Ces pages s'adressent à tous ceux qui prennent les deux
Testaments
pour des reportages, qu'ils croient en Dieu ou non.
Pensez-vous défendre Dieu par un langage perfide
Et sa
cause par des propos mensongers ? (Job 13.7)
NB : Si l'exposé est parfois décousu, c'est que j'ai ajouté de nombreux chapitres à un premier texte. Certains d'entre eux sont encore en chantier. Dernières retouches : 02.12.03
J Soucoupomanes et "christo-ufologie"
J Le Matin des Magiciens, matrice des récits de
Charroux et de Raël
J Raël, asinus asinos docens (+ page annexe)
J Le chat dans le cagibi
J La Bible n'est pas un livre d'Histoire
J Déluges d'eau et de feu
J La tour de Babel
J Les Hébreux en Egypte : ni vus ni connus
J Invention tardive du ministre Joseph
J Un sauveur nommé Moïse
J Les anciens dieux des Hébreux
J Les plaies d'Egypte
J Charlton Heston dans les chutes du Niagara
J Moïse et sa radio (addition : lien vers les objections d'un
lecteur, l'apôtre Fabrice)
J
Supplément extra-soucoupique (20.10.03) : Le voyage aux Enfers de l'apôtre
Fabrice
ou la décadence de l'apologétique
chrétienne.
J Josué en concert à Jéricho
J Jojo la Foudre
L Génocides
J Hercule au pays des Hébreux
J Retour sur les Fils de Dieu
J La vision d'Ezéchiel (+ page annexe)
J L'île volante de Laputa
J Les mines du roi Salomon
J
Le mot berit
J
Le mot religion
J Jésus le Martien ?
J Marie la Terrienne
J Généalogies
J Télépathie
J Tâtonnements chronologiques
J Les mésaventures de l'agent Baptiste, alias Triple Zéro
(additions 22.11.03)
J Datation du
Nouveau Testament (additions 01.05.03)
J Une Épître aux Galiléens ? (nouveau chapitre 01.05.03)
J L'affaire Lazare et autres bugs
troublants
J Le christianisme,
culte à mystères
J Science
martienne : lévitation
J Le
Léviathan
J L'agent Pierre 002 ne
répond plus (Néron et les chrétiens)
J La lettre de Pline sur les chrétiens
J Du nombre de chrétiens dans l'Empire
Romain
J L'agent Paul 003 en
mission
J Les élucubrations de JC
Barreau (Biographie de Jésus)
J Un homme devenu dieu ? (01.05.03 : additions sur
Sérapis)
J De Marianna disputatio
J Biologie
J Marcionisme
J Chrestos / Christos
J Suétone (en
construction)
J Bucaille,
le Coran, et la science
J
Géographie évangélique
J
Capharnahum, au 36ème sous-sol
J
Boxif chez les marchands du Temple
J Guérisons
J Un original de Marc écrit en latin ? (en construction)
J Chimie
J
Quand un Martien recrute
J Quand
un Martien enseigne
J Vieux habits
et vieilles outres
J Fin de
carrière
J Sectes, mensonges, et
idéaux
J Retour sur Flavius
Josèphe
J Les frères de Jésus
J Le lieu de la Cène
J Procès
J Exécution
J Le Golgotha (nouveau chapitre, 01.05.03)
J Le disciple que Jésus aimait
J Marie de Magdala, mère du Fils
J Un Martien aux Enfers
J Conclusion
Introduction
A force de fréquenter une bande d'ufologues déjantés, j'ai un jour hérité
d'un invendu des éditions I. N. H. Evidences (i.e. "intelligences
non-humaines) dirigées par Robert Alessandri, invendu signé d'un certain
Jean-Louis Decanis et intitulé La Bible et les ovnis, essai de christo-ufologie J'avoue que j'ai bien ri. Decanis est-il un fou ou un farceur ? Elisabeth, honorable joyau de la bande
et pleine d'indulgence, opina d'abord pour la seconde solution. Depuis, nous
avons pu découvrir le bonhomme à travers ses articles sur l'exobiologie (où les
minéraux sont une forme de vie... cf Télescope n°11) et sur ses
quêtes du côté de Katmandou (Télescope n°14)... Et ceux qui ne
connaissent des deux compères que notre ami Alessandri conviendront sans peine
que la condition sine qua non pour être édité chez I. N. H. Evidence est
d'avoir pété quelques plombs... Soyons justes : pour atterrir un jour sur le site du Télescope, il
faut avoir tâté de l'ovni. Et ceux qui grenouillent dans l'"ufologie" ne sont
pas tous indifférents au paranormal et autres sujets délicats ayant fait la
réputation de la collection J'ai lu - L'aventure mystérieuse (et j'en
possède 85 volumes - dont 7 de Lobsang Rampa, c'est dire!). Mais haut les coeurs, chers lecteurs : quand on connaît un minimum de
linguistique et qu'on tombe un jour sur un numéro de Science & Vie
(hors série n°131) où un certain Locquin, "directeur de recherche à l'Ecole
Pratique des Hautes Etudes", écrit dix pages de conneries sur "le fond commun
des langues" où l'on apprend, entre cent exemples du même accabit, que "Inde"
vient de "Eden", parce que les premiers Indiens, ayant quitté l'Eden, en
Mésopotamie, donnèrent à leur pays d'arrivée le nom inverse de celui de leur
pays de départ, on se dit que Science et Vie est bien mal placée pour
donner des leçons de science aux amateurs d'ovnis.
Que ceux qui n'ont pas eu entre les mains l'ouvrage de Decanis ne s'effraient
point à l'idée d'en lire une réfutation sans avoir l'original : je cite tout ce
qui y vaut d'être cité. Que ceux qui pensent que j'ai perdu mon temps à réfuter
un opuscule à faible tirage ne s'inquiètent point non plus à l'idée de perdre
leur temps à me lire : les trouvailles de Decanis s'apparentent à celles de
Charroux et de Raël, qui sont beaucoup moins confidentielles.
"Il faut boire à la source..." (Johnny Hallyday) Depuis que Le Matin des Magiciens a introduit les soucoupes volantes
dans le débat théologique, d'autres se sont jetés sur le filon (cf de nombreux
titres parus chez Laffont et dans "J'ai lu", cité plus haut). Chacun pillant
l'autre et apportant sa pierre, Robert Charroux en a fait la meilleure synthèse
théorique pour en tirer des millions, et Claude Vorilhon, dit Raël, le
meilleur plagiat pratique du précédent pour en tirer des milliards. Decanis a bien compris le truc : il cite deux ouvrages de la Kabbale, le
Maasé Béréshit et le Maasé Merkaba, en faisant honnêtement
référence à un ouvrage d'Erich von Däniken de 1968, lequel Däniken cite
lui-même, dans la bibliographie et sans plus de précisions, Le livre des
secrets trahis, de R. Charroux, 1965, et je retrouve les deux Maasé
chez l'ancêtre, p. 262 de l'édition de poche: "Passe-moi la moutarde et je te
passe le sel", et c'est ainsi qu'Elohim est grand et que les recherches
soucopologiques avancent à grands pas... Je souhaite à Decanis abondance de poires pour écouler son ouvrage, ne serait
ce que pour sortir son éditeur Alessandri de la misère où ce dernier croupit
(mais Job n'était-il pas béni des Elohim ?) pour avoir, tel Don Quichotte
confondant moulins et nephilim, dit trop fort et trop mal ce qu'il pensait des
scientifiques
officiels... Mon obole à cette entreprise se limitera à faire de la publicité pour cet
opuscule en vous exposant tout le mal que j'en pense (attention : procès!...).
Il faut dire que j'ai marché au Charroux il y a un certain nombre d'années mais
que, depuis, j'ai eu l'occasion de m'instruire. Peut-être aussi ne suis-je jamais devenu adorateur de soucoupes parce que
j'ai étudié les sciences humaines. Pour avoir les yeux tournés vers les étoiles,
il faut sans doute sous-estimer la diversité du genre humain, ignorer que
l'universalité du système de valeurs des Occidentaux n'est qu'un voeu pieux
(vision d'Elisabeth, qui m'a refusé un texte où je présentais les Talibans comme
une variété de Martiens... "À quoi servent
les Extra-terrestres ?"), et fonder sur ces prémisses une gnose à la Raël où
le Maître est entré en contact avec des Extra-terrestres qui disposent d'une
science bien supérieure à la nôtre mais qui se gardent bien de communiquer le
moindre plan de turbine ou recette médicale au Maître... Echantillon (tiré de l'émission Ciel, mon mardi!) :
|
Dechavanne |
|
Combien de temps a duré le voyage en soucoupe ? |
|
Raël |
|
Trois jours. |
|
Dechavanne |
|
Et comment sont les chiottes, dans une soucoupe ? |
|
Raël |
|
Euh... |
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Dechavanne |
|
Vous êtes resté trois jours sans aller aux chiottes ? |
Je n'ai jamais vu de soucoupe. Elisabeth non plus. Mais elle collectionne les
témoignages sur les soucoupes, comme d'autres les histoires de fantômes, et
d'autres encore les apparitions de la Vierge : la démarche est la même; seule
l'étiquette change.
Raël, un âne enseignant à des ânes
J'avais écrit toute cette page en ne connaissant le raëlisme que par quelques
raëliens en tenue omomicro rencontrés sur la place publique, une conférence
raëlienne, et une apologie de leur géniocratie que faisait la présidente
de Mensa Rhône-Alpes. Mais voici que je viens d'acquérir pour un écu Le livre
qui dit la vérité, édition de 1974. C'est absolument hideux, mal écrit, et
bien au-dessous des ouvrages de J'ai lu - L'aventure mystérieuse.
Claude Vorilhon est un ignare, et par conséquent, ses Extra-terrestres sont
des ignares :
Raël écrit
que ses Martiens nous ont créés à leur image (Gn 1.26). À voir l'allure des
Martiens que l'on trouve sur son site, c'est plutôt raté... Il faut croire qu'il
a choisi leur look en pensant recruter ses gogos parmi les lecteurs d'Amazing
Stories plutôt que parmi les familiers de la Bible : Sa peau était
blanche, mais tirant légèrement sur le vert. (p.17) C'est là un témoignage
irréfutable : tout le monde sait que les Martiens sont verts...
Comment Raël a-t-il pu trouver dix mille imbéciles qui croient que les
continents ont été tirés des océans à coup de bombes atomiques (p. 31) ?
Enfin, il n'est même pas certain que Raël ait lu la Bible, car il en utilise
une traduction que je n'ai trouvé nulle part : Que les eaux de dessous les
cieux s'amassent en un seul lieu et qu'apparaisse la sèche. "La sèche" est
une expression adéquate et très poétique, mais on ne la trouve que chez Raël
et... chez Jean Sendy, in La Lune, clé de la Bible (p. 156), éd. J'ai
lu, n° A 208, édité en 1969.
Et lisez plutôt :
Raël : "Il chassa l'homme et installa à l'orient du jardin d'Eden les
chérubins et la flamme tournoyante de l'Epée pour garder la route de l'arbre de
vie." Des militaires possédant des armes atomiques désintégrantes furent placés
à l'entrée de la résidence des créateurs afin d'empêcher l'hommer de venir
dérober d'autres connaissances scientifiques. (p. 37)
Etc etc ... L'inculture biblique de Raël est tellement crasse qu'il fait raisonner ses
Extra-terrestres sur la version française de la Bible !
