange découvre quatre femmes au pied de la croix.
D'abord, il n'y en a que deux, "Marie de Clopas et Marie de Magdala", d'abord
définies puis nommées. Mais cela sent l'interpolation : comment aurait-on deux
soeurs portant le même prénom ? Et pourquoi Jésus ne s'adresse-t-il qu'à l'une
d'entre elles ? Pourquoi le disciple ne prendrait que l'une d'elles chez lui ?
Jésus aurait-il dit à l'autre : Et toi, maintenant, tu te dém... avec la
police ? Pourquoi Jésus l'appellerait-il "Mère" si sa mère n'est pas Marie
de Magdala ? Sa mère serait alors la femme de Clopas ? Première nouvelle ! Et ce
Clopas, nul ne sait qui il est. (Luc le promènera du côté d'Emmaüs sous le nom
de Cléophas)
- dans Selon Marc, second en ancienneté, on trouve (non plus au pied de la croix mais "à distance", 15.40) Marie de Magdala, Marie de Jacques et de José, et Salomé. Lagrange croit que Salomé est la mère des fils de Zébédée, parce que Matthieu, sans lui donner de nom, l'invite (d'après Marc) sur le Golgotha.. L'Eglise prétendant que Jacques et José, frères de Jésus (demi-frères selon le Protoévangile de Jacques), ne sont que ses cousins, où serait passée la mère de Jésus si elle n'est pas Marie de Magdala ? Et Luc, qui n'y comprend plus rien, tâche de s'en tirer avec "des femmes qui l'avaient suivi depuis la Galilée..." (23.49)
Mais comme aucun évangile synoptique n'affirme que les frères de Jésus sont ses cousins, il faudrait bien qu'ici Marie de Jacques soit Marie de Jésus.
Vous remarquerez que, de ce groupe du Golgotha, seules deux femmes se retrouvent au tombeau (le vendredi) : Marie de Magdala et "l'autre Marie", les seules qui comptent. Mais il serait bien improbable qu'un évangéliste mette la mère de Jésus en seconde position derrière une pécheresse, eux qui donnent les listes d'apôtres selon l'ordre hiérarchique... Donc Marie de Magdala est ici aussi la mère de Jésus dans la version primitive, et "l'autre Marie" la première ébauche du coup de la pécheresse de service.
Autre indice : où, dans Marc et dans Matthieu, Marie-Madeleine entre-elle en scène ? Au Golgotha ! C'est un peu court ! Il y a bien une femme pour oindre Jésus un peu plus tôt à Béthanie, mais elle n'est pas nommée ni même définie comme pécheresse. Dans Luc, elle surgit au chapitre 8, car Jésus aurait chassé d'elle sept démons (épisode dont on ne trouve trace dans aucun évangile...), puis disparaît jusqu'au dimanche de Pâques !
Un martien aux Enfers
Et comment Jésus a-t-il pu apparaître au Douze (1 Cor 15.5) si Judas n'était plus là ?
Serait-ce que ces Douze désignent les douze petits prophètes comme semble l'écrire Justin (Dialogue avec Tryphon, 53 et 87) , d'après le Siracide (49.10) ?
Quant aux douze prophètes, que leurs os refleurissent dans la tombe,
Car
ils ont consolé Jacob, ils l'ont racheté dans la foi et
l'espérance.
Dans ce cas, le texte de la Première épître aux Corinthiens décrit la descente de Jésus aux Enfers et non ses apparitions après sa résurrection.
Analyse du texte de la Première épître aux Corinthiens, ch. 15 :
Le Christ est mort pour nos péchés, selon les Ecritures,
c'est à dire "selon les prophéties de l'Ancien Testament" :
Pour nos péchés, il a été frappé à mort (Is 53.8)
Ensuite :
kai oti etaphe
Ce qui ne veut pas dire qu'il a "été mis au tombeau" (thante) ou qu'il a "été enseveli" (catathante), mais qu'il "est descendu à la fosse (taphos)", alias le Shéol.
