Ces pages s'adressent à tous ceux qui prennent les deux Testaments
pour des reportages, qu'ils croient en Dieu ou non.

image trouvée sur un site ufomaniaque

Jéhovah, Jésus, Raël, et les Elohim

Thierry Guignabaudet

Pensez-vous défendre Dieu par un langage perfide
Et sa cause par des propos mensongers ?
(Job 13.7)

Retour accueil

NB : Si l'exposé est parfois décousu, c'est que j'ai ajouté de nombreux chapitres à un premier texte. Certains d'entre eux sont encore en chantier. Dernières retouches : 02.12.03

J Soucoupomanes et "christo-ufologie"
J Le Matin des Magiciens, matrice des récits de Charroux et de Raël
J Raël, asinus asinos docens (+ page annexe)
J Le chat dans le cagibi
J La Bible n'est pas un livre d'Histoire
J Déluges d'eau et de feu
J La tour de Babel
J Les Hébreux en Egypte : ni vus ni connus
J Invention tardive du ministre Joseph
J Un sauveur nommé Moïse
J Les anciens dieux des Hébreux
J Les plaies d'Egypte
J Charlton Heston dans les chutes du Niagara
J Moïse et sa radio (addition : lien vers les objections d'un lecteur, l'apôtre Fabrice)
      J Supplément extra-soucoupique (20.10.03) : Le voyage aux Enfers de l'apôtre Fabrice
     ou la décadence de l'apologétique chrétienne.
J Josué en concert à Jéricho
J Jojo la Foudre
L Génocides
J Hercule au pays des Hébreux
J Retour sur les Fils de Dieu
J La vision d'Ezéchiel (+ page annexe)
J L'île volante de Laputa
J Les mines du roi Salomon
J Le mot berit
J Le mot religion

Deuxième page

J Jésus le Martien ?
J Marie la Terrienne
J Généalogies
J Télépathie
J Tâtonnements chronologiques
J Les mésaventures de l'agent Baptiste, alias Triple Zéro (additions 22.11.03)
J Datation du Nouveau Testament (additions 01.05.03)
J Une Épître aux Galiléens ? (nouveau chapitre 01.05.03)
J L'affaire Lazare et autres bugs troublants
J Le christianisme, culte à mystères
J Science martienne : lévitation
J Le Léviathan
J L'agent Pierre 002 ne répond plus (Néron et les chrétiens)
J La lettre de Pline sur les chrétiens
J Du nombre de chrétiens dans l'Empire Romain
J L'agent Paul 003 en mission
J Les élucubrations de JC Barreau (Biographie de Jésus)
J Un homme devenu dieu ? (01.05.03 : additions sur Sérapis)
J De Marianna disputatio
J Biologie
J Marcionisme

Troisième page

J Chrestos / Christos
J Suétone (en construction)
J Bucaille, le Coran, et la science
J Géographie évangélique
J Capharnahum, au 36ème sous-sol
J Boxif chez les marchands du Temple
J Guérisons
J Un original de Marc écrit en latin ? (en construction)
J Chimie
J Quand un Martien recrute
J Quand un Martien enseigne
J Vieux habits et vieilles outres
J Fin de carrière
J Sectes, mensonges, et idéaux
J Retour sur Flavius Josèphe
J Les frères de Jésus
J Le lieu de la Cène
J Procès
J Exécution
J Le Golgotha (nouveau chapitre, 01.05.03)
J Le disciple que Jésus aimait
J Marie de Magdala, mère du Fils
J Un Martien aux Enfers
J Conclusion

 

Introduction

A force de fréquenter une bande d'ufologues déjantés, j'ai un jour hérité d'un invendu des éditions I. N. H. Evidences (i.e. "intelligences non-humaines) dirigées par Robert Alessandri, invendu signé d'un certain Jean-Louis Decanis et intitulé

La Bible et les ovnis, essai de christo-ufologie

J'avoue que j'ai bien ri.

Decanis est-il un fou ou un farceur ? Elisabeth, honorable joyau de la bande et pleine d'indulgence, opina d'abord pour la seconde solution. Depuis, nous avons pu découvrir le bonhomme à travers ses articles sur l'exobiologie (où les minéraux sont une forme de vie... cf Télescope n°11) et sur ses quêtes du côté de Katmandou (Télescope n°14)... Et ceux qui ne connaissent des deux compères que notre ami Alessandri conviendront sans peine que la condition sine qua non pour être édité chez I. N. H. Evidence est d'avoir pété quelques plombs...

Soyons justes : pour atterrir un jour sur le site du Télescope, il faut avoir tâté de l'ovni. Et ceux qui grenouillent dans l'"ufologie" ne sont pas tous indifférents au paranormal et autres sujets délicats ayant fait la réputation de la collection J'ai lu - L'aventure mystérieuse (et j'en possède 85 volumes - dont 7 de Lobsang Rampa, c'est dire!).

Mais haut les coeurs, chers lecteurs : quand on connaît un minimum de linguistique et qu'on tombe un jour sur un numéro de Science & Vie (hors série n°131) où un certain Locquin, "directeur de recherche à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes", écrit dix pages de conneries sur "le fond commun des langues" où l'on apprend, entre cent exemples du même accabit, que "Inde" vient de "Eden", parce que les premiers Indiens, ayant quitté l'Eden, en Mésopotamie, donnèrent à leur pays d'arrivée le nom inverse de celui de leur pays de départ, on se dit que Science et Vie est bien mal placée pour donner des leçons de science aux amateurs d'ovnis.

Addition (01.05.03) Étant parti sur le Net à la recherche d'Alessandri et de Decanis, j'ai eu la surprise de trouver le nom de Locquin associé à celui de ces deux fous... Ce qui m'a conduit au site de Locquin qui se prévaut de l'autorité de l'Unesco pour débiter ses âneries. Sa page est illustrée de champignons dont je ne saisis pas le rapport avec son sujet, sauf s'il les consomme massivement pour mener ses recherches... Lisez-donc ses conneries sur les Élamites : tous les linguistes savent que l'élamite n'est pas une langue sémitique, quoique les opinions divergent quant à son apparentement (hourrite ou dravidien, cf par exemple cette page). Locquin n'est qu'un ignare.

Que ceux qui n'ont pas eu entre les mains l'ouvrage de Decanis ne s'effraient point à l'idée d'en lire une réfutation sans avoir l'original : je cite tout ce qui y vaut d'être cité. Que ceux qui pensent que j'ai perdu mon temps à réfuter un opuscule à faible tirage ne s'inquiètent point non plus à l'idée de perdre leur temps à me lire : les trouvailles de Decanis s'apparentent à celles de Charroux et de Raël, qui sont beaucoup moins confidentielles.

Ceci pour la version soucoupique des récits bibliques. Les interprétations religieuses intégristes, "soft", et même laïques, sont tout aussi indéfendables.En liminaire, le lecteur de Decanis est informé que la "formation autodidacte [de l'auteur] n'appartient pas à ceux qui possèdent des diplômes." Ayant moi-même réétudié ma grammaire en autodidacte, pour m'amuser (cf Le Télescope n° 8), et ayant de vagues souvenirs sur le sens d' "appartenir" dans la théorie des ensembles, étudiée en classe de sixième, je reste dubitatif sur la construction de cette phrase. Je suppose que le monsieur veut dire qu'au lieu de s'instruire en autodidacte dans les bouquins potassés par ceux qui suivent un cursus en vue d'un diplôme, il s'est plongé dans tout et n'importe quoi à l'exception du corpus commun. Pourquoi pas : c'est comme cela que Rika Zaraï est devenue pharmacienne... Addition (12.01.03)
Cette façon de "s'instruire" semble être un argument en béton dans certains milieux.
Roland Jug, soucoupomane m'ayant interpellé à propos de la vision d'Ézéchiel, m'écrit :
Je n'ai pas fait d'études, ni d'études sur l'astrologie, de ce fait je ne suis pas dans le moule et je garde une certaine objectivité.
Ben voyons! Pour ma part, je sais tout juste me servir d'un PC et je passe par un tiers pour accrocher mes pages web sur le Net. Par conséquent, si vous avez un problème avec votre PC, contactez-moi car mon incompétence me donne "une certaine objectivité" en informatique...

"Il faut boire à la source..." (Johnny Hallyday)

Depuis que Le Matin des Magiciens a introduit les soucoupes volantes dans le débat théologique, d'autres se sont jetés sur le filon (cf de nombreux titres parus chez Laffont et dans "J'ai lu", cité plus haut). Chacun pillant l'autre et apportant sa pierre, Robert Charroux en a fait la meilleure synthèse théorique pour en tirer des millions, et Claude Vorilhon, dit Raël, le meilleur plagiat pratique du précédent pour en tirer des milliards.

Decanis a bien compris le truc : il cite deux ouvrages de la Kabbale, le Maasé Béréshit et le Maasé Merkaba, en faisant honnêtement référence à un ouvrage d'Erich von Däniken de 1968, lequel Däniken cite lui-même, dans la bibliographie et sans plus de précisions, Le livre des secrets trahis, de R. Charroux, 1965, et je retrouve les deux Maasé chez l'ancêtre, p. 262 de l'édition de poche: "Passe-moi la moutarde et je te passe le sel", et c'est ainsi qu'Elohim est grand et que les recherches soucopologiques avancent à grands pas...

Je souhaite à Decanis abondance de poires pour écouler son ouvrage, ne serait ce que pour sortir son éditeur Alessandri de la misère où ce dernier croupit (mais Job n'était-il pas béni des Elohim ?) pour avoir, tel Don Quichotte confondant moulins et nephilim, dit trop fort et trop mal ce qu'il pensait des scientifiques officiels...

Mon obole à cette entreprise se limitera à faire de la publicité pour cet opuscule en vous exposant tout le mal que j'en pense (attention : procès!...). Il faut dire que j'ai marché au Charroux il y a un certain nombre d'années mais que, depuis, j'ai eu l'occasion de m'instruire.

Peut-être aussi ne suis-je jamais devenu adorateur de soucoupes parce que j'ai étudié les sciences humaines. Pour avoir les yeux tournés vers les étoiles, il faut sans doute sous-estimer la diversité du genre humain, ignorer que l'universalité du système de valeurs des Occidentaux n'est qu'un voeu pieux (vision d'Elisabeth, qui m'a refusé un texte où je présentais les Talibans comme une variété de Martiens... "À quoi servent les Extra-terrestres ?"), et fonder sur ces prémisses une gnose à la Raël où le Maître est entré en contact avec des Extra-terrestres qui disposent d'une science bien supérieure à la nôtre mais qui se gardent bien de communiquer le moindre plan de turbine ou recette médicale au Maître...

Echantillon (tiré de l'émission Ciel, mon mardi!) :

 

Dechavanne

 

Combien de temps a duré le voyage en soucoupe ?

 

Raël

 

Trois jours.

 

Dechavanne

 

Et comment sont les chiottes, dans une soucoupe ?

 

Raël

 

Euh...

 

Dechavanne

 

Vous êtes resté trois jours sans aller aux chiottes ?

Je n'ai jamais vu de soucoupe. Elisabeth non plus. Mais elle collectionne les témoignages sur les soucoupes, comme d'autres les histoires de fantômes, et d'autres encore les apparitions de la Vierge : la démarche est la même; seule l'étiquette change.
 

Raël, un âne enseignant à des ânes

J'avais écrit toute cette page en ne connaissant le raëlisme que par quelques raëliens en tenue omomicro rencontrés sur la place publique, une conférence raëlienne, et une apologie de leur géniocratie que faisait la présidente de Mensa Rhône-Alpes. Mais voici que je viens d'acquérir pour un écu Le livre qui dit la vérité, édition de 1974. C'est absolument hideux, mal écrit, et bien au-dessous des ouvrages de J'ai lu - L'aventure mystérieuse.

Claude Vorilhon est un ignare, et par conséquent, ses Extra-terrestres sont des ignares :

Il était important, pour créer la vie sur la terre, de savoir si le soleil n'envoyait pas de rayons nocifs à sa surface, ce qui fut étudié. Il s'avéra que le soleil chauffait correctement la terre sans lui envoyer de rayons nocifs. La "lumière était bonne". (p. 31)Le soleil envoie des rayons nocifs qui sont arrêtés par la couche d'ozone et des particules qui sont déviées par la magnétosphère. Je le sais depuis l'âge de huit ans pour avoir jeté un coup d'oeil aux illustrations en couleurs de mon encyclopédie pour jeunes, édition des Deux Coqs d'Or. L'équipe [de savants martiens] qui se trouvait en Israël et qui n'était alors pas très éloignée de la Grèce et de la Turquie sur le continent unique... (p. 35)La Grèce était alors sur la plaque Laurasie, la Judée sur la plaque Gondwana, et la Turquie était au fond de la mer Thétys quand celle-ci séparait ces deux plaques de plusieurs milliers de kilomètres, il y a 150 millions d'années. L'Homo faber n'a que deux millions d'années. Le nombre d'équipes de créateurs est facile à trouver : chaque race humaine correspond à une équipe de créateurs. (p. 34) Ce qui me semble plus difficile à trouver, c'est le nombre de races humaines résidant sur la Terre...

Raël écrit que ses Martiens nous ont créés à leur image (Gn 1.26). À voir l'allure des Martiens que l'on trouve sur son site, c'est plutôt raté... Il faut croire qu'il a choisi leur look en pensant recruter ses gogos parmi les lecteurs d'Amazing Stories plutôt que parmi les familiers de la Bible : Sa peau était blanche, mais tirant légèrement sur le vert. (p.17) C'est là un témoignage irréfutable : tout le monde sait que les Martiens sont verts...

Comment Raël a-t-il pu trouver dix mille imbéciles qui croient que les continents ont été tirés des océans à coup de bombes atomiques (p. 31) ?

Ben tiens : là où les Témoins de Jéhovah ont recruté des gogos qui croient le Déluge possible parce que la profondeur moyenne des océans est bien supérieure à l'altitude moyenne des continents. Cherchez l'erreur... Comme tout martien qui se respecte, l'instructeur de Raël est télépathe (p.20-21). Mais sa télépathie lui est inutile : il connaît la biographie de Vorilhon pour l'avoir observé longuement; il lui parle d'une voix puissante et bien articulée; il s'est embêté à apprendre toutes les langues du monde (il y en a 3000 ; le roi Mithridate en parlait 22) alors qu'il lui eût été si simple de communiquer par télépathie, y compris avec les animaux. Et, cerise sur le gâteau : Mon visage a l'air d'être à l'air libre, en réalité il est protégé par un scaphandre à l'intérieur duquel je respire un air différent du vôtre. Ces rayons laissent passer les ondes mais pas les molécules de l'air. (p. 143)Dans ce cas, Raël n'entend pas ce que lui dit le Martien puisque le son est une vibration de l'air et non une onde...

Enfin, il n'est même pas certain que Raël ait lu la Bible, car il en utilise une traduction que je n'ai trouvé nulle part : Que les eaux de dessous les cieux s'amassent en un seul lieu et qu'apparaisse la sèche. "La sèche" est une expression adéquate et très poétique, mais on ne la trouve que chez Raël et... chez Jean Sendy, in La Lune, clé de la Bible (p. 156), éd. J'ai lu, n° A 208, édité en 1969.

Et lisez plutôt :

Sendy : La "flamme tournoyante" de l'épée des chérubins qui, à la fin du chapitre III, interdira l'accès à "l'arbre de vie" implique des usines d'armement. (La Lune... p. 165)

Raël : "Il chassa l'homme et installa à l'orient du jardin d'Eden les chérubins et la flamme tournoyante de l'Epée pour garder la route de l'arbre de vie." Des militaires possédant des armes atomiques désintégrantes furent placés à l'entrée de la résidence des créateurs afin d'empêcher l'hommer de venir dérober d'autres connaissances scientifiques. (p. 37)

Etc etc ...

Le système de Sendy (et, par conséquent, celui de Raël...) pêche par un point qui me semble non négligeable : nos soucoupomanes ignorent que l'Hexateuque (la première partie de la Bible, de la Genèse au Livre de Josué) est un document relativement récent (Vème siècle av JC), compilant plusieurs traditions (dites elohiste, yahviste, et sacerdotale). Aussi les voit-on trouver une explication martienne globale à des récits contradictoires et mal ajustés. Si Sendy essaye de s'y retrouver, Raël s'en moque effrontément et écrit que Caïn et Abel nourrissaient les Extra-terrestres (Gn 4.3), sans nous expliquer pourquoi ceux-ci refusaient d'être végétariens, et en oubliant que Yahvé, être immatériel, ne se nourrit pas des sacrifices mais de l'odeur de leur cuisson (Gn 8.21, Nb 28.1),ni pourquoi Caïn, resté seul sur la Terre, craignit d'être tué (Gn 4.14), ni pourquoi, meurtrier et non meutri, il aurait dû être vengé sept fois (Gn 4.24)...

L'inculture biblique de Raël est tellement crasse qu'il fait raisonner ses Extra-terrestres sur la version française de la Bible !

Mais je me trompe peut-être sur un point : quand Raël écrit toutes ces énormités, c'est peut-être pour être certain de ne recruter que des ignorants sans esprit critique, et ce n'est pas si bête...

Comme l'ont pensé d'autres avant lui : Heureux les imbéciles, car ils nous verseront des dîmes...