En hébreu biblique, "saint" se dit kadoush et "sain"
rafa. Mais je me trompe peut-être sur un point : quand Raël écrit toutes ces
énormités, c'est peut-être pour être certain de ne recruter que des ignorants
sans esprit critique, et ce n'est pas si bête...
Comme l'ont pensé d'autres avant lui : Heureux les imbéciles, car ils nous
verseront des dîmes...
Après avoir publié ce chapitre, j'ai reçu en bal le message d'un raélien me menaçant de
poursuites judiciaires. Mais j'ai horreur des menaces.Les prêtres chargés du service des créateurs dans leur résidence
terrestre, le "temple" que visite Ezéchiel, avaient des vêtements aseptiques
pour faire leur service et ces vêtements devaient rester dans le "temple" pour
ne pas risquer de ramener des germes dangereux pour les créateurs : "quand les
prêtres sortiront, ils laisseront là les vêtements avec lesquels ils
officient, car ces vêtements sont saints." Ils auraient dû écrire "car
ces vêtements sont sains", subtilité incompréhensible pour des
primitifs déifiant tout ce qui leur était dit ou montré. (Le
livre..., p.74)
Et comme a dit
Voltaire :
La persécution irrite. Elle enhardit qui se sent du génie. Elle rend
irréconciliable celui qu'un peu d'indulgence aurait retenu.
Je ne me
prétend pas un génie (quoi que...), mais je ne suis certainement pas un couard.
Et, comme j'allais rédiger une page anti-Raël pour apprendre à ces gens les
bonnes manières, je suis tombé sur quelques devanciers, dont l'un étale le dossier judiciaire du
raelisme, et l'autre, en un site magnifique que je vous invite à consulter,
épluche tout ce plagiat et le confonte à ses sources. Cliquez sur l'image.
Conclusion de "Jean Nehassedy", auteur de ce dernier site :
Quant au nom de Raël, "donné par les Extra-terrestres"... Dans un album du groupe Genesis datant de 1973, The lamb lies down on Broadway, la chanson The Lamia évoque les amours d'un certain Raël avec des créatures extra-terrestres...
Le Cercle Zététique
fournit quelques autres informations sur Raël.
Lire aussi un article de Charlie Hebdo.
On m'a
signalé aussi La Page Web des Zelohim.
Le chat dans le cagibi
Finalement, en quoi diffère la démarche de Raël de celle d'autres fondateurs de religions ?
Bergier, Charroux, Sendy, Von Däniken et d'autres écrivent : Peut-être que
les Extra-terrestres ont fait ceci et cela.
Raël : C'est vrai : ils me
l'ont confirmé eux-mêmes !
En 1812, le révérend Salomon Spaulding publie un roman historique intitulé Un manuscrit retrouvé où il raconte la découverte de plaques d'or enterrées dans l'Ohio, plaques sur lesquelles était écrit, en caractères égyptiens, le récit des pérégrinations de tribus venues de Judée en Amérique précolombienne.
En 1830, Joseph Smith proclame à qui veut l'entendre : Un ange m'a révélé l'emplacement de plaques d'or : c'était dans l'Ohio, sous la colline de Cumorah. Mais l'ange est reparti avec les plaques. C'est dommage, hein ? Mais heureusement, je les ai traduites de l'égyptien grâce à des cristaux magiques ! Lisez mon Livre de Mormon!
Spaulding ne risquait pas de venir prendre part au débat, étant mort en 1816.
On trouve
sur le Net des tas de choses intéressantes venant de gens ne croyant pas aux
histoires de Smith. Ils se demandent, entre autres, comment il avait pu
transporter 91 kgs de plaques d'or à bout de bras, comme le montrent les
illustrations des livres mormons.
Il paraît qu'Olivier Cowdery, un des trois
témoins préfaçant le Livre de Mormon avait eu comme pasteur Ethan Smith
(non-parent de Joseph Smith), auteur de View of Hebrews (285 p., printed
in Poultney, Vermont, 1823), premier avatar du roman de Spaulding, reprennant
sous forme de thèse l'idée que les Indiens d'Amérique du Nord étaient issus des
tribus perdues d'Israël.
Ni l'introduction au Livre de Mormon, ni les notes en fin d'ouvrage ne nous disent combien de plaques a trouvé Smith. Sur l'illustration du bouquin, on en compte au plus une quarantaine. Selon les Mormons, elles auraient eu un millimètre d'épaisseur, ce qui nous donne environ 150 plaques. La version française du livre comprend environ un million de caractères taille 10 pts. Combien cela en fait-il en néphite ? Mon évangile anglais-hébreu me donne pour Jn 1.1 en anglais 74 caractères et espaces et 54 en hébreu. Si ce million de caractères était moitié moindre dans la langue originale, cela fait encore un sacré volume! Même en utilisant des idéogrammes, il en aurait fallu cent mille.
Mais pourquoi s'épuiser à raisonner ? Voyez ci-dessous un échantillon d'écriture en "alphabet égyptien réformé" fourni par Joseph Smith. Il ne faut pas être grand clerc pour voir que c'est complètement bidon.
Il ne s'agit pas de l'alphabet néphite puisque les mêmes signes apparaissent plusieurs fois. Serait-ce alors un texte suivi ?
À titre de comparaison, voyez ci-contre un fragment de rouleau de la Mer Morte.
Ci-dessus une tablette portant des caractères arméniens rédigée en langue pré-babélienne, sans doute par Japhet, fils de Noé.
Transcription en caractères latins :
Un pigeon |
A part cette couleur mate, ça m'a l'air crédible... |
Le sceptique |
Ce truc est rédigé en troll, langue
artificielle telle qu'il en existe des centaines sur le Net. "Simi", c'est
du latin; "seya" vient de l'anglais "say"; "hoye" ressemble à l'espagnol
"hay"; "ko" est le préfixe "co-"; "xora", c'est le grec "chora" avec un x
brésilien ; "-la" est un locatif tiré du français "là" et suffixé à la
finnoise. Et je lis : Semblable-langue-il y a tous-pays-dans. Ensuite, on
trouve de l'anglais : muve, suno, waki, sike, kuki, etc, et un système de
conjugaison inspiré du swahili. Soit : |
Le pigeon |
Ah ben ça alors! Mais enfin, si tant de langues sont présentes dans une autre langue, c'est bien la preuve que c'est rédigé en pré-babélien... |
Le sceptique |
Ben voyons! |
Mais nous aurons à nous occuper d'autres pigeons. Entre le 35ème et le 41ème siècle de la Création du Monde, des prophètes juifs annoncent la venue imminente du Messie.
Au 42ème siècle, une nouvelle génération de prophètes clame à qui veut les entendre : Le Messie est venu. Il a fait tout ce qu'avaient prédit les Prophètes. Je tiens cela de mon maître qui était disciple d'un disciple du Messie, et même que le Messie avait fait monter ce disciple au troisième ciel pour lui révéler que...
Qu'est-ce qu'un scientifique ?
La Bible et l'Histoire
L'ouvrage decanisien recense une énième fois les chapitres soucoupiques de la Bible, à savoir : l'enlèvement d'Hénoch, le char d'Elie, la vision d'Ezéchiel, etc...
Ce genre d'interprétation repose sur le postulat que le contenu de la Bible relate des faits historiques. Ce préjugé, persistant deux siècles après Voltaire (sans compter les sceptiques antérieurs), nous vaut des ouvrages scolaires modernes (en usage dans la laïque) racontant l'histoire des Hébreux à partir de la Bible, alors que le chapitre sur les débuts de Rome fait justice des aventures d'Enée et de Romulus.
J'ai le front de penser (et je ne suis pas le seul) que la Bible est un tissu de bobards encore moins fiable que l'Illiade et la Chanson de Roland. Il n'est même pas sûr qu'il y ait eu, à l'instar de ces deux dernières épopées, un certain nombre de siècles s'écoulant entre le début de la tradition orale et sa mise par écrit, ni que l'orgueil nationaliste et la propagande dynastique se soient contentés d'arranger des faits réels : tout y est faux.
Déluges d'eau et de feu
Nul n'ignore (même Lebeau) que le Déluge est emprunté à l'épopée de Gilgamesh, et il n'y a rien d'étonnant à ce que le bassin de l'Euphrate ait connu une ou plusieurs inondations catastrophiques. Mais il est vrai que Decanis n'a pas osé nous resservir "l'arche-fusée" de Robert Charroux.
L'Iran ancien, pays de plateaux subissant des hivers rigoureux, connaissait le mythe de Yima. Yima régnait sur le monde, écartant de ses sujets, grâce à ses pouvoirs magiques, intempéries, maladies, et mort. Cela engendra une surpopulation. À trois reprises, Yima résolut le problème en élargissant le monde grâce à ses pouvoirs. Comme cela ne suffisait plus, Ahura Mazda envoya un cataclysme sous forme d'hiver redoutable. Avant cela, il enjoignit à Yima de construire un enclos où seraient emmagasinées les semences de toutes les espèces et invités les meilleurs des humains. À la suite de cette catastrophe, les êtres ne grandirent plus que lentement et l'humanité nouvelle ne se reproduisit plus que tous les quarante ans
Vous demanderez aux fondamentalistes, non pas comment Noé a embarqué un échantillon de deux millions d'espèces animales, ni où il aurait trouvé un couple d'escargots "mâle et femelle", ni combien de temps a mis l'aï pour aller du Brésil en Mésopotamie, ni comment les espèces végétales terrestres auraient pu survivre à un an de séjour sous 9000 mètres d'eau salée, mais comment Noé a pu distinguer les espèces d'animaux "purs" des espèces "impures" (Gn 7.2), alors que cette distinction n'a été expliquée à personne avant Moïse...
Autre variation sur le Déluge : les gnostiques, pour qui la matière était mauvaise, refusèrent de croire que Noé avait survécu par le concours d'une simple barcasse. Aussi enseignaient-ils que ce patriarche s'était réfugié sur un nuage, dans un des cieux situés au-delà de notre monde "sublunaire". D'où la déduction de Robert Charroux que ce nuage était en réalité une "arche-fusée", et que, pour en savoir autant, ces philosophes devaient avoir lu des documents extra-terrestres de première main...
La Tour de Babel
La Tour de Babel semble bien avoir été faite de briques et non de boulons, n'en déplaise à Jean Sendy, qui explique (Les cahiers de cours de Moïse, p 284, J'ai lu, A 245) que, Noé ayant trop bu, Cham en profita pour lui faucher les plans de sa fusée et se mit à édifier une tour de lancement, "Bab-El" signifiant (et c'est exact) "porte des dieux."
Le Livre des Jubilés (X, 21) précise que cette "fusée" faisait 5.433 coudées et 2 paumes de hauteur (2.445 m) : cela ne correspond-t-il pas à la longueur standard des "cigares" qui transportent des soucoupes d'exploration ? Bien entendu, les dieux ne furent pas contents et bousillèrent le système radiophonique des bâtisseurs ("confusion des langues") qui, comme nul ne l'ignore, faisait partie du nécessaire de voyage de tout patriarche biblique (car, s'ils s'étaient contentés du télégraphe, on aurait retrouvé les fils).
