Jésus le Martien ?

Thierry Guignabaudet

Puisses-tu déchirer les cieux et descendre,
Puissent devant toi s'effondrer les monts,
Pour faire connaître ton nom à tes ennemis
En accomplissant des prodiges inespérés.
Jamais oreille n'aura entendu, jamais oeil n'aura vu,
Un autre dieu que toi agir ainsi en faveur de ses fidèles.

(Isaïe 64.1-3)

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J Il est né, le divin enfant...
J Marie la Terrienne
J Généalogies
J Télépathie
J Tâtonnements chronologiques
J Les mésaventures de l'agent Baptiste, alias Triple Zéro (addition 22.11.03)
J Datation des textes du Nouveau Testament (+ la crucifixion selon Paul, 01.05.03;
   + refonte de l'interprétation d'une parabole 22.11.03)
J L'affaire Lazare et autres bugs troublants
J Le christianisme, culte à mystères
J Science martienne : lévitation
J Le Léviathan
J L'agent Pierre 002 ne répond plus (Néron et les chrétiens)
J La lettre de Pline sur les chrétiens
J Du nombre de chrétiens dans l'Empire Romain
J L'agent Paul 003 en mission
J Une Épître aux Galiléens ? (nouveau chapitre 01.05.03)
J Les élucubrations de JC Barreau (Biographie de Jésus)
J Un homme devenu dieu ? (nouveau paragraphe sur Sérapis, 01.05.03)
J De Marianna disputatio
J Biologie
J Marcionisme Troisième page

J Chrestos / Christos
J Suétone (en construction)
J Bucaille, le Coran, et la science
J Géographie évangélique
J Capharnahum, au 36ème sous-sol
J Boxif chez les marchands du Temple
J Guérisons
J Un original de Marc écrit en latin ? (en construction)
J Chimie
J Quand un Martien recrute
J Quand un Martien enseigne
J Vieux habits et vieilles outres
J Fin de carrière
J Sectes, mensonges, et idéaux
J Retour sur Flavius Josèphe
J Les frères de Jésus
J Le lieu de la Cène
J Procès
J Exécution
J Le Golgotha (nouveau chapitre, 01.05.03)
J Le disciple que Jésus aimait
J Marie de Magdala, mère du Fils
J Un Martien aux Enfers
J Conclusion

 

Il est né, le divin enfant...

Mille ans plus tard, voici la Palestine baignée d'une civilisation hellénistique réputée pour son goût des sciences exactes. Les chroniques de l'époque ont donc valeur de reportage (ex : Flavius Josèphe, dans sa version non trafiquée...).

C'est alors que Jésus-Elohim débarque et que Decanis envoie un reporter.

Naissance de Jésus-Elohim : Nous pouvons imaginer que l'étoile des rois était un ovni.

Bien qu'il rappelle que Kepler a calculé qu'il y avait eu une conjonction de Jupiter, Saturne, et Mars, en l'an 747 de Rome, soit JC-7, Decanis ose citer l'abbé Fouard et sa Vie de Jésus, afin de caser l'idée qu'une étoile ne saurait indiquer avec assez de précision l'emplacement d'une étable : il paraît plus simple d'admettre que l'astre lui-même était miraculeux.

"Ô, sancta simplicitas!"
(dixit Jean Hus sur son bûcher en voyant une petite vieille apporter son fagot)

Petite parenthèse sur la conjonction de planètes calculée par Kepler :

Il y a quelques mois a eu lieu une conjonction de cet ordre dans notre ciel. J'ai entendu à son propos au journal de 20 heures ceci : Comme il y a deux mille ans en Galilée.... Or l'Evangile situe cet événement en Judée. D'où vient l'erreur du journaliste ? Réponse

Connaissant la prédilection des évangélistes pour les prophéties, j'irais plutôt chercher cet "ovni" ou cette "conjonction" dans l'Ancien Testament :

Un astre issu de Jacob se lève, un rameau issu d'Israël. (Nb 24.17)

Et Isaïe de renchérir :

Lève-toi, resplendis, car la lumière est venue
Et la gloire de l'Éternel rayonne sur toi.
Les nations marchent vers ta lumière
Et les rois vers ta clarté naissante.
Tous ceux de Saba viendront,
Apportant de l'or et de l'encens,
Et chantant les louanges de Jéhovah.
Tous les troupeaux de Qedar
Se rassembleront chez toi.
(60.1-7)

Ainsi nous avons ici une étoile, des rois mages, et des bergers. "Chez toi", pour Isaïe, c'est Jérusalem. Mais pour Michée (5.1), le Messie doit naître à Bethléem.

Matthieu, qui écrit pour les Juifs, convoque les rois et met les prophètes d'accord en promenant ces rois d'une ville à l'autre. Luc, qui écrit pour les Gentils, convoque les bergers mais pas les rois.

Leurs noms viennent de l'Évangile arménien de l'Enfance et annoncent la soumission des rivaux de Jéhovah : Melchior = Moloch, Balthasar = Baal, Gaspard = Astarté.

Le prénom Tifany (ou Tiphaigne, et autre Tiéfaine comme patronyme) vient de Théophanie (= Épiphanie, "apparition"), Sainte Théophanie étant la mère des Rois Mages...

Pour Matthieu, Joseph et Marie habitaient à Bethléem, ville du roi David.
Pour Luc, ils étaient de Galilée, "le cercle des nations", galil ha goyim.

Pour Matthieu, Jésus doit succéder à Hérode. Il naît donc à la mort de celui-là.
Pour Luc, sa venue annonce le temps des Gentils. Il naît donc à l'arrivée de Quirinius, gouverneur païen. Le vieillard Siméon, symbolisant l'Ancien Testament, est même là pour lui confier sa succession...

Le problème de Luc est d'envoyer la Sainte Famille à Bethléem et de l'en ramener. D'où le prétexte du recensement. L'inconvénient de faire un recensement en Judée, c'est que cela provoque la colère de Dieu qui avait promis à Abraham une descendance aussi nombreuse que les étoiles, et c'est grandement blasphémer que de s'assurer que Dieu a bien tenu ses promesses...

Donc quand David recense le peuple (2 Sam 24), c'est une grande faute de David et le peuple est bien puni par une peste car Dieu est juste. Par contre, il est permis de recenser les Hébreux dans le désert (Nombres) et à Babylone (Esdras), car c'est en terre païenne et la main de Dieu n'atteint pas ces endroits-là...

Que Quirinius ait organisé un recensement en l'an 759 de Rome (+6), cela est attesté par Josèphe (Antiquités juives, 18.1). D'où des troubles fomentés par des Juifs pieux qui ne voulaient pas être victimes d'une peste divine, ou (car cela est possible aussi) ne voulant pas que les Romains mettent le nez dans leurs comptes, le recensement ayant d'abord un but fiscal.

Il y avait une raison supplémentaire de défier la puissance de Rome : comment Dieu, qui par la voix d'Isaïe avait promis que les nations viendraient un jour apporter leur tribut aux Juifs (Is 60, cf supra), aurait-il pu tolérer que ce soit les païens qui prélèvent un impôt sur les Juifs ? Si cela était possible, alors cette promesse était vaine et le judaïsme était faux. Mais comme seul le dieu des Juifs était vrai, si les Juifs se révoltaient contre les Romains, il serait inévitable que Dieu vienne à leur aide par des miracles dignes du temps de l'Exode. D'après le prophète Daniel (9.25 sq), la puissance de Dieu devait se manifester au bout de 70 ans. Comme Pompée avait pris Jérusalem en -63 et qu'Archélaüs avait été déposé en +6, il était évident que ce recensement était un signe des temps et que les partisans de Judas le Gaulanite, secondés par Dieu, allaient écraser les troupes romaines. Comme ce ne fut pas le cas, on refit les calculs et on se révolta en 66. Comme Titus mata cette révolte et détruisit le Temple de surcroît, Rabbi Akiba en déduisit que c'était Hadrien qui annonçait la venue de l'ère messianique en osant bâtir un temple à Jupiter sur les ruines de celui de Jéhovah en 136. Après une dernière révolte qui finit comme les autres, on arrêta de calculer...

Ce recensement ayant un but fiscal, vous pensez bien que les Romains ont recensé chacun là où il gagnait sa vie et non obligé un million de Juifs à sillonner le pays en tous sens pour retrouver le village qu'avait assigné Josué à leurs ancêtres, tâche qui aurait été d'autant plus ardue qu'Hérode le Grand, craignant les agitateurs messianiques, avait fait détruire les livres de généalogies gardés dans le Temple afin que nul ne puisse prouver son ascendance davidique.

Une bizarrerie apparente est que ce recensement ne déclenche pas la colère divine. Cela peut s'expliquer par le fait que Luc considère qu'avec Quirinius la Judée est devenue une terre païenne, ce qui me paraît douteux,

Quoique... L'évangile de Marcion débutait en Lc 3.1 où sont énumérés sept noms de dirigeants, chiffre des Gentils, bien qu'Anne et Caïphe soit Juifs. ou, plus sûrement à mon sens, par le raisonnement d'un évangéliste marcionite ultérieur qui voulait que la naissance de Jésus délivre la Judée du joug de Jéhovah et de sa Loi. NB : j'ai augmenté ce chapitre après avoir rédigé ceux qui suivent. Pour plus de détails sur Marcion, vous pouvez faire un saut au marcionisme et reprendre ici ensuite. Ensuite, Luc décide d'aller montrer le petit Jésus aux crocodiles du Nil, car il était écrit : Voici que le Seigneur chevauchant une nuée légère, vient en Egypte.
Les idoles de l'Egypte tremblent en sa présence
Et les Egyptiens sentent leur cœur défaillir.
(Is 19,1)
Les idoles qui s'effondrent au passage du petit Jésus ne sont pas dans Luc mais on les trouve dans l'Evangile arabe.
 

Marie la Terrienne

Sans doute est-ce la pudeur qui retient notre enquêteur de s'interroger sur la conception virginale de Jésus. Pour Raël, Marie est culbutée par l'Extra-terrestre Gabriel. Je ne suis pas certain que Charroux ait dit cela, mais c'est fort possible puisque Raël n'a pas pu trouver cette information dans les Evangiles...

Notons que pendant longtemps, les chrétiens se sont passés des services d'un certain Joseph : Justin (~ 150, Dialogue, § 100) et Origène (~200, Contre Celse, II,32) font descendre Jésus de David par Marie, à cause de l'écriture :

Le Seigneur l'a juré à David et n'y reviendra pas :
"Je mettrai le fruit de ton ventre sur le trône."
(Ps 132.11)
et Tertullien (~200) l'ignore également. Alors que Tertullien raconte que Marie fut enceinte des oeuvres d'un "rayon de Dieu" (Apologétique, 21.14), le Protoévangile de Jacques préfère employer "la parole de Dieu" (11.2), méthode classique pour grands travaux (Gn 1), comme le fait aussi l'évangéliste Luc, (car, dans Luc, Marie se retrouve enceinte dès que l'ange Gabriel a terminé son discours ; aussi peut-on se demander ce que l'ombre du Très Haut (1.35) vient faire à cet endroit...)

(01.05.03) J'ai trouvé d'où venait cette ombre, dunamis uyistou episkiasei soi, "la puissance du Très-haut te plongera dans l'obscurité". Dans le Premier Livre des Rois (8.10), Jéhovah prend possession de son temple en l'emplissant de sa nuée. Ce trait de Luc n'est donc possible que si Marie habite le Temple (voir infra).

Dans les Evangiles, Joseph est parfois trop absent pour avoir été là dans la version originale. Ainsi, à Nazareth, Marie habite "chez elle" (Lc 1.28). Elle répond à Gabriel qu'elle ne connaît pas d'homme (1.34). Elle quitte sa demeure sans prévenir personne et traverse seule le pays pour rendre visite à Elisabeth. Elle reste trois mois chez sa cousine sans se soucier d'avertir Joseph. Dans Matthieu, Joseph est absent de la Crèche (2.11)

Matthieu préfère au Verbe l'usage du Souffle divin, vulgairement appelé "Saint Esprit". Le Verbe ayant déjà servi à créer le monde, pour recréer ce monde en la personne de Jésus, il vaut mieux utiliser le Souffle qui n'a pas fait grand chose depuis qu'il flottait sur les eaux (Gn 1.2). Notez qu'on trouve la même idée chez Jean qui commence par le Verbe (1.1) et finit par le Souffle (20.22).

(Avant Matthieu, dans Le Pasteur d'Hermas, le Saint-Esprit était le Fils de Dieu lui-même, qui ne s'appelait pas encore Jésus : Le fils, c'est le Saint-Esprit. (58.2); L'Esprit-Saint préexistant, qui a créé toutes choses, Dieu l'a fait habiter dans la chair qu'il avait choisie. (59.5) ; Je veux te montrer tout ce que t'a montré l'Esprit-Saint qui t'a parlé sous la forme de l'Église. Car cet Esprit est le fils de Dieu. (78.1)

Bien après, Origène, vers l'an 240 ne le connaissait pas comme troisième personne de la Trinité cf son ouvrage intitulé La prière, où n'interviennent que le Père et le Fils, avec aussi un développement sur le pain "surnaturel" (epiousios) demandé dans le Pater des Evangiles, pain surnaturel dont ne parle plus une seule église ou secte chrétienne faute de savoir ce dont il s'agissait, et dont John M. Allegro (Le champignon sacré et la croix) a fait un champignon hallucinogène à coup de raccourcis linguistiques suméro-sémito-aryens. Si Raël s'était donné la peine d'apprendre le grec, il n'aurait pas manqué d'en faire une variété de biscotte martienne...

Enfin, l'Eglise, qui se gaussait des demi-dieux, fera de ce Saint-Esprit un tiers de dieu.

La phrase de Jean (I, 14),

Kai o logos sarx egeneto kai eskhnwsen en hmin

Et le Verbe se fit chair et habita ("planta sa tente") parmi nous.

peut être aussi traduite :

Et le Verbe se fit chair et habita en nous.

Voire en habitant en nous puisque l'hébreu ignore les modes auxiliaires, participe et gérondif (il emploie le "mode consécutif", d'où tous ces et qui parsèment la Bible et les Evangiles)

La version latine est tout aussi ambigüe : Et Verbum caro factum est, et habitavit in nobis.

Naturellement, je vous laisse imaginer les complications logiques et théologiques d'une telle traduction : le Verbe s'est incarné dans tous les croyants à la fois !

La Pentecôte (Ac 2.4) donne une version apparentée : être rempli du Verbe ou de l'Esprit, quelle est la différence ? Le Verbe est mâle et l'Esprit femelle : la belle affaire!

Y-a-t-il eu une version de la fondation du christianisme commençant par une incarnation collective de l'Esprit, version bazardée en deuxième épisode lorsqu'on se mit à conter une incarnation unique ? Sans doute : Je veux te montrer tout ce que t'a montré l'Esprit-Saint qui t'a parlé sous la forme de l'Église. Car cet Esprit est le fils de Dieu. (Le Pasteur, 78.1)

Une autre version de la descente de l'Esprit sur terre est la version "adoptianiste" des Synoptiques où l'on voit Jésus recevoir l'Esprit lors de son baptême. Après que l'évangile de Marcion (Jésus descendant des cieux sur Capharnahum) eut été corrigé par Selon Marc d'une entrée en scène plus discrète (1.9 : En ce temps-là, Jésus vint de Nazareth), Jésus n'était plus censé être empli de divinité. D'où la nécessité de recharger ses batteries lors d'un baptême à grand spectacle. Mais lorsque des théologiens plus imaginatifs le firent naître d'une vierge, ce rechargement devint inutile et entraîna des discussions théologiques évoquées dans l'Evangile même (Mt 3.14) : pourquoi Jésus aurait-il besoin d'être baptisé ? (La réponse n'est pas très argumentée : Parce que c'est comme ça!)

Si les Evangélistes peuvent ainsi jongler avec le Verbe, l'Esprit, et la Sainte Vierge sans risquer l'excommunication, c'est parce qu'au départ, chez les gnostiques, Marie et le Saint-Esprit étaient une seule et même personne, Achamoth, la Sagesse, dont le Protoévangile dit qu'elle a passé sa jeunesse au Temple :

Dans la Tente Sainte, en sa présence, j'ai officié. (Si 24.10) Tertullien puise sans doute à la même source lorsqu'il dit Marie enceinte des oeuvres d'un "rayon de Dieu" : Elle est un reflet de la lumière éternelle,
un miroir sans tache de l'activité de Dieu.
(Sg 7.26)
Dans un autre apocryphe, l'Evangile selon les Hébreux, on trouve une variante de l'épisode du Diable emmenant Jésus au sommet du Temple (Mt 4.5) : Il y a un instant, ma mère le Saint-Esprit m'a enlevé par un de mes cheveux et m'a transporté sur la montagne du Grand Thabor. Ce qui n'est pas plus hérétique que d'utiliser les bons offices du Diable, à en croire Ezéchiel : [L'être de feu] étendit une forme de main et me prit par les cheveux, et l'esprit m'enleva entre ciel et terre...(Ez 8.3) Et l'évangéliste Luc, qui avait besoin d'une Marie mobile pour la trimballer entre Nazareth et Bethléem, trouva ingénieux de faire de cette sagesse une vieille dame confite en dévotions au fond du temple et attendant l'arrivée du petit Jésus (Lc 2,36-38). Elle garde cependant des relations privilégiées avec Jéhovah : après avoir été en sa compagnie durant les sept jours de la création (v. 36 : ...ayant vécu avec son mari sept ans depuis sa virginité...), elle est restée veuve depuis la Chute (v. 37 : ... et devenue veuve jusqu'à 84 ans ; 84 - 7 = 77 générations d'Adam à Jésus, cf 3.23-38)

(01.05.03) Le mot "veuve" doit être entendu comme "vierge consacrée" (cf infra) et non comme épouse d'un Jéhovah qui serait mort entretemps... Car, dit Paul (1 Cor 2.7-8) : Nous parlons d'une Sagesse de Dieu, mystérieuse, cachée, que Dieu a prédestiné avant les siècles pour notre gloire, celle qu'aucun des Archontes des Éons* n'a baisée. S'ils l'avaient baisée (egnwsan), ils n'auraient pas crucifié le Seigneur de Gloire.
Vous avez bien lu "baisé", sens réel du pudique mot "connaître" (par ex. Gn 4.1 : Adam connut (egnw) sa femme Eve.). Lors de la Passion, lorsque Pierre dit ne pas connaître Jésus (Mc 14.71 & //), le verbe utilisé est oida.

(*) Puissances célestes inférieures au Dieu Inconnu

Pour Hermas, cette vieille femme est l'Eglise : Une révélation, frères, me fut faite quand je dormais, par un jeune homme très beau qui me dit : " La femme âgée de qui tu obtins le petit livre, qui est-elle, à ton avis ? " Moi, je dis : " La Sibylle. - Tu fais erreur, dit-il, ce n'est pas elle. - Qui donc est-ce ? dis-je. - L'église ", dit-il. Je répartis : " Et pourquoi est-elle si âgée ? - Parce que dit-il, elle fut créée avant tout (le reste). Voilà pourquoi elle est âgée ; c'est pour elle que le monde a été formé." (Le Pasteur, 8.1)

Sans doute l'Eglise a-t-elle trouvé que l'expédient de Luc attentait à la dignité de la Mère de Dieu en la dépouillant des attributs de la Sagesse. Aussi lui a-t-elle rendu les prérogatives d'Achamoth, entre autres l'incorruptibilité et la préexistence à la Création : Vanum est vobis ante lucem surgere (liturgie de la Nativité de la Vierge)

D'où le dogme de l'Immaculée Conception de la Sainte Vierge (à ne pas confondre avec la naissance virginale de Jésus) décrétant que Marie n'est pas morte mais fut enlevée vivante au Ciel, car il est écrit :

Avant les siècles, dès le commencement, il m'a créée; éternellement je subsisterai. (Siracide, 24.9)

Avec toi [Dieu] est la Sagesse, qui connaît tes oeuvres et qui était présente quand tu faisais le monde. (Sg 9.9)

Avec un tel pedigree, Achamoth ne pouvait manquer d'épouser Jéhovah : Son intimité avec Dieu fait éclater sa noble origine car le maître de l'univers l'a aimée.
(Sg 8.3)
Ce qui pose un autre problème : Jésus étant tantôt le fils de Dieu, tantôt Dieu lui-même en visite sur Terre (Jn 10.30 : Moi et le Père sommes un. ; Jn 14.9 : Qui m'a vu a vu le Père.), il est donc à la fois le fils et l'amant de sa mère, ce que dit la Sagesse de Jésus : Le Fils de l'Homme s'accorda à la Sagesse, sa compagne, et produisit une grande lumière androgyne; son nom mâle est Sauveur; son nom féminin est Sagesse. Ces noces divines viennent d'Isaïe (62.5) : Comme un jeune homme épouse une vierge,
Tes fils t'épouseront,
Et comme le mari se réjouit de son épouse,
Ton Dieu se réjouira de toi.
Il y a deux versions de ce texte dont l'autre est : Ton architecte t'épousera.
(Problème de vocalisation du texte hébreu : BN, ben, fils; BNH, banah, construire)

Ce qui arrangea bien quelques théologiens rebelles à ces histoires de famille peu conformes à la morale commune : Marie a donc épousé un architecte, devenu charpentier dans les versions ultérieures...

Achamoth n'étant pas un nom facile à porter, un théologien découvrit qu'elle pouvait s'appeler Noémie, "pleine de grâce" (Ruth 1.20 / Lc 1.28). Ce à quoi elle répliqua : Ne m'appelez plus Noémie; appelez-moi Mara-yam ("mer d'amerture") car l'Eternel m'a abreuvée d'amertume (en m'ôtant mon fils).

Puis Achamoth-Noémie-Marie, après avoir été "imprégnée par l'oreille" (dixit Saint Augustin), ne pouvait faire moins que d'aller chez sa cousine Elisabeth pour y chanter le Magnificat en famille (Luc 1.46) :

La Sagesse fait son propre éloge,
Au milieu de son peuple, elle montre sa fierté.
(Si 24.1)
Notons enfin que 77 générations font un nombre exprimant la plénitude et donc supposant l'imminence de la fin des temps. Car ce n'est pas non plus par hasard que l'agent Jibé est l'aîné de six mois de son cousin Jésus : Jésus est le "Premier et le Dernier" (Apocalypse), le premier-né de Dieu et le dernier-né des hommes (et encore! cf Mt 11.11, Lc 7.28 : Jibé est le plus grand des enfants des femmes.). La naissance de Jibé d'une femme stérile annonçait aussi la fin des temps : Heureuse la femme stérile mais sans tache : sa fécondité paraîtra lors de la visite des âmes. (Sg 3.13) Ce qui fait que le Nouveau Testament ne mentionne plus de naissance après celle de Jésus et qu'"il faut se faire eunuque en vue du Royaume". Les divers "petits enfants" des Evangiles désignent des "enfants en esprit" et non des mioches, cf l'épisode de Nicodème dans Selon Jean, et l'Evangile de Thomas (21.4) : Les disciples ressemblent à de jeunes enfants.

Pour pouvoir loger une Marie porteuse d'un bébé-éprouvette dans toute cette théologie, il faut au moins s'abstenir de lire les textes dans leur intégralité, ou les isoler de leurs sources, les "démythologiser" comme disait Bultmann et comme a voulu le faire Renan sans utiliser le terme. Ce dernier s'est cru très malin en faisant naître Jésus à Nazareth sous prétexte que la naissance à Bethléhem "a été inventée pour répondre à Michée" (5.1) :

Mais toi, Bethléhem Ephrata, le moindre des clans de Juda,
c'est de toi que me naîtra celui qui doit régner sur Israël.
Et la jeunesse en Galilée, alors ? N'est ce pas aussi "pour répondre" à Isaïe ? À la fin des temps, il prospérera sur la route de la mer, au delà du Jourdain,
dans le "Cercle des Nations"
[galil ha goyim] (Is 8.23)
Pourquoi Isaïe a-t-il choisi la Galilée pour y faire prospérer le peuple Juif ? Serait-ce parce que "Galil" assonne avec "gadel", "prospérer", et avec "gaal", "rédempteur" ? Il [Le Seigneur] viendra en rédempteur pour Sion
et pour les pécheurs repentants de Jacob.
(Is 59.20)

 

Généalogies

De nos jours, on enseigne que la Sainte Vierge était une obscure moukère de Nazareth et qu'il n'est plus nécessaire de se casser la tête à concilier deux généalogies inconciliables.

C'est dommage parce qu'on ne peut plus rire comme il y a cinquante ans :

Pour dresser l'arbre généalogique de Saint Joseph, saint Luc utilise sans doute des documents de famille recueillis à Nazareth, saint Matthieu des documents officiels trouvés à Bethléem. (Lagrange, Synopse) Mais il se trouve encore quelques intégristes pour vous expliquer qu'une des généalogies énonce la filiation naturelle de Jésus tandis que l'autre tient compte de la loi du lévirat qui dit qu'un Juif peut féconder sa belle-soeur pour donner une descendance légale à son frère (Dt 25.5-6).

Cette explication a jadis été pondue par Julius Africanus et reprise par saint Augustin. Or si l'expression "fils de" qu'on trouve chez Matthieu peut signifier une descendance uniquement légale, Luc dit "engendra" pour chaque génération...

Selon cette thèse, la mère de Joseph fut d'abord mariée avec Eli (selon Luc) puis avec son frère Jacob, père de Joseph selon Matthieu. Le problème est que, dans ce cas, le grand-père de Joseph devrait porter le même nom dans les deux généalogies. En accordant que Matthan et Matthat soient le même nom, il faut quand même recommencer l'opération aux générations antérieures...