La preuve par Robert Laffont et J'ai lu Après avoir publié ce chapitre, j'ai reçu en bal le message d'un raélien me menaçant de poursuites judiciaires. Mais j'ai horreur des menaces.
Et comme a dit Voltaire :

Je ne me prétend pas un génie (quoi que...), mais je ne suis certainement pas un couard. Et, comme j'allais rédiger une page anti-Raël pour apprendre à ces gens les bonnes manières, je suis tombé sur quelques devanciers, dont l'un étale le dossier judiciaire du raelisme, et l'autre, en un site magnifique que je vous invite à consulter, épluche tout ce plagiat et le confonte à ses sources. Cliquez sur l'image.

Conclusion de "Jean Nehassedy", auteur de ce dernier site :

Mais il remarque lui-même qu'il y a au moins une chose que Raël a inventé : sa rencontre avec un Martien dans le cratère du puy de Lassolas (p. 16). Le puy de Lassolas n'a pas de cratère...

Quant au nom de Raël, "donné par les Extra-terrestres"... Dans un album du groupe Genesis datant de 1973, The lamb lies down on Broadway, la chanson The Lamia évoque les amours d'un certain Raël avec des créatures extra-terrestres...

Le Cercle Zététique fournit quelques autres informations sur Raël.
Lire aussi un article de Charlie Hebdo.
On m'a signalé aussi La Page Web des Zelohim.
 

Le chat dans le cagibi

Finalement, en quoi diffère la démarche de Raël de celle d'autres fondateurs de religions ?

Bergier, Charroux, Sendy, Von Däniken et d'autres écrivent : Peut-être que les Extra-terrestres ont fait ceci et cela.
Raël : C'est vrai : ils me l'ont confirmé eux-mêmes !

En 1812, le révérend Salomon Spaulding publie un roman historique intitulé Un manuscrit retrouvé où il raconte la découverte de plaques d'or enterrées dans l'Ohio, plaques sur lesquelles était écrit, en caractères égyptiens, le récit des pérégrinations de tribus venues de Judée en Amérique précolombienne.

En 1830, Joseph Smith proclame à qui veut l'entendre : Un ange m'a révélé l'emplacement de plaques d'or : c'était dans l'Ohio, sous la colline de Cumorah. Mais l'ange est reparti avec les plaques. C'est dommage, hein ? Mais heureusement, je les ai traduites de l'égyptien grâce à des cristaux magiques ! Lisez mon Livre de Mormon!

Spaulding ne risquait pas de venir prendre part au débat, étant mort en 1816.

On trouve sur le Net des tas de choses intéressantes venant de gens ne croyant pas aux histoires de Smith. Ils se demandent, entre autres, comment il avait pu transporter 91 kgs de plaques d'or à bout de bras, comme le montrent les illustrations des livres mormons.
Il paraît qu'Olivier Cowdery, un des trois témoins préfaçant le Livre de Mormon avait eu comme pasteur Ethan Smith (non-parent de Joseph Smith), auteur de View of Hebrews (285 p., printed in Poultney, Vermont, 1823), premier avatar du roman de Spaulding, reprennant sous forme de thèse l'idée que les Indiens d'Amérique du Nord étaient issus des tribus perdues d'Israël.

Ni l'introduction au Livre de Mormon, ni les notes en fin d'ouvrage ne nous disent combien de plaques a trouvé Smith. Sur l'illustration du bouquin, on en compte au plus une quarantaine. Selon les Mormons, elles auraient eu un millimètre d'épaisseur, ce qui nous donne environ 150 plaques. La version française du livre comprend environ un million de caractères taille 10 pts. Combien cela en fait-il en néphite ? Mon évangile anglais-hébreu me donne pour Jn 1.1 en anglais 74 caractères et espaces et 54 en hébreu. Si ce million de caractères était moitié moindre dans la langue originale, cela fait encore un sacré volume! Même en utilisant des idéogrammes, il en aurait fallu cent mille.

Mais pourquoi s'épuiser à raisonner ? Voyez ci-dessous un échantillon d'écriture en "alphabet égyptien réformé" fourni par Joseph Smith. Il ne faut pas être grand clerc pour voir que c'est complètement bidon.

Il ne s'agit pas de l'alphabet néphite puisque les mêmes signes apparaissent plusieurs fois. Serait-ce alors un texte suivi ?

À titre de comparaison, voyez ci-contre un fragment de rouleau de la Mer Morte.

Ci-dessus une tablette portant des caractères arméniens rédigée en langue pré-babélienne, sans doute par Japhet, fils de Noé.

Transcription en caractères latins :

Simiseyahoye koxorala.
Ka muvexa sunowakilahayi yahu wisikewate rehupelaza
Xineharexorala gekoleka.
Ka kuseyawate ye kukiwemu kaleza mulapifa.
Yuzewate kukikaleza lapixa lapilipoka xolemixeye.

Un pigeon

A part cette couleur mate, ça m'a l'air crédible...

Le sceptique

Ce truc est rédigé en troll, langue artificielle telle qu'il en existe des centaines sur le Net. "Simi", c'est du latin; "seya" vient de l'anglais "say"; "hoye" ressemble à l'espagnol "hay"; "ko" est le préfixe "co-"; "xora", c'est le grec "chora" avec un x brésilien ; "-la" est un locatif tiré du français "là" et suffixé à la finnoise. Et je lis : Semblable-langue-il y a tous-pays-dans. Ensuite, on trouve de l'anglais : muve, suno, waki, sike, kuki, etc, et un système de conjugaison inspiré du swahili. Soit :
Et aller-en soleil-réveil-lieu-depuis humain inverse-chercher-passé-ils couler-plat-accusatif Shinéar-pays-au devenir-habiter-et etc...
C'est le texte de la Genèse sur la tour de Babel.

Le pigeon

Ah ben ça alors! Mais enfin, si tant de langues sont présentes dans une autre langue, c'est bien la preuve que c'est rédigé en pré-babélien...

Le sceptique

Ben voyons!

Mais nous aurons à nous occuper d'autres pigeons. Entre le 35ème et le 41ème siècle de la Création du Monde, des prophètes juifs annoncent la venue imminente du Messie.

Au 42ème siècle, une nouvelle génération de prophètes clame à qui veut les entendre : Le Messie est venu. Il a fait tout ce qu'avaient prédit les Prophètes. Je tiens cela de mon maître qui était disciple d'un disciple du Messie, et même que le Messie avait fait monter ce disciple au troisième ciel pour lui révéler que...

Qu'est-ce qu'un scientifique ?

C'est un type qui cherche à tâtons un chat noir dans une pièce sombre.Qu'est-ce qu'un philosophe ? C'est un type qui cherche à tâtons dans une pièce sombre un chat noir qui ne s'y trouve pas.Qu'est ce qu'un prophète ? C'est un type qui cherche à tâtons dans une pièce sombre un chat noir qui ne s'y trouve pas et qui s'exclame soudain : Ça y est : je le tiens!

 

La Bible et l'Histoire

L'ouvrage decanisien recense une énième fois les chapitres soucoupiques de la Bible, à savoir : l'enlèvement d'Hénoch, le char d'Elie, la vision d'Ezéchiel, etc...

Ce genre d'interprétation repose sur le postulat que le contenu de la Bible relate des faits historiques. Ce préjugé, persistant deux siècles après Voltaire (sans compter les sceptiques antérieurs), nous vaut des ouvrages scolaires modernes (en usage dans la laïque) racontant l'histoire des Hébreux à partir de la Bible, alors que le chapitre sur les débuts de Rome fait justice des aventures d'Enée et de Romulus.

J'ai le front de penser (et je ne suis pas le seul) que la Bible est un tissu de bobards encore moins fiable que l'Illiade et la Chanson de Roland. Il n'est même pas sûr qu'il y ait eu, à l'instar de ces deux dernières épopées, un certain nombre de siècles s'écoulant entre le début de la tradition orale et sa mise par écrit, ni que l'orgueil nationaliste et la propagande dynastique se soient contentés d'arranger des faits réels : tout y est faux.

Je suis effaré de trouver à la bibliothèque municipale une Histoire des Hébreux de Richard Lebeau datée de 1998 qui vous historicise encore Abraham et Moïse plus de deux siècles après les débuts de la critique biblique. L'auteur adresse ses remerciements au rédac'chef de la revue d'apologie catholique Notre Histoire (qui, malgré son titre, n'a pas plus d'égards pour l'Histoire que la Pravda, et ceci explique le contenu de l'ouvrage...)
À sa décharge, il faut dire que le Moïse d'André Chouraqui est du même tonneau, l'auteur ne semblant connaître la civilisation égyptienne que par ce qu'en dit la Bible...
Mais à sa charge, il faut dire que c'est fumiste, un paresseux du bulbe qui ne s'interroge pas sur la validité de ses sources, et j'ose dire cela pour l'avoir pris
la main dans le sac.
 

Déluges d'eau et de feu

Nul n'ignore (même Lebeau) que le Déluge est emprunté à l'épopée de Gilgamesh, et il n'y a rien d'étonnant à ce que le bassin de l'Euphrate ait connu une ou plusieurs inondations catastrophiques. Mais il est vrai que Decanis n'a pas osé nous resservir "l'arche-fusée" de Robert Charroux.

N'en déplaise aux fondamentalistes, les récits de déluge ne sont pas universels. La mythologie égyptienne l'ignore. Le déluge de Deucalion ("appelé des dieux") est copié sur le mythe sumérien (plus un jeu de mots grec sur laos, peuple, et laas, pierre). Les autres bassins fluviaux (Inde, Chine, Amazonie) ont des mythes autochtones où les survivants se réfugient sur des hauteurs plutôt que dans des embarcations. Et quand on trouve un déluge chez les Sibériens, il s'agit d'un apport des missionnaires chrétiens, les peuples vivant sous ces latitudes ayant plutôt tendance à engloutir le monde sous la neige (cf le Ragnarok nordique).

L'Iran ancien, pays de plateaux subissant des hivers rigoureux, connaissait le mythe de Yima. Yima régnait sur le monde, écartant de ses sujets, grâce à ses pouvoirs magiques, intempéries, maladies, et mort. Cela engendra une surpopulation. À trois reprises, Yima résolut le problème en élargissant le monde grâce à ses pouvoirs. Comme cela ne suffisait plus, Ahura Mazda envoya un cataclysme sous forme d'hiver redoutable. Avant cela, il enjoignit à Yima de construire un enclos où seraient emmagasinées les semences de toutes les espèces et invités les meilleurs des humains. À la suite de cette catastrophe, les êtres ne grandirent plus que lentement et l'humanité nouvelle ne se reproduisit plus que tous les quarante ans

Vous demanderez aux fondamentalistes, non pas comment Noé a embarqué un échantillon de deux millions d'espèces animales, ni où il aurait trouvé un couple d'escargots "mâle et femelle", ni combien de temps a mis l'aï pour aller du Brésil en Mésopotamie, ni comment les espèces végétales terrestres auraient pu survivre à un an de séjour sous 9000 mètres d'eau salée, mais comment Noé a pu distinguer les espèces d'animaux "purs" des espèces "impures" (Gn 7.2), alors que cette distinction n'a été expliquée à personne avant Moïse...

Autre variation sur le Déluge : les gnostiques, pour qui la matière était mauvaise, refusèrent de croire que Noé avait survécu par le concours d'une simple barcasse. Aussi enseignaient-ils que ce patriarche s'était réfugié sur un nuage, dans un des cieux situés au-delà de notre monde "sublunaire". D'où la déduction de Robert Charroux que ce nuage était en réalité une "arche-fusée", et que, pour en savoir autant, ces philosophes devaient avoir lu des documents extra-terrestres de première main...

Il est moins connu que l'épisode de la destruction de Sodome est un collage d'un récit apocalyptique du même genre (Gn 19.31 : Notre père est vieux et il n'y a plus un seul mâle sur toute la Terre.). Selon le Livre de la Sagesse, cet épisode (Sg 10.6 / Gn 19) avait eu lieu après le sacrifice d'Isaac (Sg 10.5 / Gn 22). Certains débris de la tradition parlent de quatre villes détruites (Dt 29.23 : Sodome, Gomorrhe, Admah, Zéboïm), voire de cinq (Sg 10.6, qui ne les nomme pas; on peut présumer que la cinquième est Zoar, (cf Gn 13.10 & 14.2), mais Lot s'y réfugiant en Gn 19.23, on peut aussi opter pour Lesha (cf Gn 10.19). Ces cinq villes viennent de la mythologie sumérienne où elles furent détruites par le Déluge. Pour Charroux, cet épisode montre les E.T. détruisant leur stock de bombes atomiques avant de quitter la Terre. Il faut croire que ces Martiens devaient nous ressembler et qu'il devaient être assez bien roulés pour que les Terriens aient eu envie de les enculer (Gn 19.5). Quant à l'origine de ce mythe de destruction par le feu, on peut le trouver dans l'activité sismique de la faille de la Mer Morte, à moins que ce ne soit une variante de la destruction de l'Eden : les puits de bitume (14.10) trahissent une origine mésopotamienne du mythe (cf 11.3, le bitume comme mortier); certains ont rapproché l'épée de feu de l'ange gardant l'entrée de l'Eden (3.24) des gaz inflammables s'échappant de ces gisements.
 

La Tour de Babel

La Tour de Babel semble bien avoir été faite de briques et non de boulons, n'en déplaise à Jean Sendy, qui explique (Les cahiers de cours de Moïse, p 284, J'ai lu, A 245) que, Noé ayant trop bu, Cham en profita pour lui faucher les plans de sa fusée et se mit à édifier une tour de lancement, "Bab-El" signifiant (et c'est exact) "porte des dieux."

Le Livre des Jubilés (X, 21) précise que cette "fusée" faisait 5.433 coudées et 2 paumes de hauteur (2.445 m) : cela ne correspond-t-il pas à la longueur standard des "cigares" qui transportent des soucoupes d'exploration ? Bien entendu, les dieux ne furent pas contents et bousillèrent le système radiophonique des bâtisseurs ("confusion des langues") qui, comme nul ne l'ignore, faisait partie du nécessaire de voyage de tout patriarche biblique (car, s'ils s'étaient contentés du télégraphe, on aurait retrouvé les fils).

NB : Le Livre des Jubilés est un ouvrage dit "deutérocanonique" ou "intertestamentaire", c'est à dire datant de la dynastie hérodienne. Il n'est pas "apocryphe" car non mis sous le nom d'un prophète ou d'un patriarche.

Mais les amateurs de soucoupes semblent ignorer que l'épisode de la tour de Babel est une insertion tardive dans un tableau de la généalogie des nations où l'on lit que la dispersion des peuples selon leurs langues est un phénomène naturel et non une malédiction divine (cf Gn X, 5, 20, 31). Cette insertion date au moins de l'époque héllénistique, vu qu'on y lit : Faisons-nous un nom (11.4), allusion à l'usage d'Alexandre et de ses successeurs de baptiser des villes de leur nom (Alexandrie, Antioche, Séleucie, Tigranocerte, voire les Tibériade et Césarée d'Hérode le Grand).
J'ai trouvé sur le Net un fou pour qui les diverses langues indo-européennes ont été créées à partir du basque par des moines désireux de ne pas faire mentir le texte biblique... Il semble confondre le mot allemand ur, "primitif" (ex ursprache, langue mère), avec l'hébreu ur, "ville" (ex : Yurusholaïm, Jérusalem; Ur-Kasdim, "une ville de Chaldée" (alias Babel, Gn 11.28).

Selon la version canonique de la Genèse, la tour aurait été construite pour maintenir l'unité du genre humain. Pour d'autres, elle aurait servi de refuge en cas de nouveau déluge, ou d'échelle pour envahir les Cieux.

La construction eut-elle lieu sous Nemrod, roi de Babel (Gn 10.10), arrière petit-fils de Noé ? Ou sous Sem (11.10), deux générations auparavant ? Ou sous Abraham (12.1), à la dixième génération ? Placer la construction sous Abraham permet d'avoir des effectifs plus décents que sous les deux autres pour entreprendre un tel ouvrage.

Mais c'est Mahomet qui a fait la plus belle trouvaille : Et Pharaon dit : Ô, Haman, bâtis-moi une tour : peut-être atteindrai-je les voies des cieux, et apercevrai-je le dieu de Moïse; mais je pense que celui-ci est menteur (40.36-37). Ainsi, ce Pharaon qui bâtit la Tour de Babel au temps de Moïse avait pris pour architecte le ministre du roi de Perse Xerxès (cf Livre d'Esther) Le Livre des Jubilés précise qu'Abraham ayant refusé de participer à la construction de la tour, les dieux le mirent à la porte (cf Gn 20.13 : Lorsque les dieux me firent errer loin de la maison de mon père...). Mais l'épouse de Jéhovah, la Sagesse (Sg 9.9), le recueillit (Sg 10.5 : Lorsque, unanimes en leur perversité, les nations eurent été confondues, c'elle elle [la Sagesse], qui reconnu le juste.). L'avantage de ceci fut qu'il ne subit pas la confusion des langues et continua à parler la langue d'Elohim et d'Adam, alias l'hébreu.

Ainsi, grâce aux apocryphes, nous savons exactement à quoi ressemble la langue des Extra-terrestres :

Evenou shalom shalom shalom alechem...

 

Les Hébreux en Egypte : ni vus, ni connus...