Selon la version canonique de la Genèse, la tour aurait été construite pour maintenir l'unité du genre humain. Pour d'autres, elle aurait servi de refuge en cas de nouveau déluge, ou d'échelle pour envahir les Cieux.
La construction eut-elle lieu sous Nemrod, roi de Babel (Gn 10.10), arrière petit-fils de Noé ? Ou sous Sem (11.10), deux générations auparavant ? Ou sous Abraham (12.1), à la dixième génération ? Placer la construction sous Abraham permet d'avoir des effectifs plus décents que sous les deux autres pour entreprendre un tel ouvrage.
Ainsi, grâce aux apocryphes, nous savons exactement à quoi ressemble la langue des Extra-terrestres :
Evenou shalom shalom shalom alechem...
Les Hébreux en Egypte : ni vus, ni connus...
Donc, Abraham, personnage historique selon les livres d'histoire fournis par l'Education Nationale, entre dans l'Histoire à l'occasion d'un épisode non-historique, selon les mêmes bouquins... Quittant Babel avant le reste du genre humain, il débarque dans une terre de Canaan déjà peuplée, puis dans une Egypte constituée en empire. Là, le Pharaon tombe amoureux de sa femme Sarah, âgée de 65 ans. Abraham la lui maque et repart d'Egypte millionnaire en léguant une bléno au Pharaon (ch 12). Plus tard, grand seigneur, il renverra sa servante et son propre fils Ismael en les dotant d'un pain et d'une cruche d'eau (21.14) avant de les abandonner dans le désert... La pauvre Agar trouve enfin un arbre pour y balancer son enfant ... de quinze ans! (16.16 : Abraham a 86 ans à la naissance d'Ismael ; 17.17 : 100 ans à celle d'Isaac)
Trois générations plus tard, Joseph est vendu aux Ismaéliens devenus toute une tribu quand Jacob n'a encore qu'un clan. Ces Ismaéliens conduisent une caravane de chameaux, alors que l'emploi du chameau pour le transport des marchandises n'est pas antérieur au VIIème siècle av JC. Joseph se fait draguer par la femme de l'eunuque (39.1) du Pharaon (on peut la comprendre...) Plus étrange, il devient le gendre de cet eunuque (41.50) !
Mais revenons à l'Histoire réelle.
Il n'existe pas la moindre trace, dans les nombreux documents égyptiens qui nous sont parvenus, d'une présence massive des Juifs en Egypte avant les Ptolémées (304-30 av JC). L'Exode lui-même est incapable de nous dire sous quels pharaons cela eut lieu. Les textes bibliques prennent le nom d'un pharaon (Ramsès) pour celui d'une région (Gn 47.11) ou d'une ville (Ex 1.11 & 12.37), à la manière héllénistique, comme nous l'avons vu plus haut (or les Egyptiens baptisaient leurs villes du nom de leurs dieux et non de celui de leurs souverains).
Autres traces bibliques d'une méconnaissance totale de la géographie de l'Egypte :
(01.05.03) Je découvre dans La Bible dévoilée, de Finkelstein, p. 86, que "Goshen" est un nom sémitique dérivant de "Geshem", nom de la dynastie royale régnant sur le Qédar, en Arabie.
- le récit de la première Pâque décrit le rite d'un peuple de pasteurs et non de cuiseurs de briques : c'est l'aube d'un jour de départ en transhumance, le peuple mangeant debout, tout équipé pour emmener ses troupeaux (Ex 12.11). Les animaux mangés sont choisis parmis ceux nés dans l'année (12.5) car étant les moins propres à supporter le voyage. Le sang badigeonné sur les montants des portes (12.7) le fut d'abord sur des pieux entourant le camp, sang destiné à désaltérer les mauvais esprits qui, sinon, se seraient jetés sur les troupeaux. C'est contre les mêmes esprits qu'est prise la précaution de détruire les restes (12.10). Le texte de l'Exode dit lui-même que cette Pâque est un vieux rite :
La caste sacerdotale n'a judaïsé ce rite cananéen que tardivement car il n'en est fait nulle mention dans Josué (sauf une interpolation, cf infra), Juges, I & II Samuel, et I Rois. Il faut attendre II Rois 23.21 pour la voir (ré?)apparaître...
- le récit du songe du Pharaon le prévenant de sept années d'abondance suivies de sept années de famine n'a pu être conçu que par quelqu'un n'ayant jamais entendu parler de la crue annuelle du Nil. Que ceux qui voudraient s'accrocher à cette histoire me trouvent une couche géologique témoignant de sept années de faible pluviosité sur les plateaux d'Ethiopie et dans la région des Grands Lacs africains!
Mais s'il faut comprendre de 41.36 et 47.13 que seules les réserves assureront la survie et que les récoltes seront nulles, alors le peuple devra vivre à 20% de son niveau de vie ordinaire pendant sept ans. Comme on crève au-dessous de 1.200 calories par jour (surtout pendant sept ans!), il faut imaginer que ces 20% représentent au moins cela, et donc qu'en année ordinaire l'Egyptien consommait 6.000 calories par jour (aujourd'hui : Inde 1.800, Usa 3.700).
L'origine du bug, le voici : si on annonce non pas sept ans de famine mais une année de famine sur sept, alors il faut mettre un septième des récoltes de côté pour s'en tirer, qu'on peut arrondir par prudence au cinquième.
Mais si le récit primitif avait ressemblé à cela, le ministre Joseph serait apparu de facto comme plus intelligent que Jéhovah ! Voyez plutôt (Lv 25.20-21) :
Invention tardive de Joseph
Par conséquent, les aventures du ministre Joseph ont été imaginées après la rédaction du Lévitique. Par conséquent, Joseph, n'ayant pas été ministre, n'a pas invité Jacob à venir en Egypte. Par conséquent, les Hébreux n'y ont pas fait souche. Par conséquent, le Pharaon n'a pas eu à massacrer les petits Hébreux. Par conséquent, Moïse.....
La seule chose vraie dans cette histoire, c'est que le Pharaon possédait le sol égyptien et prélevait 20% des récoltes (47.26). Mais le rédacteur qui attribue l'origine de cette structure agraire à la gestion d'un Hébreu se garde bien d'expliquer d'où le Pharaon tirait ses ressources avant Joseph....
Comment Joseph a-t-il pu recevoir autant de bénédictions de Jacob (49.22) et sa tribu disparaître de la suite de l'histoire biblique ? Cette tribu possède cette caractéristique étrange d'être la seule des douze tribus d'Israël à être formée de deux demi-tribus. Pourquoi ?
Dans le livre des Nombres, on voit bien que le nom de Joseph est maladroitement inséré dans des listes plus anciennes (1.10 ; 1.32 ; 13.11 ; 26.28 ; 34.23). Dans le livre de Josué, l'insertion du nom de Joseph dans les chapitres 16 et 17 donne une double part à Ephraïm et Manassé (Il faut lire 16.1-3 : Le lot tiré au sort pour les fils [inser] d'Ephraïm...) Suit une aventure de la prétendue tribu de Joseph qui interrompt la distribution des lots (17.14 - 18.10).
Donc, Ephraïm et Manassé ont été fusionnés en une seule tribu dite de Joseph pour ménager une place à une prétendue tribu de Lévi, lorsque se constitua une caste sacerdotale héréditaire.
Malgré les instructions détaillées données sur le Sinaï, les lévites brillent par leur absence aux premiers temps d'Israël. Les Hébreux sont gouvernés par des "juges" qu'on ne voit jamais rendre la justice. Quant aux culte, on le voit assuré par Samuel, de la tribu d'Ephraïm (1 S 1.1), retouché en membre de la tribu de Lévi en 1 Chr 6.23....
Voici donc le terrien Joseph recalé aux examens de l'Histoire. Occupons-nous maintenant du martien Moïse.
On a fait beaucoup de cas du Papyrus Harris où il est question d'un
syrien nommé Yarsou pillant les villes du delta vers -1200 jusqu'à ce que le
pharaon Sethnackht lui règle son compte. Mais il faut beaucoup d'imagination et
une ignorance crasse de la linguistique pour déchiffrer "Moïse" sous le nom de
Yarsou...
On argue aussi de la stèle du pharaon Meneptah (~1220), découverte en 1896, portant le texte suivant :
Il existe pas mal d'autres traces d'une domination égyptienne sur la côte du Proche Orient, ce dont Abraham, au cours de ses divagations, ne semble pas s'être aperçu : une stèle de Ramsès II à Beth-Shan, le style des sarcophages phéniciens (ci-contre), le plan des temples de la région, dont celui de Jérusalem...
Les
dessins représentant le temple de Salomon (par exemple dans un manuel d'histoire
de classe de 6ème) diffèrent curieusement des croquis des temples égyptiens
(mêmes ouvrages), alors que le texte du Premier Livre des Rois ne laisse aucun
doute : deux colonnes à l'entrée (7.21), un oulam ("portique", 6.3), un
hékal (la salle hypostyle des temples égyptiens, dont la forêt de colonnes est
remplacée par dix malheureux chandeliers), et un débir, le "saint des
saints", où, comme en Egypte, seuls les prêtres avaient le droit de pénétrer. On
trouve même des chapiteaux en forme de fleur de lotus (7.19).
Dès lors, ne serait-il pas légitime de se demander si le récit de l'Exode n'est pas plutôt un midrash (parabole) sur le retour d'exil des élites juives déportées à Babylone par Nabuchodonosor (587) et autorisées à rentrer par Cyrus (539), comme le serait aussi la migration d'Abraham, de façon plus nette, quittant la Mésopotamie pour le pays de Canaan ?
Lorsqu'on lit que la circoncision est un signe d'alliance entre Jéhovah et Abraham (Gn 17.10), renouvelé par Moïse (Lv 12.3; Dt 10.16), alors que les Egyptiens comme les Cananéens étaient circoncis, on se demande comment Jéhovah aurait reconnu ses alliés... Par contre, les Babyloniens n'étaient pas circoncis, pas plus que les populations par eux transplantées en Galilée ("le cercle des nations"). Aussi peut-on penser que cette interprétation de la circoncision date de l'exil à Babylone. Anthropologiquement, elle est un résidu de sacrifice humain : les Cananéens offraient aux dieux leurs premiers-nés, tout comme ceux de leur bétail et les prémices de leurs récoltes.
Contrairement à une légende fort répandue, les Juifs en faisaient autant :
A Babylone, les Juifs découvrirent une haute civilisation dont la religion ne comprenait pas de sacrifices humains. D'où l'indignation d'Ezéchiel qui fait avouer à Jéhovah qu'il s'est conduit en barbare :
Du fait que les sacrifices humains chez les Phéniciens et les Carthaginois ne concernaient que les premiers-nés, on peut douter également de la véracité historique d'un épisode du siège de Carthage par les mercenaires révoltés où les Carthaginois auraient sacrifié un garçon de chaque famille pour obtenir le secours des dieux (cf Le tombeau étrusque, dans les aventures d'Alix, de J.Martin, d'après Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, XX,14).