Cette théorie n'explique pas comment Jésus a pu naître à la onzième génération après Zorobabel, selon Matthieu, à la vingtième selon Luc. Or Zorobabel serait rentré de l'exil à Babylone en 538 av Jc. Ce qui donne des générations de 27 ans pour Matthieu et de 49 ans pour Luc ; il n'est pas impossible d'engendrer à 49 ans, mais sur onze générations ça commence à être bizarre...

Il y a également environ 500 ans de David à Zorobabel, soit 16 générations d'une trentaine d'années selon Matthieu, 22 d'une vingtaine selon Luc. On peut dire que Matthieu reste constant, mais que les connaissances chronologiques de Luc sont lacunaires.

Chouraqui fait vivre Abraham 800 ans avant David, ce qui donne pour les deux évangélistes 13 ou 14 générations d'une soixantaine d'années chacune... Il faut mettre à leur décharge que cette partie de la généalogie est dans l'Ancien Testament (1 Chroniques).

Qu'on arrête donc de chercher une réalité à des récits symboliques qui se proclament comme tels, car Luc et Matthieu écrivent que tout s'articule autour du nombre 7 : 77 générations pour Luc, 42 générations pour Matthieu ; Luc a même logé David à sa 35ème génération, un Joseph aux 42ème et 70ème, et un Jésus à la 49ème, n'osant pas confier des postes aussi importants à des noms quelconques...

On se gausse de ce que Matthieu a mis Jésus à la 41ème génération tout en proclamant qu'il était de la 42ème. En fait, le disparu est Dieu le Père lui-même, difficile à loger quand la généalogie ne remonte qu'à Abraham. En ne comprenant pas cela, quoique Luc le proclame hautement (Lc 3.38), un moine bien intentionné a logé, chez Luc, un Kainam entre Arphaxad et Sala, Kainam qui n'est pas dans tous les manuscrits, et encore moins dans la Genèse!

Curieusement, en scrutant de plus près la généalogie donnée par le "royaliste" Matthieu, on y trouve un Jéchonias dont Jérémie (22.30) dit que la descendance ne régnera pas sur Juda... Serait-ce pour annoncer que tout est écrit et que Jésus n'a aucune chance de finir oint à Jérusalem ?

Enfin, ces généalogies apparaissent au IIIème siècle (j'emploie ici les noms de Matthieu et de Luc pour désigner les ouvrages et non leurs auteurs qui sont multiples, chacun y allant de sa retouche). À la fin du IIème siècle, Tatien, disciple de Justin, commet un Diatessaron (harmonie des quatre évangiles) d'où sont absentes les généalogies. Il est peu probable qu'il les ait délibérément supprimées, puisque son but n'était que d'harmoniser. Au pire, après avoir essayé de concilier l'inconciliable, il n'en aurait pris qu'une, celle de Luc puisqu'il se souciait des gentils (il a écrit un Discours aux Grecs). Dans un manuscrit du Diatessaron retrouvé en 1934, lors de fouilles à Doura-Europos (Mésopotamie), ces généalogies sont absentes ainsi que d'autres passages des Evangiles canoniques où il est dit que Jésus descendait des rois de Judée.

 

Télépathie

Je vous épargne la mise en scène du baptême avec mégawatts de choeurs célestes, pigeon téléguidé, et feux d'artifices

Tandis qu'il descendait dans l'eau, le feu s'alluma dans le Jourdain.

(Justin, Dialogue avec Tryphon, § 88)       

Passons aux dons télépathiques du Christ qui lui servent à deviner qui est pécheur ou non : - D'où me connais-tu ? lui dit Nathanaël.
- Avant que Philippe ne t'appelât, reprit Jésus, quand tu étais sous le figuier, je t'ai vu.

(Jean 1.48)      

Decanis : Il faut savoir que, pour la majorité des ufologues, les E.T. sont indubitablement télépathes (pour preuve : Ils ont une grosse tête).

Raisonnons en ufologue : puisque nos semblables ne sont pas télépathes, nos dissemblables sont télépathes ; comme Jésus ne fait rien comme tout le monde, il est dissemblable ; comme Jésus est dissemblable, il est indubitablement télépathe!

Pour ma part, j'irais d'abord explorer l'Ancien Testament avant de convoquer le paranormal :

Voici que je fais venir le germe, mon esclave.
Et je rachète les fautes de ce pays en un seul jour.
Et ce jour-là, vous vous hélerez sous la vigne et sous le figuier.
(Zacharie 3.8-10)
Comme ne l'a pas écrit l'évangéliste Jean : - Tu m'as vu sous le figuier ? Bon sang! Mais c'est bien sûr : la prophétie s'accomplit! Mais je dois reconnaître que la télépathie n'est pas tout à fait étrangère à la scène : L'Éternel connaît les pensées des mortels. (Ps 94.11)
Moi, le Seigneur, je scrute le coeur, j'examine les reins,
Pour rendre à chacun selon ses agissements.
(Jr 17.10)

Dans les Synoptiques, c'est encore plus net :
Et Jésus, voyant leurs pensées, dit... (Mt 9.4 / Mc 2.8, Lc 5.22)

Ceci est une manière de dire que Jésus est Jéhovah se promenant sur la terre. Et la phrase précédente dit la même chose autrement : Voici un véritable Israélite en qui il n'est pas de faute. (Jn 1.47)Car il est écrit : Heureux l'homme à qui le Seigneur ne compte pas de péché
et dans l'esprit
(Septante : bouche) duquel il n'est pas de faute. (Ps 32.2)

Cf : Est-il plus aisé de dire "Tes péchés te sont remis" ou "Lève-toi et marche" ?
(Mt 9.5 / Mc 2.9, Lc 5.23)

Je finis par me demander ce que le prophète Decanis vient faire au pays des ovnis alors qu'il semble chercher un dieu que peut lui offrir l'exégèse standard des Evangiles :

Les ovnis et les e.t. sont la nouvelle ambroisie qui procure la longévité, voire même l'immortalité.

Raël promet la même chose à ses fidèles, leur prélevant un bout de crâne et leur assurant que les ET les ressusciteront grâce à l'ADN contenu dans l'échantillon....

Autres commandes au Père Noël :

remèdes à la pollution et aux maladies ; un monde sans guerres.

Extrait du bréviaire de l'aumônier de soucoupe :

A partir du moment où un monde peut vivre avec une technologie mais sans guerre, cela prouve qu'il a su apporter à tous les habitants de la planète le même niveau de vie etc...

Autrement dit :

"Ici Houston. Nous retardons la rencontre Apollo-Soyouz : il y a un Biafrais qui n'a pas eu son bol de riz."

C'est sans doute pour faire plaisir à ce genre de soucoupomanes que les Extra-terrestres "observés" ont une morphologie d'enfant : un petit corps d'un mètre de haut et une grosse tête. Avec une telle dégaine, ils ne peuvent qu'être gentils. Ou, plus exactement, étant gentils, ils ne peuvent qu'avoir une telle dégaine... (voir E.T et Rencontres du Troisième Type)

Autre trouvaille :

Ces sectes [ndt: "concurrents déloyaux des religions en place qui vont même jusqu'à détrousser leurs fidèles" (cf Actes 5.1-11)] qui font des Extra-terrestres nos célestes créateurs réinstaurent une nouvelle (sic!) conception polythéiste. Alors, en cette fin de siècle (ndt : de l'ère scientifique ?), des "Extra-terrestres créateurs" sur fond gréco-romain, égyptien, voir indien, bravo!

Traduction : le polythéisme, c'est bon pour ces minables civilisations égyptiennes, mésopotamiennes, gréco-romaines, indiennes, voire pour les sous-développés du Japon actuel, mais tout de même pas pour les héritiers de la pensée de notre père Abraham, le plus grand philosophe de tous les temps! Quant à l'animisme, ce doit juste être bon pour les Nègres...

 

Tâtonnements chronologiques

Donc, pour notre ufologue, Jésus n'est pas qu'un auxiliaire terrien des Elohim : il est un Elohim (utilisons le pluriel "élohim" au singulier pour ne pas se prendre la tête).

Or quel âge avait notre martien lors de sa mission ? "Un âge avancé" selon Papias, évêque de Hiérapolis de Phrygie (IIème siècle), Jésus étant un nouveau Moïse ; trente ans pour Luc, Jésus étant un nouveau Joseph (Gn 41.46).

J'avais d'abord écrit "un nouveau David (2 S 5.4)", mais Luc écrivant pour les Gentils, c'est Joseph, fils de Jacob, gouverneur chez les Gentils que Luc devait avoir en tête. Entre quarante et cinquante ans pour Jean (Jn 8.57), Jésus étant un nouveau Salomon. Le "tu n'as pas cinquante ans" de Selon Jean peut même être interprété de façon précise : 49 ans, car 7 x 7 exprime autant la plénitude que les 77 générations de Luc. Mais cette plénitude ne sera effectivement atteinte par Jésus que le jour de sa résurrection. Par conséquent, si l'on retranche de 49 les 3 jours passés au tombeau, "le temple de son corps" est âgé de 46 ans quand il arrive à Jérusalem (Jn 2.20). Mais qu'est-ce qui vous permet de jongler ainsi avec les jours et les années ? me demanderez-vous.

Réponse : la Bible, où, selon divers exégètes (ex : Epître de Barnabé, 15.4) les sept jours de la Création impliquent que le monde doit durer sept mille ans (car "mille ans sont comme un jour pour Dieu", Ps 90.4), et où les 40 ans de Moïse au désert préfigurent les 40 jours de Jésus au désert.

Par conséquent, rien n'empêche d'additionner des jours et des années, voire des "temps".

Dans l'Apocalypse (12.6), "un temps, deux temps, et la moitié d'un temps" font trois ans et demi, soit 42 mois ou 1260 jours (Ap 12.6), durée de la mission de Jésus selon certaines interprétations de l'Evangile de Jean. Selon le chanoine Boulanger (Manuel d'apologétique), 1260 ans sont à compter entre l'onction de David et la Passion du Christ. Et selon Daniel (9.25-26), le Christ sera mis à mort après 69 semaines d'années, soit 69 x 7 = 483 ans. Titus ayant pris Jérusalem en 70, et Dieu ayant accordé 40 ans aux Juifs pour se convertir (Ps 95.10 : Pendant quarante ans, j'eus ce peuple en dégoût [...] Aussi ai-je juré en ma colère qu'ils n'entreraient pas dans mon repos.), Jésus a dû être crucifié en l'an 30, et par conséquent Daniel a prophétisé en - 453.

Peut-être Papias pensait-il à Daniel plutôt qu'à Moïse et Jésus serait mort selon lui à 69 ans.
Selon l'Histoire de Joseph le Charpentier, Jésus aurait passé douze ans sur la Terre après sa résurrection, d'où l'opinion d'Alexandre, évêque de Jérusalem vers 200, que Jésus était mort en 58 (= 70-12), à 49 ans (cf St Jean), et donc né en + 9.

Mais "Jean l'Evangéliste", qu'en pensait-il ? Si Jésus a le même âge que le Temple d'Hérode, il a dû naître en - 20. S'il a 46 ans à son arrivée à Jérusalem, nous sommes en 26. C'est précisément la date que donnent les Actes de Pilate. Or le grand prêtre Anne, seul mentionné dans le Selon Jean primitif a officié de l'an 6 à l'an 15.

Selon Irénée, dans sa Démontration évangélique, Jésus serait mort sous Claude (41-54).

Selon Origène (Contre Celse, I, 58), c'est Hérode le Tétrarque (le contemporain de Pilate) qui aurait reçu les Rois Mages...

Selon les Actes des Apôtres, Hérode meurt "rongé de vers" (12.23) après les aventures de Jésus. Selon Flavius Josèphe (Guerre des Juifs, I,33.5), c'est Hérode le Grand qui est mort ainsi en -4.

Ce fait était bien connu des auteurs chrétiens puisqu'on le trouve également dans L'histoire de Joseph le Charpentier (§ 8) comme punition du Massacre des Innocents.Donc, selon le "Luc" auteur des Actes, Jésus aurait vécu entre - 37 et -4... Pourquoi pas ? La prophétie ne dit-elle pas : Le sceptre ne sortira pas de Juda jusqu'à la venue du Messie. (Gn 49.10) ? Or Hérode le Grand n'était pas Juif mais Iduméen. Donc la soucoupe transportant Jésus ou son Martien de père a atterri en -37.

Jean-Claude Barreau (Biographie de Jésus, p. 33) a découvert que Jésus a prêché durant une année sabbatique juive ayant commencé en octobre 27 (cf Luc 4, 19). Mais, dans ce cas, où Jésus et ses apôtres auraient-il trouvé un champ de céréales (Mc 2.23 et // ; cf Lv 25.4) ?

 

Les (més)aventures de l'agent Baptiste

Sachant qu'à l'âge de douze ans, Jésus est déjà un puits de science (Lc 2.46 et Pseudo-Thomas 6.3, cf Ps 71.17 : O Dieu, tu m'as instruit dès ma jeunesse) et qu'il n'ira jamais à l'école

- Comment celui-ci connaît-il les lettres sans avoir été enseigné ? (Jn 7.15)
Et l'on était stupéfait de son enseignement. (Mc 1.22 & //)
D'où lui vient cette sagesse ? (Mc 6.2 & //)

on se demande bien ce qu'il a fabriqué pendant les vingt (ou quarante) années suivantes. Etait-il en mission dans le système de Deneb ou dans celui de Rigel ? Ou bien a-t-il été viré du cours par correspondance extra-terrestre ? Impossible, sinon comment lui aurait-on confié une mission ensuite ? Peut-être a-t-il été oublié des Elohim à la suite d'un bug dans l'ordinateur qui gère les effectifs en mission. Devait faire partie de ces effectifs un Terrien du nom de Jean le Baptiste, puisque ce dernier savait tout de la mission. Oubliés tous les deux, ils ne recevaient plus leur paye à la fin du mois et en étaient réduits à manger des sauterelles au fond d'un désert.

A moins que ces "sauterelles" (acris) ne soient une faute de copiste pour "gâteau au miel" (encris), dont la manne, nourriture convenant davantage à des prophètes, avait le goût (Ex 16.31); cf aussi Jésus nourri du pain des anges lors de son séjour au désert (Mt 4.11/Ps 77.25). Une soucoupe arrive en catastrophe. Le raffut alerte les flics qui font une raffle et embarquent Jean le Baptiste. Et l'agent JB, qui se croyait agent 001, découvre, en perdant la tête, qu'il n'était que l'agent 000...

Mais ne soyons pas trop attristés du destin lamentable de l'agent Triple Zéro : le prophète Paul ayant aboli la circoncision (Rm 2.26 sq) sans prévenir sa boîte (Ac 21.21), il fallait bien qu'il fourgue à ses brebis un ticket d'entrée indolore, inodore, et incolore. Le baptême est d'ailleurs un vieux rite préchrétien qui simule une noyade suivie d'une résurrection. Il a l'avantage sur le baptême dans le sang d'un taureau en vigueur chez les mithracistes de coûter bien moins cher.

Tant que l'homme ne porte pas le nom du Fils de Dieu, il est mort.
Mais quand il reçoit le sceau, il se dépouille de la mort et reçoit la vie.
Or le sceau, c'est l'eau. On descend mort dans l'eau et on en ressort vivant.

(Hermas, Le Pasteur, 9ème parabole, § 16)
Et n'allez surtout pas croire que, du temps d'Hermas, il ne s'agissait que d'une mort symbolique : c'est à leur mort, et non lors de leur adhésion à la foi, que les premiers chrétiens étaient baptisés : Après la mort, j'aurai bien le temps d'être glacé et pâle au sortir du bain.
(Tertullien, Apologétique, 42.4)

Ce bain mortuaire est d'origine égyptienne : la momie était ainsi purifiée avant de prendre place dans la barque funéraire. Ce rite est tiré du spectacle de l'inondation annuelle du Nil d'où émergera la terre revivifiée par le limon.

(01.05.03) L'Epître de Barnabé dit : Nous descendons dans l'eau remplis de péchés et de souillures et nous en sortons portant des fruits dans le coeur, nous reposant de notre peur, et espérant en Jésus dans l'esprit. (11.11)

Ce texte ne dit pas si le baptisé est vivant ou mort, mais, si ce "repos de la peur" a un rapport avec le psaume 23, il a de fortes chances d'être mort :
Le Seigneur est mon berger, il me conduit vers les eaux du repos, il ranime mon âme;
allant dans la sombre vallée de la mort, je ne crains pas le mal car tu es avec moi.

Et le traité baptismal de l'Epître aux Romains (ch. 6) ne dirait-il pas la même chose ?
Nous avons été ensevelis avec lui [le Christ] par le baptême dans sa mort.

Et l'Epître aux Galates (3.27-28) ? Vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ. Il n'y a plus ni Juif, ni Grec, ni esclave, ni libre, ni mâle ni femelle. Vous tous n'ëtes qu'un dans le Christ Jésus.
Paul disant ailleurs Le chef de la femme, c'est l'homme (1 Co 11.3), et Esclaves, obéissez à vos maîtres (Eph 6.5), seule la mort peut réaliser une telle égalité ainsi qu'il est écrit :
Un même sort attend le juste et le méchant, l'homme pur et l'homme impur, le sacrificateur et le profane, le sceptique et le croyant. (Qo 9.2)

On peut légitiment se demander si la carrière de Triple Zéro n'est pas un ajout tardif au texte évangélique, ajout fait pour donner au nouveau Moïse qu'est Jésus un nouvel Aaron : Il adressera la parole au peuple en ton nom. (Ex 4.16)d'où : J'atteste que c'est lui l'élu de Dieu. (Jn 1.34)

Il suffit en effet de voir combien le collage est mal foutu :

1° le ou les auteurs des Epîtres n'ont jamais entendu parler du Baptiste: le baptême y est mis en relation avec la traversée de la mer Rouge par Moïse (1 Cor 10.2).

(addition 22.11.03) Paul prétend que les Hébreux ont été baptisés par la mer alors que nos textes canoniques les disent avoir traversé au sec. Si ce que j'expose plus haut sur un baptême post-mortem est exact, alors, pour Paul et sa secte, les Hébreux ont été noyés avec les Egyptiens, puis sont ressortis à l'état de fantômes, vivant de nourriture spirituelle et de breuvage spirituel, et subissant une sorte de purgatoire.
Dans l'Epître aux Hébreux, les chapitres 3 et 4 parlent d'entrer dans le repos de Dieu avec la même allusion au séjour dans le désert (3.18). Or, il est évident que, dans ces deux chapitres, ce repos désigne la mort (cf supra Ps 23).
Cette exégèse vient de Philon d'Alexandrie (+ 40), philosophe juif qui ne voyait dans la Bible que des récits symboliques.

2° Jésus ressuscite quelques morts de rencontre mais néglige de recoller la tête de son cousin.

3° Dans Marc, l'évangile réputé le plus ancien, les disciples se disputent en 10.35 sq pour savoir qui doit être baptisé en compagnie de Jésus (lors de la Passion!...), alors que Jésus l'est depuis le début (1.9). Or JB est déjà mort (6.14-29) et "ses disciples" l'ont mis au tombeau, et ce dernier passage est bizarrement inséré au milieu des tribulations de Jésus...

4° Dans Luc et Matthieu, JB débarque au milieu du récit pour faire demander à Jésus qui il est (Lc 7.18-22, Mt 11.2 sq), alors qu'il est censé l'avoir baptisé antérieurement sous une débauche de signes célestes (Lc 3.21-22, Mt 3.13-17). Pire : dans Luc, lorsque Jésus reçoit le baptême, l'agent Triple Zéro est déjà au trou! (3.20) Luc s'est-il vraiment farci 150 versets d'introduction pour commettre un tel cuir ? Et si JB était un essénien (thèse officieuse), allergique à l'hellénisme, que vient faire le mythe de Deucalion dans ce pathos ?

Je vous dis que Dieu peut, de ces pierres, susciter des enfants à Abraham.
(Lc 3.8; Mt 3.9)
Est-ce un simple jeu de mots entre eben ("pierre") et ben ("fils")?
(addition 22.11.03) Ces pierres désignent les païens, adorateurs d'idoles selon l'AT qui proclame que ceux-là adorent des statues et non ce qu'elles représentent (les prophètes ayant l'habitude de juger les Gentils sans les entendre).
Mais disait Phidias, sculpteur du Zeus d'Olympie : Nous donnons à nos dieux une forme humaine car nous n'en connaissons pas de plus belle. Il n'adorait pas plus une statue qu'un patriote n'adore un drapeau.
La parole du Baptiste annonce donc la conversion des Païens (cf Gn 22.18 : Par ta postérité [d'Abraham] seront bénites toutes les nations.). Mais est-ce une conversion au judaïsme ? Si Jéhovah est "le dieu d'Abraham, d'Isaac, et de Jacob", quid du dieu d'Ismael, fils d'Abraham, ancêtre des Arabes, et du dieu d'Esaü, fils d'Isaac, ancêtre des Edomites, dont les nations ne sont pas soumises à la Loi ?
Le Baptiste annonce donc la fin de la Loi. Encore une authentique parole prononcée après la destruction du Temple...

De plus, le Baptiste historique a, selon Flavius Josèphe, été emprisonné par Hérode pour agitation politique. Le motif des Synoptiques est un calque manifeste de l'histoire du prophète Samuel reprochant à David d'avoir envoyé à la mort Urie le Hittite pour lui faucher sa femme.

Dans le Nouvel Obs' hors série n°35 (Décembre 1999), on trouve ceci sous la plume de Mireille Hadas-Lebel (p. 19) : Antipas est connu pour ses aventures conjugales qui le conduisirent à mettre à mort Jean le Baptiste.
Mais dans son Flavius Josèphe, le Juif de Rome, on peut lire (p. 264) : Il (Josèphe) rappelait avec sympathie la prédication de Jean le Baptiste. Mais il n'établit aucun rapport entre lui et Jésus et donne pour seule cause de sa mise à mort par Hérode Antipas la crainte que son éloquence ne provoquât une sédition.
Traduction : Alors, mon cher Jean Daniel, tu veux vendre du petit Jésus à tes lecteurs et ne pas les bousculer ? D'accord, tant que tu me payes pour ça. Mais s'ils veulent vraiment être éclairés, qu'ils achètent mon livre.

Enfin, cerise sur le gâteau, les peintures des catacombes représentent toujours un Jibé adulte baptisant un Jésus d'une douzaine d'années! Et les Actes (13.25) lui donnent le temps d' "accomplir (eplhron) sa course", c'est à dire de mourrir de vieillesse... (cf 2 Tim 4.7)

Ci-contre, scène de la vie de Jésus gravée sur la reliure d'un évangéliaire du Vème siècle.

Je note à propos de ce baptême précoce que, si Jésus reçut l'Esprit à cette occasion (voir plus haut), on comprend qu'il puisse ensuite discuter avec les docteurs malgré son jeune âge (Lc 2.46). Plus tard, on baptisa Jésus à 30 ans mais l'épisode des docteurs fut conservé car compatible avec une naissance miraculeuse, cependant que ce trait devenait incompatible avec une descente de l'Esprit lors du baptême...

(addition 22.11.03) Simon (Pierre) est dit "fils de Jonas" (Bariwna, Mt 16.17) ou fils de Jean (uios Iwannou, Jn 1.42 & 21.15). Ce Jonas/Jean pourrait être Jean le Baptiste. Ce trait serait alors un résidu d'une version évangélique suivant la chronologie d'Alexandre de Jérusalem (cf supra). D'autre part, le nom de Jonas assonne avec celui du dieu-poisson Oannès, initiateur de Gilgamesh...

5° Tous les Juifs se précipitent sur une pratique que Moïse n'ayant jamais prêché serait regardé comme suspecte (Mc 1.5). Luc (6.30) ose même dire que refuser le goupillon, c'est rejeter Dieu!

6° JB ne croit même pas à la pérennité de sa trouvaille et ose le dire à ses clients! (Mc 1.8) Il annonce un baptême par l'Esprit Saint dont le sous-évangéliste Aristion de Pella ne parle même pas en fin de volume (Mc 16.9 sq)! Mais dans Selon Jean, Jésus, qui n'a sans doute rien compris, se met à baptiser à l'eau (3.22), alors que dans les Synoptiques, il ne baptise jamais personne.

7° Dans les Actes, "Luc" dit que ce baptême "dans l'Esprit Saint" a été prêché par Jésus lors de son dernier repas (Ac 1.4-5), alors que ce même (?) Luc oublie ce détail dans son Evangile (22.14 sq). Chez Jean, cet Esprit enseigne et ne baptise point (14.26). Aristion baptise sans précision de recette (Mc 16.16). Et chez Matthieu (28.19), le baptême se fait au nom de la Trinité (inventée au IVème siècle) : le faux est tellement flagrant que la note en bas de page exprime un doute sur son authenticité!

Notons aussi que les Apôtres des Actes ont la mémoire courte :
- ils demandent à Jésus de restaurer la Royauté (1.6) alors que celui-ci avait parlé de ruine du Temple et autres catastrophes (Mc 13 et parallèles).
- non contents de prêcher l'Evangile sans citer une parole de Jésus, ils lui en attribuent une de Jean-Baptiste (Ac 1. 4-5 / Lc 3.16).
- les Elohim gratifient Pierre d'une vision pour le décourager de manger casher (10. 9-16) alors que l'agent Jésus était censé lui avoir dit que "ce n'est pas ce qui entre dans la bouche qui peut souiller l'homme mais ce qui en sort." (Mt 15.11)

Les autorités locales ne sont pas mieux loties :
- les Apôtres se promènent librement à Jérusalem alors qu'ils sont censés avoir été complices d'une sédition.
- le gouverneur Festus ne sait pas qui est "un certain Jésus" (25.19) qui aurait retourné le pays vingt ans plus tôt...