Donc, Abraham, personnage historique selon les livres d'histoire fournis par l'Education Nationale, entre dans l'Histoire à l'occasion d'un épisode non-historique, selon les mêmes bouquins... Quittant Babel avant le reste du genre humain, il débarque dans une terre de Canaan déjà peuplée, puis dans une Egypte constituée en empire. Là, le Pharaon tombe amoureux de sa femme Sarah, âgée de 65 ans. Abraham la lui maque et repart d'Egypte millionnaire en léguant une bléno au Pharaon (ch 12). Plus tard, grand seigneur, il renverra sa servante et son propre fils Ismael en les dotant d'un pain et d'une cruche d'eau (21.14) avant de les abandonner dans le désert... La pauvre Agar trouve enfin un arbre pour y balancer son enfant ... de quinze ans! (16.16 : Abraham a 86 ans à la naissance d'Ismael ; 17.17 : 100 ans à celle d'Isaac)

Quoi qu'on puisse lire, comme le font les Actes (7.4), que Térah, ayant engendré Abraham à 70 ans (Gn 11.26), était mort, à 205 ans (11.32) quand son fils Abraham quitta Haran. Abraham ayant alors 135 ans, sa femme de 65 ans pouvait, par contraste, passer pour une jeune fille.... Suivent une captation d'héritage et des bagarres de bédouins.

Trois générations plus tard, Joseph est vendu aux Ismaéliens devenus toute une tribu quand Jacob n'a encore qu'un clan. Ces Ismaéliens conduisent une caravane de chameaux, alors que l'emploi du chameau pour le transport des marchandises n'est pas antérieur au VIIème siècle av JC. Joseph se fait draguer par la femme de l'eunuque (39.1) du Pharaon (on peut la comprendre...) Plus étrange, il devient le gendre de cet eunuque (41.50) !

Mais revenons à l'Histoire réelle.

Il n'existe pas la moindre trace, dans les nombreux documents égyptiens qui nous sont parvenus, d'une présence massive des Juifs en Egypte avant les Ptolémées (304-30 av JC). L'Exode lui-même est incapable de nous dire sous quels pharaons cela eut lieu. Les textes bibliques prennent le nom d'un pharaon (Ramsès) pour celui d'une région (Gn 47.11) ou d'une ville (Ex 1.11 & 12.37), à la manière héllénistique, comme nous l'avons vu plus haut (or les Egyptiens baptisaient leurs villes du nom de leurs dieux et non de celui de leurs souverains).

Autres traces bibliques d'une méconnaissance totale de la géographie de l'Egypte :

- le pays de Goschen est, selon la Genèse, une région d'Egypte où s'établissent les descendants de Jacob (45.10, 46.28, 47.1). Mais, selon le Livre de Josué, il s'agit d'un coin du Néguev (10.41, 11.16, 15.51). Comme les aventures de Josué sont une tradition antérieure à celles de Moïse, il y a toutes les chances que ce morceau de désert soit le véritable pays d'origine des nomades hébreux qui se sont infiltrés en Canaan. D'où son recyclage en nome égyptien lorsque la Bible fit venir les Hébreux d'Egypte et non plus d'Arabie.

(01.05.03) Je découvre dans La Bible dévoilée, de Finkelstein, p. 86, que "Goshen" est un nom sémitique dérivant de "Geshem", nom de la dynastie royale régnant sur le Qédar, en Arabie.

- le récit de la première Pâque décrit le rite d'un peuple de pasteurs et non de cuiseurs de briques : c'est l'aube d'un jour de départ en transhumance, le peuple mangeant debout, tout équipé pour emmener ses troupeaux (Ex 12.11). Les animaux mangés sont choisis parmis ceux nés dans l'année (12.5) car étant les moins propres à supporter le voyage. Le sang badigeonné sur les montants des portes (12.7) le fut d'abord sur des pieux entourant le camp, sang destiné à désaltérer les mauvais esprits qui, sinon, se seraient jetés sur les troupeaux. C'est contre les mêmes esprits qu'est prise la précaution de détruire les restes (12.10). Le texte de l'Exode dit lui-même que cette Pâque est un vieux rite :

Tu iras, avec les anciens d'Israël trouver le Pharaon et vous lui direz : L'Eternel s'est manifesté à nous, et nous voudrions aller dans le désert lui sacrifier de peur qu'il ne sévisse sur nous par la peste ou par le glaive. (Ex 3.18, 5.3, 10.9)

La caste sacerdotale n'a judaïsé ce rite cananéen que tardivement car il n'en est fait nulle mention dans Josué (sauf une interpolation, cf infra), Juges, I & II Samuel, et I Rois. Il faut attendre II Rois 23.21 pour la voir (ré?)apparaître...

- le récit du songe du Pharaon le prévenant de sept années d'abondance suivies de sept années de famine n'a pu être conçu que par quelqu'un n'ayant jamais entendu parler de la crue annuelle du Nil. Que ceux qui voudraient s'accrocher à cette histoire me trouvent une couche géologique témoignant de sept années de faible pluviosité sur les plateaux d'Ethiopie et dans la région des Grands Lacs africains!

Et lisez le détail la gestion de Joseph (Gn 41.34) : si mettre 20% des récoltes de côté pendant sept années d'abondance suffit à se protéger de la famine, c'est que les récoltes à venir seront de 80% du niveau normal. Compte tenu des forts rendements égyptiens, ce n'est pas de la famine mais tout au plus de la disette et surtout un effondrement du niveau de vie des possédants qui consomment ces surplus. Si, par dessus le marché, Joseph se permet de vendre ses réserves aux étrangers (41.57), c'est que ces récoltes dépassent encore ces 80%.

Mais s'il faut comprendre de 41.36 et 47.13 que seules les réserves assureront la survie et que les récoltes seront nulles, alors le peuple devra vivre à 20% de son niveau de vie ordinaire pendant sept ans. Comme on crève au-dessous de 1.200 calories par jour (surtout pendant sept ans!), il faut imaginer que ces 20% représentent au moins cela, et donc qu'en année ordinaire l'Egyptien consommait 6.000 calories par jour (aujourd'hui : Inde 1.800, Usa 3.700).

L'origine du bug, le voici : si on annonce non pas sept ans de famine mais une année de famine sur sept, alors il faut mettre un septième des récoltes de côté pour s'en tirer, qu'on peut arrondir par prudence au cinquième.

Mais si le récit primitif avait ressemblé à cela, le ministre Joseph serait apparu de facto comme plus intelligent que Jéhovah ! Voyez plutôt (Lv 25.20-21) :

Pour le cas où vous diriez : que mangerons-nous cette septième année [l'année sabbatique] si nous ne pouvons ni semer ni récolter ?, je vous octroierai ma bénédiction dans la sixième année de sorte qu'elle produise autant que trois années. Je doute fort que le clergé de Jérusalem ait osé prêcher une telle sottise à ses ouailles si n'importe quel paysan avait pu lui balancer : Ne serait-il pas préférable d'être aussi avisés que l'illustre Joseph en comptant sur nos réserves plutôt que sur un miracle ?
 

Invention tardive de Joseph

Par conséquent, les aventures du ministre Joseph ont été imaginées après la rédaction du Lévitique. Par conséquent, Joseph, n'ayant pas été ministre, n'a pas invité Jacob à venir en Egypte. Par conséquent, les Hébreux n'y ont pas fait souche. Par conséquent, le Pharaon n'a pas eu à massacrer les petits Hébreux. Par conséquent, Moïse.....

Addition : Je découvre dans le Livre de la Sagesse (10.14) qu'à une certaine époque, les Juifs racontaient carrément que Joseph avait été pharaon...

La seule chose vraie dans cette histoire, c'est que le Pharaon possédait le sol égyptien et prélevait 20% des récoltes (47.26). Mais le rédacteur qui attribue l'origine de cette structure agraire à la gestion d'un Hébreu se garde bien d'expliquer d'où le Pharaon tirait ses ressources avant Joseph....

Comment Joseph a-t-il pu recevoir autant de bénédictions de Jacob (49.22) et sa tribu disparaître de la suite de l'histoire biblique ? Cette tribu possède cette caractéristique étrange d'être la seule des douze tribus d'Israël à être formée de deux demi-tribus. Pourquoi ?

Dans le livre des Nombres, on voit bien que le nom de Joseph est maladroitement inséré dans des listes plus anciennes (1.10 ; 1.32 ; 13.11 ; 26.28 ; 34.23). Dans le livre de Josué, l'insertion du nom de Joseph dans les chapitres 16 et 17 donne une double part à Ephraïm et Manassé (Il faut lire 16.1-3 : Le lot tiré au sort pour les fils [inser] d'Ephraïm...) Suit une aventure de la prétendue tribu de Joseph qui interrompt la distribution des lots (17.14 - 18.10).

Donc, Ephraïm et Manassé ont été fusionnés en une seule tribu dite de Joseph pour ménager une place à une prétendue tribu de Lévi, lorsque se constitua une caste sacerdotale héréditaire.

Malgré les instructions détaillées données sur le Sinaï, les lévites brillent par leur absence aux premiers temps d'Israël. Les Hébreux sont gouvernés par des "juges" qu'on ne voit jamais rendre la justice. Quant aux culte, on le voit assuré par Samuel, de la tribu d'Ephraïm (1 S 1.1), retouché en membre de la tribu de Lévi en 1 Chr 6.23....

Voici donc le terrien Joseph recalé aux examens de l'Histoire. Occupons-nous maintenant du martien Moïse.

Un sauveur nommé Moïse

On a fait beaucoup de cas du Papyrus Harris où il est question d'un syrien nommé Yarsou pillant les villes du delta vers -1200 jusqu'à ce que le pharaon Sethnackht lui règle son compte. Mais il faut beaucoup d'imagination et une ignorance crasse de la linguistique pour déchiffrer "Moïse" sous le nom de Yarsou...
 
 
 
 

On argue aussi de la stèle du pharaon Meneptah (~1220), découverte en 1896, portant le texte suivant :

Détruite est Tehenou (une tribu libyenne).
Le Hatti est pacifié.
Canaan a été pillé.
Ascalon est défaite.
Gézer est prise.
Yeonam n'existe plus.
Israël est en ruine et son peuple détruit.
La Palestine est devenue une veuve sans défense pour l'Egypte.
Mais on comprend nettement qu'il s'agit de campagnes militaires en Afrique et en Palestine et non d'une fuite d'esclaves dans le delta du Nil.

Il existe pas mal d'autres traces d'une domination égyptienne sur la côte du Proche Orient, ce dont Abraham, au cours de ses divagations, ne semble pas s'être aperçu : une stèle de Ramsès II à Beth-Shan, le style des sarcophages phéniciens (ci-contre), le plan des temples de la région, dont celui de Jérusalem...

Les dessins représentant le temple de Salomon (par exemple dans un manuel d'histoire de classe de 6ème) diffèrent curieusement des croquis des temples égyptiens (mêmes ouvrages), alors que le texte du Premier Livre des Rois ne laisse aucun doute : deux colonnes à l'entrée (7.21), un oulam ("portique", 6.3), un hékal (la salle hypostyle des temples égyptiens, dont la forêt de colonnes est remplacée par dix malheureux chandeliers), et un débir, le "saint des saints", où, comme en Egypte, seuls les prêtres avaient le droit de pénétrer. On trouve même des chapiteaux en forme de fleur de lotus (7.19).
 

Dès lors, ne serait-il pas légitime de se demander si le récit de l'Exode n'est pas plutôt un midrash (parabole) sur le retour d'exil des élites juives déportées à Babylone par Nabuchodonosor (587) et autorisées à rentrer par Cyrus (539), comme le serait aussi la migration d'Abraham, de façon plus nette, quittant la Mésopotamie pour le pays de Canaan ?

Lorsqu'on lit que la circoncision est un signe d'alliance entre Jéhovah et Abraham (Gn 17.10), renouvelé par Moïse (Lv 12.3; Dt 10.16), alors que les Egyptiens comme les Cananéens étaient circoncis, on se demande comment Jéhovah aurait reconnu ses alliés... Par contre, les Babyloniens n'étaient pas circoncis, pas plus que les populations par eux transplantées en Galilée ("le cercle des nations"). Aussi peut-on penser que cette interprétation de la circoncision date de l'exil à Babylone. Anthropologiquement, elle est un résidu de sacrifice humain : les Cananéens offraient aux dieux leurs premiers-nés, tout comme ceux de leur bétail et les prémices de leurs récoltes.

Contrairement à une légende fort répandue, les Juifs en faisaient autant :

Tu me donnera le premier-né de tes fils. (Ex 22.28) Bien sûr, les orthodoxes invoqueront le Lévitique (18.21, 20.2) et le Deutéronome (18.10) pour prétendre le contraire. Mais Tu ne livreras pas ta progéniture à Molek (18.21) interdit de brûler des victimes aux dieux étrangers et non de les égorger en l'honneur de Jéhovah...

A Babylone, les Juifs découvrirent une haute civilisation dont la religion ne comprenait pas de sacrifices humains. D'où l'indignation d'Ezéchiel qui fait avouer à Jéhovah qu'il s'est conduit en barbare :

J'ai juré contre eux, dans le désert, de les disperser parmi les nations et de les disséminer dans les pays parce qu'ils n'ont pas accompli mes règlements et qu'ils ont méprisé mes lois, profané mes sabbats, et que leurs yeux ont été épris des idoles de leurs pères. Mais moi, je leur avais donné des lois malheureuses et des règlements dont ils ne pouvaient pas vivre. Je les ai souillés par leurs offrandes en leur faisant passer par le feu leurs premiers nés pour les terroriser afin qu'ils sussent que je suis l'Eternel. (Ez 20. 23-26) D'autres écrivains "inspirés", lui emboîtant le pas, prétendirent sauver la face en décrétant que ces sacrifices avaient été interdits par leur dieu depuis la nuit des temps. D'où ce récit tardif du sacrifice d'Isaac dont ni Josué (24.3) ni les Psaumes (105.9), ni l'Ecclésiastique (44.22) ne font mention... (01.05.03) Dans le Livre de la Sagesse (10.5), on trouve une phrase ambigüe qui ne nous dit pas si un ange est venu sauver Isaac au dernier moment :
Septante : kai epi teknou splagcnois iscuron efulaxen.
Vulgate  : Et in filii misericordia fortem custodivit.
Chouraqui : Et le garde fort dans l'émoi de ses entrailles pour son fils.
Catho : Et le garda fort contre sa tendresse pour son enfant.
Le Livre de la Sagesse est en grec. Curieusement, on dirait que Chouraqui l'a traduit du latin en se méprennant sur le sens de in, qui veut dire "dans" mais aussi "contre" (par exemple dans le titre d'un discours : In Flaccum). In et epi ont plusieurs sens, mais seul le sens de "contre" leur est commun.

Du fait que les sacrifices humains chez les Phéniciens et les Carthaginois ne concernaient que les premiers-nés, on peut douter également de la véracité historique d'un épisode du siège de Carthage par les mercenaires révoltés où les Carthaginois auraient sacrifié un garçon de chaque famille pour obtenir le secours des dieux (cf Le tombeau étrusque, dans les aventures d'Alix, de J.Martin, d'après Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, XX,14).

Prétendant n'avoir jamais prescrit de sacrifices humains, la classe sacerdotale ne pouvait pas reconnaître que la circoncision en était une forme atténuée. Aussi en inventa-t-elle une nouvelle interprétation : le signe d'une Alliance avec Jéhovah, avec en prime la concession de la moitié de l'empire babylonien, ce traité étant conclu depuis la nuit des temps avec Abraham...

La Genèse (ch 17) prétend que la circoncision date d'Abraham. Cependant les Hébreux n'étaient pas circoncis au temps de Moïse (Ex 4.24-26, où une païenne invente le rite de la circoncision...). Or, on peut lire en Gn 17.4 que le signe de l'alliance avec Dieu est une abondante progéniture, en 17.10 que c'est la circoncision, puis en 17.21 que l'alliance sera établie avec Isaac, non encore né, bien que tous les mâles aient été invités à se faire circoncire. Donc il y a eu primitivement à cet endroit du récit cette notion d'alliance indépendante de la circoncision, et donc 9-14 et 23-27 sont des ajouts tardifs. Ce chapitre 17 est lui-même une insertion et un doublet de l'apparition du chapitre 18 (18.1 suit logiquement 16.15).

Nous reviendrons plus bas sur le mot "hébreu" berit qui signifie "alliance".

Tout le reste de ces histoires n'est qu'un tissu de bobards nationalistes rédigés par des prêtres qui défendaient leur bout de gras contre les séductions de l'universalisme héllénistique.

Comme il ne serait pas probant de tout rejeter d'un revers d'un main, sans explications, procédons à quelques analyses du texte.

C'est sans doute grâce au concours de la médecine extra-terrestre que les 57 petits-enfants de Jacob devinrent 2.400.000 Hébreux après 430 ans de séjour en Egypte.

Livre des Nombres (1.46) : 603.550 mâles en, âge de porter les armes, soit environ 2.400.000 en comptant les femmes et les enfants, plus 22.000 lévites mâles âgés de plus d'un mois (3.39, âge requis pour servir au culte ?) et sans doute autant de femmes. Il est vrai que 2,5 % de croissance annuelle suffisent, mais la norme planétaire de l'époque est de 0,1%. Et avec 50 % de décès avant l'âge adulte, on peut y arriver avec 10 gosses par femme...

Comme Jacob n'a eu que 9 petites-filles, je suppose que ses petits-fils ont épousé des Egyptiennes ; à moins qu'ils ne soient allés chercher en Judée quelques filles pas trop éflanquées par la famine.