La Genèse (ch 17) prétend que la circoncision date d'Abraham. Cependant les Hébreux n'étaient pas circoncis au temps de Moïse (Ex 4.24-26, où une païenne invente le rite de la circoncision...). Or, on peut lire en Gn 17.4 que le signe de l'alliance avec Dieu est une abondante progéniture, en 17.10 que c'est la circoncision, puis en 17.21 que l'alliance sera établie avec Isaac, non encore né, bien que tous les mâles aient été invités à se faire circoncire. Donc il y a eu primitivement à cet endroit du récit cette notion d'alliance indépendante de la circoncision, et donc 9-14 et 23-27 sont des ajouts tardifs. Ce chapitre 17 est lui-même une insertion et un doublet de l'apparition du chapitre 18 (18.1 suit logiquement 16.15).
Nous reviendrons plus bas sur le mot "hébreu" berit qui signifie "alliance".
Tout le reste de ces histoires n'est qu'un tissu de bobards nationalistes rédigés par des prêtres qui défendaient leur bout de gras contre les séductions de l'universalisme héllénistique.
Comme il ne serait pas probant de tout rejeter d'un revers d'un main, sans explications, procédons à quelques analyses du texte.
C'est sans doute grâce au concours de la médecine extra-terrestre que les 57 petits-enfants de Jacob devinrent 2.400.000 Hébreux après 430 ans de séjour en Egypte.
Comme Jacob n'a eu que 9 petites-filles, je suppose que ses petits-fils ont épousé des Egyptiennes ; à moins qu'ils ne soient allés chercher en Judée quelques filles pas trop éflanquées par la famine.
Selon une autre version, les Hébreux quittèrent l'Egypte après quatre générations (Gn 15.16), ce qui ne fait jamais que douze fils de Jacob (1ère génération) ayant eu chacun 224 fils et 224 filles, ce qui fait 224 x 12 = 2.688 couples de petits-enfants (2ème génération) x 224 = 602.112 couples d'arrières-petits-enfants (3ème génération), emmenant la quatrième génération avec eux dans le désert, soit, puisqu'il n'y a pas de raison que le taux de natalité s'effondre, environ 135 millions de moutards....
Cette aberration provient du fait que la première version du récit de la mise à mort des enfants mâles ne visait qu'à empêcher Moïse de vivre, un songe ayant averti le pharaon qu'un libérateur des Hébreux venait de naître. Cette version nous a été conservée par Flavius Josèphe :
Il faut cependant reconnaître l'origine égyptienne de ce mythe : c'est la
transposition des aventures d'Horus, né clandestinement des amours d'Isis et du
cadavre de son Osiris de mari, et poursuivi par Seth, assassin d'Osiris et
usurpateur du trône.
Les anciens dieux des Hébreux
J'ai jadis cru à la thèse de Sigmund Freud selon laquelle Moïse ("fils", en égyptien, mesu, et non "sauvé des eaux"; ex : Ramsès, "fils de Râ"; Thoutmès, "fils de Thot") était un sectateur du culte monothéiste atonien, en voie d'éradication après la mort de son fondateur Aménophis IV (-1358).
La Bible ne nomme qu'un fils de Sem, Arpaxad, tout en disant qu'il en eu d'autres (Gn 11.11), et suit sa descendance jusqu'à la dixième génération après Noé (Abraham). Ces dix générations d'Adam à Noé, puis dix autres de Noé à Abraham, sont tirées de générations de dieux babyloniens. Les Phéniciens se contentent de trois générations de dieux, élément sémitique introduit dans la mythologie grecque (Ouranos-Cronos-Zeus), et source des trois générations Abraham-Isaac-Jacob, où Isaac n'a pas plus de frères que Cronos, tandis que, tel Zeus se partageant le monde avec Poseidon et Hadès, Jacob fauche l'héritage de son frère Esaü. Notons que Jacob est appelé "Israël" pour avoir "lutté contre Dieu", épisode rappelant Zeus et ses frères luttant contre Cronos.
Autre trace de ces trois générations divines : selon l'Evangile de Jean (15.26), après Jésus-Isaac (dans le rôle du sacrifié tiré de là par décret du Père), viendra le Paraclet (en grec, "avocat" ), terme à rapprocher du "protecteur" Jacob.
- en Genèse, Jacob, petit-fils d'Abraham, prend "le dieu d'Abraham et
le dieu de Nahor" comme témoins d'un contrat (Gn 31, 53);
- en Exode,
Jéhovah annonce qu'il infligera des châtiments à tous les dieux d'Egypte (12,
12) et se déclare jaloux des autres dieux (34.14), voire d'un autre dieu.
(in De spectaculis)
Enfin, Isaïe décrète :
(Is. 41.23-24)
Comme si tous les génocides bénis par Jéhovah n'étaient pas abominables...
Naturellement, quand Mardouk donne la victoire aux Babyloniens sur les Juifs, c'est Jéhovah qui châtie son peuple bien-aimé, et quand Ahoura Mazda donne la victoire à Cyrus sur les adorateurs de Mardouk, c'est encore un coup de Jéhovah qui se souvient de son pécheur de peuple (Is 41.25)... Les chrétiens raisonneront de la même manière qui interpréteront la prise de Jérusalem par Titus (70) comme le châtiment pour les Juifs d'avoir méconnu en Jésus le Christ, et Flavius Josèphe comme celui des atrocités commises par les extrémistes juifs. Quant au silence des Martiens, il reste à être interprété...
Remarquons aussi qu'il lance à Pharaon : Renvoie mon peuple pour
qu'il me serve.
Un rédacteur sacerdotal a introduit à chaque fois
un "Ainsi parle Yahvé" pour réduire Moïse à l'état de prophète mais il a
oublié Ex 11.8 :
|
Le rabbin |
Qui était la mère de Moïse ? | ||
|
L'élève |
La fille du Pharaon. | ||
|
Le rabbin |
Mais non! La fille de Pharaon l'a trouvé flottant sur le Nil! | ||
|
L'élève |
Ça, c'est ce qu'elle a raconté... |
Remarquons aussi qu'autant les Prophètes connaissent les dieux de leurs voisins cananéens, autant ils ignorent le nom de ceux des empires : nulle mention d'Osiris ou de Mardouk, quoique ce dernier puisse être reconnu, dans le Livre d'Esther (~ -250) sous les traits de Mardochée, Esther étant la déesse Ishtar. A peine trouve-t-on Apis dans Jérémie (46.15) - en dieu majeur de l'Egypte! - et No-Amon (46.25) comme ville...
Quand Isaïe vide son venin contre les voisins d'Israël, il s'agit d'oracles antérieurs aux événements, n'est-ce pas, comme le dit le commentaire de ma Bible catholique à propos de l'imprécation contre Damas (17.1) : Oracle antérieur à 732, date où Téglat-Phalasar III s'empara de Damas (Comme l'Eglise ne prend jamais ses fidèles pour des imbéciles, le manuscrit d'époque est sans doute dans les caves du Vatican...). S'il n'en était pas ainsi, comment un type aussi honnête que peut l'être un rédacteur de la Bible oserait-il écrire : Révélez ce qui adviendra plus tard, que nous sachions si vous êtes des dieux (Is 41.23) ?
Toujours est-il que le livre d'Esdras omet de préciser que les Juifs quittant Babylone ont franchit l'Euphrate à pieds secs, comme semble le dire Isaïe :
S'il y a un fait historique là-dedans, c'est bien la division de l'Euphrate en plusieurs bras : pour s'emparer de Babylone, protégée par les canaux de l'Euphrate, Cyrus en a fait détourner le cours. Mais pourquoi assécher la mer d'Egypte pour aller de Babylone à Jérusalem ?
La parenté littéraire que j'ai supposé entre les exils d'Egypte et de Babylone semble ici assez nette : le récit de l'Exode ne serait-il pas l'oeuvre de scribes partisans des Assyriens ?
Ne pourrait-on pas aussi rapprocher le récit de la guerre du roi de Shinéar (sise en Mésopotamie) contre les rois des Cinq Villes (Sodome et cie, Gn 14) de l'invasion assyrienne de 722 ? Flavius Josèphe ne dit pas "de Shinéar" mais, plus nettement, "d'Assyrie". Les révoltés seraient alors Ezéchias et ses alliés égyptiens, écrabouillés par Sennachérib, alias Kedor-Laomer, en 701.
Curieusement, on retrouve cinq rois dans le désert de Madian (Nb 31.8; Jos
13.21), non loin de Sodome, où ils sont exterminés par les Hébreux (Nb 31) pour
leur avoir offert leur hospitalité (Ex 18)...
Les plaies d'Egypte
Mais revenons à la sortie d'Egypte.
Je ne sais pas quelle technologie Raël prête aux Elohim pour provoquer les Dix Plaies d'Egypte (note additionnelle : il n'en dit rien!) : virus détruisant tout le bétail (Ex 9, 3) ? antivirus ressuscitant les chevaux précédemment exterminés (Ex 14.7) ? survol en rase-mottes par des engins dépourvus de pot catalytique (10.21) ou virus provoquant la cataracte (Sg 19.17) ? détournement de nuages de criquets par perturbation du champ magnétique terrestre ? guerre bactériologique utilisant le code génétique des aînés égyptiens ? transmutation de H2O en hémoglobine grâce à des composés azote-carbone préstabilisés (cf Ma médecine galactique, d'Extrarika Extrazaraï, bientôt disponible aux éditions I. N. H. Evidence) ?
Richard Hennig (Les grandes énigmes de l'univers, Laffont, 1973) relie ces phénomènes à l'éruption du Santorin vers -1500 qui, après avoir provoqué un raz de marée qui détruisit la civilisation crétoise (ça, c'est historique), envoya des nuées volcaniques jusqu'en Egypte : d'où les ténèbres, l'eau devenant couleur de sang à cause des scories tombant dedans, les criquets égarés par les perturbations du champ électromagnétique terrestre, et le retrait des eaux de la mer rouge, comme cela se produisit lors du tremblement de terre de Lisbonne en 1755. La chaîne Arte a récemment servi cette thèse à ses téléspectateurs.
Mais il se trouve que les rédacteurs de la Bible ne sont pas d'accord sur la
nature de ces événements :
- le psaume 136 (v.10) ne connaît que la mort des
premiers-nés.
- le psaume 105 parle de sept plaies : ténèbres, eaux changées
en sang, grenouilles, insectes, grêle, sauterelles, premiers-nés.
- le psaume
78 ajoute une attaque à coup de feu céleste (v.49) dont l'Exode ne dit mot.
-
le Livre de la Sagesse (ch. 17) ajoute aux ténèbres "des bruits
effrayants" et "des spectres lugubres".
- à l'intérieur même du texte de
l'Exode, on trouve deux versions des eaux changées en sang : un petit seau d'eau
du Nil (4.9) et le Nil entier (7.17)...
Charlton Heston dans les chutes du Niagara
Passons à la scène la plus célèbre de la Bible, la traversée de la mer des Roseaux à pieds secs entre deux murailles d'eau. Dans le film Les Dix Commandements, les effets du retrait puis du retour de l'eau sont obtenues en passant à l'envers puis à l'endroit des images des chutes du Niagara.