Mais la palme de l'amnésie est remportée par l'apôtre Jean, bombardé auteur d'une Apocalypse où l'on lit : Qu'on lui rende au double de ses forfaits! (18.6), curieux résumé, on en conviendra, du message évangélique...

8° Dans Selon Matthieu, Pierre et André sont d'humbles pêcheurs de rencontre recrutés par Jésus au bord du lac de Tibériade (4.18). Dans Selon Jean, la rencontre a lieu aux sources du Jourdain et ces disciples sans qualification sont promus proches de JB (1.35) affectés au bureau de l'agent 001 (1.39). Une troisième version du recrutement des apôtres traîne au milieu des Synoptiques (Mc 3.13, Mt 10.1, Lc 6.12) pour faire de Jésus un nouveau Moïse (Ex 18.18, Nb 11.16). Matthieu et Luc corrigent Marc en insinuant que Jésus connaissait déjà ces apôtres. Marc dit que non. Il y a pourtant quatre recrues en Mc 1.16, une autre en 2.13, mais ces disciples sont tellement inactifs qu'on peut voir ici des corrections du Marc primitif.

9° Pour Matthieu, Jésus est soit plus grand que Triple Zéro (3.11, 10.37-39, 24.35), soit l'inverse (11.11-15, 21.26).

10° Les 150 premiers versets de Luc, qui présentent Triple Zéro, tirent leur substance du Protoévangile de Jacques avec bouleversement du scénario :
a) Dans PJ, Anne est la grand-mère de Jésus (4.2). Dans Luc, c'est une prophétesse qui prophétise moins que Siméon (2.38).
b) Dans PJ, Joseph est le tuteur de Marie (9.1), vierge consacrée au Temple (Ec 24.10 : Dans la Sainte Tente, en ta présence, j'ai officié). Dans Luc, il est son fiancé (1.27) et elle ne semble même pas au courant : quand Gabriel lui annonce, sans précision de délai, qu'elle enfantera, elle réagit en vierge consacrée (1.34).
c) Dans PJ, Siméon est le successeur de Zacharie (24.4) assassiné sur ordre d'Hérode (23.3). Dans l'introduction de Luc (mais pas dans la suite du récit, cf Lc 11.51...), Zacharie n'est plus assassiné, aussi le prêtre Siméon est il rétrogradé au rang d'homme pieux (2.25). Vient également de PJ l'étonnement du peuple devant le retard de Zacharie (Lc 1.21), le pauvre homme gisant dans son sang entre le trône et l'autel (Lc 11.51), alors qu'un ange (dans Luc) n'a pas besoin d'un quart d'heure pour prononcer sept phrases.

La Firme rétorquera que le Zacharie de Luc 11.51 est celui de 2 Ch 24.21, fils de Yehoyada, lapidé sur le parvis du Temple plusieurs siècles auparavant. Mais il n'existe à cet endroit de Luc que deux variantes manuscrites, l'une portant "Zacharie" et l'autre "Zacharie fils de Barachie" (cf l'édition en grec de Tischendorf-Nestle, p. 185).

On trouve un Zacharie fils de Barachie dans le Livre de Zacharie (Za 1.1) sans qu'il soit dit qu'il ait jamais été assassiné.

Et un Zacharie fils de Baruch a bien été tué "au milieu du Temple", mais en +70, durant le siège de Jérusalem (Josèphe, Guerre des Juifs, IV,5.4)... Aucune des deux variantes évangéliques ne porte "lapidé" (kataleumenon), mais l'une dit "fait périr" (apolomenou) et l'autre "assassiné" (efoneusan).

Les exégètes des diverses sectes chrétiennes qui veulent absolument qu'il ne s'agisse pas du Zacharie tué lors du siège de Jérusalem manquent autant de foi que de bonne foi : ainsi Jésus aurait pu prédire sa mort, sa résurrection, le siège de Jérusalem par Titus (Lc 21.20) et la ruine du Temple, mais pas le moindre épisode de cette guerre ?

 

Datation des textes du Nouveau Testament

- Mais si nous admettons cela, diront-ils, on nous opposera que Luc a lu Flavius Josèphe, publié vers l'an 100. Or Luc tient ses informations de Paul, mort en 67, lequel les tenait du Saint-Esprit (Gal 1.11; 1 Co 11.23; Eph 3.3). Luc n'aurait pas attendu trente ans pour rédiger son évangile!
- Et Luc aurait rédigé son Evangile vers 80, alors qu'il est ignoré de Justin vers 140 et mentionné pour la première fois par Irénée vers l'an 170 ? Menteurs!

Selon Léon-Dufour, "vers l'an 150, l'Eglise catholique possède tranquillement la sainte tétrade". Je constate plutôt qu'en 1963, Léon-Dufour ignorait les ignorances de Justin...

Selon Tresmontant (Le christ hébreu), il n'y a "pas un bout de texte, pas un cheveu" (p.23), "pas de trace, pas d'indice, pas d'allusion" (p.62) dans les Evangiles qui puisse faire croire à une rédaction postérieure à la destruction du Temple en 70. Je me demande bien sur quels évangiles il a travaillé :

- première Guerre juive (70)

Vois-tu ces grandes constructions ?Il ne restera pas ici pierre sur pierre qui ne soit renversée. (Mc 13.2, Mt 24.2, Lc 21.6)

Les Romains viendront et détruiront notre lieu saint et notre nation. (Jn 11.48)

Le roi fut courroucé et dépêcha ses troupes qui firent périr ces meurtriers et incendièrent leur ville. (Mt 22.6)

Argutie trouvée sur le Net (La datation des Evangiles, Philippe Rolland, La Revue Réformée)
Il s'agit d'un cliché littéraire et non d'une prédiction ex-eventu.

D'accord, mais rien dans la situation politique juive des années 30 ne permet de prédire une telle catastrophe en 70. Les Juifs arrivent à faire relever les gouverneurs qui leur déplaisent. En 41, Agrippa récupère le trône d'Hérode. Il faudra attendre l'incendie de Rome (64) pour que des fanatiques s'imaginent que c'est un signe du Ciel et qu'il est temps de mettre la Judée à feu et à sang. Ils commencent par écraser les troupes de Gallus en 66. Des volontaires juifs accourent de tout l'Empire persuadés que Dieu est à leurs côtés. S'il faut quatre ans aux Romains pour soumettre un pays grand comme l'Aquitaine, c'est que le moral des insurgés est plutôt bon. Peut-être vers 69 un prophète aurait pu dire : Les Romains ont massacré cinq cent mille Juifs ? Je sens que ça va mal finir...

Autre trouvaille de Tresmontant (p. 66) : Une communauté chrétienne aurait supporté que l'on dise que les armées de César sont les armées de Dieu !

Non seulement, elle l'aurait "supporté", mais elle aurait admis cela sur la foi de la Bible (Dt 26.47) : Puisque tu n'auras pas servi Yahvé ton dieu dans la joie et le bonheur que donne l'abondance de tout chose, tu serviras les ennemis que Yahvé enverra contre toi.

Il y a même deux détails, "deux cheveux", comme dit Tresmontant, dans l'épisode des marchands du Temple :

- une citation d'Isaïe volontairement tronquée par Matthieu et Luc :
Ma maison sera une maison de prière pour tous les peuples. (Is 56.7)
Les mots soulignés ne pouvaient décemment pas être cités après que Vespasien soit venu tout casser...
- quant à la "caverne de brigands", Jérémie (7.11) se sert de cette expression dans un discours où il explique pourquoi des armées viennent du nord ravager la Judée...

Addition (01.05.03) : on peut ajouter deux autres détails.

1) Luc fait dire à Jésus, lors de son entrée à Jérusalem :

Si ceux-ci [les disciples] se taisent, les pierre crieront. (19.40)

Cette expression vient d'Habaquq (2.11) :

C'est la honte de ta maison [celle du conquérant] que tu as décidé.
Causer la fin de nombreux peuples est une atteinte à ta propre vie.
Oui, la pierre du mur criera et la poutre du bois lui répondra.

C'est une diatribe contre les Chaldéens, paraît-il, mais qui peut aussi bien s'appliquer aux Séleucides qu'aux Romains (comme l'a fait la communauté de Qumran). Dans le texte de Luc, cela veut dire : Si vous ne m'écoutez pas à travers mes disciples, les Romains viendront vous châtier. Les ruines de votre ville pourront bien implorer le Ciel, le bois de ma croix témoignera contre vous. C'est ce que dit la suite du texte en d'autres termes.

(Suite venant peut-être d'une source plus ancienne, car elle châtie les Juifs pour n'avoir pas écouté Jésus de son vivant - c'est à dire qu'il serait mort peu avant 70 - alors que le verset 40 leur enjoint d'écouter ses disciples, c'est à dire leur donne un délai d'une génération.)

2) Il est écrit dans Ezéchiel (46.15) que les sacrifices du Temple sont éternels. Or Jésus dit, dans Marc (1.15) : Le temps est accompli et le règne de Dieu est proche. Pour prêcher cela, il faut que les sacrifices du Temple ne soient plus. Matthieu et Luc ont bien saisi le bug puisqu'ils suppriment cette formule de leurs évangiles...

Mais il est intéressant de trouver ceci dans Paul :

Quand vint l'accomplissement des temps, Dieu envoya son fils. (Gal 4.4) Lui qui tire tous ses raisonnements des Prophètes, peut-il avoir ignoré Ezéchiel ? Non. Par conséquent les épîtres sont postérieures à l'an 70, voire à 138. Si l'orthodoxie les date d'avant 60, ce n'est pas d'après leur contenu mais parce que les Actes prétendent que Paul a vécu au premier siècle (à en croire les noms des gouverneurs romains cités). Mais les Actes disent ceci (7.14) : Nous l'avons entendu dire que Jésus détruira ce lieu [le Temple]
et changera les usages que Moïse nous a légués.

Donc les Actes sont du second siècle, comme le reste.

Mais on objectera que les Actes peuvent avoir été écrits au second siècle et relater des événements réels du premier siècle. Vraiment ? Si c'était le cas, comment l'auteur de l'Epître aux Galates, du second siècle, pourrait-il écrire que Jacques et Céphas sont ses contemporains ?

Si les Céphas et Jacques de l'Epître aux Galates sont du second siècle, on comprend mieux la désinvolture de Paul à leur égard (cf infra, chapitres écrits avant celui-ci)

On peut objecter aussi que, dans la même phrase, Paul dit que Jésus est né sous la Loi. Même si l'on considère que la ruine du Temple abolit la Loi, cela implique une Incarnation antérieure à 70. Certes, mais comme nous l'avons vu plus haut, la date de l'Incarnation dépend de spéculations théologiques. Quelque soit la date retenue, cela ne nous dit rien sur l'époque où cette date a été calculée.

Il ne faut pas oublier que le christianisme primitif est une nébuleuse de sectes. Les épîtres ne sont pas seulement des traités théologiques contre le paganisme (peu) et le mosaïsme (beaucoup), mais aussi contre les autres variétés de christianisme. Ainsi les nicolaïtes (Ap 2.15) sont des pauliniens. Pour l'auteur de l'Apocalypse, Jésus est un agneau (Ap 5.7). Pour Paul, c'est un Fils d'homme, d'après le prophète Daniel. Mais le prophète Daniel le fait descendre des nuées à l'état adulte, d'où l'absence de récits de l'enfance de Jésus dans les plus anciens évangiles, et son corps éthéré dans certains passages. Mais si le Christ possède un corps éthéré, il n'est pas soumis au péché. C'est pour cela que Paul précise né d'une femme (Gal 4.4). Car le péché étant entré dans le monde par le fait d'un humain (Rm 5.12, anqropos), le Rédempteur est forcément un humain. Pour écrire cela, on n'a pas besoin d'avoir mené une enquête sur des événements qui seraient survenus en Galilée (Ce n'est pas d'un homme que j'ai appris mon évangile, Gal 1.12).

Cependant, on trouve aussi un Christ-agneau dans les Epîtres : Le Christ, notre Pâque, a été immolé. (1 Co 5.7). Mais on trouve aussi : Nous prêchons un Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les Gentils. (1Co 1.23). Reste à savoir si cette phrase n'est pas une interpolation car le reste du texte oppose "Juifs et Grecs", et non "Juifs et Gentils".

Autre interpolation possible : Nous sommes des Juifs de naissance et non de ces pécheurs de Gentils. (Gal 2.15) Comment ceci peut-il s'accorder avec Tous ceux qui se réclament de la pratique de la Loi encourent une malédiction. (Gal 3.10) ?

Notons aussi que ces Juifs et ces Grecs peuvent très bien être des groupes chrétiens, respectivement des sectes de Céphas et d'Apollos (1.12), divergeant sur des points qui nous sont inconnus mais d'accord pour dire à Paul que l'Agneau doit être immolé (à l'horizontale) et non crucifié (à la verticale). Ça a l'air d'une broutille vu de l'extérieur, mais pour modifier un rite, au risque de déplaire à un dieu, il faut avoir de sérieuses raisons théologiques. Même en admettant qu'Apollos et Céphas soient d'accord pour rejeter le Christ-agneau de la secte de Jean de l'Apocalypse, un Christ-homme n'est il pas un nouvel Isaac ? Et si un agneau a été substitué à Isaac, cela ne prouve-t-il pas qu'Isaac était sur l'autel dans la même position que l'agneau pascal ? Ce à quoi Paul rétorque qu'il faut un Christ-homme pendu au bois. Et ce non pour perpétuer un souvenir historique qu'il ignore, mais pour défier la Loi (Maudit soit l'homme pendu au bois. Dt 21.23/Gal 3.13) et prouver ainsi qu'elle est morte.

Ce changement de rite pose un autre problème. Si vous adorez un dieu-taureau, vous immolez un taureau pour célébrer votre dieu (Ex 24.8). Si vous adorez un dieu-agneau, vous immolez un agneau (Ex 12.6). Mais si votre dieu se fait homme...

Fin de l'addition.

- deuxième Guerre juive (138)

Quand vous verrez l'abomination de la désolation dressée où il ne faut pas
- que celui qui fait la lecture aux fidèles comprenne -
[il s'agit de l'installation par Hadrien d'une statue de Jupiter dans le Temple restauré par ses soins]
alors que ceux qui sont en Judée fuient dans les montagnes. (Mc 13.14)

Autre trace, plus subtile, de la destruction de la Judée :

Une génération mauvaise et adultère réclame un signe.
Et aucun signe ne lui sera donné si ce n'est le signe du prophète Jonas.

(Mt 12.39; Lc 11.29 ; le "signe de Jonas" est la conversion des Gentils et non la remontée de Jésus des Enfers)

Car il est écrit que
les enfants d'adultère n'atteindront pas leur maturité. [...]
Car la fin d'une race injuste est cruelle.
(Sg 3.16-19)

On objectera qu'un autre propos de Jésus dit le contraire :

Pourquoi cette génération demande-t-elle un signe ? En vérité, je vous le dis, il ne sera pas donné de signe à cette génération. (Mc 8.12)Ce qui veut dire que c'est la génération suivante qui recevra un signe en la personne de Titus et de ses armées. Mais il était assez indéfendable de reprocher aux Juifs de ne pas s'être convertis sans leur donner de signes de la divinité de Jésus. D'où le "signe de Jonas" comme preuve dans la correction que fait Matthieu (16.4) de ces propos. Mais je ne comprend pas pourquoi les miracles ne sont pas invoqués ici comme "signes" alors qu'ils le sont dans les Actes (2.22)...

- développement du christianisme hors du judaïsme :

Le maître de la vigne (Dieu) fera périr les vignerons (les Juifs) et donnera la vigne à d'autres (les Gentils). (Mc 12.9, Mt 21.41, Lc 20.16)

Les collecteurs d'impôts et les prostituées vous précèdent dans le Royaume de Dieu.
(Mt 21.31) Les collecteurs d'impôts sont les Romains, et les prostituées sont les païens en général, dont la Bible traite la religion de prostitution.

Nombreux sont les convives et peu sont les élus. (Mt 22.14)

Les premiers (les Juifs, élus depuis Abraham) seront les derniers et les derniers (les Gentils) seront les premiers. (Mt 20.16)

Le IVème livre d'Esdras, écrit bien avant la catastrophe de 70 contient l'original de cette dernière parabole avec un jugement moins favorable au Gentils :

Mon jugement sera comme un cercle : il n'y aura ni avance pour les premiers, ni retard pour les derniers. (V, 42)

Mis à part le fait que, dans la parabole de Matthieu, il s'agit de rétribution et non de jugement, il faut bien constater que la sentence du IVème Esdras correspond mieux au texte de la parabole que la sentence de Matthieu...

La parabole des invités qui ne viennent pas au banquet dit la même chose (Mt 22 / Luc 14.15 sq).

(22.11.03) Mais, en épluchant le texte d'un peu plus près, je relève des différences notables et incompatibles. Pour Matthieu, l'invitant est un roi (Dieu) qui annonce les noces de son fils (Jésus) [avec Israël, cf Is 62.5] par la voix de plusieurs serviteurs (les Prophètes, v. 6). Les premiers invités sont les Juifs qui massacrent les Prophètes. Dieu fait détruire Jérusalem par Titus (v. 7). Puis il envoie d'autres serviteurs (les Apôtres, v. 9) auprès des Païens (v.10).

J'avais d'abord souscrit ici à une interprétation empruntée à Boismard (me semble-t-il) :

L'invité qui ne porte pas la robe nuptiale, et qu'on jette dehors, est un Juif qui s'est glissé parmi les convives (aucun invité ne porte d'habit de noce puisqu'ils ont été ramassés sur les routes, mais le Juif aurait dû avoir le sien puisqu'il avait été prévenu avant).

Mais si l'habit de noce est celui des baptisés (cf Ap 3.15, 7.9), alors il s'agit de n'importe quel non-chrétien. Et l'enfer (v. 13) est une sanction logique de l'incrédulité.

Et je reviens ici à mes remarques sur le baptême post-mortem. On lit au verset 10 :

Kai eplhsqh o numfwn anakeimenon.
Et fut remplie la chambre nuptiale de consacrés.
La version latine donne :
Et impletae sunt nuptiae discumbentium.
Et remplies sont les noces de couchés (à table ou au lit)
Chouraqui :
Lagrange :
T. J. :
Et les noces se remplissent de convives.
Et la salle de noces fut remplie de convives qui se mirent à table.
Et la salle des cérémonies nuptiales se trouva remplie de gens étendus à table.

Ces gens-là n'ont pas lu le texte grec ou quoi ? En admettant qu'il s'agisse de "couchés" (mon dico Bailly donne "consacrés", mon dico Georgin "couchés" ou "consacrés"), une chambre nuptiale n'est pas une salle de noces! Et ces gens qui s'extasient devant la couleur locale des Evangiles (mon oeil!) imaginent qu'en climat méditerranéen on installe les banquets de noces dans des salles...

Evidemment, inviter tous les convives à coucher dans la chambre nuptiale, ça les gêne aux entournures...

Mais si cette chambre est un royaume céleste (cf Heureux qui prendra son repas dans le royaume de Dieu! dans la version parallèle de Luc), on y entre mort, en robe de baptême, pour s'y coucher...

Luc change totalement le sens. Ce n'est plus Dieu le Père ("un roi") qui invite, c'est Dieu le Fils ("un homme"). Ce n'est plus une noce (le baptême), c'est un repas (la Cène). L'invitant n'a qu'un serviteur (Paul ? Le Christ ne m'a pas envoyé baptiser mais annoncer l'Evangile, 1 Cor 1.7). Les premiers invités sont tout aussi Juifs que chez Matthieu, mais ils ont le tort de tenir à leur religion ("J'ai acheté un champ (l'AT) que je vais aller voir"; "je vais étrenner cinq paires de boeufs" (cinq = le Pentateuque), "j'ai pris femme" (j'ai épousé Israël, cf Isaïe). Alors on invite tous ceux qui sont interdits d'accès au Temple (estropiés, aveugles, boîteux) et on convertit de force les Gentils (Contrains-les d'entrer.) Quant aux Juifs, en récompense de leur fidélité à la Loi, ils sont excommuniés à jamais (v. 24)

Dans ce contexte, traduire Beaucoup sont appelés et peu sont élus et interpréter cela comme un appel individuel à la vocation est un contresens tiré de la version latine du passage (vocati où il aurait fallu convivae, le grec klhtoi signifiant "invité", "convoqué", ou "choisi"). Le Deutéronome dit : Vous serez réduits à un petit nombre après avoir été aussi nombreux que les étoiles des cieux car vous n'aurez pas écouté la voix de l'Eternel, votre dieu. (Dt 28.62)
Il faut donc lire : Peu seront les (anciens) Élus et nombreux seront les (nouveaux) convives.

Notons aussi que les Evangiles s'en prennent surtout aux pharisiens car c'est le seul parti juif à avoir survécu à la ruine du judaïsme palestinien et à concurrencer les chrétiens au sein de la Diaspora...

J'ignore si les prêtres et les pharisiens étaient aussi mauvais que le disent les Evangiles, mais les évangélistes ne pouvaient avoir de doute à ce sujet car ils avaient lu les Prophètes :

Il couvent des oeufs de basilic,
Et ils tissent des toiles d'araignée.
Celui qui mange de leurs oeufs meurt;
Et, si l'on en brise un, il sort une vipère.
(Is 59.5 / Mt 3.7 ; Lc 3.7)

Quant au peuple, s'il approuve les discours de Jésus Et un foule nombreuse l'écoutait avec plaisir. (Mc 12.37) c'est que les prophètes ne lui ont pas laissé le choix : Les humbles entendront et se réjouiront. (Ps 34.2)

 

L'affaire Lazare et autres bugs troublants

Petite parenthèse sur la résurrection de Lazare : comment Jésus peut-il être "le premier-né d'entre les morts" (Ap I.5, Col I.18) s'il ressuscite Lazare avant sa Passion ? Cet épisode ne devrait-il pas être situé après la résurrection de Jésus ? N'est-ce pas ce que veut dire l'évangéliste en précisant que Lazare est au tombeau depuis quatre jours, s'apprêtant ainsi à ressusciter le quatrième jour, Jésus étant ressuscité le troisième jour ? Et si le mort s'appelle Lazare ("Dieu est mon secours", Ex 18.4), c'est précisément pour recevoir un coup de main : "De profundis..." (Ps 130)

Sur cette gravure, comme sur d'autres représentations paléo-chrétiennes, Jésus tient une baguette dont il n'est fait nulle mention dans l'Evangile actuel. Je suppose que Lazare étant un type du disciple ou du croyant, et que, les disciples étant aussi appelés "enfants", il y un rapport avec le proverbe biblique (Pr 23.13-14) : Ne ménage pas à l'enfant la correction ; si tu le frappes de la baguette, il n'en mourra pas. Si tu le frappes de la baguette, c'est son âme que tu délivreras du shéol.

Selon Jacques Duquesne (Jésus, p. 169), la mention du quatrième jour évoque "un délai légal pour un constat de décès", mais il se garde bien d'expliquer pourquoi ce délai n'est pas mentionné pour la fille de Jaïre et le fils de la veuve... et encore moins pour Jésus!

Je note au passage que ce Jaïre, chef de synagogue, se trouve dans l'Ancien Testament en chef de la tribu habitant la région (Dt 3.14, Jos 13.30, Jg 10.3)...

L'auteur du troisième évangile, paraît-il disciple de Paul, a bien saisi la difficulté. Aussi fait-il passer Lazare directement de la Terre aux Cieux en évitant de le ressusciter (Lc 16.19 sq)...

(Cette parabole est tirée du conte égyptien de Satni;
cf Maspéro, Contes populaires de l'Egypte ancienne)
Ceci implique qu'il connaissait l'évangile de Jean, ou tout au moins ses sources.

Il n'existe en effet aucune peuve que le quatrième Evangile soit le plus récent, ce qui ne l'empêche pas d'être bien plus tardif que ne le disent les chrétiens (qui tiennent à ce qu'il ait été rédigé par un témoin oculaire des exploits de Jésus). D'un point vue de critique externe, Théophile d'Antioche en parle le premier vers 160 (tandis que les trois autres sont mentionnés pour la première fois par Irénée). Pour la critique interne, on y trouve une allusion à Bar Kochéba, reconnu Messie par Rabbi Akiba, et écrabouillé par Hadrien en 135 :

Je suis venu au nom de mon Père et vous ne me recevez pas;
Qu'un autre vienne en son propre nom, celui-là vous le recevrez.
(5.43)

On objectera que l'Evangile selon Marc en parle aussi :

Quand vous verrez l'abomination de la désolation dressée où il ne faut pas
- que celui qui fait la lecture aux fidèles comprenne -
alors que ceux qui sont en Judée fuient dans les montagnes.
(13.14)

Cependant, le Selon Jean fourmille de caractères archaïques :

- Jésus y est immatériel : il est descendu du ciel (3.13, 6.38; on m'opposera 1.14, "le Verbe s'est fait chair", mais cela ne parle pas plus d'une naissance humaine que l'"image de chair" (omoiomati sarkos) dont Paul affuble son Christ (Rm 8.3), et jamais il ne mange (4.34) ni ne boit (la soif de Jésus en croix, en 19.28, s'oppose à 7.37). Quand on veut se saisir de lui, il disparaît (8.59 & 12.36 : ekreo = disparaître et non "se dérober" = apodidrasko).