Il est apparu à Céphas
(alias Pierre, alias Petros sans la mythologie mithraciste où il est représenté tenant les clés des Enfers),
puis aux Douze, puis à Jacob,
(le patriarche, cité dans le Siracide, et non le Jacques des Evangiles dont il n'est dit nulle part dans ceux-cis qu'il a bénéficié d'une apparition)
puis à tous les envoyés
(ceux du Père au cours de l'histoire d'Israël et pas forcément la bande à Jésus)
et enfin à l'Ectrôme.
(dans un des systèmes gnostiques, c'est un éon qui a eu la mauvaise idée de quitter le divin Plérôme et a chu vers les cercles inférieurs)
puis il est ressuscité le troisième jour, "kata tas graphas".
Car il était écrit :
Après deux jours, il nous rendra la vie ;
le troisième jour, il nous
relèvera,
et nous vivrons en sa présence. (Osée 6.2)
Evidemment, j'entend déjà les protestations : Vous mutilez le texte!
Pas du tout : Goguel, dans son Introduction au Nouveau Testament, distingue cinq ou si lettres mal cousues dans les deux Aux Corinthiens. Ainsi, ce chapitre 15 est un traité sur la résurrection des morts où les 500 frères du verset 6 n'ont rien à faire.
Où donc Paul appelle-t-il "les Douze" Pierre et compagnie ? Nulle part! En Galates, il parle d'"apôtres" (1.19), de "notables", et de "colonnes" (2.9), et il n'en cite que trois (Jean, Jacques, et Céphas, dont il ne dit nulle part qu'ils ont vécu en compagnie de Jésus...). Lui même a deux compagnons (Tite et Barnabé), pas moins apôtres que les précédents.
Du destin des neuf autres compagnons de Jésus, pas une ligne dans les Epîtres.
Nous avons bien une Epître de Jacques, écrit rabbinique sans rapport avec
l'Evangile, où l'on attend encore le Messie (5.7), et où il n'est fait mention
de Jésus que dans l'entête et dans une incise (2.1) à la sauce paulinienne (cf
Gal 2.6 : Dieu ne fait point acception de personne.) venant rompre le fil
de l'exposé.
Nous avons aussi deux Epître de Pierre, dont la première,
datant d'Irénée (180) et truffée d'idées pauliniennes, est envoyée chez les
brebis de Paul (1.1), et où Jésus est allé prêcher aux Enfers aux esprits de
ceux qui furent engloutis par le Déluge et pas à ceux qui mourrurent ensuite (un
casse-tête théologique depuis dix-huit siècles...), et dont la seconde, datant
d'Origène (220), essaye d'expliquer pourquoi l'agent Jésus ne revient toujours
pas.
Plus trois Epître de Saint Jean où l'apôtre n'est pas nommé.
Et enfin
une Epitre de Saint Jude, paraît-il disciple de Jésus, qui semble connaître
l'Ancien Testament, à défaut de la vie de Jésus...
Je suppose que Raël a eu accès aux archives de l'Opération Jésus et que ses disciples nous éclaireront sur tout cela.
De plus, Paul ne se qualifie nulle part ailleurs de "moindre des Apôtres", bien au contraire :
J'estime ne le céder en rien à ces archiapôtres.
Si je ne suis nul en
éloquence, je ne le suis pas en science. (2 Cor 11.6)
Par conséquent les versets 10 et 11 sont à loger au onzième chapitre de la Seconde Epître aux Corinthiens. Quant au verset 9, c'est un écho des Actes, écrits par un ennemi de Paul qui se garde bien de l'y qualifier d'apôtre et qui fait de Barnabé son parrain (Ac 9.27) alors que Galates présente ce dernier comme son disciple (2.9). Autre débris des Actes en 2 Cor 11.32-33 où Paul s'évade de Damas au milieu d'une homélie sur la révélation qu'il a reçue...