Mais il s'agit d'un collage tardif dans un texte qui parlait originellement d'un combat sur la plage de l'Ange de Dieu contre les Egyptiens. Voyez plutôt :
Le psaume 105, qui raconte le séjour en Egypte, ignore autant la traversée de la mer des Roseaux que la poursuite par les armées du Pharaon :
Moïse et sa radio
Decanis nous ressert l'Arche d'Alliance made by Robert Charroux, c'est à dire un condensateur électrique : deux plaques d'or séparées par une épaisseur de bois, avec des "antennes" en forme de "chérubins". Seulement, voilà : les keroubim sont des "taureaux" ailés à tête humaine provenant de l'art assyrien. Il serait étonnant que les Hébreux, après plusieurs siècles de servitude en Egypte, contrée où les dieux ont des corps humains et des têtes d'animaux, aient eu une connaissance quelconque de l'art assyrien. Et ce n'est pas Moïse, prétendu aristocrate égyptien (thèse de Freud), qui leur aurait montré comment dessiner un animal chimérique alors que Jéhovah venait de lui servir un décret condamnant toute représentation d'animal, de monstre, ou d'humain (Ex 20.4 ; Dt 4.16).
Il faut cependant reconnaître que l'interdiction de représenter Jéhovah vient de l'idée égyptienne que l'on peut affaiblir la puissance des dieux en fracassant leurs statues.
Charroux : Et en plus ça marche bien, cet engin : on peut s'électrocuter (2 S 6.7) et ça cause dans le poste! (1 S 3.4 : "Allô, la Terre ?") Mais oui, mais oui... Et quand on se plante entre les boutons, les cadrans, et les manettes, on attrape des hémorroïdes et on paye le docteur avec des trous du cul en or massif (1 S 6.4), devise standard de la Confédération Galactique...
Il adressera la parole au peuple en ton nom. (Ex 4.16)
Ce qui rejoint la version de Samuel d'une arche contenant le Verbe de Dieu.
Il paraît également que ce coffre contenait les Tables de la Loi, données à Charlton Heston au sommet du Sinaï (le même Verbe sous forme écrite).
Voltaire se demandait déjà pourquoi, si cela était vrai, elles auraient été rédigées en hébreu carré et non en hiéroglyphes égyptiens, même si l'hébreu est la langue de Jéhovah himself. Selon Jean Sendy (La Lune..., ch. 6), ce serait même une langue synthétique inventée par des Extra-terrestres...
Passe encore que le contenu des lois de Moïse se rapporte à un peuple sédentaire : Jéhovah peut être prévoyant. Mais des tas de prophètes ultérieurs ont ignoré que les Tables de la Loi avaient été rangés dans cette boîte : un prêtre les a un jour "retrouvées" dans une remise du Temple (2 Rois 22.8 ; 2 Ch 34.14).
Dans le très antique Cantique de Débora, Yahvé vient de Séir (Jg 5.4), montagne sise en Edom (Nb 24.18), pays d'Esaü (Gn 36.6) où régna un Yobab (le beau-père de Moïse ?).
Dans les bénédictions de Moïse (Dt 33), Yahvé vient à la fois de Séir et du Sinaï !
Comme par hasard, c'est encore en fouinant dans ce que les Hébreux ont pu apprendre lors de leur exil à Babylone que l'on trouve un indice : la stèle d'Hammourabi qui porte son code de lois (pillées par le Pentateuque) nous montre le dieu Shemesh dictant le texte au roi. Hammourabi n'est sans doute pas plus l'auteur de ces lois que Napoléon ne l'est de la législation française, quoi que puissent penser des archéologues de l'an 5000 retrouvant un jour la mention d'un "code Napoléon". En tant que bâtisseur d'empire, il n'en fut que le compilateur.
Cependant, il existe bien une parenté entre les Dix Commandements et la culture égyptienne, car on les trouve dans le Livre des Morts égyptien qui contient ce que doit plaider le défunt lorsqu'il comparaît devant Anubis :
Jéhovah a-t-il dit dans l'Exode (32.33) : Celui qui a péché contre moi,
c'est lui que j'effacerai de mon livre, et dans le Deutéronome (24.16) :
Les pères ne seront pas mis à mort pour les fils et les fils pour les
pères. ?
Deuxième livre de Samuel (12.14) : Comme tu t'es, par ce
péché, déshonoré devant le Seigneur, l'enfant qui t'es né mourra. (Cet
enfant était celui que David avait eu de Bethsabée, femme d'Urie, dont il
s'était débarassé en l'envoyant crever sous les murs de Rabba. Après cet
accouchement malheureux, David engrossa Bethsabée de Salomon, sans que ni lui ni
elle n'encourent le moindre châtiment. Telle est la justice de Jéhovah...)
Evangile selon Matthieu (23.31) : Vous rendez témoignage que vous êtes
les fils de ceux qui ont tué les prophètes !
Mais il est vrai que :
Je suis un dieu jaloux qui punis la faute des pères sur les enfants, les
petits-enfants, et les arrières-petits-enfants. (Ex 20.5, 34.7, Dt 5.9)
Moralité : si tu es un honnête homme, tu ne prendras pas Jéhovah pour le Dieu bon, tu éplucheras les livres saints pour en séparer le bon grain de l'ivraie (Mt 13.24 sq), et tu lapideras celui qui cherchera à t'en empêcher car il a pour maître le Diable. (cf Jn 8.44)
Pour revenir à la thèse de l'arche-radio, j'avoue ne pas m'y connaître assez en électronique pour vous dire comment peut fonctionner un condensateur fait d'un morceau de tectite, éventuellement glissé entre deux tranches de granit, le tout emballé dans du bois d'acacia, et, pour notre malheur, les Extra-terrestres ont négligé d'éclairer le prophète Raël à ce sujet !
Mais, si ces Martiens avaient ramassé un bout de magnétite, ils auraient pu offrir une boussole à Moïse, au lieu de le laisser tourner en rond dans son désert pendant quarante ans. Vous me direz qu'un rayon laser émis par un ovni ("colonne de feu") guidait ses pas et que, comme le temps s'écoule moins vite dans une soucoupe que sur la Terre (explication ufologique de la réapparition de Melchisédech et d'Elie dans les Evangiles, après plusieurs siècles d'absence...), il a suffi qu'Elohim lâche le manche à balai pendant un instant pour régler son compte à un extra-moustique pour que, au sol, les Hébreux essayent vainement de suivre les évolutions de la soucoupe pendant quarante ans...
A moins que Moïse ait bien reçu une boussole
Josué en concert à Jéricho
- Ah ouais ? Et que fais-tu de la prise de Jéricho grâce aux trompettes à ultrasons fournies par les Elohim ? (in Raël, op. cit. p. 56, et Decanis, p. 40)
Si l'histoire de l'Angleterre avait été rédigée par le même genre de chroniqueur, il n'eût pas manqué de faire allusions au Géants (des métis d'Extra-terrestres et de Terriens, comme nul ne l'ignore... cf Gn 6.4 et le géant à douze doigts de 1 Ch 20.6) qui avaient édifié Stonehenge, avant de se faire tailler en pièces par Saint-Georges en personne ("Ouaip : le résultat d'une expérience biologique élohiste à proximité d'une balise à soucoupes!", in J'ai tout compris, bientôt disponible chez I. N. H. Evidence).
L'archéologie montre que Jéricho a été fondée vers -8000, abandonnée vers -7000, réoccupée épisodiquement, puis brutalement détruite vers -2300. Que les nomades aient brodé des contes autour d'imposantes ruines de remparts, certes... Que le pouvoir religieux les ait ensuite récupéré, ça s'est vu ailleurs.
Alors, est-il vraiment nécessaire d'expliquer Josué à Jéricho en pillant L'affaire Tournesol ? Vous remarquerez qu'aucun ufologue n'a jamais tenté d'expliquer comment Josué avait pu traverser le Jourdain à pieds secs (Jos 3.17 : le champ de forces de l'Arche repousse les eaux, comme n'importe quelle bouteille de Leyde...), ni vérifié si une grêle de météores avait pu passer à ce moment pour écrabouiller les Cananéens sans toucher un seul Hébreu (10. 11), ni expliqué comment le soleil avait pu être arrêté dans sa course (10.13)...
Pourquoi Decanis n'exploiterait-il pas cette friche là ? A-t-il peur de ne pas trouver de créneau entre l'incommensurable jobardise des Témoins de Jéhovah, malheureusement allergiques aux soucoupes, et la jobardise moyenne du raëlien de base (qui, au fond, n'en a rien à foutre et qui n'adhère que pour tirer son coup dans des parties d'amour cosmique) ? Qu'il s'y lance puisqu'il a l'air sincère! Moi, je suis nettement handicapé pour prêcher du Charroux relooké : je serais incapable de me retenir de rire pendant le sermon...
Par la même occasion, il nous expliquera pourquoi le reporter qui a assisté au miracle de la séparation des eaux du Jourdain ne s'est pas aperçu que le faible débit de ce fleuve n'exige pas un tel prodige pour en rendre possible la traversée...
Notons que Josué, pour arrêter le soleil, dit : Soleil arrête-toi! (10.12) bien que le verset précédent prétende qu'il s'adresse à Jéhovah... Et le soleil obéit au gugusse comme si celui-ci était un dieu... Tiens donc!
Le Livre de Josué est en effet farci de surcharges destinées à faire de ce dieu un simple exécutant des ordres de Jéhovah. En voici quelques exemples (et en plus, je crois bien qu'il faut bazarder les chapitres 12 et suivants) :
- mention de la traversée de la mer Rouge (2.10) dont nous avons vu qu'il s'agissait d'une retouche au texte original de l'Exode.
- expédition du sanctuaire de Josué (4.8) au fond du Jourdain (4.9)
- dans un bloc sacerdotal de 14 versets (5.2-15), on trouve :
Jojo la foudre
- lors de la destruction de la ville d'Aï, on voit "une fumée montant de la ville vers le ciel" (8.20) comme lors de la destruction de Sodome (Gn 19.28) mais le rédacteur sacerdotal a rajouté une intervention humaine (8.19) pour éviter qu'on lise que Josué a détruit la ville en inclinant (et non "en tendant") vers elle le javelot qu'il avait en main... Car ce "javelot", c'est la foudre (cf Dt 32.41; Ha 3.11) : on lit un peu plus loin (26) que Josué massacre lui-même tous les habitants avec ce javelot! Ce qui est possible pour un dieu bombardant ses ennemis à coup d'éclairs devient tellement suspect pour un simple chef de guerre qu'une plume a inséré l'intervention de troupes humaines (21-25).
Addition après avoir lu l'opus de Raël : son Martien lui explique (p. 56) que
les Gabaonites ont été bombardés avec "de grandes pierres". Voici un Martien
tenant ses informations de Saint Jérôme et s'appliquant scrupuleusement à
enseigner à Raël les erreurs de traduction de la Vulgate...