Selon une autre version, les Hébreux quittèrent l'Egypte après quatre générations (Gn 15.16), ce qui ne fait jamais que douze fils de Jacob (1ère génération) ayant eu chacun 224 fils et 224 filles, ce qui fait 224 x 12 = 2.688 couples de petits-enfants (2ème génération) x 224 = 602.112 couples d'arrières-petits-enfants (3ème génération), emmenant la quatrième génération avec eux dans le désert, soit, puisqu'il n'y a pas de raison que le taux de natalité s'effondre, environ 135 millions de moutards....

On m'objectera que tout est possible chez les Hébreux. Prenez l'exemple de Benjamin. Bien qu'il soit né (Gn 35.18) avant que Joseph ne soit vendu (à 17 ans, 37.2), Joseph semble être le "benjamin" (37.3). Quand Joseph a 37 ans, il rencontre Benjamin encore mouflet (44.22 : Septante "paidion" Vulgate "puer" Chouraqui "adolescent" TJ "garçon"). Le temps d'aller chercher Jacob et de revenir, le mouflet a pondu dix mômes (46.21)! Le texte dit que Moïse se vit confier sa mission à 80 ans : si tous les enfants hébreux mâles ont été zigouillés durant ces 80 ans, ce sont 600.000 vieillards issus des générations d'avant le décret infanticide du pharaon qui sont partis dans le désert. Il devaient posséder une sacrée forme pour qu'il ait fallu ensuite quarante ans de crapahut pour les achever...

Cette aberration provient du fait que la première version du récit de la mise à mort des enfants mâles ne visait qu'à empêcher Moïse de vivre, un songe ayant averti le pharaon qu'un libérateur des Hébreux venait de naître. Cette version nous a été conservée par Flavius Josèphe :

Un de ces docteurs de leur loi, à qui ils donnent le nom de scribes des choses saintes, et qui passent parmi eux pour de grand prophètes, dit au roi qu'il devait naître en ce même temps un enfant parmi les Hébreux, dont la vertu serait admirée de tout le monde, qui relèverait la gloire de sa nation, qui humilierait l'Egypte, et dont la réputation serait immortelle. Le roi, étonné de cette prédiction, fit un édit suivant le conseil de celui qui donnait cet avis, par lequel il ordonnait qu'on noierait tous les enfants mâles qui naîtraient parmi les Hébreux, et enjoignait aux sages-femmes égyptiennes d'observer exactement quand les femmes accoucheraient, parce qu'il ne se fiait pas aux sages-femmes de leur nation. (Antiquités juives, II,5) Ce récit devenu apocryphe sera repris par l'Evangile selon Matthieu.

Il faut cependant reconnaître l'origine égyptienne de ce mythe : c'est la transposition des aventures d'Horus, né clandestinement des amours d'Isis et du cadavre de son Osiris de mari, et poursuivi par Seth, assassin d'Osiris et usurpateur du trône.
 

Les anciens dieux des Hébreux

J'ai jadis cru à la thèse de Sigmund Freud selon laquelle Moïse ("fils", en égyptien, mesu, et non "sauvé des eaux"; ex : Ramsès, "fils de Râ"; Thoutmès, "fils de Thot") était un sectateur du culte monothéiste atonien, en voie d'éradication après la mort de son fondateur Aménophis IV (-1358).

Notons que Freud, en voulant ainsi déjudaïser Moïse et son oeuvre, exprime son propre complexe d'Oedipe envers ses ancêtres. Le choix du terme de "complexe d'Oedipe" est d'ailleurs un acte manqué (autre notion freudienne), Freud n'ayant pas osé le baptiser "complexe d'Isaac", figure plus nette du fils écrasé par la puissance du père. Car Oedipe n'a jamais voulu assassiner son père pour épouser sa mère (la preuve étant qu'il se creva les yeux après avoir appris la vérité) : Freud fait l'impasse sur la faute de Laios, père d'Oedipe, condamné par les dieux, pour avoir violé un jeune convive au banquet de l'Olympe, à ne pas avoir d'héritier mâle, cet héritier devant tuer Laios s'il le laissait vivre. Après avoir étudié la question d'un peu plus près, je pense que Moïse n'a pas plus existé que Noé et consorts. Comme la plupart des héros de la Bible, il s'agit d'un ancien dieu humanisé dans le cadre du passage du polythéisme au monothéisme. Dans les mythes babyloniens, Adam et Eve sont des dieux, et l'âge canonique des patriarches antédiluviens est une trace de leur caractère divin puisque l'homme n'est censé vivre que cent vingt ans (Gn 6.3). Freud décréta que Moïse était de naissance royale après avoir remarqué "de stupéfiantes similitudes" entre le récit de la Bible et d'autres récits de naissance de héros : l'enfant poursuivi, caché (le panier abandonné au fleuve est tiré de la vie de Sargon d'Akkad), élevé par des parents modestes ou par un animal, subissant des épreuves, puis retrouvant son rang d'origine. Mais l'idée que toutes ces biographies soient purement mythologiques ne l'effleure pas une seconde... Notons de plus que Moshé (en hébreu, M-Sh-Hé) est l'anagramme de Ha Shem, "le nom (divin)" : un hasard, sans doute... Hasard aussi qu'Abraham signifie "père de la multitude" (des hommes ou des étoiles ? cf Gn 22.17), et Sarah "princesse" (des cieux ? cf Jr 44.18 / Dt 4.19 ), autres personnages "historiques" auxquels s'accrochent les catéchismes modernes qui n'osent plus servir Adam et Eve à leurs lecteurs ? Mais, après que Romulus et Remus ont été renvoyés à la légende, qui ira soutenir que Jupiter (deus pater, "dieu le père") est l'ancêtre des Romains ? L'ancêtre humain le plus ancien des légendes juives est sans doute Jacob (quoique son nom signifie le protecteur...) qui fonda d'un coup sa nation avec douze fils, alors que les rejetons des six autres fils d'Abraham (fils de servantes...) furent dispersés dans la région (notons, pour l'historicité de cet état-civil, que sept est le chiffre des Gentils, cf les sept peuples de Canaan). Cette descendance mixte Juifs/Gentils ressemble trop à celle de Noé, ancêtre de Sem et des autres peuples, pour qu'il n'y ait aucune parenté littéraire entre ces récits.

La Bible ne nomme qu'un fils de Sem, Arpaxad, tout en disant qu'il en eu d'autres (Gn 11.11), et suit sa descendance jusqu'à la dixième génération après Noé (Abraham). Ces dix générations d'Adam à Noé, puis dix autres de Noé à Abraham, sont tirées de générations de dieux babyloniens. Les Phéniciens se contentent de trois générations de dieux, élément sémitique introduit dans la mythologie grecque (Ouranos-Cronos-Zeus), et source des trois générations Abraham-Isaac-Jacob, où Isaac n'a pas plus de frères que Cronos, tandis que, tel Zeus se partageant le monde avec Poseidon et Hadès, Jacob fauche l'héritage de son frère Esaü. Notons que Jacob est appelé "Israël" pour avoir "lutté contre Dieu", épisode rappelant Zeus et ses frères luttant contre Cronos.

Autre trace de ces trois générations divines : selon l'Evangile de Jean (15.26), après Jésus-Isaac (dans le rôle du sacrifié tiré de là par décret du Père), viendra le Paraclet (en grec, "avocat" ), terme à rapprocher du "protecteur" Jacob.

Cette évolution vers le monothéisme fut fort lente à en croire divers passages :

- en Genèse, Jacob, petit-fils d'Abraham, prend "le dieu d'Abraham et le dieu de Nahor" comme témoins d'un contrat (Gn 31, 53);
- en Exode, Jéhovah annonce qu'il infligera des châtiments à tous les dieux d'Egypte (12, 12) et se déclare jaloux des autres dieux (34.14), voire d'un autre dieu.

D'où la déduction logique de l'Apocryphon de Jean (ouvrage gnostique) :
En proférant cela, il signifie aux anges qui sont près de lui qu'il existe un autre dieu.
Car s'il n'y en avait pas d'autre, de qui serait-il jaloux ?
D'où le point de vue du canonique Evangile selon Jean (8, 44) :
Vous avez pour père le diable et vous marchez dans ses combines. Assassin dès le commencement, il ne s'est pas maintenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Il est menteur et père du mensonge.
Ça, c'est envoyé! Et il se trouve encore des gens pour parler de "judéo-christianisme"...
- en Juges, Jéhovah règne sur les montagnes mais non sur les plaines (I, 19), et le dieu Kémosh se pose en rival d'icelui (11, 24)
- selon Jérémie, le dieu Melcom fait des misères au Tout-Puissant (49, 1);
- selon le psaume 82 : Dieu se rend au conseil et juge parmi les dieux.
- selon le psaume 135 : Notre Seigneur est plus grand que tous les dieux.
Mais dans le psaume 97, le prophète s'emmêle les stylets, tâtonnant entre la négation des dieux des voisins et leur soumission au dieu des Juifs : Ils sont déçus, tous les adorateurs d'idoles,
qui se glorifient de leurs vaines divinités :
tous les dieux se prosternent devant lui
[Jéhovah].
L'apologiste chrétien Tertullien en fera autant quelques siècles plus tard : Ô, combien j'admirerai, combien je rirai, combien je me réjourai, combien je triompherai lorsque je contemplerai tant de superbes monarques et de dieux imaginaires poussant d'affreux gémissements dans le plus profond de l'abîme !

(in De spectaculis)

Enfin, Isaïe décrète :

Révélez ce qui adviendra plus tard, que nous sachions si vous êtes des dieux.
Faites au moins quelque chose, que nous nous en apercevions et que tous nous le voyions.
Or vous n'êtes rien, et vos oeuvres sont néant. Vous choisir est abominable.

(Is. 41.23-24)

Comme si tous les génocides bénis par Jéhovah n'étaient pas abominables...

Naturellement, quand Mardouk donne la victoire aux Babyloniens sur les Juifs, c'est Jéhovah qui châtie son peuple bien-aimé, et quand Ahoura Mazda donne la victoire à Cyrus sur les adorateurs de Mardouk, c'est encore un coup de Jéhovah qui se souvient de son pécheur de peuple (Is 41.25)... Les chrétiens raisonneront de la même manière qui interpréteront la prise de Jérusalem par Titus (70) comme le châtiment pour les Juifs d'avoir méconnu en Jésus le Christ, et Flavius Josèphe comme celui des atrocités commises par les extrémistes juifs. Quant au silence des Martiens, il reste à être interprété...

On peut aussi se demander si les prophètes croient ce qu'ils écrivent quand on lit que les statues des dieux sont taillées dans les rebuts de bois (Sg 13.13), alors que la sculpture ou la fonte des statues des dieux des cités était codifiée par des rites précis.
La légende d'Osiris enfermé dans le coeur du tronc d'un arbre est destinée à expliquer pourquoi seul le coeur de l'arbre est propre à la fabrication d'une statue d'Osiris. Et si les Osiris domestiques proviennent de "rebuts de bois", ils s'agit des chutes de l'arbre ayant servi à sculpter la statue d'un temple, et non le premier bout de bois venu qui n'aurait pas autant de vertu protectrice.
Naturellement, quand les descendants de Jacob s'attachent autour du bras une boîte en cuir contenant un bout de papier où sont rédigés des versets bibliques, il ne s'agit pas d'idolâtrie, n'est-ce pas...
L'origine divine de Moïse se voit également dans le caractère très approximatif de sa biographie: il semble être un premier-né (Ex 2.1-2), mais il a une grande soeur (Ex 2.4) et un grand frère (Ex 7.7); il commence sa carrière à 80 ans (id.), son beau-père étant encore vivant, beau-père qui s'appelle soit Raguël (Ex 2.18, fils d'Esaü, et donc cousin de son grand-père! 1 Ch 1.35), soit Jéthro (Ex 3.1), soit Hobab (Jg 4.11, beau-frère en Nb 10.29) ; paraît-il frère d'Aaron (Ex 4.14), il n'est pas recensé comme Lévite (Nb 3.14 sq) ; en 1 Ch 6.3 (= 5.29), il n'a pas eu d'enfants, mais on lui en trouve deux en 23.15; en 6.16 (= 6.1), la descendance de son aïeul Kohath est celle de Nb 3.19; mais en 6.22, son père Amram n'a jamais existé; même si on consent à prendre Amminadab pour une variante d'Amram, on apprend que l'aîné de celui-ci n'est ni Aaron, ni Moïse, mais Coré, cousin germain de Moïse selon Nb 16.1... Quant à Moïse lui-même (à part le coup de calame de 6.3), le membre le plus célèbre de cette famille, il n'est plus mentionné, au point que nul de sa descendance ne reçoit un lot de terre! C'est sans doute en broutant des herbes au creux des chemins que ses lointains héritiers purent devenir extrêmement nombreux (23.17)... Enfin, tels Enoch et Elie enlevés au ciel, on ne sait où est sa tombe (Dt 34.6), un apocryphe (L'assomption de Moïse) le disant même embarqué par des anges, comme les deux précédents.

Remarquons aussi qu'il lance à Pharaon : Renvoie mon peuple pour qu'il me serve.
Un rédacteur sacerdotal a introduit à chaque fois un "Ainsi parle Yahvé" pour réduire Moïse à l'état de prophète mais il a oublié Ex 11.8 :

Tous ces courtisans qui t'entourent descendront jusqu'à moi et se prosterneront à mes pieds en disant : Pars, toi et tout le peuple qui t'obéit. Petite scéance de catéchisme :

 

Le rabbin

Qui était la mère de Moïse ?

 

L'élève

La fille du Pharaon.

 

Le rabbin

Mais non! La fille de Pharaon l'a trouvé flottant sur le Nil!

 

L'élève

Ça, c'est ce qu'elle a raconté...

Remarquons aussi qu'autant les Prophètes connaissent les dieux de leurs voisins cananéens, autant ils ignorent le nom de ceux des empires : nulle mention d'Osiris ou de Mardouk, quoique ce dernier puisse être reconnu, dans le Livre d'Esther (~ -250) sous les traits de Mardochée, Esther étant la déesse Ishtar. A peine trouve-t-on Apis dans Jérémie (46.15) - en dieu majeur de l'Egypte! - et No-Amon (46.25) comme ville...

Quand Isaïe vide son venin contre les voisins d'Israël, il s'agit d'oracles antérieurs aux événements, n'est-ce pas, comme le dit le commentaire de ma Bible catholique à propos de l'imprécation contre Damas (17.1) : Oracle antérieur à 732, date où Téglat-Phalasar III s'empara de Damas (Comme l'Eglise ne prend jamais ses fidèles pour des imbéciles, le manuscrit d'époque est sans doute dans les caves du Vatican...). S'il n'en était pas ainsi, comment un type aussi honnête que peut l'être un rédacteur de la Bible oserait-il écrire : Révélez ce qui adviendra plus tard, que nous sachions si vous êtes des dieux (Is 41.23) ?

Toujours est-il que le livre d'Esdras omet de préciser que les Juifs quittant Babylone ont franchit l'Euphrate à pieds secs, comme semble le dire Isaïe :

L'Eternel asséchera le golfe de la mer d'Egypte et étendra la main sur le Fleuve (*), par la violence de son souffle, et le divisera en sept bras, et on le traversera sandales aux pieds, et il y aura une route pour le reste de son peuple, qui reste de l'exil d'Assur, comme il en fut d'Israël au jour de sa montée d'Egypte. (Is 11.15-16) (* : "nahar", le fleuve Euphrate, par opposition à "Yeor", le fleuve Nil, traduit simplement par "fleuve" dans la Tob, cf 14 occurences dans le chapitre 7 de l'Exode)

S'il y a un fait historique là-dedans, c'est bien la division de l'Euphrate en plusieurs bras : pour s'emparer de Babylone, protégée par les canaux de l'Euphrate, Cyrus en a fait détourner le cours. Mais pourquoi assécher la mer d'Egypte pour aller de Babylone à Jérusalem ?

La parenté littéraire que j'ai supposé entre les exils d'Egypte et de Babylone semble ici assez nette : le récit de l'Exode ne serait-il pas l'oeuvre de scribes partisans des Assyriens ?

Ne pourrait-on pas aussi rapprocher le récit de la guerre du roi de Shinéar (sise en Mésopotamie) contre les rois des Cinq Villes (Sodome et cie, Gn 14) de l'invasion assyrienne de 722 ? Flavius Josèphe ne dit pas "de Shinéar" mais, plus nettement, "d'Assyrie". Les révoltés seraient alors Ezéchias et ses alliés égyptiens, écrabouillés par Sennachérib, alias Kedor-Laomer, en 701.

Curieusement, on retrouve cinq rois dans le désert de Madian (Nb 31.8; Jos 13.21), non loin de Sodome, où ils sont exterminés par les Hébreux (Nb 31) pour leur avoir offert leur hospitalité (Ex 18)...
 

Les plaies d'Egypte

Mais revenons à la sortie d'Egypte.

Je ne sais pas quelle technologie Raël prête aux Elohim pour provoquer les Dix Plaies d'Egypte (note additionnelle : il n'en dit rien!) : virus détruisant tout le bétail (Ex 9, 3) ? antivirus ressuscitant les chevaux précédemment exterminés (Ex 14.7) ? survol en rase-mottes par des engins dépourvus de pot catalytique (10.21) ou virus provoquant la cataracte (Sg 19.17) ? détournement de nuages de criquets par perturbation du champ magnétique terrestre ? guerre bactériologique utilisant le code génétique des aînés égyptiens ? transmutation de H2O en hémoglobine grâce à des composés azote-carbone préstabilisés (cf Ma médecine galactique, d'Extrarika Extrazaraï, bientôt disponible aux éditions I. N. H. Evidence) ?