On trouve une trace de cette immatérialité dans Luc : Ils le poussèrent hors de la ville [jusqu'au sommet d'une montagne] pour l'en précipiter, mais lui, passant à travers eux (dielqwn dia mesou autwn), s'en alla. (4.28-30)
("Au milieu" au sens de "entre les membres du groupe" se dit eis mesou autwn)

Cette immatérialité est logique puisque Jésus est Dieu lui-même (10.30): Moi et le Père sommes un.

A moins que, selon un autre des authentiques propos du Christ rapportés dans le même Evangile, ce soit faux : Le Père est plus grand que moi (14.28).
Mais il dit aussi : Qui m'a vu a vu le Père (14.9), donc il est bien le Père.
Et cependant, il est envoyé du Père (8.42) donc il n'est pas le Père.
Mais il est la source d'eau vive (4.14), donc il est bien le Père (Jr 2.13).
Mais il est la lumière du monde (9.5), donc il n'est que l'oeuvre du Père (Gn 1.3)
Il dit aussi : Avant qu'Abraham fut, je suis. (8.58)
L'emploi du présent signifiant son éternité, il est bien le Père.
Mais s'il est le Fils d'homme (9.35, cf Dn 7.13), il n'est pas le Père.
Mais il est la Porte (10.7) et le Pasteur (10.11), donc il est le Père (Ez 48.30 sq et 34).
Mais son âme peut se troubler (12.27), donc il n'est pas le Père.
Il donne et reprend la vie (10.18), donc il est le Père.
Son Père envoie le Paraclet (14.26), donc il n'est pas le père.
Il envoie lui-même le Paraclet (15.26), donc il est le Père.
Il se rend témoignage (8.13), donc il est le Père (Gn 22.16).
Mais il dit que ce témoignage qu'il se rend ne vaut pas (5.31), donc il n'est pas le Père.

Etc...

Pour savoir ce qu'est vraiment le Fils, on recense tous les autres passages de ce genre et on vote à la minorité des voix (car les premiers seront les derniers...)

- le Jésus de Selon Jean est-il vraiment un être humain ? Ou est-ce un agneau ? Il y a en effet quantité de dieux ayant connu une forme animale avant d'être humanisés, leur forme animale devenant leur compagnon ou un de leurs avatars. Ainsi le faucon pour Horus, le taureau pour Apis et pour Jéhovah (Ex 32.4, 1 R 12.28), le cheval pour Poséidon, l'aigle pour Zeus, la chouette pour Athéna, le cygne pour Apollon, la biche pour Artémis, sans parler des dieux mineurs, demi-dieux, et héros, comme la brebis Rachel, le lion Samson et les ânes Midas et Marsyas...

De même le pigeon qui transmit le Saint-Esprit à Jésus lors de son son baptême est l'oiseau d'Astarté, alias Ishtar-Déméter-Cybèle-Isis, alias la Bonne Mère, alias Achamoth, alias le Saint-Esprit, alias la Vierge Marie.

Or, Jean le Baptiste présente deux fois Jésus ainsi (Jn 1.29 & 35) :

Voici l'agneau de Dieu.

Pour lever l'ambigüité, il est bien écrit aussi (1.30) :

C'est de lui que j'ai dit : "Il vient après moi un homme qui est passé devant moi". mais cette phrase renvoie à un "j'ai dit" (1.15) qui renvoie à un autre "j'ai dit" que Jibé n'a jamais dit... D'ailleurs, la présence de Jibé dans le Prologue de Jean est une addition : sa présentation en 6-8 rompt le récit des aventures du Verbe, comme le "témoignage" du verset 15 casse le rythme des versets 14-16 (les versets 16-18 faisant alors partie du témoignage du Baptiste, avec des notions qu'il tait par la suite...) Notons aussi que le Jésus de l'Apocalypse, le texte le plus ancien du canon actuel, est un agneau à sept yeux (Ap 5.7 & 7.10)... On apprend dans cette Révélation que le Seigneur fut crucifié à Sodome (11.9). La Firme explique que c'est "un nom symbolique pour Babylone, c'est à dire Rome." Jésus aurait donc été crucifié à Rome ? Sottises ! Si le Seigneur est l'Agneau et qu'il a été crucifié à Sodome, c'est qu'il y a une faute d'interprétation de l'original de l'Apocalypse écrit en hébreu : les lettres hébraïques SDM ressemblent à PTM, "Pitom" (Ex 1.11), où fut mangée la Pâque d'Egypte.
Si l'agneau de Pâque est "crucifié", c'est parce qu'il est rôti sur deux baguettes transversales.

C'est dans ce contexte sacrificiel qu'il faut comprendre Paul :
Le Christ, notre Pâque, a été immolé. (1 Co 5.7)

- autre curiosité de cet évangile prétendûment rédigé par un seul auteur (ce qui n'infirme pas son caractère archaïque, bien au contraire) : son désordre rédactionnel.

Ainsi, Jésus aurait révélé sa divinité aux Judéens (10.30) avant de la confier à ses disciples (14.9).

Il aurait viré les marchands du Temple en pleine Pâque (2.13-25), alors que les pèlerins achètent des animaux à sacrifier, et nul ne lui reproche dans la suite du récit.

Après avoir papoté avec Nicodème (subitement pharisien, à la manière des Synoptiques, et non Judéen ; cf aussi 8.13/8.22, 9.24/9.40), il quitte Jérusalem pour... la Judée! Dans quelle contrée se situe Jérusalem, d'après vous ?

Ensuite, il quitte les bords du Jourdain pour la Galilée voisine, et il lui faut traverser la Samarie (4.4)!

Après avoir fait une guérison en Galilée, il retourne à Jérusalem, y guérit un paralytique (5.9), se dispute avec les Judéens à ce propos (5.10-18), se lance dans un grand discours (5.19-47), va faire distribuer des pains en Galilée (6), refuse de monter à Jérusalem (7.8), change d'avis, y va (7.10) et en profite pour finir le discours sur le paralytique (7.19b-23)!

Nouveaux discours, puis il pardonne à une femme idolâtre (8.2-11, car un "adultère" sans mention d'un amant quelconque est, en langage biblique, une idolâtrie) en ayant affaire non à des Judéens mais à des scribes et des pharisiens, à la manière des Synoptiques. Comme cette attaque contre la loi mosaïque n'émeut pas les Judéens, Jésus peut reprendre ses discours... devant un auditoire qui est rentré chez lui (cf 8.9 / 8.12)!

On pourra objecter que le discours sur la femme adultère vient de l'Evangile selon les Hébreux, et que selon le Codex Bezae il est dans Marc entre 12.17 (le denier de César) et 12.18 (discours sur la possibilité de ressusciter), ou entre 12.34 et 12.35 selon d'autres manuscrits.

Devinette : pourquoi Jésus se met-il à écrire sur le sol (Jn 8.6) ?
Commentaire de ma bible catholique : Le sens de ce geste est obscur.
Selon Daniel Rops et Jean Potin, c'est un truc pour se concentrer.
Pas de commentaire chez JP Roux (Jésus, bon ouvrage par ailleurs), ni dans Klausner, ni chez Duquesne, etc.

Or il est écrit dans Jérémie (17.13) : Ceux qui se seront éloignés de moi seront inscrits dans la terre. Donc Jésus-Dieu inscrit dans la terre ceux qui ont tout autant péché par idolâtrie que l'accusée (car il ne s'agit pas du péché en général : comment pourrait fonctionner une société si celui qui a commis une bagatelle ne peut pas juger un meurtrier ?) Et comme la Bible accuse les Juifs d'idolâtrie à longueur de pages...

Nouveau miracle : Jésus guérit un aveugle. Insertion de pharisiens en 9.13-17 et 9.22-23.

Attaque contre Moïse : l'aveugle est convoqué deux fois de suite par des Juifs incrédules, tel Moïse frappant deux fois le rocher (Ex 17.6 ; Nb 20.11)

Puis discours du Bon Pasteur (10) arrivant comme un cheveu sur la soupe.

En 10.22, subite arrivée de l'hiver qui sera suivi de l'automne en 12.13.

En 10.40, Jésus prend ses quartiers d'hiver au delà du Jourdain et en profite pour ressuciter Lazare à Béthanie, un bled voisin de Jérusalem!

En 11.54, il file vers le nord, vers Ephraïm, "région voisine du désert"... sauf sur la carte fournie en annexe de ma Bible.

Retour à Jérusalem avec entrée triomphale (12.13). Au lieu de haranguer la foule, Jésus papote avec ses disciples (12.23)! En fait, les versets 19-22 sont une insertion : pourquoi Dieu irait-il applaudir bruyament (28) un petit conciliabule ?

Petite remarque sur cette insertion de disciples : une autre énorme différence entre Jean et les Synoptiques est que les discours de Selon Jean s'adressent presque toujours aux foules tandis que ceux des Synoptiques s'adressent surtout aux disciples et rarement aux foules. Y a-t-il eu un Proto-Jean sans le moindre disciple ? Car Salomon, n'avait pas de disciples, lui qui est dit l'Ecclésiaste, "celui qui prêche à la foule".

Quoi qu'en grattant bien les couches rédactionnelles de Marc, on trouve aussi un Proto-Marc sans disciples....

Ensuite, Jésus se proclame la lumière puis subit une panne de secteur (12.36).

La foule s'évapore et Jésus se retrouve à table, où il oublie d'instituer l'eucharistie!

Il paraît qu'il l'aurait précédement instituée en pleine synagogue (6.51-59) au grand scandale de certains de ses disciples qui l'auraient quitté (6.66). Et il ne lui serait resté plus que douze disciples alors qu'il n'en avait recruté que quatre ?

(André (1.40), Simon (1.42), Philippe (1.43), et Nathanaël (1.50) + le narrateur, non recruté, mais qualifié de "disciple que Jésus aimait")
Soit Jésus + 5 disciples = 6 jarres de pierre (*) pouvant changer l'eau des lois de Moïse (2.6) en vin nouveau de l'Evangile.
(*: ce n'est pas par hasard si ces jarres ne sont pas en terre cuite mais faites du même matériau que les Tables de la Loi...)

Parmi ces sept disciples surnuméraires, le sieur Judas qui dans nul évangile canonique n'est officiellement recruté par le Messie et est inconnu des Epîtres de Paul. Selon l'Evangile de Jacques, il n'était pas disciple mais membre du Sanhédrin (Nicodème a mieux tourné). Il devint ensuite pote à Jésus :

Si encore un ennemi m'insultait, je pourrais le supporter;
si contre moi s'élevait mon rival, je me cacherais de lui.
Mais toi, un homme de mon rang, mon ami, mon intime,
à qui m'unissait un doux commerce dans la maison de Dieu!
(Ps 55. 13-15)
Puis il eut l'idée de le trahir pendant un repas : Celui qui mangeait mon pain
a levé contre moi son talon.
(Ps 41.10 in Jn 13.18)
Et enfin de cafarder d'un bisou quelqu'un qui avait prêché à la vue de tous : Loyales sont les bourrades d'un ami,
menacants les embrassements d'un ennemi.
(Pr 27.6)
Je ne doute pas un instant que les Extra-terrestres communiqueront sous peu au sieur Raël les archives de cette mission afin que l'on s'y retrouve enfin...

En ce qui concerne les cinq apôtres de Selon Jean, on m'objectera que la multiplication des pains du chapitre six, quoique ne mentionnant effectivement que ces cinq là, produit un surplus de douze corbeilles, symbole de douze apôtres partant évangéliser la Terre. Mais il s'agit là encore d'une importation des Synoptiques, car peu après ce miracle, le récit porte :

Quel signe vas-tu nous faire voir pour que nous te croyions? Quelle oeuvre accomplis-tu? Nos pères ont mangé la manne au désert, selon le mot de l'Ecriture : Il leur a donné à manger le pain venu du ciel. (6.30-31) Et Jésus ne répond pas : Dites-donc! Mon pique-nique ne vous a-t-il pas suffit ?
Mais : Je suis le pain de vie : mangez-moi! Car il était écrit : Goûtez et voyez comme Dieu est bon. (Ps 34.8)

Retour à la Cène : au milieu de son prêche, Jésus s'en va avec ses invités (14.31 : Partons d'ici!) et le Verbe continue à causer tout seul pendant 86 versets! Aucun scénariste de film sur Jésus n'a rapporté cette scène : quel dommage! Imaginez la paire de lèvres du Rocky Horror Picture Show chantant, sur l'air des Platters :

Oh yes! I'm the great vine-grower :
I cut unfruiful judean boughs.
I set a new tree for my Father.
I wear my thorns in a crooooown....
Suite des archaïsmes :

- Jean oppose le royaume du nord, Israël (cf 1.47), au royaume de Juda (les ennemis de Jésus n'y sont pas particulièrement "pharisiens" mais surtout "Judéens", que l'on traduit abusivement par "Juifs" pour reprocher ensuite à l'auteur d'être antisémite...). Quand les Judéens arguent que le Messie doit venir de Bethléem (7.42), Jésus ne brandit pas l'extrait de naissance dont le gratifient les premiers chapitres de Luc au mépris de ce que dit ce même Luc (20.42), ainsi que Marc (12.36) et Matthieu (22.43), contre l'ascendance davidique du Messie, pas plus qu'il n'a dit à Nathanaël qu'il n'est pas né à Nazareth... Cependant, il a la cote auprès des Galiléens (4.45) alors qu'il n'est pas censé "être prophète en son pays" (4.44) : ce verset-ci sort visiblement des Synoptiques.

Autre parenthèse sur Luc : si Jésus y dit que JB est le plus grand des "enfants des femmes" (7.28), c'est qu'il n'est pas lui-même né d'une femme... dans la version de Luc qu'a Marcion vers l'an 150, et qui débute au verset 4.31 où Jésus descend du ciel sur Capharnahum (cf l'ouverture des cieux d'Isaïe 64, et Mt 4.13 où cette descente du ciel se fait sous forme de flash). Comme Jésus "descendait", on logea Nazareth sur une montagne (Lc 4.29 : oros, et non bounos, colline), tout en laissant "sa ville" (Mt 9.1), "sa patrie" (Mt 13.53 ; Mc 6.1) se trouver au bord d'un lac (Mt 9.1, 13.1, 14.13 ; Mc 6.32)...

La Nazareth actuelle n'a ni lac, ni montagne...

Le choeur des soucoupolâtres :

- Ah! Jésus est donc descendu d'une soucoupe volante qui survolait Capharnahum! C'est Raël qui débloque avec ses histoires de bébé-éprouvette : qu'est-ce qui prouve qu'on puisse implanter un embryon de Martien dans une Terrienne ? Je note encore une bizarrerie : Jésus, quoiqu'ayant Capharnahum pour domicile, prétend que le Fils de l'Homme n'a pas où poser sa tête. (Mt 8.20 / Lc 9.58) Cette trouvaille devait griller sa crédibilité car il était écrit : Qui se fie à un voleur qui court de ville en ville ? Tel est l'homme qui n'a pas de nid et s'arrête là où la nuit le surprend. (Si 36.27-28)

La firme : C'est étudié pour! Car, effectivement, s'il doit finir empalé, autant qu'il prêche en paraboles pour éviter la conversion de son auditoire (Mc 4.12 & //) et qu'il s'offre un CV inspirant la défiance...

Retour à l'ancienneté de Selon Jean :

- le fils du centurion des Synoptiques y est un fils de fonctionnaire royal, comme si cela se passait lorsque les Romains n'occupaient pas encore le pays...

- Jésus s'y réclame de Moïse (5.46) et condamne la royauté (6.15). Ceci est une référence aux bénédictions de Moïse (Dt 33) où Juda est un usurpateur (33.7), la meilleure part allant à Benjamin (tribu de l'apôtre Paul et du roi Saül, 1 S 9.21, roi qui sera renversé par David, de Juda), bénédictions qui s'opposent à celle de Jacob (Gn 49) où Juda est le titulaire légitime d'une monarchie qui naîtra cinq ou six siècles plus tard, selon les textes eux-mêmes.
Cette référence aux bénédictions de Moïse est-elle en contradiction avec la référence à Moïse et à son rocher notée plus haut ? Ou le parallèle avec la désobéissance de Moïse qui lui coûta l'entrée en Canaan est-il à faire avec la destruction de Jérusalem par les Romains en punition du meurtre de l'Agneau de Dieu ?

A moins que l'évangéliste ait travaillé sur une version de l'Ancien Testament que nous ne possédons pas, sans séjour en Egypte ni à Babylone, sans occupation perse, ni grecque, ni romaine (Jn 8.33) :

Nous sommes de la race d'Abraham et jamais nous n'avons été esclaves de personne.
(Traduction unanime massacrant le français en empilant les négations;
kai oudeni dedouleukamev pwpote, Et à nul asservi jusqu'ici.)

Passe encore que certains Judéens aient contesté l'historicité des aventures de Moïse pour les raisons étudiées plus haut, les bénédictions de Jacob leur suffisant largement, et que l'occupation étrangère ne puisse être assimilé à l'esclavage, il reste la déportation à Babylone : l'évangéliste considère-t-il que son récit se déroule avant la déportation à Babylone ? Josué-Jésus serait-il ressuscité dans quelque part entre la conquête de la Terre Promise et l'an -598 ?

(22.11.03) Il existe bien des descendants d'Abraham n'ayant jamais été soumis, à savoir les descendants d'Ismaël et d'Esaü, mais je ne vois pas ce qu'il feraient dans ce tableau...

Selon les TJ, ceci est une allusion à Lv 25.39 sq qui ordonne aux Juifs de n'avoir que des étrangers comme esclaves héréditaires, le Juif devant être libéré lors des jubilés.
Mais est-ce être libre que de ne pas subir plus de 49 ans de servitude dans une existence ?
Et que font-ils des années de servitude à l'étranger ?

- l'entrée à Jérusalem se fait sous des palmes (baia), comme si l'on était en automne, bug corrigé par les Synoptiques qui hésitent entre rameaux (Mt klados) et lit de feuilles (Mc stibadas), Luc taillant dans le vif en supprimant la verdure...

Ce bug n'en est un que si l'on crucifie Jésus au printemps, et non s'il meurt à l'automne pour renaître au printemps (voir infra) - Satan entre dans Judas lorsque celui-ci reçoit l'eucharistie (13.27)! Cela a semblé faire désordre à un correcteur de Jean qui convoque le diable peu avant (13.2) et à Luc qui le lui inocule avant qu'il n'aille proposer ses services aux grands prêtres (Lc 22.3).

- la "bourse" que tient Judas (12.6, 13.28) n'en est pas une : bourse se dit balantion, tandis que Judas tient un glossokomon, c'est à dire un plumier, une boîte à stylets. Pourquoi un plumier ? Serait-ce parce que l'auteur avait en tête une boîte de forme allongée ? Comme le sarcophage que Seth le traître a tendu à Osiris lorsque celui-ci prit son dernier repas avec ses douze compagnons ?

Lorsque Jésus dit à Judas : Fais ce que tu as à faire! (13.27), ce dernier peut soit l'enfermer dans le glossokomon (version Osiris), soit aller ameuter les conjurés (version synoptique). Mais l'envoyer chercher des provisions pour le repas que les Apôtres sont en train de prendre est pour le moins curieux... Visiblement le correcteur voulait se débarrasser de ce glossokomon à une époque où la geste d'Orisis était trop connue pour que le récit de la Passion ne fasse pas ricaner ceux à qui on prêchait la nouveauté de l'Evangile...

- Jésus porte lui même sa croix, tel Isaac le bois du sacrifice (Gn 22.6). Et, d'après la scène du sacrifice d'Isaac, l'hérésie* docète imaginera de faire crucifier en place de Jésus "un certain" (dixit Irénée, qui n'aurait pas employé ce qualificatif s'il avait trouvé ce personnage dans les Evangiles qu'il disait orthodoxes) Simon de Cyrène, ce qui veut dire "Simon à la corne (qeren)", alias le bélier substitué à Isaac.

(*) : du grec airesis, "choix". Orthodoxie : hérésie qui a réussi. Les Synoptiques se débarrassent de ce Simon en faisant de lui un passant réquisitionné pour aider Jésus à porter sa croix. Marc précise qu'il était le père d'Alexandre et de Rufus, ce qui ne veut pas dire qu'un Juif a eu l'idée tordue de donner des noms païens à ses enfants, mais qu'à l'exemple de ce brave Juif, les païens grecs (Alexandre) et romains (Rufus) doivent se rallier au Christ. Remarquons qu'Alexandre veut dire "protecteur des hommes" et Rufus "roux". Or les deux fils d'Isaac s'appelaient Jacob ("protecteur") et Esaü ("roux"). Et si Esaü est devenu romain et Jacob grec, et non l'inverse, c'est à cause d'un rapport, dans la mystique juive, entre la valeur des mots "Rome" et "Edom", pays d'Esaü.

L'évangéliste qui a inventé cet épisode ne parlait sûrement pas de réquisition mais d'aide volontaire, image bien plus catéchétique qu'on trouve ailleurs dans les Synoptiques (Si quelqu'un veut me suivre, qu'il se renonce et se charge de sa croix. Mc 8.34 ; Mt 16.24 ; Lc 9.23). Ce à quoi un autre évangéliste a dû rétorquer qu'il était écrit que les disciples devaient abandonner Jésus (Za 13.7 : Frappe le berger et les brebis seront dispersées.) et que, par conséquent, Simon le Bélier ne pouvait pas être volontaire...

En annexe, l'histoire de Simon de Cyrène par Cavanna (Les Ecritures)

Naturellement, le bois que porte Jésus ne saurait être une croix entière (quoique les Evangiles ne disent rien à ce sujet) mais seulement le bois de Joseph [que] je mettrai sur le bois de Juda (fiché sur le Golgotha) et j'en ferai un seul bois pour réunir le peuple de Dieu autour de la croix (Ez 37.19 sq)

Question extra-évangélique : pourquoi le chemin de croix de la liturgie comporte-t-il quatorze stations, nombre inusité dans les Evangiles ? Y a-t-il un rapport avec les quatorze stations de la passion d'Osiris, le malheureux ayant été coupé en quatorze morceaux ?...

Il y a d'autres déplacements de scènes, dans les Evangiles. Ainsi, la pêche miraculeuse de Luc (V,1-11) se retrouve en Jean après la résurrection : quelle est la version originale ? Je mise sur Jean. Pourquoi ? Car Jésus n'a pu confier aux Apôtres la pêche aux hommes (au seul Pierre selon une incise en Lc V,10) qu'après être remonté au ciel, dirigeant lui-même les opérations lors de son séjour terrestre. Du reste, côté symbolisme (et tout est symbole dans les Evangiles), le récit de Jean est bien plus fignolé : pourquoi "153 gros poissons" ? Parce qu'il y avait 153 milliers de Gentils résidant dans le royaume de Salomon (2 Ch 2.16 : l'évangéliste aurait pu ajouter "et 600 petits poissons").

Dans Marc (1.17) et Matthieu (4.19), les Apôtres abandonnent leurs activités sur la seule parole de Jésus car il était écrit :
Si vous entendez sa voix, n'endurcissez pas vos coeurs. (Ps 94.7)
Luc, qui a sans doute moins de foi, lui fait d'abord faire un miracle (la guérison de la belle-mère de Pierre, 4.38).

Cette belle-mère inventée par Luc fut ensuite insérée dans les deux autres évangiles. En effet, on lit dans Marc (et Matthieu) que les guérisons ont lieu le soir (1.32), ce qui est une image de la Cène. Toutes les guérisons diurnes sont des additions. ...

Selon Joseph Klausner (Jésus de Nazareth), la Transfiguration (Mt 17, 1-7) devrait également se placer après la résurrection, Jésus pouvant alors converser avec feu les prophètes Moïse et Elie. Mais Raël et, avant lui, Charroux, se sont jetés sur cette scène digne de Rencontres du Troisième Type où Moïse et Elie apparaissent aux hublots de la soucoupe et où les vêtements de Jésus sont bombardés de photons. Comme l'a dit un message reçu à Arecibo : Daki Ummo Micro !

Curieusement, "la tradition" situe cette scène sur le mont Thabor, où selon l'Evangile des Hébreux avait eu lieu la Tentation (cf supra). Lagrange (Synopse) sait que l'événement a eu lieu le 6 août 29 ... À quelle heure ?

Ce Thabor vient donc d'un évangile hérétique (cf supra). Mais pourquoi le Thabor (Jg 4.14) plutôt que le mont Nébo, d'où Moïse pu voir tout le pays de Canaan (Dt 34.1) ? Est-ce parce qu'il s'agit d'une ancienne montagne sacrée du royaume d'Israël (nord) comme le Sinaï (où qu'il fut réellement situé) en fut une du royaume de Juda ?

Notons que si l'Apocalypse présente Marie comme "vêtue de soleil", ce n'est pas non plus que l'auteur contemple une Martienne dans son ovni mais que la vision a lieu à la fin de l'été lorsque le soleil est dans le signe de la Vierge...

Avant l'arrivée du christianisme, ce signe zodiacal était celui de Déméter (ou Cybèle, Ishtar, Isis, et autres), déesse de la terre et des moissons, d'où "l'épi de la Vierge", notion incongrue dans un cadre évangélique (quoique pas tant que ça, comme nous le verrons au chapitre "biologie") mais normalement adaptée à Déméter. Ce signe n'a pas été attribué au hasard à la déesse des moissons, mais précisément parce que le soleil s'y promène au temps des moissons (ou s'y promenait au temps où les Babyloniens fondaient l'astrologie, vers -4000).