L'hébreu écrit
"d'énormes grêlons", passage qui, par dessus le marché, corrige le texte
original (insertion sise en *) : ces grêlons tuent tous les ennemis que Josué
s'exténue ensuite à poursuivre !
Raël ose écrire que l'arrêt du soleil
signifie que les Hébreux (ne disposant que de fantassins) ont conquis la Judée
en une journée! Sous Moshé Dayan, avec des jeeps, il leur fallut six jours... De
plus, pour prétendre cela, Raël n'a visiblement pas lu les livres qui suivent
Josué où l'on voit les Hébreux poursuivre leurs conquête du territoire...
Fin de l'addition.
Vous remarquerez qu'en 10.5, les Gabaonites sont assiégés dans leur ville alors qu'à la fin du chapitre 9, il avaient été dispersés comme esclaves parmi les Hébreux...
En fait, le chapitre 9 doit être élagué comme suit :
Sans cet élagage, on ne voit pas comment les esclaves du chapitre 9 auraient été promus guerriers au chapitre 10 ...
Maintenant, Josué étant réhabilité dans l'affaire de Gabaon, pourquoi
assassinerait-il les habitants de Maqqéda, Libna, Lakish, Eglon, et Debir (10.28
et sq) ? Comment, si ces génocides avaient eu lieu dans la version originale, le
roi de Gezer (v. 33) aurait-il décidé d'aller secourir des cadavres ?
Contrairement à ce prétend 10.1, Josué n'a pas trouvé de roi à pendre à Jéricho.
Quel est donc ce traitement réservé aux rois vaincus ? Mettre le pied sur la
nuque de l'adversaire implique-t-il forcément de l'assassiner ou les Juifs
sont-ils moins civilisés que ces sociétés animales où le dominant n'égorge pas
le dominé qui lui tend son cou ?
Génocides
Le livre de Josué n'est pourtant qu'une longue apologie du génocide : extermination des habitants d'Aï , puis de tous les Cananéens : Josué ne laissa pas un survivant et voua tout être vivant à l'anathème comme l'avait prescrit Yahvé. (10.40) Tout le butin de ces villes, y compris le bétail, les Israélites s'en emparèrent. Mais tous les êtres humains furent passés au fil de l'épée; on les extermina sans en épargner un seul. (11.14)
Livre des Juges (18.27) : Les Danites marchèrent contre Laïs, un peuple paisible et confiant. Ils passèrent la population au fil de l'épée et livrèrent la ville aux flammes.
Deuxième livre de Samuel (12.31) : Il fit sortir les habitants, et il les
plaça sous des scies, des herses de fer et des haches de fer, et les fit passer
au four à briques. Il traita de même toutes les villes des fils d'Ammon. David
retourna à Jérusalem avec toute l'armée.
Les TJ écrivent Il le [le peuple] fit servir dans la
fabrication des briques ; les cathos employer au four à briques ; le
rabbinat envoyer au four, plus ambigu...; Chouraqui n'a pas ces pudeurs
qui écrit Il les avaient fait passer à la briqueterie. Et chez les
uns comme chez les autres, faire passer son fils au feu (Dt 18.10) ne
veut pas dire "le préposer à l'entretien de l'âtre" que je sache... Le
troisième chapitre du Second Livre des Rois nous conte les mésaventures du roi
des Moabites qui refusa un jour de payer un tribut de 200.000 ovins au roi de
Samarie (au moins cent fois son revenu annuel...). Jéhovah commande alors de
transformer le pays en désert au mépris de ses propres commandements (Dt 20.19 :
Si tu attaques une ville, tu ne mutileras pas les arbres. Est-il homme,
l'arbre des champs, pour que tu le traites en assiégé ? Merci pour les
hommes!) De désespoir, le roi de Moab sacrifie son fils aîné à Jéhovah, qui,
sans doute ravi que l'on ajoute un sacrifice humain à tous ces massacres, lui
donne la victoire contre Israël !
Deuxième Livre des Chroniques (25.11-12) : Amasias, confiant dans sa force, conduisit son peuple à la Vallée du Sel et tua dix mille hommes de Séir. Les fils de Juda en capturèrent dix mille autres, les menèrent en haut d'une falaise d'où ils les précipitèrent en bas ; tous s'écrasèrent. (Ces habitants de Séir sont censés être descendants d'Esaü dont Jacob, ancêtre des Juifs, avait déjà volé l'héritage...)
Mais, contrairement à Roger Garaudy (Les mythes fondateurs de l'Etat d'Israël), je ne crois pas à l'historicité de tous ces massacres. Ils ont été inventés par les rédacteurs de la caste sacerdotale pour pouvoir dire que les Juifs ne s'étaient jamais mélangés aux peuples parmis lesquels il habitaient.
Ainsi, malgré la prétendue solution finale du problème cananéen opérée par Josué, dans le livre suivant, Juges, il faut tout reprendre à zéro! Pire : Josué semble mourir avant la conquête (1.1)... pour ressusciter au chapitre suivant (2.6) ! Il n'y a pas de juge sous lequel les Hébreux ne prennent des taloches des Cananéens. Le roi d'Eglon, pendu par Josué (Jos 10.23) asservit les Israélites pendant dix-huit ans (Jg 3.14). Le roi Yabin, estourbi en Jos 11.10, les opprime pendant vingt ans (Jg 4.3). Les Madianites, exterminés par Moïse (Nb 31), traquent les Hébreux au point que ceux-cis doivent se réfugier dans des cavernes (Jg 6.1-6)! Enfin, le héros yahviste Gédéon refait tout le boulot du dieu Josué... pour des nèfles, vu que David trouve encore des tas de goyim à massacrer en Palestine et Salomon 153.600 mâles adultes à réduire en esclavage (2 Ch 2.17).
On lit dans l'Exode (23. 29-30) : Je n'expulserai pas les Cananéens en une seule année car le pays deviendrait un désert où se multiplieraient les bêtes sauvages. Je les expulserai peu à peu jusqu'à ce que ta fécondité te permette d'occuper le pays.
Mais dans les Nombres (33.25) : Si vous ne dépossédez pas les habitants de ce pays, ceux d'entre eux que vous aurez épargnés seront comme des épines dans vos yeux et des aiguillons dans vos flancs. Ils vous opprimeront sur la terre où vous habitez, et ce que voulais leur faire, c'est à vous que je le ferai.
Que Dieu change d'avis d'un siècle à l'autre, passe encore. Mais qu'il donne deux instructions aussi contradictoires à la génération de Moïse, avouez que cela fait désordre...
Donc, à une époque, la Bible ne disait pas que Josué disposait de 3.000.000 de colons prêts à s'installer en Canaan... Encore une preuve que ces génocides n'ont jamais eu lieu, pas plus que le séjour des Hébreux en Egypte qui leur aurait permis de se multiplier ainsi.
Peut-être que des initiés ont su pendant longtemps lire ces textes bibliques entre les lignes comme je l'ai fait ici. Peut-être avaient-ils simplement conservé des copies conformes des textes originaux. Peut-être ces initiés étaient ils des adorateurs de l'ancien dieu Josué. Peut-être proclamaient-ils que leur dieu était un dieu bon, ce dieu qui portait le même nom (en hébreu et en grec) qu'un certain Jésus, habitait un bled du même nom (Gilgal = "cercle"/Galilée = "cercle des nations"), et qu'il avait commencé sa carrière sur le Jourdain, comme l'autre...
Belle mentalité !
"Un peuple ignorant et barbare, qui joint depuis longtemps la plus sordide cupidité à la plus détestable superstition et à la plus invincible haine pour tous les peuples qui les tolèrent et qui les enrichissent." (Voltaire, Dictionnaire philosophique, article Juifs)
Celui qui a écrit dans l'Evangile de Jean que les Juifs avaient pour
père le Diable avait sans doute mieux étudié l'Ancien Testament que nos actuels
séminaristes...
Hercule au pays des Hébreux
Autre dieu humanisé : Samson, c'est à dire Shemesh, le soleil (et, plus exactement, "le solaire", Shimshon), bénéficie d'une conception miraculeuse. Son "naziréat" est un ajout sacerdotal : un nazir ne peut pas toucher à un cadavre d'animal (Jg 14.8). Son emblème est le lion, signe zodiacal de l'été. Sa force croît avec la pousse de ses cheveux (comme celle du soleil de ses rayons). Le coup des renards enflammant les champs est un vieux rite méditerranéen de sacrifice d'une partie des moissons (cf les Cerealia romaines). A un stade intermédiaire, ce Shemesh n'est plus qu'un géant, c'est a dire un demi-dieu, un Nephilim (cf Gn 6.4). Traces de son gigantisme :
L'Héraclès des Grecs est également un ancien dieu solaire et ses Douze Travaux sont liés aux signes du Zodiaque. Leur liste et leur ordre chronologique ont varié selon les auteurs anciens, et les ouvrages d'aujourd'hui ne s'accordent pas toujours entre eux. Cependant, tous sont d'accord pour l'envoyer d'abord terrasser le lion de Némée. Or, en ces temps lointains, le solstice d'été avait lieu dans le signe du Lion. Il est vrai qu'il faut quitter le plan de l'écliptique pour gagner la constellation de l'Hydre, mais vissez-lui la Balance et le Scorpion sur le col et vous aurez les premières de ces têtes qui deviendront cent. Ensuite, il emprunte ses flèches au Sagittaire pour abattre l'Aigle, alias oiseaux du lac Stymphale, puis déverse l'amphore du Verseau dans les écuries d'Augias. Enfin notre héros estourbit le Taureau, s'emparant au passage de la Voie Lactée, alia ceinture d'Hippolyte, puis rentre au bercail.
Vous m'objecterez qu'il en manque. Mais comment voulez-vous connaître
exactement l'état primitif d'un mythe transmis oralement ? Prenez l'épisode du
sanglier d'Erymanthe : il contient si peu de merveilleux qu'il doit s'agir d'une
invention tardive destiné à remplacer un épisode ayant été fondu dans un autre,
peut-être celui d'Atlas, aujoud'hui inséré dans l'épreuve du Jardin des
Hespérides.
Même problème pour l'épisode de la biche aux pieds d'airain : il
ne s'agit pas d'une constellation. La biche est consacrée à Artémis, ex-déesse
des moissons (grec artos, pain), devenue déesse de la chasse par une
interprétation erronée des représentations de la déesse aux serpents des Crétois
(les serpents devenant des arcs), et déesse de la lune pour des raisons que
j'ignore. Or, cette biche est dotée de deux cornes d'or qui sont le premier et
le dernier quartier lunaires. Elle possède des pieds d'airain : la lune est
l'astre errant le plus rapide de la voûte céleste. Enfin, Héraclès met une
année entière à la courser :
Autre interprétation de ce désastre :
(J. Duquesne, Jésus, p. 149)
Retour sur les Fils de Dieu
Petite addition après avoir eu une illumination. Sendy, Raël, et les autres, voient des Martiens dans ce passage de Job (38.6-7) :
Traduction du rabbinat (deux preuves valant mieux qu'une) :
Tandis que les étoiles du matin chantaient en choeur
Et que tous les
fils de Dieu poussaient des cris de joie ?
Les différences de traduction viennent de ce que l'hébreu met le verbe en tête de phrase.