Richard Hennig (Les grandes énigmes de l'univers, Laffont, 1973) relie ces phénomènes à l'éruption du Santorin vers -1500 qui, après avoir provoqué un raz de marée qui détruisit la civilisation crétoise (ça, c'est historique), envoya des nuées volcaniques jusqu'en Egypte : d'où les ténèbres, l'eau devenant couleur de sang à cause des scories tombant dedans, les criquets égarés par les perturbations du champ électromagnétique terrestre, et le retrait des eaux de la mer rouge, comme cela se produisit lors du tremblement de terre de Lisbonne en 1755. La chaîne Arte a récemment servi cette thèse à ses téléspectateurs.

Mais il se trouve que les rédacteurs de la Bible ne sont pas d'accord sur la nature de ces événements :
- le psaume 136 (v.10) ne connaît que la mort des premiers-nés.
- le psaume 105 parle de sept plaies : ténèbres, eaux changées en sang, grenouilles, insectes, grêle, sauterelles, premiers-nés.
- le psaume 78 ajoute une attaque à coup de feu céleste (v.49) dont l'Exode ne dit mot.
- le Livre de la Sagesse (ch. 17) ajoute aux ténèbres "des bruits effrayants" et "des spectres lugubres".
- à l'intérieur même du texte de l'Exode, on trouve deux versions des eaux changées en sang : un petit seau d'eau du Nil (4.9) et le Nil entier (7.17)...

Dans cette deuxième version, la Bible omet d'expliquer comment toutes les eaux changées en sang par Moïse ont été ensuite changées en sang par les magiciens égyptiens (7.22)... Gageons qu'Elie Wiesel nous retrouvera un jour un apocryphe à quarante plaies et Lev Poliakov un autre à septante deux plaies... Je leur conseille d'aller fouiller dans les sables d'Arabie car le Coran mentionne (7,133) une inondation, des sauterelles, des poux, des grenouilles, et du sang. On y apprend aussi (7,130) que les années de disette évitées par la gestion de Joseph ont été envoyées par Dieu au temps de Moïse pour éprouver le Pharaon... Pour corser la chose, en Exode 11.9, Jéhovah parle au futur des calamités qui viennent de s'abattre sur l'Egypte...
 

Charlton Heston dans les chutes du Niagara

Passons à la scène la plus célèbre de la Bible, la traversée de la mer des Roseaux à pieds secs entre deux murailles d'eau. Dans le film Les Dix Commandements, les effets du retrait puis du retour de l'eau sont obtenues en passant à l'envers puis à l'endroit des images des chutes du Niagara.

Mais il s'agit d'un collage tardif dans un texte qui parlait originellement d'un combat sur la plage de l'Ange de Dieu contre les Egyptiens. Voyez plutôt :

Jéhovah culbuta les Egyptiens au milieu de la mer (...) Il n'en resta pas un seul.
(Ex 14.27-28)
Et Israël vit les égyptiens morts au bord de la mer. (30)

Pour info, les versets insérés sont 14.3 (>Yhwh), 8, 15-18, 21-23, 26-29, 31.

Le psaume 105, qui raconte le séjour en Egypte, ignore autant la traversée de la mer des Roseaux que la poursuite par les armées du Pharaon :

L'Egypte se réjouit de leur sortie, car elle était saisie de terreur.
Il déploya une nuée pour les cacher, un feu pour éclairer la nuit
. (v. 38-39)
L'idée de séparer les eaux est tirée d'un récit égyptien où un magicien procède ainsi pour retrouver l'anneau qu'il avait laissé tomber dans un étang. Idem pour l'épisode de Moïse se réfugiant chez les Madianites où il épouse la fille de Jéthro : il s'agit d'un calque du récit égyptien des aventures du vizir Sinouhé...
 

Moïse et sa radio

Decanis nous ressert l'Arche d'Alliance made by Robert Charroux, c'est à dire un condensateur électrique : deux plaques d'or séparées par une épaisseur de bois, avec des "antennes" en forme de "chérubins". Seulement, voilà : les keroubim sont des "taureaux" ailés à tête humaine provenant de l'art assyrien. Il serait étonnant que les Hébreux, après plusieurs siècles de servitude en Egypte, contrée où les dieux ont des corps humains et des têtes d'animaux, aient eu une connaissance quelconque de l'art assyrien. Et ce n'est pas Moïse, prétendu aristocrate égyptien (thèse de Freud), qui leur aurait montré comment dessiner un animal chimérique alors que Jéhovah venait de lui servir un décret condamnant toute représentation d'animal, de monstre, ou d'humain (Ex 20.4 ; Dt 4.16).

Ce Moïse n'a décidément pas converti grand monde au monothéisme qu'il est censé avoir inventé. Outre que son frère Aaron se charga de bricoler un veau d'or, son petit-fils Yehonatan devint prêtre de l'idole Mika, dieu de la tribu de Dan (Jg 18.30).

Il faut cependant reconnaître que l'interdiction de représenter Jéhovah vient de l'idée égyptienne que l'on peut affaiblir la puissance des dieux en fracassant leurs statues.

Il semble plus vraisemblable que la fabrication de ce joujou (ou tout au moins son embellissement) ait été plus tardive, sous l'influence culturelle des puissants voisins assyriens, et que le Livre Sacré ait été corrigé pour s'accorder avec le nouvel art officiel de Sa Majesté. J'en veux pour preuve manifeste une erreur du faussaire : alors que le "modèle Samuel" a les Keroubim sous le coffre (1 S 4.4), le "modèle Salomon" les a dessus (1 R 8.7) ; donc, pour le copiste de Sa Majesté, le tas de planches de l'ancêtre ne saurait qu'être plaqué or et surmonté de Keroubim (Ex 25.20-21).

Charroux : Et en plus ça marche bien, cet engin : on peut s'électrocuter (2 S 6.7) et ça cause dans le poste! (1 S 3.4 : "Allô, la Terre ?") Mais oui, mais oui... Et quand on se plante entre les boutons, les cadrans, et les manettes, on attrape des hémorroïdes et on paye le docteur avec des trous du cul en or massif (1 S 6.4), devise standard de la Confédération Galactique...

Notons que les Juifs ne savent pas plus lire le manuel d'utilisation de l'Arche que les Philistins, car les hémorroïdes, c'est fâcheux, mais que cet Arche désintègre 70 guerriers et 50.000 civils juifs (1 S 6.19), c'est franchement gênant... Mettons cependant au crédit de cette thèse qu'Aaron, le frère de Moïse, porte un nom curieux : Ha Aron signifie le coffre, l'Arche. Et voici le coffre transformé en mégaphone, ce qui est bien plus pratique :

Il adressera la parole au peuple en ton nom. (Ex 4.16)

Ce qui rejoint la version de Samuel d'une arche contenant le Verbe de Dieu.

Il paraît également que ce coffre contenait les Tables de la Loi, données à Charlton Heston au sommet du Sinaï (le même Verbe sous forme écrite).

Voltaire se demandait déjà pourquoi, si cela était vrai, elles auraient été rédigées en hébreu carré et non en hiéroglyphes égyptiens, même si l'hébreu est la langue de Jéhovah himself. Selon Jean Sendy (La Lune..., ch. 6), ce serait même une langue synthétique inventée par des Extra-terrestres...

Autre version : l'archange Gabriel aurait confié à Mahomet que l'Arche contenait les ossements des familles de Moïse et d'Aaron... (Coran, 2.248)

Passe encore que le contenu des lois de Moïse se rapporte à un peuple sédentaire : Jéhovah peut être prévoyant. Mais des tas de prophètes ultérieurs ont ignoré que les Tables de la Loi avaient été rangés dans cette boîte : un prêtre les a un jour "retrouvées" dans une remise du Temple (2 Rois 22.8 ; 2 Ch 34.14).

De même, dans les Psaumes, vous ne trouverez pas la moindre allusion au Sinaï.

Dans le très antique Cantique de Débora, Yahvé vient de Séir (Jg 5.4), montagne sise en Edom (Nb 24.18), pays d'Esaü (Gn 36.6) où régna un Yobab (le beau-père de Moïse ?).

Dans les bénédictions de Moïse (Dt 33), Yahvé vient à la fois de Séir et du Sinaï !

Au vu de tous ces "oublis", on se demande si cela valait bien la peine que des Extra-terrestres convoquent trois millions de cuiseurs de briques au milieu du désert pour les assommer d'effets pyrotechniques...

Comme par hasard, c'est encore en fouinant dans ce que les Hébreux ont pu apprendre lors de leur exil à Babylone que l'on trouve un indice : la stèle d'Hammourabi qui porte son code de lois (pillées par le Pentateuque) nous montre le dieu Shemesh dictant le texte au roi. Hammourabi n'est sans doute pas plus l'auteur de ces lois que Napoléon ne l'est de la législation française, quoi que puissent penser des archéologues de l'an 5000 retrouvant un jour la mention d'un "code Napoléon". En tant que bâtisseur d'empire, il n'en fut que le compilateur.

Cependant, il existe bien une parenté entre les Dix Commandements et la culture égyptienne, car on les trouve dans le Livre des Morts égyptien qui contient ce que doit plaider le défunt lorsqu'il comparaît devant Anubis :

Je n'ai pas tué,
Je n'ai pas volé,
Je n'ai pas menti,
Je n'ai pas commis d'adultère,
J'ai secouru mon prochain,
Je suis pur, je suis pur
.
On peut d'ailleurs se demander si les lois du Décalogue ne relèvent pas plus de la superstition que de la morale : Honnore ton père et la mère afin de vivre longtemps sur la terre, ou, dit autrement, "de peur d'être frappé par l'Ange de Yahvé" (cf l'interdiction de manger du fruit de l'Arbre d'Eden "car tu mourrais sûrement"). Idem pour le respect du sabbat qui, chez les Babyloniens (sabbatu étant un mot babylonien), n'était qu'un jour néfaste. Et ces braves polythéistes n'enseignaient pas qu'on dût mettre à mort celui qui aurait ramassé du bois ce jour-là (Nb 15.32-36)... Je lis en marge de ma Bible (ed CERF-Desclée de Brouwer) un commentaire du Père Bagot sur cet épisode : Manquer au sabbat, c'est méconnaître le jour qui donne sa signification à toute la vie du peuple élu.
Apparemment, ce Père n'a jamais lu un certain bouquin où il est écrit : Le sabbat a été fait pour l'homme et non l'homme pour le sabbat....
Il n'a pas non plus lu le Pentateuque : où est-il écrit que la victime connaissait cette loi qui avait été confiée par Jéhovah à Moïse seul ?
Le choeur : - Moïse l'a lue publiquement en Ex 24.7 et le repos du sabbat est prescrit en Ex 23.12.
Oui, mais Ex 23.12 interdit de faire travailler autrui le jour du sabbat. C'est Ex 35.2 qui prévoit d'assassiner celui qui bosse ce jour-là. Cet article ne faisait donc pas partie de la lecture publique de Ex 24.7.
La grande ziggourat de Babylone, après avoir été tour de Babel (dans l'ordre du texte biblique mais peut-être pas dans l'ordre de rédaction), est recyclée en échelle cosmique dans le songe de Jacob (Gn 28.12, les prêtres babyloniens grimpant faire leurs dévotions y étant transformés en anges). Autre avatar des tables d'Hammourabi : Platon, en ayant trouvé mention dans les ouvrages d'Hérodote, décréta que les rois d'Atlantide avaient fait écrire leurs lois sur des tables de bronze (c'est plus joli). L'atlantologue Deruelle en déduit que les Atlantes ont reproduit ce trait culturel en fondant Babylone : la boucle est bouclée... Mais comme la Bible est faite de collages contradictoires (deux créations, deux déluges,...), et que nous avons vu que l'Arche avait contenu Jéhovah avant de céder la place au code d'Hammourabi, le prophète Amos déclare que Jéhovah n'a jamais prescrit de faire des sacrifices (Am 5.25) : tout le cirque orchestré par les Extra-terrestres dans le désert est nul et non avenu. On se demande même si Jéhovah a un jour prescrit de ne pas faire de faux témoignage, (à fin d'incitation au meurtre, de surcroît!) : [Ben Hadad, roi d'Aram,] m'a envoyé te demander s'il guérirait de son mal. Elisée répondit : Va lui dire "Sûrement tu guériras" mais Yahvé m'a fait savoir que sûrement il mourra.[...] Dans une vision, je t'ai vu roi d'Aram. [...] Le lendemain, [l'envoyé] prit une couverture qu'il trempa dans l'eau et l'étendit sur la figure [du roi]. Ben Hadad mourut et Hazaël régna après lui. (2 Rois 8.9-15)

Jéhovah a-t-il dit dans l'Exode (32.33) : Celui qui a péché contre moi, c'est lui que j'effacerai de mon livre, et dans le Deutéronome (24.16) : Les pères ne seront pas mis à mort pour les fils et les fils pour les pères. ?
Deuxième livre de Samuel (12.14) : Comme tu t'es, par ce péché, déshonoré devant le Seigneur, l'enfant qui t'es né mourra. (Cet enfant était celui que David avait eu de Bethsabée, femme d'Urie, dont il s'était débarassé en l'envoyant crever sous les murs de Rabba. Après cet accouchement malheureux, David engrossa Bethsabée de Salomon, sans que ni lui ni elle n'encourent le moindre châtiment. Telle est la justice de Jéhovah...)
Evangile selon Matthieu (23.31) : Vous rendez témoignage que vous êtes les fils de ceux qui ont tué les prophètes !
Mais il est vrai que : Je suis un dieu jaloux qui punis la faute des pères sur les enfants, les petits-enfants, et les arrières-petits-enfants. (Ex 20.5, 34.7, Dt 5.9)

Moralité : si tu es un honnête homme, tu ne prendras pas Jéhovah pour le Dieu bon, tu éplucheras les livres saints pour en séparer le bon grain de l'ivraie (Mt 13.24 sq), et tu lapideras celui qui cherchera à t'en empêcher car il a pour maître le Diable. (cf Jn 8.44)

Avec les Actes des Apôtres (7.42-43), tout se complique : Moïse et sa bande n'étaient que des adorateurs de Moloch-Baal et du dieu Rephesh (autre seigneur de l'orage), symbolisé par une étoile dite "éphod" (1 S 2.28, 21.10, Jg 8.27, Os 3.4), palladium ayant de fortes chances d'être une météorite comme la pierre noire de La Mecque, entreposée sous le Tabernacle, voire dans l'Arche même.

Pour revenir à la thèse de l'arche-radio, j'avoue ne pas m'y connaître assez en électronique pour vous dire comment peut fonctionner un condensateur fait d'un morceau de tectite, éventuellement glissé entre deux tranches de granit, le tout emballé dans du bois d'acacia, et, pour notre malheur, les Extra-terrestres ont négligé d'éclairer le prophète Raël à ce sujet !

Mais, si ces Martiens avaient ramassé un bout de magnétite, ils auraient pu offrir une boussole à Moïse, au lieu de le laisser tourner en rond dans son désert pendant quarante ans. Vous me direz qu'un rayon laser émis par un ovni ("colonne de feu") guidait ses pas et que, comme le temps s'écoule moins vite dans une soucoupe que sur la Terre (explication ufologique de la réapparition de Melchisédech et d'Elie dans les Evangiles, après plusieurs siècles d'absence...), il a suffi qu'Elohim lâche le manche à balai pendant un instant pour régler son compte à un extra-moustique pour que, au sol, les Hébreux essayent vainement de suivre les évolutions de la soucoupe pendant quarante ans...

A moins que Moïse ait bien reçu une boussole

(dite Liahona en langue élohique, cf Livre de Mormon, 1 Néphi 16.10 :
Et il arriva que, comme mon père se levait le matin et se rendait à la porte de la tente,
il vit, à son grand étonnement, sur le sol, une boule ronde
(sic!),
d'une exécution habile, et elle était d'airain fin (re-sic!).
Et, dans la boule, il y avait deux aiguilles; et l'une d'elles montrait la direction dans laquelle nous devions aller dans le désert.)
mais que les Elohim soient repartis en oubliant de lui dire de ne surtout pas l'approcher du condensateur électrique...
Addition (15.05.03) : j'ai reçu un mail d'un lecteur croyant mordicus aux aventures de Moïse.
Je vous soumet ses arguments et mes objections.
 

Josué en concert à Jéricho

- Ah ouais ? Et que fais-tu de la prise de Jéricho grâce aux trompettes à ultrasons fournies par les Elohim ? (in Raël, op. cit. p. 56, et Decanis, p. 40)

Si l'histoire de l'Angleterre avait été rédigée par le même genre de chroniqueur, il n'eût pas manqué de faire allusions au Géants (des métis d'Extra-terrestres et de Terriens, comme nul ne l'ignore... cf Gn 6.4 et le géant à douze doigts de 1 Ch 20.6) qui avaient édifié Stonehenge, avant de se faire tailler en pièces par Saint-Georges en personne ("Ouaip : le résultat d'une expérience biologique élohiste à proximité d'une balise à soucoupes!", in J'ai tout compris, bientôt disponible chez I. N. H. Evidence).