Donc, notre martien arrive aux Enfers et le comité d'accueil rapplique :
- Qui c'est celui-là ?
- Celui qui vous parla au commencement. (ten
archen oti kai lalo umin, Jn 8.25)
J'ai beaucoup à dire sur vous
et
beaucoup à condamner.
Mais celui qui m'envoie est vérité
et je dis au
monde ce que j'ai entendu de lui.
Puis il lance ses imprécations contre les démons qui tiennent la boutique :
Je m'en vais et vous me chercherez
Et vous mourrez dans votre péché.
Où
je vais, vous ne pouvez venir.
Vous, vous êtes d'en bas
Et moi je suis
d'en haut.
Vous, vous êtes de ce monde.
Si vous ne croyez pas que je suis
[celui qui est],
vous mourrez dans vos péchés. (Jn 8.21-24)
Et patati et patata....
Ceux qui ne s'intéressent qu'aux soucoupes et n'entendent rien ni à la mythologie comparée, ni à la critique textuelle, auront peut-être été déroutés par mes analyses. Alors résumons en une phrase:
Il est vain de chercher des explications martiennes à des faits imaginaires!
Et je n'ai parlé ici que des deux Testaments. Le Matin des Magiciens cite des héros de la Baghavad Gita juchés sur des chars volants et bombardant leurs ennemis de flèches contenant toute la puissance de l'Univers. Homère a moins d'imagination qui fait prendre Troie par le truchement d'un cheval de bois.
Dans un autre registre, si le Pop Vuh maya ("le livre du conseil", "pop" étant les nattes où s'assoient les Anciens, par extension le conseil) parle de l'engloutissement d'une terre peuplée de 64 millions d'habitants, il ne s'agit pas d'un recensement précis de la population du continent de Mu, mais du nombre 20 (base de la numération maya) à la puissance 6, chiffre rond exprimant un très grand nombre (un alautun dure 20 puissance 6 tuns de 360 jours chacun, soit également 64 millions de tuns, soit un peu plus de 63 millions d'années).
Faut-il que le rédacteur d'une fable pastiche le merveilleux pour qu'on y flaire un lézard et qu'on n'y cherche point d'explication ufomaniaque ? Ainsi Lucien de Samosate voyageant dans les cieux sur le dos d'animaux de son invention, Voltaire utilisant une comète pour amener Micromégas sur la Terre, et Antoine de Saint-Exupéry des oies sauvages pour transporter son Extra-terrestre de Petit Prince? Ou inversement, que l'on donne des détails techniques peut crédibles comme Wells propulsant des Martiens à coups de canon ? Quel marchand de soucoupes a jamais osé trouver une explication ufologique à la fable de Titans entassant des montagnes les unes sur les autres puis lançant vers les cieux d'énormes quartiers de roc ? C'est le même thème que la tour de Babel, doublé du métissage des dieux et des mortels : Charroux a traité les deux thèmes présentés séparément dans la Bible mais s'est gardé du ridicule d'en commenter cette synthèse grecque!
Donc les Grecs sont des poètes et les Juifs des reporters ?
Pour revenir aux témoignages sur les débarquements de Martiens, on peut leur trouver une caractéristique qui rappelle le théâtre des exploits de Jésus : ça se passe toujours en brousse, loin de témoins ayant des responsabilités dans le monde réel... Par contre, pour l'apothéose finale, qu'il s'agisse de la Passion ou de Rencontres du Troisième Type, on veut bien convoquer les foules, à condition que la scène se déroule dans le futur (Spielberg), dans le désert du Sinaï, ou dans les ruines de Jérusalem.
En conclusion, permettez moi, ô ufologues et raëliens de tout poil, de vous léguer une pensée biblique utile à qui veut se plonger dans la Bible :
Le simple croit tout ce qu'on dit.
L'homme avisé surveille ses pas.
(Proverbes, XIV,15)
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