La vision d'Ezéchiel et le char d'Elie
Le soucoupomane
: Et la vision d'Ezéchiel ? C'est-y pas beau ?
Ahhh... si David Vincent
avait été là avec un camescope Toshiba!
Ahhh... si les Decanis, Charroux, et autres Raël avaient été sur les remparts de Jérusalem en l'an -598 ! (Et j'ajoute un Roland Jug qui m'a écrit pour m'assurer qu'il s'agissait d'avions de chasse! cf son site et mes critiques)
Jérusalem ou Babylone ? Le Kebar (1.1), le "grand fleuve", c'est
l'Euphrate.
De là, Ezéchiel est enlevé pour aller vers les exilés (2.11)...
sur l'Euphrate (2.15)!
Rétrospective :
- en 1480, le pharaon Thoutmosis III conquiert la côte
syrienne jusqu'à l'Euphrate.
- vers 1370, Aménophis IV, dit Akhenaton,
s'occupe s'inventer le monothéisme, et laisse la Syrie s'enfoncer dans
l'anarchie.
- vers 1300, Ramsès II y revient récupérer ses provinces.
-
vers 1225, Méneptah y repasse faire la police.
- en 950, Shéshonk vient
expliquer au "puissant" roi Salomon qu'il faut payer ses impôts, saccage le
Temple, et repart avec la caisse (1 Rois 14.25).
- de 858 (Téglathphalasar
III) à 612 (Assoubanipal), les Assyriens s'emparent de toutes les possessions
égyptiennes de la côte de Syrie au delta, y compris les royaume hébreux.
C'est alors que les Mèdes et les Babyloniens se révoltent et font un sort aux Assyriens. Tous les roitelets de la région en profitent pour récupérer leur indépendance et le roi d'Egypte s'allie au roi de Juda. Nabuchodonosor II, roi de Babylone, les soumet les uns après les autres, en suivant la route habituelle : d'abord l'Assyrie, puis l'Amourrou (Syrie actuelle) et la Phénicie.
En 598, il débarque à Jérusalem (Ez 1.4 : Le souffle de la tempête vient du Septentrion) avec ses troupes, ses chevaux ferrés (1.7), ses drapeaux (1.10), ses guerriers dans les chars (1.11) avec des flèches enflammées (1.13). Du haut des remparts, Ezéchiel voit des chars se renverser avec leurs équipages de quatre personnes (1.15). A cette vitesse, les clous qui soudent les planches des roues pleines semblent des cercles concentriques ("œil de béryl", 1.16), et quand les faux qui les garnissent défoncent les roues des chars hébreux, "leur action apparaît quand le rouage (*) est au milieu du rouage." Quand le char ralentit, les clous deviennent visibles : leurs jantes sont pleines d'yeux (1.18). Quand un char ne peut éviter un obstacle, il voltige avec son équipage (1.19). Les assiégeants mettent en place leurs balistes (1.22). Ils se protègent de boucliers (1.23). Les flèches enflammés sifflent sur les têtes des assiégés (24), et un soldat grille au sommet d'une tour (26). Tout brûle (27) et les flèches enflammées arrivent maintenant par grappes (28) : le témoin s'évanouit.
(*) Le terme "rouage" n'est que dans la version de Chouraqui. Il se trouve aussi dans ma Septante grecque : Chouraqui aurait-il commis sa version de la Bible à partir du grec ? Toujours est-il, qu'en grec et en français, un "rouage" est un ensemble de roues (cf "attelage", "feuillage", "plumage", "pelage", etc.) et peut aussi bien désigner les deux roues d'un char de combat que les quatre roues d'un char à bœufs, et pas seulement les combinaisons de roues dentées d'une horloge, d'une boîte de vitesses, ou d'un moteur de soucoupe volante.
Et pendant que les Babyloniens montent à l'assaut des remparts, qu'est-ce
qu'ils font les Elohim? Ils apprennent à Ezéchiel à jouer à la prise de
Jérusalem dans un bac à sable! (Ez 4.1) Ensuite, ils lui enseignent la cuisine
martienne :
- entrée (4.12) : Mange un gâteau pâtissé à la crotte
d'humain.
- plat de résistance (4.15) : Je te donne de la bouse de
bovins à la place de crottes d'humains : fais ton pain dessus!
Suit un discours abracadabrant dans la bouche d'un Extra-terrestre : au lieu de programmer une bonne catastrophe avec souffre, tonnerre, pluie de chauve-souris, et autres trucs à la Superman contre Godzilla, comme au temps d'Abraham, Elohim propose d'achever Jérusalem à coup de lames de rasoir, comme dans Starmania! Quand on pense qu'il y a des générations de rabbins, de moines, et d'autres (Chouraqui : [Ezéchiel] manie avec un vrai génie l'allégorie.), qui ont pondu chacun leur exégèse sur ce genre de conneries, dont la Bible fourmille, qu'ils n'arrivaient jamais à se mettre d'accord (tu m'étonnes!), et qu'on les faisait s'entre-tuer pour cela!
Et voici que débarquent de nouvelles générations d'exégètes, issues d'une culture prétendument positiviste, où l'on dit prendre le soin d'instruire les masses populaires en bradant le bac à 80 % des moufflets.
Ces exégètes, qui osent se baptiser "autodidactes" parce qu'ils n'ont même été foutus de l'avoir dans de telles conditions, voudraient que tout ceci ait un sens caché pour peu qu'on remplace la gématrie et le témourah par Bob Morane!
- Et le prophète Elie enlevé par un char de feu ?
Et Horus dans sa barque solaire ? Et Phaéton volant dans un ovni sans son permis ? Et les talonnières antigravité de Mercure ? Et les turboplumes d'Icare et Dédale ? Et le Pégase atomique ? Et la combinaison en forme d'aigle de Zeus enlevant Ganymède ? Et la jument volante de Mahomet ? Et les oies intersidérales de je ne sais plus quel auteur anglais ? Et les fioles de rosée de Cyrano de Bergerac ? Et les aventures du baron du Munchausen ? Et l'île volante de Gulliver ? Et les rennes du Père Noël ? Et le tapis volant d'Iznogoud ? Et les oreilles de Dumbo l'éléphant ? Et toutes les autres trouvailles que l'Histoire n'a pas conservées ?
L'île volante de Laputa
Ouvrons une parenthèse sur Swift, bien que cela ne semble pas concerner les virées des Elohim.
Dans les Voyages de Gulliver, Swift décrit l'île volante de Laputa. Un certain nombre d'ufologues ont cité cet épisode, d'autant plus que les Laputiens possèdent des connaissances astronomiques en avance sur celles de l'époque. Il faut savoir que Swift a écrit un autre ouvrage satirique intitulé Contes du Tonneau sur les Ecritures et leurs miracles, la multiplication des sectes, et les guerres de religion dans l'Angleterre de l'époque. Il était curé et connaissait donc la Bible. Or, que dit l'Apocalypse ? Et je vis la Jérusalem nouvelle qui descendait du ciel (21.2) : oh, la belle soucoupe! La cité est quadrangulaire. Sa hauteur, sa largeur, et sa longueur sont égales. (21.16) : un ovni carré ? Zut, alors! Mais comme Swift connaît mieux Platon que ne le connaissait l'auteur de l'Apocalypse (qui n'est pas celui du quatrième évangile), il peut considérer le cercle comme plus parfait que le carré, d'autant plus qu'il est imprégné d'un art religieux où les auréoles sont plus nombreuses (de la Sainte Famille aux saints lambda) que les triangles (symbole de la Trinité réservé à Dieu). Quant au carré, il est inconnu au bataillon.
Mais l'île de Laputa n'est pas discoïdale : elle est conique, c'est à dire la forme pyramidale du texte "johannique" corrigée d'une base circulaire. Et de quelle technologie élohique se sert le joujou de Swift pour voler ? D'une assise faite d'un gros diamant (et du champ magnétique terrestre, tout de même...) : Les fondations des remparts sont parées de pierres précieuses. (Ap. 21.19)
Quant aux connaissances élohiques des Laputiens, elles se limitent à savoir que Mars possède deux satellites, mais ceci un siècle et demi avant Asaph Hall. De quel élohim Swift tient-il cela ? D'un fou nommé Leibniz, auteur d'une Monadologie (1714), où ce dernier "démontre" que, l'univers étant ordonné, si Jupiter possède quatre satellites (d'après les observations de Galilée) et la Terre un seul, Mars, située entre elles, ne saurait qu'en avoir deux...
Les "précisions effarantes" (expression trouvée chez je ne sais plus quel atlanto-ufologue) que donne Swift à propos des satellites de Mars sont fausses. Swift : Le plus proche est distant de trois diamètres du centre de Mars et l'autre de cinq diamètres. (Voyage à Laputa, ch. III) En vérité, les distances sont respectivement de 1,37 et de 3 diamètres. À cette distance de trois diamètres, la révolution de Deimos dure 30 heures et 18 minutes, et non dix heures comme l'écrit Swift : ses "informateurs extra-terrestres" ne lui ont rien soufflé sur la masse de la planète Mars.
J'ai trouvé sur le Net deux étymologies fantaisistes du nom Laputa : l'anglais "LArge rePUTAtion", ou, chez Ghibli, le latin putus, "gamin". Pour ma part, je suis allé voir du côté de l'hébreu, langue qui peut bien avoit été connue de l'écclésiastique qu'était Swift. Celui-ci écrit : J'osai donc soumettre à leurs grammairiens une hypothèse personnelle : "Laputa" me faisait penser à "Lap outed", où "Lap" signifie exactement "le scintillement des rayons du soleil sur la mer", et "outed", "une aile". Or, on rencontre en hébreu les mots lappid, "flamboiement", et ouf, "aile". Cette étymologie me paraît bien plus probable.
Swift ne s'est même pas donné la peine d'imaginer une technologie laputienne un peu avancée : l'éclairage est assuré par des torches. Même son système antigravité n'est sans doute d'origine magnétique que par le hasard de l'étymologie, sachant qu'aimant et diamant viennent du même mot latin adamas (mais je concède que le texte de l'Apocalypse parle de "cristal" et non de diamant...).
Je possède un ouvrage de W. Scott-Elliot, Histoire de l'Atlantide, 1924, édité par les Théosophes de la nébuleuse Blavatsky, où la technologie des machines volantes atlantes ressemble furieusement à celle de Laputa, le champ magnétique y étant remplacé par le vril, habituellement énergie psychique inventée par Edward Bulwer Lytton (The coming race, 1860) et reconvertie pour l'occasion en variété de gas-oil...
Les mines du roi Salomon
Avant de quitter l'Ancien Testament, enquêtons sur ce "grand bâtisseur" que fut Salomon.
Pour bâtir son temple, il aurait mobilisé 163.300 hommes pendant 7 ans, ce qui fait 1.143.100 années de travail, sans compter toute une quincaillerie de bronze et d'or! Et tout cela pour obtenir un bâtiment de 27 mètres de long sur 9 de large ? Versailles a coûté 80 millions de livres, soit 400.000 années de travail, pour 11 hectares (au sol) de bâtiments et 8.500 ha de verdure.