Quelques millénaires plus tard, quand Déméter devint la Sainte Vierge, on décréta que cette dernière était venue à Ephèse, ville où se trouvait le plus grand sanctuaire de la déesse (cf Ac 19.27) et qu'elle y avait, selon certains, son tombeau, d'autres disant qu'elle avait été emportée vivante au Ciel, la mère d'un dieu ne pouvant avoir une biographie de simple mortelle.

En 431, le concile d'Ephèse décréta que la naissance et l'assomption de la Vierge correspondaient aux lever (8 septembre) et coucher (15 août) héliaques de l'étoile Spica (l'épi de la Vierge) : on ne saurait être plus clair...

Ci contre : Artémis d'Ephèse (alias Cybèle, alias Déméter)

Même problème chronologique en Mt 21, 52-53, où des saints sortent de leurs tombeau "après la résurrection" alors que Jésus est encore suspendu à sa croix...

Dans l'Evangile de Nicodème (18.1), appelé aussi Actes de Pilate, la prophétie d'Isaïe, qu'on trouve en Mt 4.16 à propos de l'installation de Jésus en Galilée, est appliquée (avec pertinence) à l'arrivée de Jésus aux Enfers : Le peuple assis dans les ténèbres a vu une grande lumière.
Dans l'Apocalypse de Pierre, les trépassés demandent à Jean-Baptiste : Es-tu celui qui dois venir ou devons-nous en attendre un autre ? (cf Jn 1.19)

L'épisode du possédé de Gérasa (Mc V et //) qui habite dans un tombeau (cf Is 65.4) en compagnie de démons pourrait bien aussi avoir eu lieu sur l'autre rive du Styx...

Mêmes doutes à propos de l'intervention Joseph d'Arimathie (de l'hébreu artz mout, "le pays de la mort") qui récupère le corps de Jésus : chez les Grecs, on l'appelle Charon...

Dans les quatre Evangiles, Joseph d'Arimathie prend l'initiative de récupérer le corps de Jésus. Que la Mort ait ce pouvoir est tout à fait normal. Un peu trop, même, pour un correcteur des Synoptiques qui cherche à démythiser ce trait en subordonnant cette initiative à une autorisation de Pilate (alors que celui-ci avait clos l'affaire en se lavant les mains). Mais ce correcteur oublie que le pieux Joseph ne peut entrer dans le palais du païen Pilate sans se souiller pour la Pâque (cf Jn 18.28). Dans Selon Jean ce bug n'existe pas, mais on se demande où se tient Pilate dans cette scène... Un correcteur de Jean - antérieur à celui qui a introduit la demande à Pilate pour harmoniser Jean et les Synoptiques - a tenté de résoudre le problème de l'identité réelle de Joseph d'Arimathie en faisant intervenir Nicodème. Le collage se voit à ce que Joseph d'Arimathie enlève d'abord sans aide le corps de Jésus (19.38) puis l'enlève à nouveau en compagnie de Nicodème (19.40). Le texte original donnait ceci : Après cela, Joseph d'Arimathie [...] vint et enleva le corps de Jésus [...], et le lia de bandelettes avec des aromates ["selon la manière en usage chez les Juifs" : mon oeil! Chez Anubis, plutôt...].

Et le pays de Dalmanoutha (Mc 8.10), où était-ce ? Dal mout veut dire "la porte de la mort" :
Leur âme éprouvait du dégoût pour toute nourriture;
ils étaient arrivés aux portes de la mort.
Mais ils crièrent vers l'Eternel dans leur détresse : il les sauva de leurs angoisses.
Il envoya sa parole pour les guérir et les faire échapper de leurs tombeaux.
(Ps 107.18-20)
Cf : Voilà trois jours qu'ils sont auprès de moi et n'ont pas de quoi manger. (Mc 8.2)

Etranges aussi, les propos de Jésus devant le Grand Prêtre où il annonce son retour du haut des cieux sans dire un mot de sa résurrection. Luc coupe la poire en deux en l'asseyant sur un nuage, mais alors quid de la sortie du tombeau ? Luc enfonce le clou en convertissant un des deux larrons qui va donc pouvoir prendre avec Jésus le dernier ovni du service du vendredi soir (23.43). On imagine le cri montant des Enfers : Et nous, alors ? Chauffeur, arrête ton char céleste!
Mais si l'un des larrons se convertit,

C'est l'échanson à qui Joseph fils de Jacob avait dit :
Souviens-toi de moi lorsqu'il te sera arrivé du bien (Gn 40.14/Lc 23.40),
tandis que l'autre malfaiteur restera aux Enfers car il est écrit (Sg 4.15) :
Les justes vivent éternellement;
Leur récompense est aux mains du Seigneur,
C'est le Très-haut qui prend souci d'eux.

Dans les apocryphes, les larrons se noment Demas et Gismas, ou Dumachus et Gestachus, de l'hébreu dam ou tzour, "le sang et la peau" (ie de l'agneau pascal)

alors Jésus n'est plus en compagnie de malfaiteurs ; d'où le déplacement de cette prophétie vers la fin du repas (22.36) où Jésus cherche à devenir un malfaiteur alors qu'il doit rester sans un seul motif de condamnation dans tout le Nouveau Testament...

Enfin, pour corser un peu plus les choses, bousculons l'ordre entier des Evangiles avec Justin et Barnabé, apologistes du second siècle :

La veille du jour de Saturne, il fut crucifié, et le lendemain de ce jour, c'est à dire le jour du soleil, il apparut à ses apôtres et leur enseigna cette doctrine que nous avons soumise à votre examen. (Justin, Première Apologie, 47,7)

Les prophètes, remplis de sa grâce, ont prophétisé à son sujet. Il consentit à souffrir parce qu'il devait se manifester dans la chair pour anéantir la mort et le prouver par sa résurrection, ceci afin d'accomplir la promesse faite à nos pères et acquérir pour lui-même un peuple nouveau, en montrant durant son séjour terrestre que c'est lui qui ressuscite les morts et qui juge. Enfin, il enseigna Israël et lui montra tous les miracles et les signes que vous savez, mais ce peuple n'aima pas son message. Puis, pour proclamer l'Evangile, il choisit pour apôtres des hommes plus que pécheurs, afin de montrer qu'il n'était pas venu appeler les justes mais les pécheurs, et c'est ainsi qu'il manifesta qu'il était bien le fils de Dieu. (Epître de Barnabé 5.6-8)

Ni Justin ni Barnabé ne précisent la durée de cet enseignement que l'Histoire de Joseph le charpentier évalue à douze ans, et les Actes des Apôtres à 40 jours (I,3), le "Luc" des Actes ne sachant visiblement pas que l'Evangile de Luc fait remonter Jésus au ciel le jour même de sa résurrection (24,51), son enseignement s'étant étalé sur une année (4,19) avant sa passion.

Notons aussi que les Actes des Apôtres, ouvrage rapiécé de toutes parts et non composé par un seul auteur (cf l'étude de Boismard et Lamouille), nous donnent les deux versions juxtaposées :

- 2.23-24 : Vous avez fait mourir cet homme que (on) Dieu avait relevé en le déliant des douleurs de la mort.

Et non "mais Dieu l'a relevé", comme on le trouve traduit pour les poires, "mais" se disant de ou alla, on introduisant une subordonnée. - 3.15 : ...tandis que vous faisiez mourir la cause de la vie (arxhgon ths zwhs) que (on) Dieu réveilla (hgeiren) des morts...

- 7.2 - 8.53 : discours d'Etienne ne disant pas un mot des pérégrinations de Jésus avant sa mort.

Des témoins de mensonge se lèvent,
Ils me demandent ce que j'ignore.
(Ps 35, 11)
- 10. 37-43 : discours de Pierre conforme au schéma des Evangiles actuels (avec cependant la remarquable absence des autorités romaines dans la Passion).
- 13. 16-43 : discours d'un Paul qui mentionne un Jean le Baptiste qu'il ignore dans ses Epîtres, qui cite le psaume premier pour la résurrection quand les Evangiles l'appliquent au baptême, et qui ne parle ni de miracles ni d'enseignement moral.
- 17. 22-34 : discours de Paul devant l'Aréopage d'Athènes (historiquement tribunal et décrété assemblée de philosophes par le rédacteur...) prêchant un "dieu inconnu" qui ne serait apparu ni à Abraham, ni à Moïse (v. 27 & 30) et oubliant d'appeler Jésus par son nom.

 

Le christianisme, culte à mystères

Ce dernier détail se retrouve dans Le Pasteur d'Hermas, épais volume où l'on trouve 24 fois l'expression "fils de Dieu", mais nulle part les noms de "Jésus" et de "Christ"... non pas, à mon sens, parce qu'on n'avait pas encore extrait ces deux noms d'un triturage de l'Ancien Testament (thèse de Dubourg) mais parce que le christianisme fut à ses début un culte à mystères comme ceux d'Attis, de Dionysos, et de Mithra, et que la connaissance du nom du Fils de Dieu y était réservé aux initiés :

Le nom du Fils de Dieu est grand, immense, et il soutient le monde entier. Si donc toute la création est soutenue par le Fils de Dieu, que penses-tu de ceux qu'il appelle, qui portent le nom du Fils de Dieu et marchent selon ses préceptes ?

(Le Pasteur, 9è Sim., 14.5)

C'est grâce aux apôtres que les morts ont reçu la vie et connu le nom du Fils de Dieu.

(id., IX, 16.7)

Il n'est pas certain que le Paul des Epîtres ait su que son Christ s'appellait Jésus, car les variantes manuscrites des passages où est mentionné le mot "Christ" sont innombrables, avec trois versions : "Christ", "Christ Jésus", "Jésus Christ". La version "Jésus" y est remarquablement absente...

Les hiérarques des diverses sectes chrétiennes ne devaient pas tous être d'accord pour "Jésus" comme nom du Fils, puisqu'on trouve aussi "Emmanuel" (Mt 1.23). Mais, pour prêcher aux Grecs, "Iesous" avait l'avantage d'être homophone de iasis, "guérison", "Sois guéri" se disant même Iasou! (cf Actes 3.6 : En to onomati Iesou, peripatei! "Au nom de Jésus, marche!").

Avant d'être appelés cristianoi à Antioche, les disciples s'appelaient iessaioi, Jésséens; soit que ce nom fut tiré de Jessé, soit qu'il vint de notre seigneur Jésus-Christ dont ils suivaient les enseignements et dont ils se disaient les disciples, soit qu'il dérivât du mot ihsous pris dans sa signification hébraïque qui veut dire "médecin" ou "guérisseur".

(Epiphane, Panarion, I,4)

Ici, Epiphane se trompe : en hébreu, "guérir" se dit "rapha" (cf Raphaël, "Dieu guérit") et "médecin" se dit "rophéa". Mais il a parfaitement conscience du sens "guérir" que possède le nom de Jésus en grec, étymologie qu'il ne peut s'avouer au risque d'ébranler ses certitudes sur les origines du christianisme...

Pour revenir aux mystères, citons deux Pères de l'Eglise :

Nous ne nous hasardons pas à expliquer, dans les discours adressés au public, ce qu'il y a de plus sublime et de plus divin dans notre doctrine; nous ne le dévoilons qu'à des auditeurs intelligents. Nous le taisons et nous le cachons à ceux qui viennent nous écouter avec un esprit qui a encore besoin de ces enseignements que l'on nomme du lait par une façon de parler figurée.

(Origène, Contre Celse, livre III, ch.9)

Le secret est ordonné dans tous les mystères. Il est inviolable dans ceux d'Eleusis et de Samothrace. Il l'est à plus forte raison dans les nôtres qui ne sauraient être révélés sans attirer la vengeance des hommes, en attendant celle de Dieu. Si les chrétiens ne se sont point trahis eux-mêmes, serait-ce des étrangers? Comment auraient-ils pu les connaître lorsque, dans les saintes initiations, on a soin d'éloigner les profanes et de prendre des précautions contre l'espionnage?

(Tertullien, Apologétique, ch.7)

Les catacombes n'ont jamais été le refuge de persécutés mais le lieu de ce culte à mystères :

On voit bien les chrétiens qui sont dans le monde,
mais le culte qu'ils rendent à Dieu demeure invisible.
(Epître à Diognète,6.4)

Selon Justin, Jésus enseignait dans une grotte. De cela, on trouve trace dans les Evangiles :

Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le dans la lumière. (Mt 10.27)modifié par Luc (12.3) en Ce que vous aurez dit dans les ténèbres sera entendu dans la lumière.Effectivement, si Jésus enseignait dans les ténèbres, les Apôtres en mission devaient en faire autant.

Voir aussi :
- Marc (4.11) : A vous il a été donné de connaître le mystère du royaume de Dieu; mais pour eux, qui sont dehors, tout est annoncé en paraboles afin qu'en entendant, il ne comprennent pas.
- Paul, Première aux Corinthiens (3.2) : C'est du lait que je vous ai donné à boire, non une nourriture solide; vous ne pourriez encore la supporter.
- Paul, Seconde aux Corinthiens (12.4) : Il fut ravi jusqu'au troisième ciel et entendit des paroles inexprimables qu'il n'est pas permis de dire aux hommes.
- Ignace, Epître aux Ephésiens (12.2) : Vous avez été initiés aux mystères par Paul.
- Ignace, Epître aux Tralliens (5.2) : Moi qui comprends les réalités spirituelles, qui connais les hiérarchies d'anges, les cohortes des puissances, les choses visibles et invisibles...

Si Paul ne mentionne que le titre de "parfait" (1 Cor 2.6), Clément d'Alexandrie, à la fin de son Protreptique, donne les autres grades d'initiation, avec une terminologie digne du culte de Mithra : diadouque, épopte, hiérophante, myste, etc.

Sans doute lassés d'attendre l'arrivée des Arcturiens, les chrétiens sont un jour remontés à la surface et ont tout cafté aux Terriens :

Nul n'allume une lampe pour la mettre sous un boisseau.(Mc 4.21)
Laissez venir à moi les petits enfants. (Mc 10.14 & //)

Notons au passage qu'on n'a jamais retrouvé d'autel "au dieu inconnu" à Athènes et que ce dieu là est une notion égyptienne, dieu suprême dont tous les dieux connus ne sont que des hypostases, notion passée dans le christianisme (l'unité du Père, du Fils, et d'Achamoth) en même temps que la mort et la résurrection d'Osiris (cf infra).

Autre étrangeté : si Paul avait prêché la résurrection des morts sur l'Agora, les Athéniens aurait-ils vraiment ricané ? Seuls les épicuriens n'y croyaient pas, à la différence des pythagoriciens et des platoniciens qui n'étaient par forcément minoritaires, et sans compter tous ceux qui avaient été initiés aux mystères d'Eleusis (mais qu'il n'allaient pas le révéler en pleine Agora).

Mais l'évangéliste ne pouvait faire dire aux Athéniens : "Nous croyons à l'immortalité de l'âme pour la simple raison qu'il s'agit là d'une idée commune à de nombreux peuples, bien qu'elle n'ait été adoptée par les Juifs que sous l'influence de la religion perse, après l'Exil. N'as-tu pas lu dans ta Bible qu'il n'y a rien de nouveau sous le soleil (Qo 1.10)?"

 

Science martienne

Extasions-nous maintenant avec Raël et Decanis sur ce que Rabbi Iéshouah a retenu des cours par correspondance offerts par l'université de Sirius.

Lévitation

Curieusement, Decanis rapproche la marche sur les eaux de Jésus du "souffle d'Elohim [qui] planait sur les faces des eaux" (Genèse 1.2) mais oublie d'en conclure que tout le reste est de la même farine... Ce rapprochement est une erreur d'ailleurs, car l'image de Gn 1.2 a été utilisée pour la colombe qui vient planer au dessus des eaux du baptême.

J'ignore ce que prêche Raël au sujet de ce "souffle", mais Charroux interprète ainsi le second verset de la Genèse :

Et le souffle des réacteurs des engins extra-terrestres agitait la surface des eaux.

Je crois qu'il serait plus simple de voir dans ce "souffle", qui trouve le moyen de planer hors de son propriétaire, un avatar du dieu faucon Horus (her, la cause) planant sur l'océan primordial. Que le passage d'"Horus" (WR) au "souffle" (RW) soit une trouvaille basée sur les racines communes des langues sémites ne me semble pas non plus un idée à écarter...

Quant à la marche sur les eaux, voyons cela :

A la quatrième veille de la nuit [minuit], il vint vers eux en marchant sur la mer.
(Mt 14.25, Mc 6.48)
Ceinture antigravité ? Ou s'agit-il plus simplement de faire comme Papa ? Lui seul a déployé les cieux et foulé les hauteurs de la mer. (Job 9.8) Et pourquoi Papa n'aime-t-il pas se baigner ? Parce que la mer appartient à Rahab, le Serpent primordial Suis-je la mer, moi, ou le monstre marin, pour me faire garder à vue ? (Job 7.12) contre lequel Papa s'est beaucoup battu : Il ramena la bourrasque au silence et les flots se turent. (Ps 107.29) Si Dieu le Père peut calmer les tempêtes, Dieu le Fils doit en faire autant :

Psaume 107

Mt 7.25 (/ Mc 4.38, Lc 8.24)

Et ils criaient vers Yavhé dans la détresse.

Et s'étant rapprochés, ils le réveillèrent, en disant : Seigneur ! Sauve-nous ! Nous périssons !

De leur angoisse il les a délivrés.

Et il leur dit : Pourquoi êtes-vous peureux, hommes de peu de foi ?

Il ramena la bourrasque au silence et les flots se turent.

Alors, se levant, il réprimanda les vents et la mer. Et il se fit un grand calme.

Jéhovah contre le Léviathan

Les psaumes contiennent les vestiges d'une version de la Création selon la mythologie égyptienne où les dieux font émerger la Terre des flots (mythe inspiré du spectacle de la décrue du Nil). N'oublions pas que Jéhovah n'a jamais créé les eaux :

Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre.
Or la terre était déserte et vide (tohu wa bohu)
et le souffle de Dieu planait sur les eaux.
(Gn 1.1-2)
Jéhovah tonna des cieux, le Très-Haut fit entendre sa voix.
Il décocha ses flèches et mit Rahab en fuite.
Il lança l'éclair et mit Rahab en déroute.
Et le lit des mers apparut, les assises du monde se découvrirent
au grondement de ta menace, Jéhovah,
au vent du souffle de tes narines.
(Ps 18, 14-16)

Cette version peut cadrer avec la Genèse si Jéhovah créé le monde en sept paroles :

Que les eaux s'amassent en masse!
Que la verdure verdisse!
Que les luminaires illuminent!
Que les eaux grouillent d'un grouillement!
Que la terre s'anime d'animaux!
Que l'androgyne émane de moi!
Et maintenant, broutez!

Tout le reste du chapitre premier est commentaire sacerdotal, voulant faire de Rahab une créature de Jéhovah (v. 21) et finissant par produire des aberrations comme la création du ciel et de la terre sans mention de la parole créatrice, la création de la lumière avant celle du soleil, la séparation de la lumière des ténèbres "comme si les ténèbres étaient quelque chose de réel" (Voltaire), l'installation d'un cumulus au plafond

(alors qu'un mythe d'origine égyptienne n'a pas besoin de s'encombrer de pluie : ceci est une innovation datant de l'exil à Babylone et tirée de la mythologie locale où, lors de la création, les eaux douces d'en haut (apsou) furent séparées des eaux amères d'en bas (tiamat),

et la nécessité pour un dieu d'aller piquer un roupillon...

Devinette : combien de choses ont été créées cette semaine-là, dans la version définitive ?
Le Livre des Jubilés en compte 22, comme le nombre des lettres de l'alphabet hébreu.

Naturellement, Rahab n'apprécie pas la blague. Il débarque dans le jardin que Jéhovah a planté sur son polder et dit à Eve :

Goûte-y-donc ces figues, chérie!

Et non "ces pommes" comme dans Blanche Neige et sur toutes les illustrations, le pomus de la Vulgate voulant dire "fruit"; notez que la scène se passe au pied d'un figuier (Gn 3.7).

Chérie appelle sa moitié

ayant été formée d'un côté, et non d'une côte, cf Gn 1.27 : mâle et femelle il le créa.
"Il le créa" et non "les" car il le créa "mâle et femelle et lui donna le nom d'Adam" (Gn 5.2)

et lui dit :

Mange-la! Mange-la! Mange-la! (bis)
C'est le chant du psylo qui supplie,
Qui ouvre les voies de la perceptionnnn...

Jéhovah arrive en courant et dit :

Mais qu'est ce que c'est-y que ce bug ?
Rahab! J'assècherai tant la mer
Que tu ramperas dans la poussière!
C'en est fini du temps des figues,
Car va bientôt venir l'hiver...
Vous deux serez jetés ailleurs
A vous les geler, mes cocos!
Contre le froid, voici des peaux...

Rahab répondit à Jéhovah:

Nous nous retrouverons, mon gars,
Pasque, la meuf, elle est en cloques...
Caïn, c'est mon bébé à moi!
(cf 1 Jn 3.12)
Alors, assèche! Moi, je m'en moque...

Et Jéhovah de rétorquer :

Je f'rai payer ton sale bâtard!
Qu'il m'offre patates ou épinards,
C'est à Abel que je dirai
Qu'ils sont croquants, ses agnelets...

Rahab :

Mais, mon bâtard, je lui apprendrai l'insolence!
Et, après cela, je le couvrirai de science!
Ses fils seront forgerons, bâtisseurs de villes,
Et les fils de l'Aurore épouseront ses filles!
Et Nemrod sera un chasseur de renommée
Avant que tu n'autorises la viande à Noé.
Tu n'auras plus qu'à ouvrir les écluses du ciel
Rendant tes créatures à l'abîme éternel...

Jéhovah :

Mais je me garderai Noé,
Et surtout Sem, son fils aîné.

Rahab :

Alors, je f'rai de Cham un pharaon,
Et de Japhet le César des nations.
Et j'ouvrirai mes routes pour leurs vaisseaux,
Laissant brouter Sem parmi ses troupeaux...

Notons aussi que l'Enfer de la Genèse n'est pas la Géhenne de feu mais les "eaux d'en bas" (1.6), "les sources du grand abîme" (7.11), d'où le Psalmiste et Jonas crient vers Dieu :

Sauve-moi, ô Jéhovah, car les eaux me sont entrées jusqu'à l'âme.
Je m'enfonce dans un bourbier profond où je ne ne puis prendre pied.
Je descend en l'abîme et le tourbillon m'entraîne.
(Ps 69.2-3)
Du ventre du Shéol, j'ai appelé et tu as entendu ma voix.
Tu m'a jeté dans un gouffre au coeur des mers.
Un fleuve m'a entouré et les vagues sont passées sur moi.(...)
Les eaux me cernent jusqu'à l'âme, l'abîme m'entoure,
Et l'algue s'enroule autour de ma tête.
Au fondements des montagnes, je suis descendu...
(Jonas 2.3-7)

Le "fondement des montagnes", ce sont les colonnes qui soutiennent la terre ferme (Ps 75.4) et l'empêchent de couler :

Où étais-tu quand je fondai la terre ?
Parle, si ton savoir est éclairé!
Qui en fixa les mesures, le saurais-tu,
Ou qui tendit sur elle le cordeau ?
Sur quel appui s'enfoncent ses socles ?
Qui posa sa pierre angulaire,
Parmi le concert joyeux des étoiles du matin
Et les acclamations unanimes des fils de Dieu ?
Qui clôtura la mer de deux battants
Quand elle sortit en déferlant de sa matrice,
Quand je lui mis la nuée pour vêtement et pour langes le brouillard,
Quand je la brisai d'un ordre et posai portes et verrou ?
(Job 38, 4-10)

Le poisson qu'on trouve dans Jonas est une variation de Rahab, le Léviathan, personnification de la mer. Mais c'est une addition car on comprend mieux le texte sans ce poisson : comment un poisson contiendrait-il des vagues et un abîme ? Serait-ce en prévision du jour où Gepetto viendra y faire un tour avec son bateau ?

Autre apparition de Rahab dans les Actes des Apôtres (28,3-4) sous la forme d'un serpent assez inoffensif, ultime rabotage d'une aventure calquée sur celle de Jonas mais comprenant trop de merveilleux (2 Cor 11.25 : Il m'est arrivé de passer un jour et une nuit dans l'abîme.). Car Paul est, comme Jonas, chargé d'aller prêcher Dieu aux Gentils...

Apparement, les Elohim à la Raël n'ont jamais vu sortir de leurs rangs un type du genre d'Alfred Wegener...

Autres débris d'une ancienne version des Actes : alors qu'il est censé longer les côtes de Crète (27.13), l'équipage craint d'aller s'échouer sur la Syrte (17) à mille miles de là! Ils sondent une côte sableuse (28) et craignent de se fracasser sur des rochers (29). Il n'ont pas de quoi manger durant quinze jours (33) et trouvent le moyen de jeter la cargaison de blé à la mer (38)! Notez que le navire transporte 276 personnes (37): un vaisseau aussi énorme, partant d'Alexandrie (27.6), n'a rien à faire le long des côtes de Crète ; il s'agit manifestement d'une navire de la flotte de l'annone égyptienne faisant le trajet Alexandrie-Rome en longeant les côtes de Cyrénaïque, à proximité desquelles se trouvent les Syrtes. Ajoutons encore qu'il n'existe à l'époque aucun port de Crète appelé "Bons-Ports" (Strabon en mentionne un en Crimée (Géographie, VII) et ce n'est pas tout près...): ce "Bons-Ports" là ne serait-il pas une traduction du même toponyme égyptien, "Memphis"?
Pourquoi ce triturage ? Parce que ces salauds d'Alexandrins étaient des gnostiques et qu'il fallait en effacer toute trace dans la protohistoire officielle de l'Eglise.