L'archéologie montre que Jéricho a été fondée vers -8000, abandonnée vers -7000, réoccupée épisodiquement, puis brutalement détruite vers -2300. Que les nomades aient brodé des contes autour d'imposantes ruines de remparts, certes... Que le pouvoir religieux les ait ensuite récupéré, ça s'est vu ailleurs.

Alors, est-il vraiment nécessaire d'expliquer Josué à Jéricho en pillant L'affaire Tournesol ? Vous remarquerez qu'aucun ufologue n'a jamais tenté d'expliquer comment Josué avait pu traverser le Jourdain à pieds secs (Jos 3.17 : le champ de forces de l'Arche repousse les eaux, comme n'importe quelle bouteille de Leyde...), ni vérifié si une grêle de météores avait pu passer à ce moment pour écrabouiller les Cananéens sans toucher un seul Hébreu (10. 11), ni expliqué comment le soleil avait pu être arrêté dans sa course (10.13)...

Pourquoi Decanis n'exploiterait-il pas cette friche là ? A-t-il peur de ne pas trouver de créneau entre l'incommensurable jobardise des Témoins de Jéhovah, malheureusement allergiques aux soucoupes, et la jobardise moyenne du raëlien de base (qui, au fond, n'en a rien à foutre et qui n'adhère que pour tirer son coup dans des parties d'amour cosmique) ? Qu'il s'y lance puisqu'il a l'air sincère! Moi, je suis nettement handicapé pour prêcher du Charroux relooké : je serais incapable de me retenir de rire pendant le sermon...

Par la même occasion, il nous expliquera pourquoi le reporter qui a assisté au miracle de la séparation des eaux du Jourdain ne s'est pas aperçu que le faible débit de ce fleuve n'exige pas un tel prodige pour en rendre possible la traversée...

Notons que Josué, pour arrêter le soleil, dit : Soleil arrête-toi! (10.12) bien que le verset précédent prétende qu'il s'adresse à Jéhovah... Et le soleil obéit au gugusse comme si celui-ci était un dieu... Tiens donc!

Le Livre de Josué est en effet farci de surcharges destinées à faire de ce dieu un simple exécutant des ordres de Jéhovah. En voici quelques exemples (et en plus, je crois bien qu'il faut bazarder les chapitres 12 et suivants) :

- mention de la traversée de la mer Rouge (2.10) dont nous avons vu qu'il s'agissait d'une retouche au texte original de l'Exode.

La surchage couvre un chapitre entier (2.1b-21,22b-c) : alors que Josué avait envoyé ses espions reconnaître le pays de Jéricho, ceux-ci auraient passé la nuit avec une pute, puis auraient fait leur rapport en expliquant que ceux qui avaient voulu leur faire la peau tremblaient devant eux! La fille réapparaît après la prise de Jéricho (6.22-7.1, et additions au verset 17 pour atténuer le "tout ce qui s'y trouve"), ce qui oblige le rédacteur à doubler l'anathème concluant le texte original (vieux texte où la richesse est pastorale, v.21) d'un autre anathème épargnant des métaux précieux (19 & 24) dont on se demande bien où les villageois de Jéricho les auraient trouvés, métaux destinés à un temple construit des siècles plus tard... - alors que Josué fait encercler discrètement Jéricho jusqu'à ce qu'il donne le signal de l'assaut (6.1-3a/10), le rédacteur sacerdotal ajoute des prêtres en grand uniforme trimballant toute leur quincaillerie pendant sept jours et faisant un raffut à réveiller les morts. Cela n'émeut pas les habitants qui semblent surpris au point de ne pas avoir pris les armes... Notons que ce ne sont pas les ultrasons des trompettes qui ont fait s'écrouler la muraille, mais le cri de guerre (6.20).

- expédition du sanctuaire de Josué (4.8) au fond du Jourdain (4.9)

- dans un bloc sacerdotal de 14 versets (5.2-15), on trouve :

- l'attribution au toponyme Gilgal ("cercle") d'une étymologie fantaisiste rattachée à la circoncision (5.9, avec moult contorsions devant expliquer pourquoi ces Hébreux-là étaient incirconcis) alors que si Josué habite un "cercle" du côté du levant, c'est simplement parce qu'il est un dieu solaire.
- la célébration d'une Pâque (10-12) dans la plaine de Jéricho avec "les produits du pays", alors qu'au printemps il n'y a pas encore de produits...
- une apparition du "chef de l'armée de Jéhovah" (13-15) copiée de celle du Sinaï ("Ôte tes sandales quand tu montes dans ma soucoupe, sinon l'électricité statique va bousiller les circuits !") venu proposer ses services à Josué alors que la peur des Cananéens (5.1) les avait déjà désarmés.
- lors de la première escarmouche contre la ville d'Aï (7.2 sq), Josué recule parce qu'il a perdu 36 hommes sur 3.000! Ces 3.000 là sont tardifs mais antérieurs aux 600.000 mâles adultes (Ex 12.37) que Moïse a fait sortir d'Egypte (bien qu'ils soient morts dans le désert, la génération suivante n'est pas supposée être moins nombreuse). Mais certains voudraient traduire eleph ("millier", Ex 12.37) par "famille" ou "clan". Ce serait donc 600 clans qui auraient fuit l'Egypte, ce qui s'accorde mieux avec le récit de Josué et avec un passage du Deutéronome (7.7) où les Hébreux sont dits "le plus petit de tous les peuples". Suivent une vingtaine de versets sacerdotaux où Jéhovah exige qu'on lui rende ses lingots.
 

Jojo la foudre

- lors de la destruction de la ville d'Aï, on voit "une fumée montant de la ville vers le ciel" (8.20) comme lors de la destruction de Sodome (Gn 19.28) mais le rédacteur sacerdotal a rajouté une intervention humaine (8.19) pour éviter qu'on lise que Josué a détruit la ville en inclinant (et non "en tendant") vers elle le javelot qu'il avait en main... Car ce "javelot", c'est la foudre (cf Dt 32.41; Ha 3.11) : on lit un peu plus loin (26) que Josué massacre lui-même tous les habitants avec ce javelot! Ce qui est possible pour un dieu bombardant ses ennemis à coup d'éclairs devient tellement suspect pour un simple chef de guerre qu'une plume a inséré l'intervention de troupes humaines (21-25).

Autre parenté de ce récit avec celui de la destruction de Sodome : l'archéologie ayant montré que la ville d'Aï était inhabitée depuis -2400, le récit original devait raconter comment le dieu Josué l'avait détruite aux temps anciens et non lors d'une infiltration en Palestine relativement récente. - Il paraît que c'est Yahvé qui a ordonné à Josué d'attaquer Aï (8.1-2). Mais, curieusement, lorsque Josué prend l'initiative d'attaquer Adonisédek (10.7), Yahvé débarque pour lui dire : Ne crains pas (v.8). Josué aurait-il attaqué s'il avait craint quelque chose ? On peut se débarrasser de Yahvé dans tout le livre de Josué et obtenir un récit cohérent. Exemple (10.9) Josué arriva sur eux à l'improviste après avoir marché toute la nuit depuis Gilgal [insertion] et leur infligea à Gabaon une rude défaite. Il les poursuivit... jusqu'à Maqqéda. Tandis qu'ils fuyaient devant Israel à la descente de Bet-Horon [insertion*] Josué s'écria : Soleil etc... Il n'y a pas eu de telle journée ni auparavant ni depuis. [insr] Josué et tout Israel regagnèrent le camp de Gilgal.

Addition après avoir lu l'opus de Raël : son Martien lui explique (p. 56) que les Gabaonites ont été bombardés avec "de grandes pierres". Voici un Martien tenant ses informations de Saint Jérôme et s'appliquant scrupuleusement à enseigner à Raël les erreurs de traduction de la Vulgate...
L'hébreu écrit "d'énormes grêlons", passage qui, par dessus le marché, corrige le texte original (insertion sise en *) : ces grêlons tuent tous les ennemis que Josué s'exténue ensuite à poursuivre !
Raël ose écrire que l'arrêt du soleil signifie que les Hébreux (ne disposant que de fantassins) ont conquis la Judée en une journée! Sous Moshé Dayan, avec des jeeps, il leur fallut six jours... De plus, pour prétendre cela, Raël n'a visiblement pas lu les livres qui suivent Josué où l'on voit les Hébreux poursuivre leurs conquête du territoire... Fin de l'addition.

Vous remarquerez qu'en 10.5, les Gabaonites sont assiégés dans leur ville alors qu'à la fin du chapitre 9, il avaient été dispersés comme esclaves parmi les Hébreux...

En fait, le chapitre 9 doit être élagué comme suit :

9.1 A la nouvelle de ces choses, tous les rois qui étaient en deçà du Jourdain, dans la montagne et dans la vallée, et sur toute la côte de la grande mer, jusque près du Liban, les Héthiens, les Amoréens, les Cananéens, les Phéréziens, les Héviens et les Jébusiens,
9.2 s'unirent ensemble d'un commun accord pour combattre contre Josué et contre Israël.
9.3 Les habitants de Gabaon, instruits de la manière dont Josué avait traité Jéricho et Aï,[insertion]
9.6 allèrent auprès de Josué au camp de Guilgal. [insertion]
9.15 Josué fit la paix avec eux, et conclut une alliance.[insertion]
10.1 Adoni Tsédek, roi de Jérusalem, apprit que Josué s'était emparé d'Aï et l'avait dévouée par interdit, qu'il avait traité Aï et son roi comme il avait traité Jéricho et son roi, et que les habitants de Gabaon avaient fait la paix avec Israël. [insertion]
10.2 Il eut alors une forte crainte car Gabaon était une grande ville, comme une des villes royales, plus grande même qu'Aï, et tous ses hommes étaient vaillants.

Sans cet élagage, on ne voit pas comment les esclaves du chapitre 9 auraient été promus guerriers au chapitre 10 ...

Maintenant, Josué étant réhabilité dans l'affaire de Gabaon, pourquoi assassinerait-il les habitants de Maqqéda, Libna, Lakish, Eglon, et Debir (10.28 et sq) ? Comment, si ces génocides avaient eu lieu dans la version originale, le roi de Gezer (v. 33) aurait-il décidé d'aller secourir des cadavres ? Contrairement à ce prétend 10.1, Josué n'a pas trouvé de roi à pendre à Jéricho. Quel est donc ce traitement réservé aux rois vaincus ? Mettre le pied sur la nuque de l'adversaire implique-t-il forcément de l'assassiner ou les Juifs sont-ils moins civilisés que ces sociétés animales où le dominant n'égorge pas le dominé qui lui tend son cou ?
 

Génocides

Le livre de Josué n'est pourtant qu'une longue apologie du génocide : extermination des habitants d'Aï , puis de tous les Cananéens : Josué ne laissa pas un survivant et voua tout être vivant à l'anathème comme l'avait prescrit Yahvé. (10.40) Tout le butin de ces villes, y compris le bétail, les Israélites s'en emparèrent. Mais tous les êtres humains furent passés au fil de l'épée; on les extermina sans en épargner un seul. (11.14)

Livre des Juges (18.27) : Les Danites marchèrent contre Laïs, un peuple paisible et confiant. Ils passèrent la population au fil de l'épée et livrèrent la ville aux flammes.

Deuxième livre de Samuel (12.31) : Il fit sortir les habitants, et il les plaça sous des scies, des herses de fer et des haches de fer, et les fit passer au four à briques. Il traita de même toutes les villes des fils d'Ammon. David retourna à Jérusalem avec toute l'armée.

Il existe une quantité de traductions soft de ce passage parce qu'aujourd'hui des Juifs expédiant leurs victimes dans des fours, ça fait un peu désordre...
Les TJ écrivent Il le [le peuple] fit servir dans la fabrication des briques ; les cathos employer au four à briques ; le rabbinat envoyer au four, plus ambigu...; Chouraqui n'a pas ces pudeurs qui écrit Il les avaient fait passer à la briqueterie. Et chez les uns comme chez les autres, faire passer son fils au feu (Dt 18.10) ne veut pas dire "le préposer à l'entretien de l'âtre" que je sache...
Le troisième chapitre du Second Livre des Rois nous conte les mésaventures du roi des Moabites qui refusa un jour de payer un tribut de 200.000 ovins au roi de Samarie (au moins cent fois son revenu annuel...). Jéhovah commande alors de transformer le pays en désert au mépris de ses propres commandements (Dt 20.19 : Si tu attaques une ville, tu ne mutileras pas les arbres. Est-il homme, l'arbre des champs, pour que tu le traites en assiégé ? Merci pour les hommes!) De désespoir, le roi de Moab sacrifie son fils aîné à Jéhovah, qui, sans doute ravi que l'on ajoute un sacrifice humain à tous ces massacres, lui donne la victoire contre Israël ! 

Deuxième Livre des Chroniques (25.11-12) : Amasias, confiant dans sa force, conduisit son peuple à la Vallée du Sel et tua dix mille hommes de Séir. Les fils de Juda en capturèrent dix mille autres, les menèrent en haut d'une falaise d'où ils les précipitèrent en bas ; tous s'écrasèrent. (Ces habitants de Séir sont censés être descendants d'Esaü dont Jacob, ancêtre des Juifs, avait déjà volé l'héritage...)

Mais, contrairement à Roger Garaudy (Les mythes fondateurs de l'Etat d'Israël), je ne crois pas à l'historicité de tous ces massacres. Ils ont été inventés par les rédacteurs de la caste sacerdotale pour pouvoir dire que les Juifs ne s'étaient jamais mélangés aux peuples parmis lesquels il habitaient.

Ainsi, malgré la prétendue solution finale du problème cananéen opérée par Josué, dans le livre suivant, Juges, il faut tout reprendre à zéro! Pire : Josué semble mourir avant la conquête (1.1)... pour ressusciter au chapitre suivant (2.6) ! Il n'y a pas de juge sous lequel les Hébreux ne prennent des taloches des Cananéens. Le roi d'Eglon, pendu par Josué (Jos 10.23) asservit les Israélites pendant dix-huit ans (Jg 3.14). Le roi Yabin, estourbi en Jos 11.10, les opprime pendant vingt ans (Jg 4.3). Les Madianites, exterminés par Moïse (Nb 31), traquent les Hébreux au point que ceux-cis doivent se réfugier dans des cavernes (Jg 6.1-6)! Enfin, le héros yahviste Gédéon refait tout le boulot du dieu Josué... pour des nèfles, vu que David trouve encore des tas de goyim à massacrer en Palestine et Salomon 153.600 mâles adultes à réduire en esclavage (2 Ch 2.17).

On lit dans l'Exode (23. 29-30) : Je n'expulserai pas les Cananéens en une seule année car le pays deviendrait un désert où se multiplieraient les bêtes sauvages. Je les expulserai peu à peu jusqu'à ce que ta fécondité te permette d'occuper le pays.

Mais dans les Nombres (33.25) : Si vous ne dépossédez pas les habitants de ce pays, ceux d'entre eux que vous aurez épargnés seront comme des épines dans vos yeux et des aiguillons dans vos flancs. Ils vous opprimeront sur la terre où vous habitez, et ce que voulais leur faire, c'est à vous que je le ferai.

Que Dieu change d'avis d'un siècle à l'autre, passe encore. Mais qu'il donne deux instructions aussi contradictoires à la génération de Moïse, avouez que cela fait désordre...

Donc, à une époque, la Bible ne disait pas que Josué disposait de 3.000.000 de colons prêts à s'installer en Canaan... Encore une preuve que ces génocides n'ont jamais eu lieu, pas plus que le séjour des Hébreux en Egypte qui leur aurait permis de se multiplier ainsi.

Peut-être que des initiés ont su pendant longtemps lire ces textes bibliques entre les lignes comme je l'ai fait ici. Peut-être avaient-ils simplement conservé des copies conformes des textes originaux. Peut-être ces initiés étaient ils des adorateurs de l'ancien dieu Josué. Peut-être proclamaient-ils que leur dieu était un dieu bon, ce dieu qui portait le même nom (en hébreu et en grec) qu'un certain Jésus, habitait un bled du même nom (Gilgal = "cercle"/Galilée = "cercle des nations"), et qu'il avait commencé sa carrière sur le Jourdain, comme l'autre...

Notons que deux des disciples de l'autre - "les Fils du Tonnerre", Mc 3.17, les Cautès ("brûlant") et Cautopatès ("éteignant") de la mythologie mithraciste - ont à leur disposition le même "javelot" que Josué pour faire plier les bleds récalcitrants (Lc 9.54) Ces adorateurs du dieu Josué ont-il disparu pour réapparaître plusieurs siècles plus tard ? Ou bien se sont-ils maintenus dans un coin en attendant que les armées assyriennes, macédoniennes, et romaines viennent mettre fin à l'hégémonie des yahvistes ? Maudit soit l'homme qui fait une idole [...] et la place en un lieu caché. (Dt 27.15) Conclusion : Je vous ai donné une terre qui ne vous a demandé aucune fatigue, des villes que vous n'avez pas bâties et dans lesquelles vous vous êtes installés, des vignes et des oliveraies dont vous jouissez sans les avoir plantées. (Jos 24.13)

Belle mentalité !

"Un peuple ignorant et barbare, qui joint depuis longtemps la plus sordide cupidité à la plus détestable superstition et à la plus invincible haine pour tous les peuples qui les tolèrent et qui les enrichissent." (Voltaire, Dictionnaire philosophique, article Juifs)

Celui qui a écrit dans l'Evangile de Jean que les Juifs avaient pour père le Diable avait sans doute mieux étudié l'Ancien Testament que nos actuels séminaristes...
 