Il paraît que Salomon avait les moyens de payer ses ouvriers à ne rien faire : son père David lui aurait légué "cent mille talents d'or, un million de talents d'argent, tant de bronze et de fer qu'on ne peut les peser" (1 Chr 22.14). A raison de 34,2 kg le talent, cela fait 3.420 tonnes. Pour mémoire, la production annuelle d'or de l'Ancien Monde avant 1492 n'atteint pas 6 tonnes...
Le Témoin de Jéhovah : Vous n'avez rien compris : il s'agit de l'équivalent en or et en argent du produit des impôts!
Ah oui ? Soit un rapport de 10 à 1 entre les valeurs de l'or et de l'argent, cela fait 68.400 tonnes d'argent. Sachant qu'à l'époque, selon JB Say, l'argent vaut 6.000 fois son poids en blé, cela fait plus de quatre milliards de quintaux! Sachant qu'il encaissait chaque année 150.000 qx de blé (plus 11.000 bovins et 36.000 moutons, 1 R 5.25-3), cela représente plus de 26.000 ans de budget! C'est pas mal pour un règne de quarante ans... On se demande ensuite pourquoi il a envoyé en Ophir une expédition lui rapportant 420 misérables talents d'or (1 R 9.28).
Le Témoin de Jéhovah : On dirait que vous le faites exprès! Ces milliards sont un leg du règne de David!
David a régné 40 ans. Quatre milliards de quintaux font 100 millions par an, voire 117 M en comptant la friche septennale. Sachant que le budget représentait un dixième des récoltes (Lv 27.30), celles-ci devaient se monter à 1.170 M qx, soit, pour un rendement (généreux) de 10 qx/ha, 1.170.000 km² d'emblavures sur un territoire de 30.000 km², dont 10.000 de désert...
Comparons cela avec des chiffres plus récents : selon Flavius Josèphe, Hérode le Grand avait un budget de 1.000 talents d'argent. Archelaüs (-4 - +6) tirait 1.000 talents de ses trois provinces, et Agrippa (41 - 44) 1.200 talents d'un royaume un peu plus grand que celui d'Hérode (Et en plus, il se peut que Josèphe utilise le talent attique de 26 kgs).
N'oublions pas le rayonnement intellectuel de ce monarque : La sagesse de Salomon fut plus grande que la sagesse de tous les fils de l'Orient et que toute la sagesse de l'Egypte. Il fut plus sage que n'importe qui. Sa renommée s'étendait à toutes les nations à l'entour. Il prononça 3.000 sentences, écrivit 5.000 cantiques, disserta sur toutes les plantes, les quadrupèdes, les oiseaux, les reptiles, et les poissons. On vint de tous les peuples pour entendre la sagesse de Salomon et il reçu un tribu de tous les rois de la terre qui avaient entendu parler de sa sagesse. (1 R 4,10-14)
J'espère que l'archange Raël a conservé quelques enregistrements de ces entretiens car on n'en a trouvé trace ni chez Zoroastre, ni chez Açoka, ni chez Lao-Tseu, ni même dans la Bible!
Car les Psaumes sont attribués à David, et il n'y a que 573 proverbes. Et où
est le traité d'histoire naturelle ? Remplacé par un roman porno nommé
Cantique des cantiques ?
"Il m'a coincée dans le pressoir au fond
du jardin et a dressé sa bannière d'amour sur moi. Qu'elle était douce à mon
palais!" (Ct 2.3-4)
Et il semblerait que les affinités entre la littérature égyptienne et les Psaumes proviennent d'un pillage de la première par les seconds et non de l'inverse (on trouve même le texte égyptien de La satire des métiers dans L'Ecclésiastique, 38.24 sq, et le dieu Khnoum bricolant des hommes sur son tour de potier chez Jérémie, 18.6)...
Les noces de Salomon avec la fille du Pharaon (1 R 3.1) appartiennent tout autant à la légende. Lorsque Hattousil III, roi des Hittites a proposé à Ramsès II d'épouser sa fille en gage de paix, ce dernier a refusé, mais il a proposé d'épouser celle d'Hattousil. L'accord fut conclu en -1256, et la princesse hittite fit une descente triomphale à travers la Syrie et la Palestine. Un tel cortège ne pouvait manquer d'impressionner durablement les bédouins du coin.
L'histoire de la reine de Saba venant à Jérusalem pour avoir sa part de la sagesse de Salomon est tirée de la vie de Nabonide, prédécesseur de Balthasar sur le trône de Babylone, retiré à l'oasis de Teima où cette reine serait venu le voir.
Quelles étaient les frontières du royaume de Salomon ?
Et on apprend enfin, dans le Deuxième livre des Rois, que lorsque les Babyloniens envahissent la région (24.1), ils s'emparent en fait depuis le torrent d'Egypte jusqu'au fleuve Euphrate, (de) tout ce qui appartenait au roi d'Égypte. (24.7)
Quelqu'ait été l'autonomie réelle des rois d'Israël, voici ceux dont on a retrouvé les noms sur des inscriptions et sur quelques tablettes de Syrie et de Mésopotamie : Omri, Achab, Jéhu, Azarias, Menahem, Peqa, Osée, Ézéchias, et Manassé. Pour David et Salomon, depuis cent ans que les archéologues retournent le pays, on n'a rien trouvé : ni inscription, ni soubasement du Temple qui daterait de -1000.
Quant à se pavaner avec le titre de "roi"... La statue d'un souverain de
Gozan, au nord de la Syrie, porte des inscriptions en assyrien et en araméen ;
l'inscription en assyrien le désigne comme "gouverneur" tandis que le texte
araméen le désigne comme "roi"!
- Nous, Idi Amin Dada, Conquérant de
l'Empire Britannique... (sic!)
Le mot berit
Le mot berit signifie "alliance". Mais quelle est son étymologie ?
Viendrait-il de la racine indo-européenne bhräter ("frère") ?
Le choeur : - De l'indo-européen ? Vous débloquez complètement !
Voire... J'ai d'abord fouillé dans l'hébreu pour voir à quelle racine se
rattachait ce berit. On trouve un barout signifiant "aliments"
(barout étant le pluriel d'une racine dilitère barah), un
berot signifiant "génévrier", et un borit, "lessive", construit
sur bor, "sel". Aucun rapport avec l'idée d'alliance.
Inversement, dans ce champ sémantique, "alliance par mariage" se dit
havar, "amitié" hesed, "fraternité" ahawah, "pacte"
hazout. Aucune trace de racine BRT...
Cherchant des renseignements sur le Net, j'y apprend que l'étymologie de
"berit" n'est pas entièrement claire, selon Shelton.
On trouve des sens aussi différents que "lien" et "couper", oubliant de
nous dire à quels étymons hébreux il se réfère... J'ai trouvé quinze mots (dans
la Concordance de la TOB) signifiant "lien" ou "lier" : aucun n'a de
rapport avec une racine BRT. Pour "couper", on trouve 27 mots dont seul
parad a un squelette consonantique approchant berit (labiale -
liquide - dentale). Il est dans Proverbes (19.4) : Le faible est coupé
de son ami. Le Rabbinat traduit "délaisé par" et Chouraqui "séparé de". Pour
"couper le prépuce", on trouve karat en Ex 4.25 : pas d'assonance avec
berit non plus.
Je n'ai pas de dictionnaire d'akkadien (la langue de Babylone), mais j'ai
trouvé quelquechose d'intéressant dans mon manuel d'avestique (la langue des
Perses, qui ressemble au sanscrit et c'est aussi joli) : finalement,
l'étymologie de berit n'est peut-être pas bratar ("frère", en
avestique), mais bereta, "le soutien" (cf bereta-ca, "gardien de
la loi"), de la racine indo-européenne bher, "porter".
Le choeur :
Ce n'est pas obligatoire. Il se produit des dérives sémantiques quand un mot
passe d'une langue à l'autre. On trouve dans beaucoup de méthodes d'allemand des
listes de "faux-amis" par rapport à l'anglais. Le français "jument" n'est pas un
féminin de "cheval" mais désigne un animal de trait (cf "joug"). "Pantalon"
vient du grec pan eleimon, "tout miséricordieux" : quel beau voyage! Le
grec parabolh, "comparaison" a donné le verbe "parler".
L'indo-européen bhreg, "briser" a donné "to break" mais aussi le russe
borotiesa, "combattre". En latin hiems veut dire "hiver". En
sanscrit, hima signifie "neige" (cf Himalaya, "séjour de la
neige"). Une racine i-e yer a donné l'anglais year, "année", le
grec wra, "saison", et le latin hora, "heure"...
Une racine i-e sem a donné en sanscrit samayah, "saison", et en
germanique sumaraz, "été" (cf GB "summer", D "sommer"). Dans les langues
sémitiques, le mot "livre" est formé sur la racine "écrire" (KTB). Dans les
langues indo-européennes, il est tiré du matériau : liber désigne une
partie de l'arbre entre l'écorce et l'aubier; book est apparenté à
beech, "hêtre"; un parchemin est en "peau de Pergame"; codex est
apparenté à caedere, "abattre (un arbre)". La racine sémitique LHM veut
dire "pain" en hébreu, "viande" en arabe, et "poisson" dans l'île de Socotra,
soit une idée originelle d'"aliment principal".
Je pourrais continuer ainsi pendant dix pages. Ceci démontre qu'il n'est pas
impossible, et qu'il est même probable, que berit vienne du perse, et que
ce mot soit donc entré dans la langue hébraïque après l'exil à Babylone. Ce qui
anéantit radicalement l'historicité des aventures d'Abraham et de Moïse :
essayez-donc de réécrire la Genèse, l'Exode, et autres livres "écrits par Moïse"
sans y inclure l'idée d'Alliance... Si un mot d'origine sémitique avait existé à
la place de berit, il aurait été conservé, tant sont intangibles les mots
liturgiques : les chrétiens ont-ils traduit Christ dans les langues
modernes ? Non. Pas plus qu'alleluia, apôtre, et autre
eucharistie...
Il est admis que le grec paradeisos vient du perse paradaiza.
Mais il est possible que le mot hébreu gan, "jardin", soit également
d'origine indo-européenne, d'après la racine gher, "enclore", qui a donné
l'anglais garden, mais aussi l'Asgard, séjour des dieux Ases (Odin
et cie), et les mots latins hortus, "jardin", et co-hors, "cour
(de ferme)". En avestique, le garonmana est le séjour d'Ahoura Mazda
(avec la variante garotman en pehlevi). Pour ceux qui douteraient qu'un
terme comme garonmana puisse être raboté jusqu'à donner gan, je
rappelle que le grec kyrie oikos, "la maison du seigneur", a donné le
gothique kirk, d'où l'allemand kirche et l'anglais church.
Objection! "Alliance", en avestique, se dit "mithra", et "mitra" veut
dire "ami" en sanscrit. Cela vient d'une racine indo-europénne "mei" désignant
un lien (cf latin "communis", commun) qui a aussi donné le grec "mitra",
bandeau frontal, d'où la "mitre" des évêques. Si le concept hébreu d'alliance
venait de là, l'hébreu aurait un "mitar", voir un "mirat" en cas de métathèse,
mais pas un "berit"!