Les Témoins de Jéhovah, Mormons, et autres, me font bien ricaner qui prétendent que Satan siège à Rome alors que leur prédication s'appuie sur des textes sélectionnés par ledit Satan...
Au fait : quelle est la preuve que Satan siège à Rome ? Il est écrit sur la mitre du Pape Vicarius Filii Dei, "vicaire du Fils de Dieu", soit en ne comptant que les lettres ayant une valeur dans la numération latine :

V I  C  A R I U S   F I L  I I   D  E I
5 1 100 0 0 1 5 0   0 1 50 1 1  500 0 1

Soit : 500 + 100 + 50 + 5 + 5 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 = 666

On pourrait objecter que je suis bien généreux de déduire de la présence d'une cargaison de blé l'appartenance de ce navire à la flotte de l'Annone, attendu que cette cargaison a toutes les chances de venir tout droit du livre de Jonas (Jon 1.5) et que l'effectif de 276 personnes doit vouloir dire que le Saint-Esprit veille sur le navire (car en hébreu resh = 200, aïn = 70, wav (w,ou)= 6 ; 276 = roua = souffle, esprit, cf Gn 1.2). C'est pour cela que Paul dit au centurion (Ac 27.31) :

Si vous faites une soustraction au Saint-Esprit, ça va mal finir...

Vous parlez d'un reportage! Et vient sans doute aussi du livre de Jonas (1.3) l'origine tarsiote de Paul (Ac 22.3) dont il ne dit mot dans ses Epîtres...

 

L'agent 002 ne répond plus

On ne sait pas grand chose des pérégrinations de l'apôtre Pierre, alias 002, deux fois délivré de sa prison par Luke Skywalker et son épée de Jedi (Ac 5.19 & 12.7), la seconde fois grâce à un appel radio de l'équipe au sol (12.5), et enfin embarqué dans une soucoupe (12.17).

J'avais écrit ces lignes avant de lire l'opus de Raël où je découvre cette interprétation. Il est vrai qu'elle n'est pas difficile à faire. Mais ce thème des chaînes qui tombent d'elles mêmes et des portes qui s'ouvrent seules provient d'Euripide (Les Bacchantes, v. 580) : les Bacchantes étaient-elles des Martiennes ?Les Actes de Pierre et de Simon le Magicien nous disent qu'il vint à Rome où il défia Simon, personnage imaginaire, comme nous l'avons vu plus haut. Le sieur Simon impressionnait vivement l'empereur Néron en volant devant lui. Alors Pierre pria Dieu de bien vouloir faire chuter Simon. Ce que Dieu, dans son infinie bonté, accorda aussitôt, et Simon se fracassa le crâne. Néron n'apprécia pas la blague et envoya Pierre au Paradis y jouer les portiers.

Naturellement, le surnaturel n'a rien à voir là-dedans : Simon le Mage disposait d'une ceinture antigravité fournie par des E.T. concurrents des patrons de la bande à Jésus... Et si le copiste de ces Actes parle d'une prière de Pierre, c'est qu'il n'a pas réussi à traduire un mot hébreu signifiant "perturbateur ionique de champ anti-gravité"...

Pour l'Eglise, ces actes ne sont pas canoniques. Mais elle maintient que Pierre est mort à Rome, sans qu'on sache alors ni comment ni pourquoi. Quant à savoir pourquoi Paul aurait adressé aux brebis de Pierre une Epître aux Romains où il ne dit mot du successeur du Fils, mystère et boule de gomme...

Serait-ce une ancienne Epître aux Alexandrins, vu qu'il y est question de dieux à formes animales (1.23) et d'opposition entre Grecs et Juifs (2.9 sq) ? Autre énigme : on attribue à Tacite un texte parlant du massacre d'une foule de chrétiens par Néron, épisode ayant inspiré le célébrissime roman Quo vadis ?, alors que Tertullien (Apologétique, 5.3 ; 21.25), Lactance (De mortibus persecutorum, I, 2.6), puis Eusèbe de Césarée (Histoire Ecclésiastique, Liv II, ch.15) limitent la persécution de Néron au martyre de Pierre et Paul, qu'après eux le byzantin Photius (Xème siècle) fait de Domitien le premier persécuteur des chrétiens, que Jacques de Voragine (+ 1298, auteur de La légende dorée) ignore ce massacre, que Dante (+ 1321), dans sa Divine comédie, ne loge pas Néron aux Enfers, et que Boccace (+ 1375) n'en sait toujours pas plus qu'Eusèbe... Mais il faut savoir que ce texte de Tacite a été "retrouvé" sur un manuscrit unique (Codex Mediceus) par un inconnu dans un couvent inconnu, et acquis en 1515 par le pape Léon X pour 500 sequins (6.000 francs-or)... Aucun écrivain antique ou médiéval n'avait auparavant fait la moindre référence à ces Annales de Tacite...

Tertullien était pourtant lecteur de Tacite. Il cite ses Histoires dans l'Apologétique (§ 16). Des Annales, pas un mot...

En 275, l'empereur Tacite (200-276) ordonna aux bibliothèques publiques de posséder dix exemplaires des Histoires de son illustre parent. Il ne fit aucune allusion aux Annales... Notez que les oeuvres de Tite-Live, Cicéron, Pline, et les autres, nous sont parvenues sans avoir bénéficié de ce genre de promotion...

Tacite dit expressément, au premier chapitre des ses Histoires, que son oeuvre part du second consulat de Servius Galba (68 ap JC, année de la mort de Néron) "parce que les faits des 820 années précédentes ont été relatées par de nombreux auteurs éloquents..."

De plus, ce texte fourmille d'invraisemblances. Mais je vous l'éplucherai un autre jour.

Ceci nous permet de jauger une intéressante remarque de Tresmontant : Les quatre Evangiles ne connaissent rien des grandes et terribles persécutions déclenchées par l'empereur Néron en 64 ou 65. (Le Christ hébreu, p. 69)Donc, dit-il, ils sont antérieurs à l'an 65. Pas du tout : ils sont antérieurs au XVIème siècle...

Voilà qui nous amène à une autre question : si Néron ne fut pas un massacreur de chrétiens, quid du 666 dont parle l'Apocalypse (13.18) ? Primo, cette interprétation de 666 comme Néron ne date que du XIXème siècle. Secundo, il existe une variante 616 donnée par de bons manuscrits. 666 lui a été subsitué par analogie avec le chiffre de Jésus, 888 (en grec : I = 10, h = 8, s = 200, o = 70, u = 400, s = 200, et n'oublions pas que Jésus est ressuscité le 8ème jour, le sabbat étant le 7ème)

En grec, 616 est le chiffre du dieu Attis au datif, Attei, "à Attis". Pour une religion, l'ennemi est plus souvent une religion rivale que le pouvoir politique. Et on n'imagine pas les païens se faisant tatouer "Néron" sur le front (13.16). Par contre, il était habituel aux adeptes de mystères, chrétiens compris (cf Is 44.5), de se faire tatouer le nom de leur dieu (mais plus discrètement que sur le front...).

De même, la femme assise sur un monstre (17.3) est Cybèle, ordinairement représentée chevauchant un lion. Son titre est "Grande Mère des Dieux", élégament rendu par "Grande Mère des putains et des ordures (bdelugmatwn) de la Terre". Le mot bdelugmatwn, en latin abominationum, est adapté (plutot que traduit) en "abominations" un peu partout dans la Bible pour désigner les cultes étrangers. Si elle est assise sur sept monts, c'est parce qu'elle possède un temple sur le Palatin, le principal des sept. Les versets 10 et 11 sont une interpolation manifeste.

Cybèle se vengera plus tard de ces basses insultes en devenant la Vierge Marie.

 

La lettre de Pline sur les chrétiens

Cette lettre, comme le reste de la Correspondance de Pline et de Trajan, est un faux datant de la Renaissance. Comme ce chapitre est volumineux, je vous le donne en annexe.

Du nombre de chrétiens dans l'Empire Romain

Cette prétendue lettre de Pline ne pouvait manquer de souligner l'expansion rapide du christianisme.

La croissance foudroyante de la nouvelle religion est une affirmation que l'on trouve déjà dans les Actes (2.41) : Le nombre de convertis ce jour-là fut d'environ trois mille.

On trouve pire encore dans l'Epître aux Romains (15.19 sq) :

Depuis Jérusalem jusqu'à l'Illyrie, j'ai accompli l'évangile du Christ. [...] Comme je n'ai plus à faire dans ces régions, et que j'ai le désir d'allez chez vous...Qui croira que tout l'Orient fut converti en quelques années ? Il faut cependant mettre à la décharge de Paul que l'épître originelle s'arrêtait au verset 13 (salutations finales) et que cette trouvaille n'est pas de lui.

Irénée, dans sa Démonstration évangélique en donne une raison de ce succès tirée des Saintes Écritures :

Réjouis-toi, stérile qui n'enfantais pas,
car plus nombreux sont les fils de l'abandonnée que les fils de l'épouse.
(Is 54.1)
Irénée dit que l'abandonnée est Agar, femme d'Abraham, mère de Gentils, l'épouse étant Sarah, mère des Juifs. C'est nettement plus clair que ce que dit l'Epître aux Galates (4.21 sq).

Partant de cet acte de foi, Tertullien renchérit (Apologétique, 37.4) :

Nous sommes d'hier, et déjà nous avons rempli le disque terrestre : les villes, les îles, les places fortifiées, les bourgades, les conseils, les camps militaires, les tribus, les décuries, le palais, le sénat, le forum. Nous ne vous avons laissé que les temples. Mais Tertullien affirme un peu plus loin : Un chrétien ne brigue pas même l'édilité. (46.13) Comment les chrétiens envahiraient-ils alors les conseils et le sénat ? Ou il était fou, ou son oeuvre a été retouchée. Quand on lit l'Apologétique, on peut largement pencher pour la première hypothèse (et être pris d'une irrésistible envie de jeter l'apologiste aux lions...). Mais, connaissant les usages des écrivains écclésiastiques, la seconde est à envisager aussi. Et aucune des deux n'exclut l'autre...

Ces foutaises, même l'Eglise n'y croit plus :

Les origines du christianisme en Gaule sont inconnues. Les premières manifestations certaines de vie chrétienne se placent en 177 (Irénée de Lyon).
La vie de l'église d'Espagne échappe à l'histoire durant deux siècles. Il faut descendre au IIIème siècle pour glaner quelques faits.

(A.M. Jacquin, Histoire de l'Eglise, 1928, avec imprimatur)

Notons que ce martyre d'Irénée est mentionné pour la première fois par Eusèbe... C'est donc vers l'an 300 qu'on apprend qu'il est mort en 177. Il aurait donc très bien pu mourir de sa belle mort vingt ou trente ans plus tard si Eusèbe ne l'avait pas trucidé en 177. Donc ses oeuvres, mentionnant pour la première fois les quatre évangiles peuvent être postérieures à 180, voire à 200, et la composition de ceux-cis postérieurs à 170....

Eusèbe (op. cit.) reproduit une lettre de l'évêque Cornélius datant, paraît-il, de 251 où il est dit que la communauté chrétienne de Rome comprend 46 anciens, 7 diacres, 7 sous-diacres, 42 serviteurs, 52 exorcistes, 1 portier, 1 récitant, et 1500 veuves. Ce qui donne 30 à 50.000 chrétiens sur un million d'habitants (mais de ce million-là, je ne suis pas très sûr...)

Daniel Rops, et d'autres modernes, affirment que ces veuves sont des veuves de martyrs et glosent à partir de là sur le nombre des martyrs. Or ces veuves, que l'on trouve aussi chez Saint Paul, sont des veuves du Seigneur, des religieuses : Je salue les familles [...] et les vierges qui sont appelées veuves. (Ignace d'Antioche, Epître aux Smyrniotes, 13.1) L'évêque de Rome Damase (366-384), chercha à lutter contre le culte des morts en le remplaçant par le culte des martyrs. Mais comme chacun avait un ancêtre à adorer, il fallut trouver un martyr pour chaque paroisse et le doter d'une biographie. Ainsi, comme les mânes étaient inombrables, les martyrs furent inombrables, et tous ces récits de persécutions finirent par être groupés en grandes vagues de persécutions. Certains martyrs étant plus prestigieux que d'autres, Saint Pierre fut enterré en seize endroits, Saint Paul en dix-huit, Saint Georges en une trentaine. On connaissait onze mâchoires de Saint Jacques et vingt de Saint Jean-Baptiste (qui laissa aussi treize crânes et soixante dents). Ignace d'Antioche laissa cinq têtes (plus celle qui fut mangée par les lions...), Saint André dix-sept bras, Saint Jérôme soixante doigts. Sainte Julienne, que Voragine dit avoir été massacrée du côté de Nicomédie pour avoir refusé de coucher avec son mari (cf Mt 19.12), laissa treize corps et quarante têtes.
Un jésuite du nom de Jean Ferrand commit en 1647 un ouvrage expliquant qu'il s'agissant de multiplications miraculeuses destinées à entretenir la dévotion des fidèles.
On a rencensé une quarantaine de suaires, tous authentiques, quelques saintes tuniques (dont celle d'Argenteuil, retirée de la circulation lorsqu'on découvrit que les motifs qui y étaient brodés étaient des versets du Coran...), quatre saintes lances, sept cent épines de la sainte couronne, trente cinq vases de Cana, plus quelques larmes du Christ, gouttes de lait de la Vierge, encens des Rois Mages, pailles de la Crèche, plumes de l'archange Gabriel, pierres ayant lapidé Etienne, deniers de Juda, éponges imbibées de vinaigre, dés des soldats, quinze prépuces, cinq cordons ombilicaux, une barbe, et un souffle du Christ (cf Jn 20.22), et des centaines de clous dont l'un forme la "Couronne de Fer" des rois lombards.
Il n'est pas impossible que certains de ces objets aient été originellement des accessoires ayant servi à la représentation de la Passion sur le parvis des cathédrales...
(D'après Saintyves, Les saints successeurs des dieux, 1907, p.45 sq)
Bien avant Damase, Origène (~ 220) avait écrit : Quelques uns, facilement dénombrables, ont affronté la mort pour la cause du christianisme. (Contre Celse, III, 8) Du nombre desquels ont peut retrancher un Saint Hippolyte, qui finit traîné par des chevaux et déchiqueté sur les pierres, légende tirée de la biographie d'Hippolyte ("déchiré par les chevaux") fils de Thésée, et une quantité de païens enterrés dans les catacombes où se réunissaient les chrétiens (par exemple Sainte Philomène, dont la chapelle produisit des miracles...).
Dans les Actes (17.18), Paul prêche Jésus et la Résurrection (anastasis). Cette Sainte Anastasie fut ensuite martyrisée. Son tombeau est à Constantinople.
Quelques siècle plus tard, une borne milliaire romaine indiquant le onzième mille fut interprétée comme une épitaphe, d'où le massacre de onze mille vierges par Attila.
Une Chronique attribuée à Sulpice Sévère (+ 420), disciple de Saint Martin de Tours, "tirée de l'oubli" par Le Pogge, secrétaire du pape (également "découvreur" des Annales de Tacite..., cf supra), et publiée en 1556, mentionne pour la première fois le massacre perpétré par Néron, dans les mêmes termes que Tacite, sans toutefois citer ses sources (voir chapitre sur Tacite). Cette chronique énumère neufs persécuteurs : Néron (§ 28), Domitien, Trajan, Adrien (§ 31), Aurélien, Sévère, Décius, Valérien, et Dioclétien (§ 32). Puis l'auteur nous livre une réflexion extrêmement intéressante : Depuis nous vivons dans la paix. Je ne crois pas qu'aucune persécution se produise, excepté celle que provoquera l'Antéchrist vers la fin du monde. Effectivement, les Saintes Ecritures annoncent que le monde aura à subir dix plaies successives. Or, neuf de ces plaies se sont déjà produites; celle qui reste à venir sera la dernière. (§ 33) Ainsi, nous découvrons que, comme dans le cas du dogme de l'expansion rapide du christianisme, c'est pour donner raison à la théologie que Néron fut promu grand persécuteur à la fin du Moyen-Age!

Adolf von Harnack, ayant épluché toutes ces données à la fin du XIXème siècle, arrive à 10 à 15% de chrétiens au début du IVème siècle, lorsque l'empire devint officiellement chrétien. Alors, sous Tertullien, vers l'an 200...

Je trouve chez Roderick Dunkerley (Le Christ) une "preuve archéologique" trouvée à Pompéi :

S A T O R
A R E P O
T E N E T
O P E R A
R O T A S

Un allemand nommé Grosser y aurait trouvé, en 1925, les lettres de PATER NOSTER. Je veux bien croire que les chrétiens d'Italie aient utilisé une liturgie en latin (voir paragraphe plus bas sur l'original latin de l'évangile de Marc). Cependant l'évangile de Marc, rédigé à Rome, paraît-il sous la direction de Pierre, ignore le Pater. Serait-ce alors l'apôtre Paul qui l'aurait enseigné aux Italiens ?

Nous ne savons que demander pour prier comme il faut. (Epître aux Romains, 8.26)Si ce ne sont ni l'apôtre Pierre ni l'apôtre Paul qui ont évangélisé Pompéi avant 79, qui cela pouvait-il bien être ? Ni l'Etrurie, ni la Campanie ne se plaignaient encore des chrétiens lorsque la ville de Vulsinies fut détruite par le feu du ciel et Pompéi par celui de sa propre montagne. (Tertullien, Apologétique, 11.8)Évidemment, je ne convoque pas Tertullien à la barre après l'avoir récusé quelques lignes plus haut, mais lui qui nous invente des chrétiens sur toute la terre, que n'en a-t-il trouvé de réels à Pompéi ? Et s'il refuse d'en domicilier là uniquement pour prouver que l'activité des chrétiens n'est pas responsable de la colère des dieux, que n'a-t-il fait fuir les chrétiens locaux avant la catastrophe, comme Eusèbe évacuant la communauté de Jérusalem sur la ville de Pella pour ne pas la faire tomber aux mains des armées de Titus ?

 

L'agent 003 en mission

Nous sommes beaucoup mieux renseignés sur l'oeuvre d'évangélisation de l'agent 003, alias Paul, que sur celle de l'agent Pierre. Et nous avons bien de la chance, car, au deuxième siècle, l'apologiste Justin n'avait pas encore entendu parler de cette recrue :

Douze hommes sont partis de Jérusalem pour parcourir le monde. C'étaient des hommes simples et qui ne savaient pas parler. Mais, par la puissance divine, ils annoncèrent à tous les hommes qu'ils étaient envoyés du Christ pour enseigner à tous la parole de Dieu. (Grande Apologie, § 39)

Sortant de Jérusalem, les Apôtres prêchèrent partout. (id., § 45)

...Les douze Apôtres, dont la voix a rempli la terre entière de la gloire et la grâce de Dieu et de son Christ... (Dialogue avec Tryphon, § 42)

Toujours est-il que les Extra-terrestres, après avoir perdu l'agent 002, envoyèrent un ovni sur la route de Damas pour recruter cet agent 003 (Enfin... Ça, c'est ce que disent les Actes; Paul, lui, dit qu'il fut ravi au troisième ciel sans précision de lieu ni de circonstances)

Sa mission, paraît-il, était d'annoncer l'Evangile :

Le Christ ne m'a pas envoyé baptiser mais annoncer l'Evangile.
(1 Cor 1.7)
Pour cela, les Extra-terrestres lui avaient confié un générateur de paroles évangéliques s'exprimant malheureusement en arcturien : A l'un est donné une parole de sagesse,
à l'autre une parole de science
(...),
à l'autre le don de les interpréter. (1 Co 12.8 sq)
Il faut croire que ce don d'interprétation était superflu et que, malgré les admonestations de Paul, les fidèles trouvaient beaucoup plus rigolo de parler l'arcturien sans le comprendre : J'aime mieux dire cinq mots avec mon intelligence que dix mille en langue. (1 Co 14.19)
Si l'Eglise entière s'assemble et que tous parlent en langue, et qu'entrent des non-initiés ou des infidèles, ne diront-ils pas que vous êtes fous ? (14.23)

Dans l'enthousiasme général (au sens originel: "avoir Dieu en soi"), il semblerait que le dictionnaire d'arcturien ait été égaré, ce qui nous vaut des Epîtres sans la moindre parole de l'agent Jésus.

Ceci pose le problème de comprendre quelle sorte d'Evangile a pu prêcher Paul durant plus de quatorze ans (Gal 2.1) sans miracles ni paroles du Christ, sans Notre Père ni Béatitudes, sans Bethléhem ni Golgotha : essayez un peu, pour voir...

On m'objectera que Paul a dit que le Christ a dit :

Il y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir. (Ac 20.35)

 

Parole inconnue des Evangiles

Dieu se met-il en peine des boeufs ?
(1 Cor 9.9)

 

Pas un passereau n'est en oubli devant Dieu. (Luc 12.6)

Le Seigneur a prescrit à ceux qui annoncent l'Evangile de vivre de l'Evangile. (1 Cor 9.14)

 

Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. (Mt 9.8)
Mais : L'ouvrier a droit à sa nourriture.
(Mt 9.10)

Chacun recevra son salaire selon son labeur. (1 Cor 3.8)

 

Parabole de l'ouvrier de la onzième heure
(Mt 20)

 

Ce genre de carence ne semblait pas troubler grand monde :

À mon Evangile, les notables [Pierre et Jacques] n'ont rien ajouté. (Gal 2.6)D'où l'initiative des Extra-terrestres de fournir un générateur de paroles portatif à chaque apôtre: Ne réfléchissez pas à ce que vous direz : la radio parlera pour vous.
(Mc 13.11, Mt 10.20, Lc 12.12)
Mais les ronds-de-cuir d'Arcturus n'ayant rien compris, on commença par leur livrer des générateurs s'exprimant en arcturien : Ils commencèrent à bafouiller (lalein) en d'autres (eterais) langues selon ce que l'Esprit leur donnait d'énoncer. (Ac 2.4)
Tous étaient bouleversés et se perplexisaient les uns aux autres. D'autres, discutant, compatissaient que ceux-là s'étaient laissés aller au vin doux. (Ac 2.12-13)
Il s'agit ici du même genre d'extase collective que dans les Epîtres. L'inconvénient de ce genre de comportement était que n'importe qui pouvait recevoir des révélations célestes et se proclamer apôtre : Dieu ... m'accordant par révélation la connaissance du mystère que je viens de vous exposer [la résurrection du Christ] ... Ce mystère n'avait pas été communiqué aux hommes des temps passés comme il vient d'être révélé maintenant à ses saints apôtres et prophètes... (Eph 3.3)

Voici une résurrection fort antique, sinon comment "les hommes des temps passés" auraient-ils pu ne pas être mis au courant d'un événement vieux de vingt ans (selon la Firme) ? Et pourquoi les Apôtres auraient-ils eu besoin de la "révélation" d'un événement dont ils sont censés avoir été témoins ?

Vous remarquerez que, lorsque Paul parle de sa langue martienne dans Première aux Corinthiens, il dit à ce propos que son dieu n'est pas un dieu de désordre mais de paix (14.33). C'est attaquer expressément le dieu qui a semé la confusion à Babel (Gn 11.7). Nous retrouvons ici le dieu supérieur à Yahvé de l'Apocryphon de Jean et du discours de Paul sur l'Agora (cf supra).

Chaque fidèle choisissait ensuite son prophète :

Moi, je suis pour Paul, moi pour Apollos, moi pour Céphas...

ou pas : Et moi pour le Christ! (1 Co 1.12)

Certains, comme Paul, allaient jusqu'à se prendre pour le Fils de Dieu :

Dieu a révélé son fils en moi. (Galates, 1.16)

On décrétait que les autres prophètes ne tenaient pas leurs révélations du générateur portatif mais qu'ils étaient des plagiaires :

Moi, j'ai planté et Apollos a arrosé. (1 Co 3.6)

Et le prophète concurrent de trouver un chroniqueur assurant que ça c'était rien que des menteries :

Priscille et Aquila, ayant entendu prêcher Apollos, lui exposèrent plus exactement la Voie de Dieu. (Ac 18.26) Plus tard, quand furent écrits les Evangiles, on chargea Jésus lui-même de condamner les prêcheurs concurrents Prenez garde à ce que vous entendez. (Mc 4.24)

Ce à quoi un autre prophète lui fit répondre (d'après 1 Thes 5.19 : N'éteignez pas l'Esprit.) :

Qui blasphémera contre l'Esprit ne sera point pardonné. (Mc 3.29)

Cette concurrence étant féroce, il fallait prouver son autorité par ses sources (1 Cor 9.11) :

Ne suis-je pas apôtre ? N'ai-je pas vu Jésus notre Seigneur ?

D'après la Firme, il s'agit d'une vision du côté de Damas et non du côté de Nazareth.

La preuve (Gal 1.12) :

Ce n'ai pas d'un homme que je tiens l'Evangile, mais d'une révélation de Jésus-Christ.

Ce genre d'argument devait être en béton car on ne possède aucune épître au nom d'un apôtre galiléen disant : Peut-être, mais moi j'ai connu un Jésus en chair et en os...

Bien au contraire, on trouve au milieu des Evangiles ceci :

Tu est heureux, Simon fils de Jonas, car ce ne sont pas la chair et le sang qui te l'on révélé mais mon père qui est aux cieux. (Mt 16.17)

Ce qui éclaire l'expression de Paul "connaître selon le Christ selon la chair" : il ne s'agit pas d'avoir ou non connu un Jésus en chair, mais de percevoir Jésus par ses sens, par sa chair, au lieu d'avoir le privilège de le percevoir par l'esprit. Par exemple (Ac 28.23) : Paul rendait témoignage de Jésus en partant de la loi de Moïse et des Prophètes.