Hercule au pays des Hébreux

Autre dieu humanisé : Samson, c'est à dire Shemesh, le soleil (et, plus exactement, "le solaire", Shimshon), bénéficie d'une conception miraculeuse. Son "naziréat" est un ajout sacerdotal : un nazir ne peut pas toucher à un cadavre d'animal (Jg 14.8). Son emblème est le lion, signe zodiacal de l'été. Sa force croît avec la pousse de ses cheveux (comme celle du soleil de ses rayons). Le coup des renards enflammant les champs est un vieux rite méditerranéen de sacrifice d'une partie des moissons (cf les Cerealia romaines). A un stade intermédiaire, ce Shemesh n'est plus qu'un géant, c'est a dire un demi-dieu, un Nephilim (cf Gn 6.4). Traces de son gigantisme :

- il manipule une mâchoire d'âne capable de massacrer mille hommes d'un coup (Jg 15.15). Cette mâchoire géante servit à expliquer une formation rocheuse naturelle, comme il existe des "dents de Gargantua" sur certaines montagnes de France ;
- il emporte les portes de Gaza et les dépose au sommet d'une montagne, légende expliquant la présence d'un monument mégalithique;
- l'envergure de ses bras lui permet d'atteindre deux colonnes soutenant le toit d'un édifice assez grand pour contenir 3000 personnes.
Le soucoupomane : Justement : la Genèse précise que ces Nephilim étaient des métis d'humains et d'Extra-terrestres! Raël, ignare de service (p. 58) : L'accouplement des Créateurs aux filles des hommes leur permettait d'avoir des fils régnant directement sur terre, dans cette atmosphère qui ne leur convenait pas. Ainsi, les Terriennes acceptaient de baiser avec des individus qui se pointaient au pieu avec un casque hermétique ou un inhalateur, et leur ADN modèle azote-oxygène se combinait miraculeusement avec un modèle pour bouffeurs de méthane ou autre! Je crois plutôt qu'on a imaginé des géants (Nb 13.33; Dt 2.10) pour expliquer la construction de monuments mégalithiques (cf le lit du roi Og en Dt 3.11), et expliqué ces géants par une ascendance divine (cf les Titans, fils d'Ouranos). Ces anges qui ont engendré des géants sont eux-mêmes bien bâtis (Gn 18.6-8) : pour nourrir trois anges, Abraham a besoin d'un veau entier, de trois baths (3 x 45 l) de farine, plus fromage et dessert. Contre ceux qui voudraient encore que la Bible soit un reportage, plusieurs indices montrent que l'histoire de Samson n'a pu être rédigée qu'à l'époque héllénistique :
- ce sont les Grecs qui donnaient des jeux en l'honneur de leurs dieux (Jg 16.23) et non les Phéniciens;
- la devinette sur l'origine léonine des abeilles vient de la légende d'Aristée (Virgile, Géorgiques, IV, 548 sq); le fait de vouloir proposer une énigme vient de la geste d'Oedipe, l'imitation donnant un résultat débile : le Sphinx posait une énigme d'ordre général, et celle de Samson se réfère à un épisode sa vie inconnu de ses interlocuteurs...
- les amours de Samson et de Dalila sont un calque de ceux d'Hercule et de la reine Omphale : Dalila cherche à anéantir la force de Samson comme Omphale humilie Hercule en le revêtant de sa robe et en l'obligeant à filer la laine.

L'Héraclès des Grecs est également un ancien dieu solaire et ses Douze Travaux sont liés aux signes du Zodiaque. Leur liste et leur ordre chronologique ont varié selon les auteurs anciens, et les ouvrages d'aujourd'hui ne s'accordent pas toujours entre eux. Cependant, tous sont d'accord pour l'envoyer d'abord terrasser le lion de Némée. Or, en ces temps lointains, le solstice d'été avait lieu dans le signe du Lion. Il est vrai qu'il faut quitter le plan de l'écliptique pour gagner la constellation de l'Hydre, mais vissez-lui la Balance et le Scorpion sur le col et vous aurez les premières de ces têtes qui deviendront cent. Ensuite, il emprunte ses flèches au Sagittaire pour abattre l'Aigle, alias oiseaux du lac Stymphale, puis déverse l'amphore du Verseau dans les écuries d'Augias. Enfin notre héros estourbit le Taureau, s'emparant au passage de la Voie Lactée, alia ceinture d'Hippolyte, puis rentre au bercail.

Vous m'objecterez qu'il en manque. Mais comment voulez-vous connaître exactement l'état primitif d'un mythe transmis oralement ? Prenez l'épisode du sanglier d'Erymanthe : il contient si peu de merveilleux qu'il doit s'agir d'une invention tardive destiné à remplacer un épisode ayant été fondu dans un autre, peut-être celui d'Atlas, aujoud'hui inséré dans l'épreuve du Jardin des Hespérides.
Même problème pour l'épisode de la biche aux pieds d'airain : il ne s'agit pas d'une constellation. La biche est consacrée à Artémis, ex-déesse des moissons (grec artos, pain), devenue déesse de la chasse par une interprétation erronée des représentations de la déesse aux serpents des Crétois (les serpents devenant des arcs), et déesse de la lune pour des raisons que j'ignore. Or, cette biche est dotée de deux cornes d'or qui sont le premier et le dernier quartier lunaires. Elle possède des pieds d'airain : la lune est l'astre errant le plus rapide de la voûte céleste. Enfin, Héraclès met une année entière à la courser :

"Le soleil a rendez-vous avec la lune.
Mais la lune n'est pas là
Et le soleil ne la voit pas..."
Je trouve un peu vain de vouloir tout ajuster, comme le fait Myriam Philibert dans son Dictionnaire des mythologies où la Balance représente le sanglier (parce qu'Hercule le porte sur ses épaules...), le Cancer la biche (des cornes en place de pinces ?), la Vierge Hippolyte, les Poissons les boeufs de Géryon (?), le Bélier les pommes d'or (!), etc...

Pour finir, Héraclès franchit l'océan pour gagner le Jardin des Hespérides, les "filles du soir" (grec hespera, latin vesper, et -ides, "descendants", comme dans les noms de dynasties : Lagides, Séleucides, Arsacides, Barcacides, etc), embarque quelques pommes d'or (les planètes les plus brillantes, qu'il doit ensuite remettre à leur place, ce qui explique qu'on puisse encore les voir), va faire un petit tour sous la terre, chez le seigneur Hadès, et ressort des Enfers par l'Orient. La version la plus célèbre lui fait capturer le Cerbère, mais il en ramène aussi Alceste, la femme du roi Admète : il a triomphé de la Mort ! (Cela ne vous rappelle-t-il pas un autre héros de l'Occident ?...)
Le dieu Shemesh réapparaît dans les Actes des Apôtres sous la forme de Simon le Mage.
Les Pères de l'Eglise le disaient accompagné d'une Hélène qu'il aurait, selon eux, recruté dans un bordel de Tyr... En fait, cette Hélène est Séléné, la lune, qu'il n'est pas étonnant de trouver comme épouse du Soleil. Par fusion avec Eshmoun, dieu guérisseur phénicien (même racine que messie, "oint", ses guérisons se faisant par onction), on lui conféra cette "puissance qu'on appelle la Grande" (Actes, 8.10). Si le mot chrétien vient de christos (1), traduction de messie, comme les fidèles de Simon étaient oints au lieu d'être baptisés, ils pouvaient s'appeler chrétiens sans jamais avoir entendu parler de Jésus le Nazoréen... D'où la confusion des Pères qui font de Simon le Mage "le père de toutes les hérésies"...
(1) Ce qui est contestable, voir chapitre
chrestos.
Autres traces de la culture héllénistique dans l'Ancien Testament :
- le mot yéqoum, que les Témoins des Jéhovah traduisent par "toutes les créatures existantes", et Chouraqui par "toute existence" (récit du Déluge, Gn 7.4,23; 9.10,12,15,16) vient du grec h gh oikoumenh, "la terre habitée".
- Abraham achète un terrain à Sichem (Gn 33.19) pour cent kesita, monnaie lydienne (kisté) apparue après -230...
- le duel de David et de Goliath s'inspire de celui de Pâris et de Ménélas dans l'Iliade et dans les deux cas, l'issue du combat doit décider du sort de la guerre (vieux thème indo-européen que l'on trouve également dans le combat des Horaces contre les Curiaces). L'équipement de Goliath est celui que Patrocle avait emprunté à Achille. Les invectives que se lancent David et Goliath s'inspirent de celles échangées entre Achille et Hector. Une différence notable est que les héros indo-européens utilisent les mêmes armes, tandis que l'usage de la fronde est une lâcheté que n'autorise que le texte hébreu. (Avec une impossibilité technique puisqu'on ne voit pas comment le casque n'aurait pas couvert le front, les casques de l'époque ayant même une protection nasale...)
- la division du pays conquis en lots (Jg XIII-XIX) est tirée des Lois de Platon (-745).
- le sacrifice de la fille de Jephté (Jg XI, 29 sq) est inspiré de celui d'Iphigénie (mais Artémis, épargnant Iphigénie eut plus de bonté que Jéhovah...)
- la fable de Yotam (Jg IX, 8-15) est un plagiat de celle d'Esope, Les arbres et l'olivier. Cette fable réapparaît dans l'Evangile selon Marc (8.24) : un aveugle guéri grâce à un crachat sur les yeux voit des hommes "semblables à des arbres qui marchent", ce qui veut dire que des témoins de ce miracle se dirigent vers Jésus pour le faire roi (ou se rangent à sa suite pour l'accompagner à Jérusalem pour son sacre). Un scribe qui n'avait rien compris a ajouté une ligne pour modifier le sens de cette parabole (Jésus ajoutant une imposition des mains) et insinuer ainsi que Jésus pouvait faire des miracles imparfaits! D'où la gêne de Matthieu et Luc qui passent sous silence ce résultat désastreux (ainsi que les exégètes Lagrange, Grandmaison, Léon-Dufour...).

Autre interprétation de ce désastre :

Un propagandiste zélé qui voudrait prouver à ses contemporains la toute-puissance de Jésus et sa divinité oublierait volontier de tels échecs [...] La relation de ces difficultés constitue donc un critère de vérité.

(J. Duquesne, Jésus, p. 149)

Beati pauperes spiritu...

Retour sur les Fils de Dieu

Petite addition après avoir eu une illumination. Sendy, Raël, et les autres, voient des Martiens dans ce passage de Job (38.6-7) :

Qui posa sa* pierre angulaire,
Parmi le concert joyeux des étoiles du matin
Et les acclamations unanimes des fils de Dieu ?

(* : de la terre)

Traduction du rabbinat (deux preuves valant mieux qu'une) :

Tandis que les étoiles du matin chantaient en choeur
Et que tous les fils de Dieu poussaient des cris de joie ?

Cette phrase contient une particularité de la poésie hébraïque que l'on retrouvera dans les Evangiles (cf infra) : la répétition prosodique, où l'on dit deux fois la même chose avec des synonymes. Exemple : J'ai tué un homme pour une blessure,
Et un enfant pour une meurtrissure.
(Gn 4.23)
(Il s'agit du meurtre d'Abel et non de deux meurtres successifs ; ce "et" est dans le texte hébreu n'en déplaise à Chouraqui et aux autres traducteurs, et il sert de pronom relatif.)
Par conséquent, "le concert joyeux" et "les acclamations unanimes" sont la même chose.

Les différences de traduction viennent de ce que l'hébreu met le verbe en tête de phrase.

(cf Au commencement était le Verbe ; je ne plaisante pas : l'hébreu étant la langue de Dieu, le théologien qui a pondu cet évangile en a déduit logiquement que la grammaire de Dieu avant une signification mystique.) La traduction littérale donne ceci : Quand chantaient en choeur les étoiles du matin
Et exultaient les fils de Dieu.
Conséquence de cette conséquence : les "étoiles du matin" et les "fils de Dieu" sont la même chose. Nous avons là un morceau très ancien où Jéhovah était la lune (yoreha, masculin en hébreu), le soleil son épouse (shemesh, genre variable, ce qui permet à Samson d'être un homme), et les étoiles ses fils (kukoba, masculin). D'autres cosmogénèses donnent le ciel pour dieu mâle, la terre pour déesse, la pluie comme sperme divin, et la végétation comme progéniture.
 

La vision d'Ezéchiel et le char d'Elie

Le soucoupomane : Et la vision d'Ezéchiel ? C'est-y pas beau ?
Ahhh... si David Vincent avait été là avec un camescope Toshiba!

Ahhh... si les Decanis, Charroux, et autres Raël avaient été sur les remparts de Jérusalem en l'an -598 ! (Et j'ajoute un Roland Jug qui m'a écrit pour m'assurer qu'il s'agissait d'avions de chasse! cf son site et mes critiques)

Jérusalem ou Babylone ? Le Kebar (1.1), le "grand fleuve", c'est l'Euphrate.
De là, Ezéchiel est enlevé pour aller vers les exilés (2.11)... sur l'Euphrate (2.15)!

Rétrospective :
- en 1480, le pharaon Thoutmosis III conquiert la côte syrienne jusqu'à l'Euphrate.
- vers 1370, Aménophis IV, dit Akhenaton, s'occupe s'inventer le monothéisme, et laisse la Syrie s'enfoncer dans l'anarchie.
- vers 1300, Ramsès II y revient récupérer ses provinces.
- vers 1225, Méneptah y repasse faire la police.
- en 950, Shéshonk vient expliquer au "puissant" roi Salomon qu'il faut payer ses impôts, saccage le Temple, et repart avec la caisse (1 Rois 14.25).
- de 858 (Téglathphalasar III) à 612 (Assoubanipal), les Assyriens s'emparent de toutes les possessions égyptiennes de la côte de Syrie au delta, y compris les royaume hébreux.

C'est alors que les Mèdes et les Babyloniens se révoltent et font un sort aux Assyriens. Tous les roitelets de la région en profitent pour récupérer leur indépendance et le roi d'Egypte s'allie au roi de Juda. Nabuchodonosor II, roi de Babylone, les soumet les uns après les autres, en suivant la route habituelle : d'abord l'Assyrie, puis l'Amourrou (Syrie actuelle) et la Phénicie.

En 598, il débarque à Jérusalem (Ez 1.4 : Le souffle de la tempête vient du Septentrion) avec ses troupes, ses chevaux ferrés (1.7), ses drapeaux (1.10), ses guerriers dans les chars (1.11) avec des flèches enflammées (1.13). Du haut des remparts, Ezéchiel voit des chars se renverser avec leurs équipages de quatre personnes (1.15). A cette vitesse, les clous qui soudent les planches des roues pleines semblent des cercles concentriques ("œil de béryl", 1.16), et quand les faux qui les garnissent défoncent les roues des chars hébreux, "leur action apparaît quand le rouage (*) est au milieu du rouage." Quand le char ralentit, les clous deviennent visibles : leurs jantes sont pleines d'yeux (1.18). Quand un char ne peut éviter un obstacle, il voltige avec son équipage (1.19). Les assiégeants mettent en place leurs balistes (1.22). Ils se protègent de boucliers (1.23). Les flèches enflammés sifflent sur les têtes des assiégés (24), et un soldat grille au sommet d'une tour (26). Tout brûle (27) et les flèches enflammées arrivent maintenant par grappes (28) : le témoin s'évanouit.

(*) Le terme "rouage" n'est que dans la version de Chouraqui. Il se trouve aussi dans ma Septante grecque : Chouraqui aurait-il commis sa version de la Bible à partir du grec ? Toujours est-il, qu'en grec et en français, un "rouage" est un ensemble de roues (cf "attelage", "feuillage", "plumage", "pelage", etc.) et peut aussi bien désigner les deux roues d'un char de combat que les quatre roues d'un char à bœufs, et pas seulement les combinaisons de roues dentées d'une horloge, d'une boîte de vitesses, ou d'un moteur de soucoupe volante.

Et pendant que les Babyloniens montent à l'assaut des remparts, qu'est-ce qu'ils font les Elohim? Ils apprennent à Ezéchiel à jouer à la prise de Jérusalem dans un bac à sable! (Ez 4.1) Ensuite, ils lui enseignent la cuisine martienne :
- entrée (4.12) : Mange un gâteau pâtissé à la crotte d'humain.
- plat de résistance (4.15) : Je te donne de la bouse de bovins à la place de crottes d'humains : fais ton pain dessus!

Suit un discours abracadabrant dans la bouche d'un Extra-terrestre : au lieu de programmer une bonne catastrophe avec souffre, tonnerre, pluie de chauve-souris, et autres trucs à la Superman contre Godzilla, comme au temps d'Abraham, Elohim propose d'achever Jérusalem à coup de lames de rasoir, comme dans Starmania! Quand on pense qu'il y a des générations de rabbins, de moines, et d'autres (Chouraqui : [Ezéchiel] manie avec un vrai génie l'allégorie.), qui ont pondu chacun leur exégèse sur ce genre de conneries, dont la Bible fourmille, qu'ils n'arrivaient jamais à se mettre d'accord (tu m'étonnes!), et qu'on les faisait s'entre-tuer pour cela!

Et voici que débarquent de nouvelles générations d'exégètes, issues d'une culture prétendument positiviste, où l'on dit prendre le soin d'instruire les masses populaires en bradant le bac à 80 % des moufflets.