NB : le "fils de David selon la chair" (Rm 1.3) est une interpolation : Paul ne dit nul part ailleurs que Jésus est de la lignée de David (les Evangiles eux-mêmes se contredisant à ce sujet, cf infra).

C'est ainsi que je peux dire que je connais le Christ "selon la chair" (2 Co 5.16), car je connais mieux les Ecritures que les idiots qui ont écrit L'homme qui devint Dieu (Messadié) ou Jésus contre Jésus (Mordillat et Prieur), tandis que le connaître "selon l'esprit", c'est à dire me laisser embarquer dans une extase près d'une auberge abandonnée alors que je cherchais un raccourci que je ne trouvai jamais, ce n'est pas du tout mon genre.

Je peux même ajouter que Mordillat et Prieur sont deux escrocs qui n'ont pas lu le centième de l'abondante bibliographie qu'ils donnent à la fin de leur ouvrage. La preuve la plus évidente est qu'ils n'en citent jamais rien. Et je vous offre cette perle (p. 80) : Était-ce une croix en T dans laquelle plusieurs Pères de l'Eglise verront l'initiale de "Theos", Dieu ?
Aucun Père de l'Eglise n'aurait eu le front de donner son avis sur l'Evangile s'il n'avait pas, au préalable lu le texte en grec, ce que n'ont jamais fait ces deux paltoquets puisqu'ils en sont à ignorer que le mot theos ne s'écrit pas avec un Tau mais avec un Theta : qeos.

(01.05.03) Je découvre une ânerie du même genre dans les annexes de la Bible des Témoins de Jéhovah. Parmi les arguties rejetant la forme de la croix latine, on peut lire (p. 1648) :
La forme de cette croix vient de l'antique Chaldée. Elle était le symbole du dieu Tammouz, étant en forme de Tau mystique, initiale de son nom.
Primo, la Chaldée n'utilisait pas d'alphabet mais un syllabaire cunéiforme.
Secundo, les Septante écrivent "Tammouz" avec un thêta, Qammouz (Ez 8.14).
Tertio, il est imprudent d'aller chercher dans le culte de Tammouz, dieu mort et ressuscité, des parallèles avec le christianisme. Car, si l'argument du tau est infondé, la présence de femmes au tombeau de Tammouz évoque d'autres femmes sur un autre tombeau...

Le nombre de conneries que débite le bouquin de Mordillat et Prieur est incroyable. On y trouve (p.40) comme preuve de l'historicité de Jésus que ni le Talmud, ni le Coran ne l'ont mise en doute! On peut en dire autant d'Adam et de Noé...

Messadié, lui, a été exécuté par Pierre Grelot (Un Jésus de comédie : l'homme qui devint dieu). Mais je relève chez Grelot une erreur bizarre, reprochant au Jésus de Messadié de ne jamais prier. Dans quel évangile Grelot a-t-il vu Jésus en train de prier ? Jésus est Dieu : comment se prierait-il lui-même ? Lisez Marc 9.29 : un démon qui "ne peut être expulsé que par la prière" a été expulsé par Jésus sans prière...

Correction : j'ai surpris Jésus à prier chez Luc en plusieurs endroits :
- en 3.21, juste après le baptême et avant l'arrivée de la colombe
- en 5.16 (dans le désert) où il corrige Mc 1.45, incises hors contexte.
- en 6.12, avant de choisir douze apôtres sur une montagne, corrigeant ainsi Mc 3.13
- en 9.18, avant la "confession de Césarée" (cf
infra)
- en 11.1, qui corrige Mt 6.7, où Jésus décide d'enseigner le Pater à ses disciples.
- en 22.41, lors de l'"agonie" à Gethsemani. C'est le seul endroit où les trois synoptiques le font prier. C'est donc une harmonie sur Luc.

Reste à savoir si Jésus priait dans la première version de Luc et si cela n'est pas une couche ultérieure. Car le proto-Luc est marcionite, et Jésus-Chrestos descendant des cieux supérieurs pour délivrer la Terre des oeuvres de Iadalbaoth n'a pas besoin de s'adresser au premiers cieux (le Pater de Luc ne loge pas le Père dans les cieux).

On lit : Seigneur, apprends nous à prier comme Jean l'a appris à ses disciples. (11.1) Mais aucun évangile ne montre Jibé enseignant à prier... Et pourquoi les apôtres auraient-il auparavant regardé Jésus prier sans rien lui demander (9.18) ?

J'avoue ne pas comprendre pourquoi dans le Pater Dieu est le tentateur, alors que dans le désert c'est Satan. Lagrange (L'Evangile de JC, 1939) n'en dit rien. Léon-Dufour pas davantage (Les Evangiles et l'histoire de Jésus, 1963). Si un lecteur veut bien m'éclairer...
 

Quant aux petits malins qui s'amusaient avec le générateur de paroles au détriment du contribuable arcturien, on les a cryogénisé et embarqué pour Arcturus :

Le Seigneur, au signal de la trompette de Dieu, descendra du ciel et embarquera les morts et les vivants sur des nuées pour le rencontrer dans les airs. Ainsi nous serons avec le Seigneur pour toujours. Réjouissez-vous de ces pensées. (1 Thes 4.16-18)

Sans doute est-ce pour mettre fin à ces désordres que les Arcturiens ont autorisé une correction des Actes où les bafouillages initiaux sont atténués par cette insertion (2.5-11) de xénoglossie, douze apôtres parlant quatorze langues différentes (à cause d'un coup de plume supplémentaire - 2.11 - à la demande des Eglises de Crète et d'Arabie...)

Les Apôtres sont tellement doués pour les langues étrangères qu'à Iconium, l'auteur des Actes les confronte à une foule s'exprimant en lycaonien (14.11). Ce que cet écrivain ignore, c'est qu'Iconium a été fondée par les Séleucides pour des colons grecs et non pour des indigènes lycaoniens : imaginez les Caldoches de Nouméa s'exprimant dans une langue canaque! De plus, selon Strabon (Géographie, 13.4.17), au premier siècle de l'ère chrétienne le lycaonien est déjà une langue morte...

 
Une Épître aux Galiléens ? (01.05.03)

Retour sur Paul et ses discussions théologiques avec les sectes de Céphas et d'Apollos.

Ces conflits sont mentionnés dans une lettre prétendûment adressée aux Galates. Les Galates sont des Celtes habitant les plateaux d'Anatolie, un trou perdu à l'écart des routes du bassin méditerranéen. L'auteur des Actes prétend y envoyer Paul en mission, mais il ne connaît pas la géographie locale (Ac 16.6) : au premier siècle, la Phrygie et la Mysie faisaient partie de la province d'Asie. Quant à Troas, il a dû en trouver la mention dans Homère et la croire toujours debout...
(Il est symptomatique que ni la traduction catho, ni Chouraqui, ni les TJ n'osent écrire "Troie". Craignent-ils d'éveiller le lecteur ?)

Alors qu'est-ce que des Galates peuvent bien avoir à faire des règlements de compte entre sectes antiochienne (Paul), jérusalémite (Céphas), et alexandrine (Apollos) ? S'agirait-il de Juifs de Galatie ? Mais les Juifs de la Diaspora sont des urbains : que feraient-ils dans ce bled ?

On m'objectera que tout est possible dans ces Actes, car on trouve une marchande de pourpre à Philippes (16.14), en Thrace. Philippes étant une ville de province et la pourpre une denrée de luxe, c'est comme si vous trouviez un colporteur de Rolls dans le Limousin.

Mais, ayant trouvé que "Thyatire", ville d'où est originaire cette marchande, assonnait avec "Tyr", ville de Phénicie qui historiquement commerçait de la pourpre, j'ai scruté les autres noms de villes cités : s'il y avait bien une ville de Philippes en Thrace - et non en Macédoine, Ac 16.12 -, je n'ai pas trouvé de Néapolis (16.11) dans le secteur, mon Gaffiot non plus, pas plus que l'apologiste Xavier Léon-Dufour qui ommet cette entrée dans son Dictionnaire du Nouveau Testament. Or, on trouve une Néapolis en Samarie (Naplouse), une Philippes en Gaulanitide, et Tyr dans la Phénicie d'à côté. Ce prétendu périple en Egée peut bien avoir eu lieu en Galilée dans une version antérieure.

Mais, objectera-t-on : Pourquoi les Apôtres prêcheraient-il en Galilée ? Les foules n'y ont-elles pas déjà été converties par Jésus en personne ?

Justement : c'est une grave question... Une fois les Evangiles publiés, il a fallu revoir ce bug. On a donc pu écrire "Galates" en grattant "Galiléens", le mot "Galates" n'apparaissant que deux fois dans cette épître, et expédier les missions de Paul un peu plus loin via les Actes.

Mais, si l'original était en hébreu, un copiste a pu faire une dittographie de bonne foi bien avant la rédaction des Evangiles. C'est sous la plume d'un Gentil traduisant l'épître en grec que ces "Galates" auraient pu apparaître. Car ne comptez pas sur un hébraïsant pour situer la Galatie quand on sait que les évangélistes situent Jéricho en Galilée et le lac de Tibériade sur la côte du Liban (voir page suivante, chapitre "Géographie"). Pour la Bible, l'Anatolie est le pays de Yavan (d'après Ionie, Gn 10.2, 1 M 1.1), de Magog (le roi Gygès de Lydie, Gn 10.2), de Meshech (Mésie, id.), Kitim (Chypre ou Crète, 10.4), et de Dodanim (fils de Danaos, ancêtre des Grecs).

Mais il est vrai que la Première Epître de Pierre mentionne correctement (1.1) le Pont, la Galatie, la Cappadoce, l'Asie, et la Bithynie. Mentionnée pour la première fois par Irénée, on peut la dater de la fin du second siècle (la Seconde Epître de Pierre est mentionnée par Origène au début du troisièeme siècle).

On peu avoir d'excellentes raisons de réécrire la destination d'une épître, notament pour asseoir l'autorité d'un diocèse sur son ancienneté, ancienneté que l'on prouve par une mention dans des écrits des temps apostoliques (ex : Denys l'Aréopagite (Ac 17.34) pour le diocèse d'Athènes). Ainsi, l'Épître aux Ephésiens (où Ephèse n'est pas mentionnée) a été aussi appelée Épître aux Laodicéens (cf Col 4.15). L'Épître aux Romains est peut-être une ancienne Épître aux Alexandrins vu son contenu (cf supra).

Nous avons vu que Paul avait été décrété natif de Tarse parce qu'il était un nouveau Jonas. Mais une autre école le disait natif de Giscala de Galilée (Saint Jérôme, De viris illustribus, §5). Ceci pouvait lui donner une excellente raison d'évangéliser les Galiléens.

À moins qu'il ne soit né à Giscala pour des raisons tout aussi théologiques qu'à Tarse :
À la fin des temps, il prospérera sur la route de la mer, au delà du Jourdain,
dans le "Cercle des Nations"
(Is 8.23)

Or nous avons vu que Paul vivait à la fin des temps. Quand plus tard Jésus lui-même fut chargé d'évangéliser la Galilée, il fallu éloigner Paul. On l'expédia à Damas, puis à Tarse, et enfin en Espagne (cf Clément de Rome, Épître aux Corinthiens, 5.7)

On trouve d'autres fantaisies dans la biographie de Paul que donne les Actes. Ainsi, après s'être mis d'accord avec Pierre pour aller évangéliser les Gentils, Pierre prêchant aux Juifs, on le voit courir de synagogue en synagogue. D'après les épîtres, Paul prétend vivre des sous des fidèles (1 Co 9.7). Selon les Actes, il travaille de ses mains. Mais l'auteur des Actes n'a sans doute jamais travaillé, d'après ses connaissances en économie : non seulement il invente un marché de la pourpre en Thrace (cf supra), mais à Corinthe, il embauche Paul comme fabricant de tentes (Ac 18.3), sans doute dans le but de les écouler auprès des caravanes de chameaux qui passent par Corinthe... Ce bug vient sans doute du prophète Amos (9.11) :
En ce jour, je relèverai la tente de David qui est tombée [...] afin qu'ils recueillent l'héritage des nations sur lesquelles a été invoqué mon nom.
Ainsi, Paul peut avoir dit qu'il travaillait à redresser la tente de David, voire à bâtir celle de Dieu (2 Co 5.4 / Ap 21.3), ce qui fut compris dans un sens littéral par le compilateur des Actes...

Retour au don des langues
 

Les élucubrations de JC Barreau (suite)

Jésus, lui, n'avait pas besoin de parler des langues étrangères, étant resté au pays.

Ce qui n'a pas empêché JC Barreau (Biographie de Jésus, p.29) de s'interroger sur cette grave question : Jésus parlait l'araméen, naturellement ; l'hébreu, lorsqu'il lit dans la synagogue (Lc 4.16) un texte dont Barreau ignore qu'il a été bricolé par l'évangéliste (Isaïe 61.1a + 61.1c + 42.7a + 58.6c + 61.2a), et le grec pour s'adresser aux autorités romaines sans interprète.

Imaginons Barreau appliquant cette exégèse à une autre littérature : Tintin parlait le russe, car on ne voit point d'interprète dans "Tintin au pays des soviets". Sans doute a-t-il parlé l'anglais aux USA, aux Indes, au Népal et au Tibet (quoiqu'il serait étonnant que des simples moines tibétains parlassent l'anglais, donc il parlait le tibétain, ainsi que le capitaine Haddock qui intervient dans la conversation). Le dialogue avec l'Inca se déroule sans doute en espagnol. En Syldavie, il ne semble pas comprendre le syldave des paysans. Mais comme il dialogue avec les gens du palais, ceux-là doivent s'exprimer en français, langue de toutes les cours d'Europe (Le sceptre d'Ottokar), et les échanges avec le personnel de l'usine de Klotz (Objectif lune) doivent être en anglais, langue des scientifiques invités du monde entier. Il est certain qu'il ne parlait ni l'arumbaya (L'oreille cassée), ni l'arabe (Au pays de l'or noir), mais il dialoguait sans problème avec les humbles chinois (Le lotus bleu). Mitsuhirato, comme diplomate, parlait sans doute autant le chinois que l'anglais. L'état actuel de l'exégèse ne permet pas de savoir dans laquelle de ces deux langues il s'adressait à Tintin.

Restons encore un peu en compagnie de l'exégète Barreau (et d'autres) : Jésus était un artisan de village. Cf "celui qui veut bâtir une tour commence par se demander quels matériaux lui seront nécessaires." (Lc 14.28) Dommage que Barreau tronque la citation, car la suite nous aurait informé des années de service militaire du rabbi Ieschouah et de son passage dans la carrière diplomatique... Cette exégèse nous interpelle, comme on dit :

- Jésus avait-il fait des études de médecine ?
Ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin de médecin, mais les malades
. (Luc 5.31)
Mais la profondeur de cette remarque ne permet pas de savoir s'il est allé jusqu'au bout du cursus...

- A-t-il étudié la météorologie avec Thalès de Milet ?
Jésus leur répondit : Le soir, vous dites : Il fera beau, car le ciel est rouge; et le matin : Il y aura de l'orage aujourd'hui, car le ciel est d'un rouge sombre. Vous savez discerner l'aspect du ciel, et vous ne pouvez discerner les signes des temps. (Mt 16.2)

- A-t-il étudié le comportement des poissons en compagnie de Cousteau ?
Maître, nous avons travaillé toute la nuit sans rien prendre, mais, sur ta parole, je jeterai le filet. (Luc 5.5)

- A-t-il travaillé comme agent immobilier ?
Le royaume des cieux est encore semblable à un trésor caché dans un champ.
L'homme qui l'a trouvé le cache, et, dans sa joie, il va vendre tout ce qu'il a, et achète ce champ.
(Mt 13.44)

- Et acheteur pour le compte de Van Cleef et Arpels ?
Le royaume des cieux est encore semblable à un marchand qui cherche de belles perles. (Mt 13.45)

Pour information, dans les catacombes, Jésus est toujours représenté en pasteur et jamais en charpentier (ci-contre : fresque de la fin du IIème siècle, catacombe de Priscilla, Rome). Il est vrai que Justin de Samarie raconte qu'il fabriquait des charrues et des jougs (Dialogue, § 88), mais de la à scruter les Evangiles pour y trouver des connaissances dans le bâtiment...

J'ai vu sur un vitrail de Notre-Dame de La Salette une représentation du petit Jésus jouant dans l'atelier de Joseph.
Le bambin a ramassé deux planchettes et les a disposées en croix... Laissez-le vivre !

Un homme devenu dieu ?

Barreau a des trouvailles bizarres (p. 102-104) : Les chefs zélotes décidèrent de tendre à Jésus une espèce d'embuscade politique et populaire [...] Ils convoquèrent une foule de partisans au pied du Golan [...] Jésus organisa dans la foule la collecte des vivres disponibles [...] Il ne faut rien voir ici de surnaturel : il s'agit seulement d'un véritable partage, les riches notables ayant accepté de donner leur superflu (le meeting étant prévu secrètement de longue date, ils avaient pris leurs précautions).

Notre exégète oublie quelques détails du texte qui n'ont pas échappé à d'autres exégètes plus sérieux : la multiplication des pains a lieu le soir (Mc 6.35) et le troisième jour (Mc 8.2). Il s'agit donc d'une image de la Cène. S'il y a deux épisodes de multiplication des pains, c'est qu'ils illustrent deux psaumes différents : le psaume 107 au pays de la mort (cf supra) et le psaume 23 (Le Seigneur est mon berger..., cf infra au chapitre "chimie")

Comme quoi, il est facile de ne rien comprendre à l'Evangile si on l'approche sans culture biblique. L'un des pires ouvrages du genre est Jésus, l'histoire vraie de Jean Potin (ancien rédacteur en chef de La Croix, je vous prie!) où l'auteur se contente de paraphraser les Evangiles durant 500 pages en ne se référant à l'Ancien Testament qu'une seule fois (p.446 : le serviteur souffrant d'Isaïe). S'il avait intitulé son bouquin Mon Jésus à moi, j'aurais moins trouvé à y redire. Et appréciez cette perle (p. 27) : Beaucoup [de Juifs] cherchent inconsciemment(?) une voie leur permettant une rencontre plus directe avec Dieu. [...] C'est d'un tel Messie qu'ils ont besoin, d'un Sauveur qui mette la religion juive à égalité avec les autres religions orientales. Il est pertinent de rapprocher le christianisme des cultes à mystères, mais dire que cela permet au judaïsme d'égaler en qualité ces cultes, n'est-ce pas avouer la supériorité de Thamous sur Jéhovah ? On en a carbonisé pour moins que ça...

Je ne vais pas citer ici tous ceux qui font de Jésus un réformiste ou un révolutionnaire qui a raté son coup. Mais je leur pose une question qu'effleure à peine le titre choisi par Messadié : comment leur rabbin juif a-t-il pu devenir un dieu ? À l'avancement ? Et les autres rabbins contemporains, Hillel, Gamaliel, Ben Zakaï, pourquoi n'ont-il pas eu cet avancement ? Et si Jésus était plus que rabbin, soit prophète, pourquoi ne l'est-il pas resté, comme Elie et Elisée qui ont accompli des miracles et ressuscité des morts ? Et s'il n'était qu'un révolutionnaire qui a échoué, quid de Theudas, Bar Kocheba et autres révolutionnaires juifs ? Et Che Guevarra, dont l'icône orne des millions de T-shirts, où sont ses miracles, ses multiplications de tortillas et ses marches sur le lac Titicaca ?

Car, sauf à faire dire aux Evangiles ce qu'ils ne disent pas (comme dans cet échantillon de Barreau), où y trouvez-vous un homme ? Dans le christianisme, Jésus est Dieu aussi haut qu'on remonte, et davantage dans les écrits antérieurs aux Evangiles que sont l'Apocalypse et les Epîtres de Paul.

Pierre Grelot s'est bien gardé de répondre à cette question. Jean-Paul Roux (Jésus) en appelle au "mythe d'Alexandre". Callisthène a beau avoir écrit qu'à sa mort Alexandre le Grand monta au ciel dans une nacelle tirée par des griffons, ce n'est pas suffisant pour le comparer à Jésus : où sont les Evangiles d'Alexandre ? les prophètes, le clergé, les temples d'Alexandre ?

Et les miracles suffisent-ils à faire des dieux ? Pierre et Paul, selon les Actes ont ressuscité des morts, et les rois de France et d'Angleterre ont guéri des écrouelles : sont-ils devenus des dieux, ou des demi-dieux, des quarts de dieux ? Où sont leurs chapelles ? Les adore-t-on dans leurs tombeaux ? Et le diacre Pâris, dont des miracles se produisaient sur la tombe, que n'a-t-il laissé des fidèles ?

Tertullien écrit (Apologétique) :

Comme Saturne apparaissait partout à l'improviste, il lui arriva d'être appelé "fils du Ciel". (10.10)
Bien simples d'esprit seraient les hommes s'il ne croyaient pas [...] que Jupiter lui-même a craint les foudres que vous lui mettez dans la main. (11.6)
Mais vous ne sauriez nier que vos dieux aient été des hommes. (11.13)
Vos dieux, ce sont les noms de quelques anciens morts. (12.1)
Qui croirait ces sottises aujoud'hui ? Duquesne ? Mordillat ? Messadié ? Barreau ? Vous ?

Qui était l'Être suprême avant que Robespierre ne voulut en faire un dieu ?

Le choeur : D'où viendrait l'Eglise si elle n'avait pas été fondée par un rabbin obscur qui rata lamentablement son coup d'état ? Comment le juif monothéiste Etienne aurait-il pu dire "Seigneur Jésus, reçoit mon esprit!" s'il n'avait pas su qu'il parlait d'un simple compatriote ?

Et Tertullien aurait adoré un homme ?

Nous adorons Dieu par le Christ. Croyez-le un homme, si vous voulez. C'est par lui que Dieu a voulu être connu et adoré. (21.28) Les hommes ne deviennent pas des dieux. Ce sont les idées qui deviennent des divinités : Achamoth (la sagesse); les Parques ou Moires (moira, le sort; même racine que merizw, partager), déesses de nos destinées, qui sont Lachésis ("le hasard" de la naissance), Clotho ("la fileuse" de la vie), et Atropos ("l'incontournable" mort); Thémis ("la règle"), déesse de la justice ; Némésis ("distribution"), déesse de la vengeance ; les frères Prométhée et Epiméthée ("qui réfléchit d'abord/ensuite"); les frère Eros (l'amour) et Thanatos (la mort); etc Il semblerait qu'Amora, déesse de la moutarde, soit montée au nez des autres dieux.
(René Goscinny, Astérix et le Devin)

 

De Marianna disputatio

Je vous livre la primeur d'un document retrouvé dans les ruines du Paris du XXIIIème siècle. Comme le français de cette époque est méconnaissable (et que je n'ai pas de police de caractères arabes), je vous en donne une version en français actuel.

Mes chers concitoyens, Des esprits forts qui se répandent dans nos villes osent nier que notre belle république ait été fondée par notre Marianne adorée!

En vérité, je vous le demande, d'où serait venue la République Française si elle n'avait pas été fondée par cette femme remarquable ? D'où serait venue la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen si elle ne l'avait pas elle-même formulée ? Certes, la tradition n'a pas conservé l'endroit exact où fut prononcé ce fameux discours, mais l'important est qu'il ait été prononcé.

Entendez les calomnies de la Réaction : Votre Marianne n'est que la fille d'une obscure cantinière engrossée par le général Bonaparte! Elle n'a jamais voulu fonder votre République mais seulement récupérer le trône de son père naturel, et elle a été doublée par un autre bâtard de l'Empereur, le prince Louis-Napoléon!

C'est ridicule : Marianne a trente ans au plus sur le célèbre tableau de l'apôtre Delacroix qui la représente à la tête du mouvement révolutionnaire. Elle serait donc née au plus tôt en 1818. A l'époque, Bonaparte est à Sainte-Hélène depuis trois ans!

Qui oserait nier que Marianne prit la tête de ce mouvement ? On voit à son côté le célèbre Gavroche. Gavroche est cité dans Les Misérables, recueil de souvenirs de l'apôtre Victor Hugo. Victor Hugo ne fut pas témoin des événements de 1848, peut-être ? L'apôtre Lamartine, député au Comité Central de l'époque, a prononcé une homélie célèbre pour défendre le drapeau de Marianne, et celle-ci n'aurait jamais brandi ce drapeau ? A d'autres!

La Réaction : Vous mélangez tout. Le tableau de Delacroix date de 1832. Il est par conséquent impossible qu'il représente des événements ayant eu lieu en 1848!

Voilà bien l'éternelle mauvaise foi de la critique rationnaliste! D'abord, il est impossible de donner une date à ce tableau par simple examen : Gavroche est armé de pétards dignes du temps de Surcouf; Marianne est trop dévêtue pour qu'on puisse dater ses vêtements; quand à l'autre individu qui monte sur les barricades en tenue de soirée, il a été établi que ce trait ne pouvait venir que des exagérations coutumières aux apocryphes de la vie de Marianne. Vous avez même, au premier plan, le cadavre d'un "sans-culotte" : pour avoir pris ce terme au pied de la lettre, il faut que le peintre ait vécu bien après les événements!

Ensuite, où avez-vous été dénicher une date aussi précise quand la chronologie du début du XIXème siècle est un casse-tête ? Il paraît que 1790 fut "l'an II de la liberté". Cependant, le 21 septembre 1792 fut suivi du 1er vendémiaire an I! Bonaparte prend le pouvoir un 18 brumaire an VIII, se couronne le 2 décembre 1804, mais ne rétablit l'ancien calendrier qu'en 1806 ? Comment est-ce possible ? Vous nous présentez des pièces de monnaie portant à l'avers "République Française" et au revers "Napoléon Empereur" et vous avez le front de nous dire que c'est là une preuve que la république existait avant Marianne ? Et que cet empereur d'une République qui avait massacré 10.000 prêtres fut couronné par le Pape ? Quelle merveille! Quel reporter que ce peintre David! Et vous venez ensuite ricaner devant les oeuvres de Puvis de Chavannes où l'on voit l'antique Marianne déambuler parmi les usines...

Loin de nous l'idée de nier l'existence de Napoléon, puisque la Sainte Mère de Marianne servit dans son armée. Mais son existence même prouve la fausseté de votre système de datation. Nous trouvons des décrets de Louis XVIII datés de "l'an 21 de notre règne", que vous nous datez de 1815! L'Empereur de la République n'aurait-il jamais régné ? Et ce Louis XVII, qui, paraît-il régna deux ans ? Où le mettez-vous ?

La Réaction : Marianne n'a pu diriger la révolution de 1848 puisque le tableau représente la révolution de 1830!

Nous voici devant une autre catégorie de calomniateurs : ne pouvant nier, ils cherchent à rabaisser! Et de nous resservir la fameuse "révolution de 1830" qu'on trouve dans le Toledot Mar Yana :

Avant la révolution, les Bourbons étaient au pouvoir.
Après la révolution, les Bourbons étaient au pouvoir.
Et voilà comment cette Marianne a fait le travail!
Ce sophisme a plus de deux mille ans d'âge : Il a été vu vivant le vendredi.
Il a été vu vivant le dimanche.
- Alors, il n'était point mort ?
Qu'il est bête : il est mort et ressuscité, bien sûr!

Aussi nous permettrez-vous ce syllogisme :

Avant la révolution, les Bourbons étaient au pouvoir.
Après la révolution, les Bourbons étaient au pouvoir.
Donc la révolution n'a pas eu lieu.
Donc Marianne n'a pas pu y prendre part. CQFD.

Nous avons des preuves numismatiques et archéologiques de l'activité politique de Marianne : son portrait apparaît sur les monnaies dès 1848; à partir de 1853, on trouve le profil de Napoléon III - avec à l'avers, "empire français", je vous prie... - et son buste trône dans les bâtiments publics ; à la suite de son retour d'exil, on trouve des bustes et des profils de Marianne!

La Réaction : Foutaises! Ces bustes et ces pièces représentent des femmes anonymes!

Alors là, messieurs, permettez-moi de me gausser! L'Histoire a conservé les noms de Brigitte Bardot, Mireille Matthieu, Catherine Deneuve, et Laetitia Casta comme modèles de bustes sous la Vème République, et de Marie-Caroline Le Pen sous la VIème République. Jusqu'en 1969, on n'a aucun nom! C'est donc bien Marianne elle-même qui était représentée jusqu'alors...

La Réaction : Nous n'en croyons rien : son nom n'est même pas mentionné dans la Marseillaise! Même si le début de son activité est postérieur à la composition de ce chant, les républicains n'auraient pas manqué de l'y faire entrer!

Parce que les noms de Marx et de Lénine sont dans le texte de L'internationale, peut-être ?

La Réaction : Marianne n'a quasiment jamais vécu en France. On ne sait rien de fiable sur son existence entre le coup d'état de Louis-Napoléon et son retour en 1870. Elle est représentée avec une coiffe ridicule qui ne fit jamais partie d'aucun costume régional de France. C'est forcément une coiffe symbolisant la liberté, coiffe inspirée du bonnet conique des affranchis romains.

Alors, là, Messieurs, je vous arrête! Bonaparte a fait toute sa carrière coiffé d'un chapeau que vous aurez du mal à retrouver dans les costumes militaires de l'époque. Et vous n'allez pas me faire croire qu'il provient du costume régional corse... Ce chapeau est si célèbre que, vissé sur n'importe quelle buste en silhouette, il suffit à dessiner Bonaparte. Direz-vous pour cela que ce chapeau est symbolique, qu'en vérité Napoléon allait nu-tête, et que, pour cela, les Anglais l'avaient surnommé "le Petit Tondu" ?

De même, le bonnet phrygien fut créé par Marianne elle-même : rouge, pour que ses disciples la voient de loin lorsqu'elle prennait la tête de ses troupes; sans rebords, pour leur montrer qu'il fallait supporter impavidement les intempéries; avec une protubérance rappelant le cimier des casques antiques, pour signifier son autorité.

Ci-contre, la célèbre coiffure qui suffit à évoquer la Marianne historique comme la croix finit par représenter Jésus de Nazareth. Quant à ses années d'exil, Marianne les passa à Jersey auprès de Victor Hugo, à qui elle conta les souvenirs que sa mère, cantinière, lui avait elle-même transmis, fortifiant en elle l'idéal républicain. Comme il est dit dans l'Évangile républicain : Marianne gardait toutes ces choses dans son coeur.

La Réaction : Mais vous venez de nier qu'elle était la fille d'une cantinière!

Pardon : j'ai nié qu'elle fut bâtarde de Bonaparte. Ce n'est pas la même chose....

La Réaction : Mais Marianne n'a jamais existé! C'est un personnage symbolique! Comme la Statue de la Liberté! Comme la Déesse de la Démocratie des Chinois! En plus, elle est blanche en métropole, négresse aux Antille, et bridée à Tahiti!

Un personnage symbolique ? Un certain Michel Delpech nous a laissé un cantique où il est dit que Marianne avait eu cinq enfants. Comment une personne imaginaire peut-elle avoir des enfants ? Par l'intercession de l'archange Gabriel ? Le dessinateur Steinlen, de L'Assiette au Beurre, a laissé un dessin représentant Marianne au bras d'un homme riche à côté d'ouvriers lui lançant : Cache-toi, salope! Tu nous fais honte! Comment un trait aussi défavorable à cette héroïne aurait-il pu être conservé par ses disciples s'il n'avait pas été authentique ? Et son célèbre disciple Hégésippe Simon ? Personnage symbolique lui aussi ? Alors qu'on possède une photographie - une photographie, Messieurs! Et non une peinture glanée dans quelque catacombe... - une photographie d'une cinquantaine de parlementaires présents à l'inauguration de la statue d'Héségippe dans son village natal de Poil (car il est assuré qu'il naquit à Poil).

Marianne
adolescente
  
Marianne jeune
  
Marianne âgée
  
Marianne guerrière
  
Marianne en majesté

La couleur de peau de Marianne ? Marianne était de type européen, comme nous le montrent les documents d'époque. Mais enfin : Jésus, ce héros de l'Antique Superstition, était-il blond, comme le représentent les Anglo-Saxons ? brun, comme le dépeignent les peintres espagnols ? frisé, comme dans les chapelles libanaises ? ou noir, comme dans les églises d'Ethiopie ? Cela suffit-il à faire qu'il n'y ait jamais eu de Jésus ?

Quant à la Statue de la Liberté, Messieurs... Considérez encore ce rabbin de Nazareth : Jésus était son nom, Christ était son titre. De même vous ne pouvez nier que Liberté soit le titre de Marianne que Bartholdi emprunta à Delacroix, son tableau - dois-je vous le rappeler ? - s'intitulant La Liberté conduisant le peuple. Si nulle représentation de Marianne antérieure à Bartholdi n'utilise ce titre, c'est parce que la République n'était pas encore bien établie. Ce n'est qu'en 1877 que les monarchistes sont définitivement écartés du pouvoir. A partir de ce moment commenca la divinisation de Marianne et le recours plus fréquent à son titre. Et, en 1886, sa statue fut inaugurée à New York. Cela est indéniable : les documents d'époque sont inombrables. Inversement : vous pouvez éplucher deux siècle d'histoire des Etats-Unis, vous n'y trouverez aucun élément prouvant que cette statue aurait pu représenter une héroïne locale.

Ci-contre une Marianne de la fin du XIXème siècle portant une couronne solaire de type Bartholdi

Quant à la Déesse de la Démocratie, vous ne pouvez nier que la Démocratie soit l'oeuvre de Marianne. Mais nous avons ici encore un élément extrêmement intéressant : pour la première fois dans l'Histoire, près de deux siècles après sa naissance, le titre de "déesse" est explicitement donnée à Marianne à la fin du XXème siècle. Le processus de divinisation est achevé.

De même, c'est au milieu du IIème siècle que le christianisme connaît la "crise gnostique" qui accélère le processus de divinisation de Jésus-Christ : n'est-ce pas troublant ? Ainsi, malgré l'accélération de l'Histoire, le fils du charpentier de Nazareth et la fille de la petite cantinière de la Grande Armée ont été divinisés dans des délais comparables...

Ci-contre : autel de Marianne du début du XXIème siècle

La Réaction : OBJECTION! On trouve une Déesse de la Raison en activité à Paris à la fin du XVIIIème siècle! Par conséquent Marianne ne peut pas n'avoir été divinisée qu'à la fin du XXème siècle! Et j'ajoute qu'il est avéré que la publication de la Déclaration des Droits de l'Homme date de la fin du XVIIIème siècle! En conséquence, votre Marianne ne peut pas l'avoir déclamée sur la butte Montmartre, au mur des Fédérés, ou dans n'importe lequel de ces lieux sacrés où vous vendez des Mariannes clignotantes!

RÉFUTATION! On n'a aucune trace de l'épithète "raison" accolée à Marianne dans les différentes étapes de sa divinisation. Mais votre argument se retourne contre vous : une idée de Robespierre, caricaturée par des effigies en carton-pâte, n'a guère remué les foules... Et Robespierre a même perdu la tête dans l'aventure! Et exécuté par qui ? Par des royalistes ? Même pas : par ses propres sectateurs! Quelle réussite! Tandis que la Marianne de chair et d'os, à la naissance obscure, la Marianne allaitante, la Marianne souffrante, la Marianne agissante, la Marianne REELLE, en un mot, elle - et j'ajoute une majuscule - Elle a soulevé l'enthousiasme des foules!

La Réaction : Nous estimons que les "cinq enfants" donnés à Marianne par Delpech représentent les cinq républiques successives : c'est un pur symbole!

Vous mettez des symboles partout... Le texte dit : Marianne a cinq enfants, dont quatre qu'elle a perdus. Et vous y voyez des républiques successives. Mais enfin, Messieurs, s'il s'était agit de succession, n'aurait-on pas écrit qu'elle eut une fille, puis une petite-fille, une arrière petite-fille, etc... Et Marianne aurait survécu aux quatre premières générations pour se retrouver à un âge canonique contemporaine de la cinquième ? Maintenant, s'il s'agit de cinq enfants, elle n'a pu les procréer après quarante ans, au regard des conditions de vie de l'époque. Le dernier serait donc né au plus tard en 1858. Vous osez imaginer que c'est à l'âge de cent ans que sa dernière fille aurait fondé une république ? Et que les Français la surnomèrent affectueusement "Tante Yvonne" ? Je laisse cela aux maniaques de l'explication allégorique.

Je pense plus sérieusement qu'il s'agissait d'enfants en chair en os, "de même nature que leur mère". Il auraient pu naître entre 1843 et 1853. Il auraient eu à peine plus de vingt ans lorsqu'ils revinrent d'exil avec leur mère pour prendre part à la guerre contre la Prusse puis à l'insurrection de la Commune. Et, de même que ce furent les disciples de Jésus qui fondèrent l'Eglise et non lui-même, on peut penser que la Marianne historique périt lors du conflit avec quatre de ses filles, et qu'en fait, ce n'est pas Marianne mais sa fille cadette qui est représentée sur le dessin de Steinlen.

Ci-contre : Marianne et sa cadette

Examinons maintenant sa participation à la DDH. Je n'ai jamais dit qu'elle en était l'auteur...

La Réaction : MENTEUR! Greffier, veuillez montrez vos notes à Monsieur...

Hum... Soit! Je révise ma position. Comme nous disons dans notre belle démocratie : Il y plusieurs demeures dans la maison de la Mère. J'ai lu quelquepart que ce révolutionnaire juif dont on fit jadis un dieu avait puisé sa doctrine dans une secte du temps appelée "éssénienne". Quelle impossibilité y-a-t-il donc que Marianne ait tiré ses idées de maîtres qui la précédèrent ? Et j'ajouterai même que cela n'a aucune importance, car ce qui fit la gloire de Marianne ne fut pas la théorie mais l'action! Et, plus que l'action, le triomphe! Dès lors, point besoin de subterfuges pour transformer une défaite en victoire, de tableaux représentant Marianne ressuscitant Gavroche, et de sans-culottes courant de ville en ville pour chanter en choeur à des gogos ébahis :

Marianne fut tuée le premier jour,
Rendit visite à Robespierre le second jour,
Ressuscita le troisième jour :
Ce furent les Trois Glorieuses!

Enfin, pour clore définitivement la question de l'historicité de Marianne, parmi le fatras de ragots qui en font soit une bâtarde, soit une salope, soit une "gueuse", une "franc-maçonne", une "enjuivée", et autres épithètes galants, aucun chroniqueur du temps - je dis bien AUCUN! - n'a jamais nié que Marianne ait vécu à l'époque où nos historiens situent son activité.

 

Biologie

Fin des élucubrations de ces exégètes de pacotille. Retour à celles des ufologues.

Suite de la science martienne.

Si le grain tombé en terre ne meurt, il reste seul.
Mais s'il meurt, il porte beaucoup de fruits.
(Jn 12.24)
Voici qui nous éclaire sur les techniques agricoles en usage en Elohimland : vous emblavez votre champ, vous balancez une tonne de chlorate de soude et une bonne dose de rayons gamma, et vous attendez que ça pousse! Nous savons enfin le pourquoi des débarquements d'ovnis dans nos champs de lavande : les Elohim y viennent chercher à bouffer.

Là aussi, avant de convoquer les agronomes de Bételgeuse, j'irais rendre visite à Osiris et Thamous-Adonis, dieux de la végétation qui, à ce titre, meurent à l'automne et ressuscitent au printemps. La mort du dieu est célébrée à l'automne au milieu de lamentations :

Thamous, Thamous, Thamous, le très-grand est mort! Un esclave vêtu en dieu de la végétation (manteau, couronne de ronces, sceptre de roseau...) paradait en ville (au milieu d'un public brandissant des palmes...) avant d'être mis à mort (ou simplement suspendu à un arbre dans les usages les plus tardifs du rite).

Et, six mois plus tard, au printemps, le dieu ressuscitait...

C'est dans ce cadre que l'on peut comprendre un énième bug des Evangiles :

Revenant de bonne heure vers la ville, il eut faim.
Et voyant un figuier sur le chemin,
il s'en approcha et n'y trouva que des feuilles.
(Mt 21,18-19)
Car ce n'était n'était pas la saison des figues.
(Mc 11,13)
Et il lui dit : "Que plus aucun fruit ne provienne de toi."
(Mt 21,19)

Ce passage a excité les sarcasmes de Voltaire : le Fils de Dieu punissant un honnête figuier faisant son boulot de figuier!

Hyam Maccobby (Paul et l'invention du christianisme) note pertinement que si l'anomalie est de ne pas trouver de figues, la scène se déroule à la saison des figues, c'est à dire en automne, et couplant ce détail avec le fait que la fête des Rameaux a lieu en automne (Lv 23,40), il pense que Jésus a été arrêté en automne, a passé six mois en tôle, et a été exécuté à Pâques par l'occupant romain pour intimider les Juifs. Ecrivant pour démontrer que Jésus était un agitateur politique juif, le parallèle avec un dieu de la végétation passant six mois par an aux enfers lui échappe totalement. Or, quelque soit la variété de secte chrétienne, ou d'hérésie si l'on est orthodoxe, qui ait fleuri depuis deux mille ans, il n'en a existé aucune qui ne prit Jésus pour un autre personnage qu'un dieu...

C'est d'ailleurs ce caractère divin qui permet à Paul de décréter que le sacrifice de Jésus rachète le genre humain (Rom 5.19) alors que le judaïsme dont il se réclame ne connaît que la responsabilité individuelle (Ex 32.33)

Et pour savoir ce que fait ce figuier dans le tableau, le mieux est d'interroger une fois encore les prophètes :

Ephraïm devra être abattu.
Leur racine devra se dessécher.
Ils ne produiront pas de fruit.
(Os 9.16)

Il est vrai qu'il s'agit d'un oracle d'origine judéenne contre une tribu rivale issue de Joseph. Mais comme Jésus est issu de Joseph (et Paul de Benjamin, même branche), il suffit de dessécher un figuier, symbole de Juda (Ps 1.3), pour régler leur compte aux Juifs... Mais Marc met ce figuier hors de Jérusalem, alors Matthieu enfonce le clou en le mettant à l'intérieur des murs de la ville. (Quant à Jean, il ignore ce figuier mais se souvient vaguement que Jésus a une course à faire en Ephraïm, 11.54)

On retrouve ce figuier dans Luc (13.6 sq), le grand correcteur, sans mention de saison mais sous forme la d'une violente attaque contre les lois de Moïse :

"Quelqu'un avait un figuier planté dans sa vigne...

C'est interdit : Tu ne sèmeras pas autre chose dans ta vigne. (Lv 19.19)

"Voilà trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier..."

C'est interdit : Pendant trois ans, le fruit ne devra pas être mangé. (Lv 19.23)

Si le maître est Dieu le Père et le Serviteur Dieu le Fils (vigneron, c'est a dire curateur du royaume du nord, et non préposé aux figues du sud...), le figuier va passer un mauvais quart d'heure s'il ne se convertit pas...

Autre évocation du dieu du royaume du Nord (Mc 12.1 sq, Mt 21.33 sq, Lc 20.9 sq) : le maître plante une vigne ; il se fait blouser par ceux du sud ; il envoie trois gars du nord (Saül, Nahum, et Jonas) qui se font massacrer; puis envoie son galiléen de fils qui passe aussi à la casserole, et enfin les armées de Titus pour leur apprendre à vivre...

Marcionisme

Mais ce Dieu là ne peut pas être celui qui a donné ces lois à Moïse : nous sommes ici en plein marcionisme!

Marcion : évêque du Pont vers 140; rédacteur de l'Evangile de Luc (à l'exception des chapitres de l'enfance, cf supra); disciple de Paul, collationneur de ses Epîtres (ou rédacteur desdits épîtres pour certains critiques...); oppose le Dieu mauvais de l'Ancien Testament, le Démiurge, au Dieu bon, le "dieu inconnu" des Actes, père du Fils envoyé pour lui faire la peau ; prétendument hérétique alors que l'on retrouve ses idées ici, dans d'autres logia

("On ne met pas de vin nouveau dans de vieilles outres"
"On ne met pas une pièce neuve à un vieux drap"
En clair : "A bas l'Ancien Testament!")

et dans les Epîtres de Paul...

L'Evangile de Thomas dit (47.17) : On ne coud pas une vieille pièce à un habit neuf, ce qui est plus radical et valorise davantage le Nouveau Testament (De ce fait, la version de Thomas a de fortes chances d'être l'original.)

Nous retrouvons Marcion au détour d'un morceau de Matthieu (5.34) :
Je vous dis de ne point jurer, ni par le ciel, ni par la terre, ni par Jérusalem,
[ni par ta tête.]
("ta" au lieu de "votre" : coup de calame anonyme)
Que votre parole soit "oui oui" ou "non non". Ce qui est dit de plus vient du Mauvais.

D'après ce passage, c'est le Mauvais qui a dit à Abraham : Je te jure par moi-même... (Gn 22.16)
Et à Moïse : C'est par Yahvé que tu craindras, c'est par son nom que tu jureras. (Dt 6.13)

Autre morceau marcionite : Si le fils de l'un d'entre vous lui demande du pain, lui donnera-t-il une pierre ? Ou s'il lui demande un poisson, lui donnera-t-il un serpent ? (Mt 7.9 / Lc 11.11) Et que dit l'Ancien Testament à ce propos ?

Quant à ce peuple, tu lui diras : Tenez-vous prêts pour demain, vous mangerez de la chair puisque vous avez sangloté aux oreilles de l'Eternel en disant "Qui nous donnera de la viande à manger ? Nous étions plus heureux en Egypte! L'Eternel vous en donnera à manger, de la viande! [ L'Eternel fit pleuvoir dix milliards de tonnes de cailles et le peuple les ramassa.] La chair était encore entre leur dents, elle n'était pas encore consommée, lorsque la colère du Seigneur éclata contre le peuple, et le Seigneur frappa le peuple d'une mortalité considérable. (Nombres, ch. 11)

Autre passage marcionite, dont quelques falsifications ont tenté d'atténuer la portée (et qui ont réussi...), dans une succession de paraboles qui disent en fait la même chose (Mt 13) : le bon grain et l'ivraie, le grain de sénévé, le levain, la perle, et le filet.

Et que disent-elles ? Qu'il y a un trésor enfoui parmi des choses sans valeur et même mauvaises. Le champ, c'est l'Ancien Testament. Le bon grain, la perle, le levain, le bon produit de la pêche, c'est ce qu'il faut en garder.

La falsification, c'est de rejeter à la fin du monde le tri entre le bon et grain et l'ivraie et, en attendant, de déclarer toute la récolte "parole de Dieu". D'où l'installation de l'agent 666 sur la chaire de Saint Pierre avec les résultats que l'on sait. Mais si Satan a pu corrompre l'Ancien Testament, comment espérer qu'il ne sème pas aussi son ivraie dans le Nouveau ? Quand le monde gît au pouvoir du Démon, il est téméraire de mettre sa lampe ailleurs que sous un boisseau...

Autre passage marcionite falsifié : Nul ne peut servir deux maîtres sinon il honorera l'un et outragera l'autre. (Thomas 47.5 / Mt 6.24; Lc 16.13) Dans Thomas, les deux maîtres sont le dieu mauvais de l'AT et le dieu bon du NT. En collant à ce logion "vous ne pouvez servir Dieu et l'argent", on en élimine le sens marcionite...

Dans l'épisode du jeune homme riche (Mc 10.17 / Mt 19.16 / Lc 18.18), il faut zigaguer d'une version à l'autre pour retrouver l'original. Primo, on constate que Jésus élimine cinq des Dix Commandements, les cinq qui traitent de la vénération du dieu des Juifs. Secundo, dans Matthieu, Jésus répond à côté de la question pour accorder le texte à ceux des parallèles. Tertio, le "jeune homme" de Matthieu, a sa jeunesse loin derrière lui chez les deux autres.

Quand l'homme dit : Maître, que dois-je faire de bon... ?, Jésus n'a pas à répondre : un seul est bon. Donc ceci vient des autres évangiles qui ont déplacé ce "bon" vers "bon maître" pour pouvoir loger, contre Marcion, la défense de Yahvé. De même, le "jeune homme" de Matthieu, qui représente la génération chrétienne qui se lève, est vieilli chez les deux autres pour pouvoir représenter une succession de générations anciennes, et pas forcément juives car cet homme ne s'étonne pas que Jésus ne lui demande aucun compte sur les cinq premiers commandements. Malgré cela, Marc ajoute que Jésus "l'aima" : c'est le seul personnage des Synoptiques que Jésus aime expressément, et, dans ces circonstances, ce n'est pas très sympa pour Yavhé..., ce qu'on bien compris les deux autres qui suppriment ce genre de félicitations...

C'est dans Matthieu, qui est censé écrire pour les Juifs, qu'on trouve la plus étrange réflexion : quand Jésus dit à l'homme d'observer les commandements, il répond : Lesquels ? Donc, soit il n'a jamais entendu parler de la Torah et il n'est pas Juif, soit, Juif ou païen, il représente un néophyte à qui il faut expliquer la différence entre la Nouvelle et l'Ancienne Alliance.

Les deux autres donnent la réponse : la recrue idéale ne connaît que cinq commandements et a donc déjà rompu avec le judaïsme...

Que faire de ces cinq commandements ? Réponse de Jésus : Donne tu ce que tu possèdes aux pauvres et suis-moi. Traduction : Cesse de te prendre pour le peuple élu, donne le meilleur de ta religion aux païens, et viens te fondre dans ma religion universelle.

Avec une interprétation purement symbolique des "richesses" de cet individu, on comprend mieux la suite : Il est plus facile à un chameau de passer par le chas d'une aiguille qu'à un riche (= un Juif) d'entrer dans le Royaume de Dieu. Réaction des disciples "stupéfaits de ces paroles" (Mt) ou de l'auditoire (Mc, Lc) : Qui donc peut être sauvé ? L'humanité ne serait-elle constituée que de riches ? Par contre, s'il s'agit des Juifs, les disciples, et mieux encore, l'auditoire judéen, est (plus logiquement) stupéfait d'apprendre que le Fils est en train d'invalider son élection par le Père...

En vérité, je vous le dis, si vous persistez à croire que ces paroles sont sorties de la bouche d'un rabbin galiléen qui n'avait d'autre but que de délivrer la Judée du joug romain, c'est que vous êtes un cas désespéré...

Je ne vois pas très bien où loger l'intervention des Extra-terrestres dans tous ces miracles et paraboles (car décrire un miracle n'est qu'une autre manière de conter une parabole...), mais si un raëlien me lit, qu'il me fasse part de son exégèse...

(retour au recensement)

 


 
Les aventures de Jésus (suite)


Comme les rois mages
En Galilée,
Suivaient des yeux l'étoile du berger,
Je te suivrai,
Où tu iras j'irai
Fidèle comme une ombre
Jusqu'à destination...
(Sheila)

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