Ces exégètes, qui osent se baptiser "autodidactes" parce qu'ils n'ont même été foutus de l'avoir dans de telles conditions, voudraient que tout ceci ait un sens caché pour peu qu'on remplace la gématrie et le témourah par Bob Morane!

- Et le prophète Elie enlevé par un char de feu ?

Et Horus dans sa barque solaire ? Et Phaéton volant dans un ovni sans son permis ? Et les talonnières antigravité de Mercure ? Et les turboplumes d'Icare et Dédale ? Et le Pégase atomique ? Et la combinaison en forme d'aigle de Zeus enlevant Ganymède ? Et la jument volante de Mahomet ? Et les oies intersidérales de je ne sais plus quel auteur anglais ? Et les fioles de rosée de Cyrano de Bergerac ? Et les aventures du baron du Munchausen ? Et l'île volante de Gulliver ? Et les rennes du Père Noël ? Et le tapis volant d'Iznogoud ? Et les oreilles de Dumbo l'éléphant ? Et toutes les autres trouvailles que l'Histoire n'a pas conservées ?

 

L'île volante de Laputa

Ouvrons une parenthèse sur Swift, bien que cela ne semble pas concerner les virées des Elohim.

Dans les Voyages de Gulliver, Swift décrit l'île volante de Laputa. Un certain nombre d'ufologues ont cité cet épisode, d'autant plus que les Laputiens possèdent des connaissances astronomiques en avance sur celles de l'époque. Il faut savoir que Swift a écrit un autre ouvrage satirique intitulé Contes du Tonneau sur les Ecritures et leurs miracles, la multiplication des sectes, et les guerres de religion dans l'Angleterre de l'époque. Il était curé et connaissait donc la Bible. Or, que dit l'Apocalypse ? Et je vis la Jérusalem nouvelle qui descendait du ciel (21.2) : oh, la belle soucoupe! La cité est quadrangulaire. Sa hauteur, sa largeur, et sa longueur sont égales. (21.16) : un ovni carré ? Zut, alors! Mais comme Swift connaît mieux Platon que ne le connaissait l'auteur de l'Apocalypse (qui n'est pas celui du quatrième évangile), il peut considérer le cercle comme plus parfait que le carré, d'autant plus qu'il est imprégné d'un art religieux où les auréoles sont plus nombreuses (de la Sainte Famille aux saints lambda) que les triangles (symbole de la Trinité réservé à Dieu). Quant au carré, il est inconnu au bataillon.

Mais l'île de Laputa n'est pas discoïdale : elle est conique, c'est à dire la forme pyramidale du texte "johannique" corrigée d'une base circulaire. Et de quelle technologie élohique se sert le joujou de Swift pour voler ? D'une assise faite d'un gros diamant (et du champ magnétique terrestre, tout de même...) : Les fondations des remparts sont parées de pierres précieuses. (Ap. 21.19)

Quant aux connaissances élohiques des Laputiens, elles se limitent à savoir que Mars possède deux satellites, mais ceci un siècle et demi avant Asaph Hall. De quel élohim Swift tient-il cela ? D'un fou nommé Leibniz, auteur d'une Monadologie (1714), où ce dernier "démontre" que, l'univers étant ordonné, si Jupiter possède quatre satellites (d'après les observations de Galilée) et la Terre un seul, Mars, située entre elles, ne saurait qu'en avoir deux...

Les "précisions effarantes" (expression trouvée chez je ne sais plus quel atlanto-ufologue) que donne Swift à propos des satellites de Mars sont fausses. Swift : Le plus proche est distant de trois diamètres du centre de Mars et l'autre de cinq diamètres. (Voyage à Laputa, ch. III) En vérité, les distances sont respectivement de 1,37 et de 3 diamètres. À cette distance de trois diamètres, la révolution de Deimos dure 30 heures et 18 minutes, et non dix heures comme l'écrit Swift : ses "informateurs extra-terrestres" ne lui ont rien soufflé sur la masse de la planète Mars.

J'ai trouvé sur le Net deux étymologies fantaisistes du nom Laputa : l'anglais "LArge rePUTAtion", ou, chez Ghibli, le latin putus, "gamin". Pour ma part, je suis allé voir du côté de l'hébreu, langue qui peut bien avoit été connue de l'écclésiastique qu'était Swift. Celui-ci écrit : J'osai donc soumettre à leurs grammairiens une hypothèse personnelle : "Laputa" me faisait penser à "Lap outed", où "Lap" signifie exactement "le scintillement des rayons du soleil sur la mer", et "outed", "une aile". Or, on rencontre en hébreu les mots lappid, "flamboiement", et ouf, "aile". Cette étymologie me paraît bien plus probable.

Swift ne s'est même pas donné la peine d'imaginer une technologie laputienne un peu avancée : l'éclairage est assuré par des torches. Même son système antigravité n'est sans doute d'origine magnétique que par le hasard de l'étymologie, sachant qu'aimant et diamant viennent du même mot latin adamas (mais je concède que le texte de l'Apocalypse parle de "cristal" et non de diamant...).

Je possède un ouvrage de W. Scott-Elliot, Histoire de l'Atlantide, 1924, édité par les Théosophes de la nébuleuse Blavatsky, où la technologie des machines volantes atlantes ressemble furieusement à celle de Laputa, le champ magnétique y étant remplacé par le vril, habituellement énergie psychique inventée par Edward Bulwer Lytton (The coming race, 1860) et reconvertie pour l'occasion en variété de gas-oil...

 

Les mines du roi Salomon

Avant de quitter l'Ancien Testament, enquêtons sur ce "grand bâtisseur" que fut Salomon.

Pour bâtir son temple, il aurait mobilisé 163.300 hommes pendant 7 ans, ce qui fait 1.143.100 années de travail, sans compter toute une quincaillerie de bronze et d'or! Et tout cela pour obtenir un bâtiment de 27 mètres de long sur 9 de large ? Versailles a coûté 80 millions de livres, soit 400.000 années de travail, pour 11 hectares (au sol) de bâtiments et 8.500 ha de verdure.

Il paraît que Salomon avait les moyens de payer ses ouvriers à ne rien faire : son père David lui aurait légué "cent mille talents d'or, un million de talents d'argent, tant de bronze et de fer qu'on ne peut les peser" (1 Chr 22.14). A raison de 34,2 kg le talent, cela fait 3.420 tonnes. Pour mémoire, la production annuelle d'or de l'Ancien Monde avant 1492 n'atteint pas 6 tonnes...

Le Témoin de Jéhovah : Vous n'avez rien compris : il s'agit de l'équivalent en or et en argent du produit des impôts!

Ah oui ? Soit un rapport de 10 à 1 entre les valeurs de l'or et de l'argent, cela fait 68.400 tonnes d'argent. Sachant qu'à l'époque, selon JB Say, l'argent vaut 6.000 fois son poids en blé, cela fait plus de quatre milliards de quintaux! Sachant qu'il encaissait chaque année 150.000 qx de blé (plus 11.000 bovins et 36.000 moutons, 1 R 5.25-3), cela représente plus de 26.000 ans de budget! C'est pas mal pour un règne de quarante ans... On se demande ensuite pourquoi il a envoyé en Ophir une expédition lui rapportant 420 misérables talents d'or (1 R 9.28).

Le Témoin de Jéhovah : On dirait que vous le faites exprès! Ces milliards sont un leg du règne de David!

David a régné 40 ans. Quatre milliards de quintaux font 100 millions par an, voire 117 M en comptant la friche septennale. Sachant que le budget représentait un dixième des récoltes (Lv 27.30), celles-ci devaient se monter à 1.170 M qx, soit, pour un rendement (généreux) de 10 qx/ha, 1.170.000 km² d'emblavures sur un territoire de 30.000 km², dont 10.000 de désert...

Comparons cela avec des chiffres plus récents : selon Flavius Josèphe, Hérode le Grand avait un budget de 1.000 talents d'argent. Archelaüs (-4 - +6) tirait 1.000 talents de ses trois provinces, et Agrippa (41 - 44) 1.200 talents d'un royaume un peu plus grand que celui d'Hérode (Et en plus, il se peut que Josèphe utilise le talent attique de 26 kgs).

N'oublions pas le rayonnement intellectuel de ce monarque : La sagesse de Salomon fut plus grande que la sagesse de tous les fils de l'Orient et que toute la sagesse de l'Egypte. Il fut plus sage que n'importe qui. Sa renommée s'étendait à toutes les nations à l'entour. Il prononça 3.000 sentences, écrivit 5.000 cantiques, disserta sur toutes les plantes, les quadrupèdes, les oiseaux, les reptiles, et les poissons. On vint de tous les peuples pour entendre la sagesse de Salomon et il reçu un tribu de tous les rois de la terre qui avaient entendu parler de sa sagesse. (1 R 4,10-14)

J'espère que l'archange Raël a conservé quelques enregistrements de ces entretiens car on n'en a trouvé trace ni chez Zoroastre, ni chez Açoka, ni chez Lao-Tseu, ni même dans la Bible!

Car les Psaumes sont attribués à David, et il n'y a que 573 proverbes. Et où est le traité d'histoire naturelle ? Remplacé par un roman porno nommé Cantique des cantiques ?
"Il m'a coincée dans le pressoir au fond du jardin et a dressé sa bannière d'amour sur moi. Qu'elle était douce à mon palais!" (Ct 2.3-4)

Et il semblerait que les affinités entre la littérature égyptienne et les Psaumes proviennent d'un pillage de la première par les seconds et non de l'inverse (on trouve même le texte égyptien de La satire des métiers dans L'Ecclésiastique, 38.24 sq, et le dieu Khnoum bricolant des hommes sur son tour de potier chez Jérémie, 18.6)...

Les noces de Salomon avec la fille du Pharaon (1 R 3.1) appartiennent tout autant à la légende. Lorsque Hattousil III, roi des Hittites a proposé à Ramsès II d'épouser sa fille en gage de paix, ce dernier a refusé, mais il a proposé d'épouser celle d'Hattousil. L'accord fut conclu en -1256, et la princesse hittite fit une descente triomphale à travers la Syrie et la Palestine. Un tel cortège ne pouvait manquer d'impressionner durablement les bédouins du coin.

L'histoire de la reine de Saba venant à Jérusalem pour avoir sa part de la sagesse de Salomon est tirée de la vie de Nabonide, prédécesseur de Balthasar sur le trône de Babylone, retiré à l'oasis de Teima où cette reine serait venu le voir.

Quelles étaient les frontières du royaume de Salomon ?

Il dominait sur toute la Transeuphratène, depuis Thapsaque jusqu'à Gaza. (I Rois 4.24) Mais, quelques versets plus haut, il ne nomme des gouverneurs que pour les douze tribus de Judée (4.8 sq). Au chapitre cinq, il est obligé de payer ce que lui fournit le roi Hiram de Tyr. Son quatrième successeur, Asa, est racketté par le roi de Damas (15.18) que David était censé avoir écrasé quelques dizaines d'années auparavant (2 S 8.6)

Et on apprend enfin, dans le Deuxième livre des Rois, que lorsque les Babyloniens envahissent la région (24.1), ils s'emparent en fait depuis le torrent d'Egypte jusqu'au fleuve Euphrate, (de) tout ce qui appartenait au roi d'Égypte. (24.7)

Quelqu'ait été l'autonomie réelle des rois d'Israël, voici ceux dont on a retrouvé les noms sur des inscriptions et sur quelques tablettes de Syrie et de Mésopotamie : Omri, Achab, Jéhu, Azarias, Menahem, Peqa, Osée, Ézéchias, et Manassé. Pour David et Salomon, depuis cent ans que les archéologues retournent le pays, on n'a rien trouvé : ni inscription, ni soubasement du Temple qui daterait de -1000.

Quant à se pavaner avec le titre de "roi"... La statue d'un souverain de Gozan, au nord de la Syrie, porte des inscriptions en assyrien et en araméen ; l'inscription en assyrien le désigne comme "gouverneur" tandis que le texte araméen le désigne comme "roi"!
- Nous, Idi Amin Dada, Conquérant de l'Empire Britannique... (sic!)
 

Le mot berit

Le mot berit signifie "alliance". Mais quelle est son étymologie ? Viendrait-il de la racine indo-européenne bhräter ("frère") ?

Le choeur : - De l'indo-européen ? Vous débloquez complètement !

Voire... J'ai d'abord fouillé dans l'hébreu pour voir à quelle racine se rattachait ce berit. On trouve un barout signifiant "aliments" (barout étant le pluriel d'une racine dilitère barah), un berot signifiant "génévrier", et un borit, "lessive", construit sur bor, "sel". Aucun rapport avec l'idée d'alliance.

Inversement, dans ce champ sémantique, "alliance par mariage" se dit havar, "amitié" hesed, "fraternité" ahawah, "pacte" hazout. Aucune trace de racine BRT...

Cherchant des renseignements sur le Net, j'y apprend que l'étymologie de "berit" n'est pas entièrement claire, selon Shelton. On trouve des sens aussi différents que "lien" et "couper", oubliant de nous dire à quels étymons hébreux il se réfère... J'ai trouvé quinze mots (dans la Concordance de la TOB) signifiant "lien" ou "lier" : aucun n'a de rapport avec une racine BRT. Pour "couper", on trouve 27 mots dont seul parad a un squelette consonantique approchant berit (labiale - liquide - dentale). Il est dans Proverbes (19.4) : Le faible est coupé de son ami. Le Rabbinat traduit "délaisé par" et Chouraqui "séparé de". Pour "couper le prépuce", on trouve karat en Ex 4.25 : pas d'assonance avec berit non plus.

Je n'ai pas de dictionnaire d'akkadien (la langue de Babylone), mais j'ai trouvé quelquechose d'intéressant dans mon manuel d'avestique (la langue des Perses, qui ressemble au sanscrit et c'est aussi joli) : finalement, l'étymologie de berit n'est peut-être pas bratar ("frère", en avestique), mais bereta, "le soutien" (cf bereta-ca, "gardien de la loi"), de la racine indo-européenne bher, "porter".

Le choeur :

Ce n'est pas obligatoire. Il se produit des dérives sémantiques quand un mot passe d'une langue à l'autre. On trouve dans beaucoup de méthodes d'allemand des listes de "faux-amis" par rapport à l'anglais. Le français "jument" n'est pas un féminin de "cheval" mais désigne un animal de trait (cf "joug"). "Pantalon" vient du grec pan eleimon, "tout miséricordieux" : quel beau voyage! Le grec parabolh, "comparaison" a donné le verbe "parler". L'indo-européen bhreg, "briser" a donné "to break" mais aussi le russe borotiesa, "combattre". En latin hiems veut dire "hiver". En sanscrit, hima signifie "neige" (cf Himalaya, "séjour de la neige"). Une racine i-e yer a donné l'anglais year, "année", le grec wra, "saison", et le latin hora, "heure"... Une racine i-e sem a donné en sanscrit samayah, "saison", et en germanique sumaraz, "été" (cf GB "summer", D "sommer"). Dans les langues sémitiques, le mot "livre" est formé sur la racine "écrire" (KTB). Dans les langues indo-européennes, il est tiré du matériau : liber désigne une partie de l'arbre entre l'écorce et l'aubier; book est apparenté à beech, "hêtre"; un parchemin est en "peau de Pergame"; codex est apparenté à caedere, "abattre (un arbre)". La racine sémitique LHM veut dire "pain" en hébreu, "viande" en arabe, et "poisson" dans l'île de Socotra, soit une idée originelle d'"aliment principal".

Je pourrais continuer ainsi pendant dix pages. Ceci démontre qu'il n'est pas impossible, et qu'il est même probable, que berit vienne du perse, et que ce mot soit donc entré dans la langue hébraïque après l'exil à Babylone. Ce qui anéantit radicalement l'historicité des aventures d'Abraham et de Moïse : essayez-donc de réécrire la Genèse, l'Exode, et autres livres "écrits par Moïse" sans y inclure l'idée d'Alliance... Si un mot d'origine sémitique avait existé à la place de berit, il aurait été conservé, tant sont intangibles les mots liturgiques : les chrétiens ont-ils traduit Christ dans les langues modernes ? Non. Pas plus qu'alleluia, apôtre, et autre eucharistie...

Il est admis que le grec paradeisos vient du perse paradaiza. Mais il est possible que le mot hébreu gan, "jardin", soit également d'origine indo-européenne, d'après la racine gher, "enclore", qui a donné l'anglais garden, mais aussi l'Asgard, séjour des dieux Ases (Odin et cie), et les mots latins hortus, "jardin", et co-hors, "cour (de ferme)". En avestique, le garonmana est le séjour d'Ahoura Mazda (avec la variante garotman en pehlevi). Pour ceux qui douteraient qu'un terme comme garonmana puisse être raboté jusqu'à donner gan, je rappelle que le grec kyrie oikos, "la maison du seigneur", a donné le gothique kirk, d'où l'allemand kirche et l'anglais church.
 

Le mot religion

On trouve un peu partout une étymologie erronée du mot religion qui vient du latin religio, lequel mot latin viendrait du verbe religare, "relier". Or, selon Cicéron, religio vient de relegere, "faire quelquechose avec soin", ce qui s'oppose à neglegere, "négliger, laisser courir". Notre mot culte, du latin cultus, appartient au même champ sémantique, venant du verbe colere, "s'occuper de" (cf agriculture), et, par extension de sens, "honorer". Les Grecs disaient qeos qerapeia, ce qui est du même ordre d'idée.

 


 
Les aventures de Jésus le Martien